mercredi 3 novembre 2010

Penser l'économie du livre numérique, interview sur ULNmag

J'ai eu le plaisir d'être interviewé par Guillaume Dumoulin pour le site Univers du Livre Numérique, sur le thème : Penser l'économie du livre numérique.

Extraits :
"En tant que spécialiste de l'industrie de l'édition et fin observateur du développement du livre numérique, je souhaiterais connaître votre analyse de la mutation du modèle économique de l'édition face à l'arrivée des NTIC. Comment l'industrie traditionnelle du livre papier peut-elle profiter du développement de l'usage du numérique dans la transmission des savoirs et des oeuvres de l'esprit ?

L.S. : Je ne me définirais pas vraiment comme un "spécialiste de l'industrie de l'édition". Mon activité consiste d'abord à observer et à réfléchir les évolutions du livre et de la lecture. J'interviens alors comme auteur sur ces questions, ou comme conférencier. Ensuite, je peux également faire profiter concrètement les différents acteurs de l'interprofession du livre des fruits de ce travail. Il s'agit alors simplement d'appliquer, en les adaptant aux spécificités du secteur du livre et de son marché, des méthodes de prospective. L'objectif étant justement de pouvoir mettre en place de nouvelles formes possibles d'organisations socio-économiques, de nouvelles chaines de valeur, afin de mettre en œuvre des stratégies de développement qui restent pertinentes à moyen terme, compte tenu de l'accélération que nous observons tous dans les technologies et dans les usages. [...]
 
Face à la multiplicité des offres de liseuses numériques, de formats pour les livres, de verrous numériques, comment un lecteur souhaitant découvrir la lecture numérique peut-il s'y retrouver? Et finalement quels gains peut-il en tirer ?
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Vous parliez de "mettre en place de nouvelles formes possibles d'organisations socio-économiques, de nouvelles chaines de valeur", quelles sont ces nouvelles formes d'organisations, ces nouvelles chaînes de valeur ? Quelle place pour les acteurs du livre papier, quelle place pour les "pure players" ?
... ... ...
 
Il s'agit donc d'innover, tant dans les formes éditoriales que dans le service proposé au lecteur. Quelles sont les propositions qui vous semblent le plus satisfaire à cette nécessité ? Avez-vous des exemples de mise en oeuvre en France et dans le Monde ?
... ... ...
 
La Fnac vient d'annoncer la sortie du FnacBook au mois de novembre, Orange lance avec Samsung et la GalaxyTab un service de ventes de périodiques et de livres numériques, Read&Go, pensez-vous que ces initiatives vont permettre de faire décoller un marché aujourd'hui encore très confidentiel ? La tendance de grands groupes a vouloir investir dans des offres globales vous paraît-elle servir la nouvelle chaîne du livre ou bien représente-t-elle une menace pour une économie culturelle en recherche d'un modèle adapté à la pluralité des acteurs ?
... ... ...
 
Le Sénat vient d'adopter la proposition de loi sur le prix uniqe du livre numérique, cette loi porte uniquement sur les livres dits homothétiques, pensez-vous que le législateur peut réellement intervenir sur un marché qui devient global ? Dans le marché du livre papier, les libraires indépendants ont pu rester concurrentiels grâce à la Loi Lang du prix unique du livre. A quoi cette loi peut-elle servir dans un contexte de marché naissant, qui cherche-t-on à protéger ? Ne pensez-vous pas qu'un travail législatif visant à harmoniser le taux de TVA réduite du livre papier au livre numérique serait plus profitable au secteur ?
... ... ...."
 

mardi 2 novembre 2010

IDBOOX Cinq questions sur le devenir du livre

Elizabeth Sutton m'a fait l'amitié de m'interviewer dans le cadre du lancement de son portail IDBOOX : "Le portail qui vous tient informé au plus près de l’actualité du livre numérique en France et à l’étranger".
J'ai, avec plaisir, joué le jeu des "trois principaux messages", "trois erreurs", etc., et j'espère avoir formulé quelques idées intéressantes sur IDBOOX ;-)

Extraits :

" E.S. : Vous vous positionnez depuis plusieurs années dans la Prospective concernant l’industrie du livre. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ?

