lundi 13 juin 2011

Mieux comprendre la collection CLN "Comprendre le Livre Numérique"

La collection "Comprendre le Livre Numérique" est née de la volonté de l'éditeur Jean-François Gayrard.
 
Cette collection  a pour ambition d'éclairer les enjeux et les perspectives du passage de l'édition imprimée à l'édition numérique.
Lorsqu'en décembre 2010 Jean-François Gayrard m'a contacté pour me proposer la direction de cette collection et me demander d'en rédiger en quelques semaines le premier opus : j'ai accepté. Aussitôt.
J'ai accepté d'abord pour le challenge de participer à une édition nativement numérique, pour sortir de la théorie et tester concrètement, comme auteur, l’expérience d’une première édition qui ne soit pas en version imprimée. Ensuite, car l'idée d'une telle collection était (et est toujours) très pertinente : tant les lecteurs que les acteurs de l'interprofession du livre, ont besoin d'informations, de points de vue multiples et de débats, sur les grands enjeux et les perspectives du passage de l'édition imprimée à l'édition numérique.
     
Les premiers pas d'une collection
  
Les débuts furent difficiles.
Quelques auteurs nous ont fait faux bond. D'autres, pressentis et sollicités, qui seraient sans doute les meilleurs pour aborder certains thèmes, n'ont pas voulu nous suivre.
Soit que leurs activités ne leur laissaient pas la possibilité d'écrire un livre, soit qu'ils n'aient pas voulu prendre le risque de s'exprimer sur des thèmes à la fois d'actualité et sensibles, abordant souvent des secteurs en pleine mutation et sur le devenir desquels nous avons peu de visibilité. Je suis bien placé pour le savoir et pour juger des railleries et des médisances que la prise de ce risque entraine.
 
Vaille que vaille, trois premiers titres sont parus en six mois d'existence, et témoignent de notre volonté commune, à Jean-François Gayrard et son équipe et à moi-même, de mener à bien cette aventure.
 
Le plus récent : "Manuel scolaires et albums augmentés : enjeux et perspectives pour une pédagogie du 21e siècle" de Michèle Drechsler...
 
Auparavant : "Etats des lieux de la BD numérique, enjeux et perspectives" par Sébastien Naeco, du blog reconnu Le comptoir de la BD...
 
Mon propre titre également, sur les impacts des livres numériques sur les bibliothèques et leur évolution : "De la bibliothèque à la biblosphère", préfacé par François Bon...
Signalons également le titre hors collection de Thierry Crouzet : "L'édition interdite"...
   
Même si j'ai été agréablement surpris par les ventes, il faut reconnaitre qu'il n'y a pas encore pour l'instant véritablement de marché pour le livre numérique francophone, surtout lorsqu'il s'agit d'ouvrages qui pourraient être imprimés. Cela tient principalement, selon moi, à l'absence sur le marché de dispositifs de lecture, à la fois performants, ergonomiques et à des prix abordables.
Car pour le reste, les livres de cette collection sont, d'une part, disponibles aux formats ePub et PDF, et sur toutes les principales plateformes (Immateriel.fr et ePagine.fr, ainsi que de nombreuses librairies partenaires, mais également sur l'iBookstore d'Apple et le Kindle Store d'Amazon), et également via la page Facebook de la collection, et sur la librairie en ligne de l'éditeur de la collection : NumérikLivres, et ce, d'autre part, sans DRM et au prix abordable de 03,99€, abordable et juste si l'on considère le travail de recherche et d'écriture que demande ce type d'essais grand public (je parle en connaissance de cause !) et le travail de formatage de l'éditeur et de son équipe (notamment de Gwen Catala, merci à lui !).
   
Les perspectives d'une collection
 
Parmi nos prochains sujets et nos prochains auteurs : Des opportunités et des arnaques de l'autoédition à l'heure du numérique, par Paul Leroy-Beaulieu ; nos enfants face aux livres numériques, par Laure Deschamps (du site La souris grise) ; puis également des titres sur le devenir de la librairie, le marketing de l'édition numérique, les DRM et le piratage...
Nous recherchons des auteurs susceptibles de traiter les thèmes de : la lecture sociale ; les nouveaux dispositifs de lecture et les nouvelles technologies d'affichage... (Contactez-moi ;-)
 