L.S. : Je pense simplement que l’on peut mieux construire l’avenir en connaissant l’histoire. Comme je le dis souvent : C’est avec les lumières du passé qu’on se dirige dans l’avenir. Il s’agit concrètement d’utiliser pour le monde du livre, qui a une histoire ancienne et culturellement très prégnante, certains des outils de la prospective, notamment la veille stratégique, mais, en les utilisant dans une perspective transhistorique.
Je distingue la prospective du livre, et, la prospective de l’édition.
La prospective du livre est l’étude des évolutions et des mutations des livres, conçus en tant que dispositifs de lecture, c’est-à-dire comme des interfaces lecteurs/livres.
La prospective de l’édition est la discipline qui s’applique à expliciter et à représenter les transformations et les nouvelles formes possibles d’organisations socio-économiques dans le secteur du livre et de son marché, afin d’y mettre en œuvre des stratégies de développement. Au-delà la théorie, les applications pratiques sont nombreuses.

Quels sont les 3 principaux messages que vous voudriez faire passer aux acteurs de la chaine du livre ?
… … …
Quelles sont les 3 erreurs à ne pas commettre quand un éditeur décide de passer au livre numérique ?
… … …
Concernant les auteurs, les éditeurs, les libraires, quel est l’enjeu majeur d’ici à 3 ans concernant le livre numérique ?
… … …

E.S. : Vous êtes l’auteur de Gutenberg 2.0 : Le futur du livre, avez-vous d’autres projets d’ouvrages en préparation ?

L.S.: Oui, plusieurs. Gutenberg 2.0, réédité en 2008, est aujourd’hui en partie obsolète. Il est consultable sur Google Books. J’ai publié aussi en 2009 un Livre blanc sur la Prospective du Livre et de l’Edition, qui est téléchargeable gratuitement à la bibliothèque numérique de l’Ecole nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (Enssib).
Avec les mutations que traverse actuellement l’interprofession, des auteurs aux lecteurs, tous auraient besoin d’informations et d’analyses claires. Mais il semble malheureusement que l’édition rechigne à éditer des livres dont elle serait l’objet ! J’ai également des projets d’émissions radio et de documentaires pour la télévision. Il est important d’informer sur le devenir du livre et de la lecture ! "

mercredi 20 octobre 2010

Editeurs pure players

Le billet "Un annuaire de l'édition numérique et innovante francophone" du 08 juillet 2010, a été amendé et actualisé.
Pour le consulter et le commenter cliquer ici...

mardi 19 octobre 2010

Le potentiel pédagogique des Nouveaux Dispositifs de Lecture au Cned-Eifad

J’ai eu le plaisir d’intervenir hier, 18 octobre 2010, pour la Direction de l’innovation du Centre national de l’éducation à distance, dans les locaux de l’Ecole d’ingénierie de la formation à distance, pour une conférence sur le thème : Le potentiel pédagogique des nouveaux dispositifs de lecture, dans le cadre des séminaires de Cned-Éifad.
J’ai pu y développer le sommaire suivant, illustré d’une vidéo et de photos, devant un auditoire attentif :
I . . . . . . . Introduction
-Technologies d’affichage des nouveaux dispositifs de lecture.
- Nouveaux dispositifs de lecture et d'apprentissage.
II . . . . . . . Panorama
- Des premiers livres-applications pour l’acquisition de la lecture, ou pour faciliter l'autonomisation des jeunes lecteurs, et des premiers livres numériques adaptés aux enfants dyslexiques, malentendants, ou en difficulté de lecture.
- Des premiers livres augmentés et du potentiel de l’e-learning.
- Des manuels scolaires numériques et de leur potentiel pour l’enseignement à distance.
III . . . . . . . Conclusions et recommandations

Dans mes conclusions, j’ai insisté sur la convergence entre, d’une part, les nouveaux dispositifs de lecture et d’apprentissage dont il avait été question durant ma présentation, et, d’autre part, les nouvelles pratiques de lecture issues du Web 2.0, et, les nouveaux usages des lecteurs et des apprenants, nouveaux usages fondés sur la connectivité, les téléchargements et la mobilité.
Dans mes recommandations, j’ai principalement insisté sur la nécessité de concevoir et de créer de nouveaux contenus augmentés, dans une logique nouvelle de diffusion multicanal multisupport, renouvelant le rapport enseignant/apprenant et intégrant l'évolution des pratiques d'apprentissage (interactives, collaboratives, mobiles...).
J’ai lancé un appel à l’innovation, car de leurs côtés les entreprises privées et les entreprises étrangères innovent et développent des solutions d'enseignement à distance qui répondent aux attentes nouvelles des apprenants du 21e siècle. J’espère avoir été entendu.

jeudi 16 septembre 2010

La plasticité du numérique au service de la poésie

Nous sommes loin de pouvoir cerner, fin 2010, les conséquences qu’auront les nouveaux outils d’écriture assistée par ordinateurs, sur la littérature et ses expressions diverses et variées, notamment le roman et la fiction au sens large, le théâtre et l’écriture scénaristique (avec les machinima, et aussi les scénarios de jeux vidéos qui renouvelleraient en partie les schémas narratifs), la poésie aussi, par essence expérience d’écriture en appelant à la polysensorialité, comme en écho souvent au vers de Baudelaire : "Les parfums, les couleurs et les sons se répondent." (Les Fleurs du Mal, 1857, Correspondances), un décloisonnement de l'écriture et de la lecture, tant souhaité par Marc-André Fournier.
Même si l’iPad ne rentre pas dans le cadre d’un dispositif de lecture, tel que nous pouvons le concevoir à la lumière des siècles précédents, de premières adaptations, de contes pour enfants par exemple, laissent entrevoir certaines promesses. Mais seront-elles tenues ?
Le fait est que nous prenons encore le plus souvent (trop souvent, mais aussi, logiquement, il faut l’admettre également) le livre imprimé, comme modèle référentiel.
Essayons donc ici un nouveau pas de côté (après celui, récent, ouessantin, mal ou sur interprété, volontairement ou involontairement, par certains).

Un système fini face à une demande infinie

Ce détournement que je propose, d’une réflexion de Michel Foucault (Dits et écrits, tome IV, 1980-1988, NRF, Gallimard) : Que peut « un système fini [le codex], face à une demande infinie [les internautes] » ? pose assez bien je trouve le contexte dans lequel, nous et le texte, nous nous retrouvons en 2010.
Evoquer la plasticité du numérique c’est, à mon sens, évoquer (invoquer) cette polysensorialité (vers des possibilités de lecture immersive ?), la liberté que peuvent apporter les outils informatiques aux créateurs, par rapport aux voies qui leurs sont tracées, par les styles et les canons, l’époque et les modes, les contingences économiques et cetera, avec les atouts qu’apporte une telle liberté, mais aussi le prix à payer, les risques, mais, aussi, les droits également, de se perdre, de s’égarer, de faire fausse route, mais y-a-t-il de fausses routes ?
C’est, en partie, aller au-delà, dans une phase créatrice, par rapport à ce qui est défini plus sobrement ainsi : « Le concept de plasticité désigne, en informatique et particulièrement dans le domaine des interfaces homme-machines, "la capacité d'une interface à s'adapter aux contraintes matérielles et environnementales dans le respect de son utilisabilité"… » (Source).

De l’aube à l’aube

Empruntée aux paroles d’une chanson d’Alain Bashung, l’expression “de l’aube à l’aube” pourrait-elle symboliser l’écriture poétique au seuil d’un nouveau millénaire ?
L'aube aussi, rappelons-le, est une forme littéraire du moyen âge, poésie lyrique sur la séparation amoureuse au point du jour.
Deux vidéos pourraient, peut-être, contribuer à illustrer, et, cette plasticité du numérique au service de la poésie, et, ces aubes, dont il est question ici.


La première vidéo, ci-dessus, reprend quelques éléments d’une conférence et de deux performances de Jacques Donguy, auxquelles j’avais eu le plaisir d’assister le 14 juin 2009, au Cube (Centre de création numérique d’Issy-les-Moulinaux et sur Second Life).
Une « rétroprojection de fragments verbi-visuels fonctionnant sémantiquement comme des mots ». Un aspect expérimental, sans doute, dans l’approche, mais nonobstant une forte référence aux mots et à l’écrit.
Cette poésie numérique se concevrait comme le chant du cygne de la poésie visuelle dont la première note aurait été jetée par le coup de dé mallarméen.