Par ailleurs le blog dédié à la Collection Comprendre le Livre Numérique devrait prochainement centrer davantage sa ligne éditoriale sur les thématiques de la collection, le suivi de ses titres et de leurs auteurs.
Un partenariat est envisagé avec la collection Numéric'Air des éditions Morey de Florence Dell'Aiera, partenariat qui devrait développer pour certains titres la synergie édition numérique / édition imprimée à laquelle je crois.
Mais cette collection ne se développera que si ses lecteurs la font vivre.
Vous êtes des milliers chaque mois à consulter le présent blog, et à la date du 12 juin 2011 les communautés liées au livre et à l’édition que j'anime, dénombrent : pour le groupe "Prospective du livre et de l’édition" sur Facebook 405 membres (+1976 contacts directs), pour le "Hub Devenir de l’édition" sur Viadeo 626 membres (+282 contacts directs), et, pour le groupe auquel je participe : "Nouvelles tendances dans l’édition, le marché du livre, de la presse et des médias au 21e siècle" sur Linked in, 687 membres (+115 contacts directs).
Si derrière ces chiffres il n'y a pas que des robots ou des végétaux, mais bel et bien des femmes et des hommes pensants, conscients et concernés, au moins curieux des enjeux, des opportunités et des risques du passage de l'édition imprimée à l'édition numérique, alors cette collection Comprendre le Livre Numérique va se développer et remplir sa mission d'information. C'est à vous de choisir !

N.B. "post archive" : je ne suis plus directeur de cette collection depuis le 1er janvier 2012.
  

dimanche 12 juin 2011

Des lecteurs de terrain plus proches de Richard Stallman que d'Amazon et d'Apple

Le philosophe, par André Marin de Barros
Intéressante expérience hier samedi 11 juin, où j'ai eu l'occasion d'intervenir sur le thème : "Les évolutions du livre et de la lecture au 21e siècle. Enjeux et perspectives...", pour une conférence publique devant les usagers du réseau de médiathèques de la communauté d'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines.
  
Liberté d'esprit et contrat de lecture
 
Un auditoire peu nombreux (sans doute en partie à cause du week-end de la Pentecôte), mais très partagé, concerné et réactif.
Des adeptes déjà convaincus des tablettes e-paper, d'autres plus méfiants, d'autres plus crédules, mais tous soucieux de l'avenir du livre et de la lecture, et en demande d'informations.

Le point le plus important à mon avis, qui ressort de cette rencontre, est qu'il faudrait absolument, partout en France (et partout ailleurs), multiplier de tels débats avec le "grand public" des lectrices et des lecteurs.
Autant que les personnels, les usagers des bibliothèques et des médiathèques sont déboussolés face au passage de l'édition imprimée à l'édition numérique et sont en demande, d'informations soit, mais aussi et surtout d'échanges, de discussions, de débats dans lesquels ils puissent s'exprimer et faire valoir leurs expériences et leurs souhaits. Et cela est légitime !
Que peut-il ressortir sinon de cette enrichissante rencontre, à la limite parfois de la confrontation, et qui a eu le grand mérite de brasser les interrogations et les points de vue ?
Le point essentiel, selon moi, et que j'ai très fortement ressenti, est que lectrices et lecteurs sont très conscients et très soucieux, d'une part, de leur liberté d'esprit, d'autre part, des risques, avec l'édition numérique, de rupture du contrat de lecture (ce contrat implicite entre les professionnels du livre et les lecteurs et sur lequel se fonde le rapport singulier que nous entretenons tous, plus ou moins, avec les livres). 
Ils sont bien conscients de l'obsolescence programmée des nouveaux dispositifs de lecture et de leur faible affordance.
  
De la liberté des lectrices et des lecteurs
  
L'Homme Livre, par Arcimboldo
Même s'il n'en a pas été directement question hier, et même si beaucoup devaient ignorer ces deux textes, je pense que toutes et tous adhéraient spontanément et sans réserves, tant à la récente mise au point de Richard Stallman : The Danger of E-books, qu'au texte : "Les [dix] droits imprescriptibles du lecteur", droits formulés en 1992 par Daniel Pennac dans son essai "Comme un roman", paru aux éditions Gallimard.
  
Par ailleurs consommateurs de plus en plus avertis, et par nécessité de plus en plus vigilants sur leurs dépenses culturelles ou de loisirs, les lecteurs ne sont pas dupes des stratégies commerciales d'Amazon avec son Kindle, ou d'Apple avec son iPad. 
Par manque d'information sans doute, ils "jettent le bébé avec l'eau du bain", repoussant les ebooks au lieu de s'opposer aux DRM.
Légitimement, l'idée de fichiers chronodégradables passe mal.
Alors que la lecture est une activité solitaire et qui isole, beaucoup de lecteurs semblent craindre davantage cet isolement avec les livres numériques, et ainsi ne semblent pas sensibles aux dimensions sociales de la lecture que les technologies de la communication rendraient possibles. Ils sont persuadés que Facebook et Twitter peuvent faciliter des révolutions (comment ont-ils fait en 1789 ?), ou engendrer des apéritifs géants, mais pas faire se rencontrer des lecteurs !
       