La seconde vidéo, ci-dessous, présente le travail de Laure Morali, en résidence d'écriture au sémaphore de Créac'h sur l'île d'Ouessant. Il s’agit d'un carnet de bord sonore et visuel, réalisé en partenariat avec la société bookBeo.
Une approche apparemment plus traditionnelle du langage poétique, mais nonobstant un apparent effacement des mots et de l’écrit derrière les images. Il serait intéressant de voir ce que cette expérience d’écriture pourrait donner, si un accès au texte, aux mots écrits était donné aux lecteurs, par exemple, par le truchement d’une édition imprimée enrichie des codes 2D bookBeo.


En quoi, le rapprochement de ces deux aubes, la “donguyenne” et la “moralienne”, pourrait-il porter témoignage de la plasticité du numérique au service de la poésie, du besoin de dépassement du cadre limité de la page imprimée, face à la demande fantasmatique des voyeurs ? Car peut-on parler encore de lecteurs dans ces conditions ?
En quoi, la tentation déjà bien ancienne et l’effort soutenu, pour : “Arracher le poème de la page”, notamment exprimés par le poète sonore français, Bernard Heidsieck, pourraient-ils ouvrir des portes à la littérature numérique, voire participer d’une architecture novatrice pour l’édition numérique ?

mardi 14 septembre 2010

Lectures sur les livres et la lecture

La lecture, en l’espèce de livres imprimés, reste essentielle pour comprendre le monde et ses évolutions. En cette rentrée littéraire, faisant en partie fi de l’actualité, je me penche avec attention sur deux ouvrages qui m’avaient précédemment échappé, et qui se révèlent cependant essentiels pour mieux appréhender et pour moins redouter les mutations du livre et de son marché, de l’écriture et de la lecture, durant ce 21e siècle.

Histoire et pouvoirs de l’écrit

D’abord, Histoire et pouvoirs de l’écrit, par Henri-Jean Martin, aux éditions Albin Michel (Collection Bibliothèque de l’Evolution de l’Humanité). Pour mémoire, Henri-Jean Martin fut, dans cette même collection, avec Lucien Febvre, l’auteur de l’ouvrage de référence : L’apparition du livre.
Dans Histoire et pouvoirs de l’écrit (1988), il pose ces questions essentielles : « Qu’en sera-t-il demain de l’écrit ? Quel est l’avenir du livre et de la lecture ? ».
« Au lieu de prophétiser la fin de la galaxie Gutenberg, [Henri-Jean Martin] a préféré se faire l’historien du règne de la “raison graphique”. […] il analyse ici la lente maturation de la civilisation de l’écrit ainsi que les révolutions mentales et techniques qui l’ont rendue possible. Si la mise en perspective historique permet de comprendre l’interaction entre les avancées du savoir et les multiples pouvoirs de l’écriture, de même, elle éclaire la mutation de la circulation de l’information qui, s’accélère aujourd’hui, avec l’informatique et les nouveaux médias [des éclairages de 1996 de Bruno Delmas sur ces derniers aspects]… » (Extraits quatrième de couverture, c’est nous qui soulignons ;-)
Ma lecture est en cours, mais il m’apparaît déjà clairement que l’approche d’Henri-Jean Martin permet de relativiser les connaissances et les certitudes avec lesquelles nous pourrions facilement nous illusionner à bon compte. L’auteur n’occulte pas les problèmes qui se posent souvent aux historiens, quant à l’absence de sources fiables, ou bien aux incertitudes et aux influences des interprétations, forcément soumises à l’état des lieux des connaissances à un moment donné, d’une part, d’autre part, au point de vue forcément subjectif de l’époque et de la société de l’historien observateur du passé.

Petits traités

Ensuite, les Petits traités I, par Pascal Quignard (en Folio, 1997). Mon attention sur ce livre, qui au simple survol m’apparaît essentiel, a été heureusement retenue par quelques propos discrets de François Bon.
Je trouverai certainement à sa lecture des lumières sur les notions de pages (Ve traité : Pagina), sur “Le Livre des lumières”, “La bibliothèque”, “Les premiers codex”, le “Liber”, etc., et enfin, “Sur les rapports que le texte et l’image n’entretiennent pas” (intéressant à l’heure des premières œuvres portées sur iPad ;-)
L’actualité cependant s’impose à la lecture, lorsque Pascal Quignard s’étonne avec justesse dans son XXIe traité : “Jésus baissé pour écrire”, que : « les Chrétiens n’ont pas cru qu’il serait judicieux de conserver ce que leur dieu avait écrit. »
Citons l’auteur : « Cette scène étrange, nous précise-t-il, est dans Jean, VIII (The Greek New Testament, London, 1966, page 414). Jésus est assis dans le Temple. Scribes et Pharisiens mènent auprès de lui une femme qui a été surprise en flagrant délit d’adultère. Les sages hébreux rappellent que la loi prescrit qu’elle soit lapidée. Ils lui demandent quelle est sa loi : “Mais Jésus, s’étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre. Et comme ils persistaient à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Que celui de vous qui est sans péché lui jette la première pierre. » Puis, s’étant baissé de nouveau, il écrivait sur la terre.”… »
Qu’écrivait-il ?

Je recommande quelques autres lectures, sur les livres et la lecture, dans la colonne de droite du présent blog. Des sources de réflexion et d’inspiration, à mon humble avis, plus pertinentes que la seule consultation des blogs américains, pour comprendre les enjeux universels de l’écriture et de la lecture.

jeudi 9 septembre 2010

Papier et numérique : laissons la porte ouverte aux complémentarités

J’ai le plaisir de participer modestement, via une interview, au premier numéro de la lettre (papier ;-) d’information, baptisée La Lettre, et lancée par l’association Culture Papier, présidée par Laurent de Gaulle qui en signe l’éditorial.
Cette première Lettre comprend également une présentation de l’association et de sa « volonté de projeter le papier dans un autre avenir plurimédia », avec une interview de Jean-Philippe Zappa, délégué général de l’association.

Extraits de mon interview :
« Comment vont évoluer, selon vous, le livre et l’édition dans les années qui viennent ?
Lorenzo Soccavo : Les principales tendances que nous observons depuis 2000 vont certainement aller en s’amplifiant. Nous allons vers une diffusion multicanal multisupport de livres numériques qui ne seront plus soumis aux mêmes contraintes que les livres papier. Le livre devient un média à part entière, et, comme nous avons tous aujourd’hui un téléphone portable, d’ici quelques années, nous aurons tous un dispositif nomade de lecture.
Nous assistons aussi à une véritable reconfiguration de la traditionnelle “chaîne du livre”, naguère linéaire et aujourd’hui, de plus en plus réticulaire, avec de nouveaux entrants issus d’autres cultures, en particulier celle du Web.
Quels sont les grands défis qui vont devoir être relevés ?
L.S. : Pour la première fois de son histoire, le livre est confronté à au moins trois mutations simultanées. D’abord, au niveau des pratiques de lecture et d’écriture, avec de nouveaux usages, de nouvelles générations de lecteurs natifs du numérique. Puis, au niveau des dispositifs de lecture, avec par exemple, parmi de nombreux autres, la tablette Kindle d’Amazon, l’iPhone et l’iPad d’Apple… Enfin, au niveau du marché du livre, avec l’émergence d’un marché du livre numérique. A court terme, les trois principaux défis à relever sont : l’évolution du droit d’auteur, l’adaptation du Code de la propriété intellectuelle aux nouveaux usages, et puis, l’invention de nouveaux modèles économiques adaptés à la nature immatérielle et duplicable des biens culturels numériques… »
Cette contribution va dans le sens de mes efforts pour rapprocher les professionnels de la filière papier et ceux du numérique et de la filière papiel émergente.

La Lettre Culture Papier (“Pour le développement durable du papier et de l’imprimé”) est disponible auprès de Culture Papier, 68 Boulevard Saint Marcel 75005 Paris – contact@culture-papier.org