Des publics comme celui d'hier n'ont pas encore eu la possibilité de connaitre mes travaux, considérant que j'ai encore peu publié, et que les médias traditionnels ne s'intéressent pas encore à la prospective du livre et de l'édition.
Nonobstant, de telles rencontres confirment bien mon intuition à partir de laquelle s'élance la perspective transhistorique de cette nouvelle discipline, à savoir : la nécessité d'une approche humaniste du passage de l'édition imprimée à l'édition numérique ; nécessité d'une réflexion collective au niveau, non pas des problématiques et des enjeux technologiques et marchands, mais, au niveau des femmes et des hommes, des auteurs, des lecteurs, de tous les professionnels du livre et de l'édition, tous, que ces derniers (livre et édition) soient imprimés ou numériques. Une réflexion au niveau des usages et des pratiques et pas seulement des comportements d'achat.
Considérant, d'une part, le travail de désinformation des différents lobbies de part et d'autre et le manque d'information des lecteurs, et, d'autre part, le carcan paralysant des contraintes législatives et économiques à des niveaux transnationaux, il se pourrait bien que la période des e-incunables (1971-20??) soit (bien) plus longue que celle des incunables (1450-1501), d'autant plus que nous ne changeons pas seulement de procédé de reproduction, mais, aussi, de supports et d'interfaces de lecture.
Le plus grand danger serait, je pense, de considérer les défis et les enjeux du passage de l'édition imprimée à l'édition numérique comme un champ clos, en n'y voyant qu'une possible redistribution des cartes et que de possibles perspectives financières.
Il nous faut aujourd'hui concevoir la quatrième révolution du livre par rapport au bruit de fond d'une nouvelle société en gestation.

 

vendredi 27 mai 2011

Contribution pour comprendre la 4e Révolution du Livre

Le texte ci-après, titré : "Contribution pour comprendre la 4e révolution du livre", et qui a servi de base à ma présentation du 19 mai dernier au Salon i-expo, a pour unique ambition d'ébaucher le périmètre de la période historique des e-incunables (1971-2022), dans laquelle nous sommes bel et bien, que nous le voulions ou non !

jeudi 19 mai 2011

Economie de la connaissance et livres numériques...

J'ai eu le plaisir cet après-midi de participer dans le cadre du Salon i-expo (Porte de Versailles, Paris) à la conférence plénière organisée par gfii, sur le thème : Economie de la connaissance et livres numériques : quels modèles économiques pour quels usages ?

Au cours de cette conférence présidée par Emmanuel Benoit, Directeur marketing stratégique de Jouve, je suis intervenu sur ce thème en compagnie de Bertrand Eveno (Professeur à l'ESCP sur l'industrie des médias et ancien PDG de l'AFP et de Havas Education) et de Jean-Charles Fitoussi (Editeur pure-player co-dirigeant de SmartNovel).
 
L'occasion pour moi de formuler quatre recommandations aux acteurs de l’économie de la connaissance :
- Veiller au développement de la bibliodiversité,
- Veiller au libre accès de tous aux contenus,
- Veiller à la diversité des professionnels.
- Et enfin, faire en sorte que l’innovation et l’expérimentation puissent s’exprimer davantage.

Ma conclusion ?
"Les tutelles doivent aujourd'hui mettre en place, d'une part, une juste régulation du marché du livre numérisé par rapport au marché du livre imprimé, et, d'autre part,  un cadre législatif adapté au marché émergeant du livre umérique qui soit découplé de l’édition imprimée."

mercredi 18 mai 2011

Edition numérique : Une table ronde intéressante mais avec un sujet tellement vaste ;-)

J'ai comme prévu eu ce matin le plaisir de présenter et d'animer modestement, dans le cadre du Salon OnLine 2011 et des "4e Rencontres de la Création de contenus et de la Diffusion multicanal dans la presse, l'édition et la communication", de Presseedition.fr, la table ronde sur le thème : Edition numérique, quels modèles économiques ?

Cette rencontre a finalement réuni (et je les remercie chaleureusement pour leurs participations) :
- Marc LEIBA, consultant, chef de projet auprès du Centre d'études et de conseil IDATE, lequel nous a exposé en introduction les perspectives du marché du livre numérique à l'horizon 2014.
- Vincent MARTY, Directeur Général de Dilicom, société spécialisée dans l’échange de données informatisé entre libraires et distributeurs, et qui nous a présenté le hub numérique de Dilicom....
- Stephen BELFOND, fondateur de i-Gutenberg éditeur de livres augmentés, qui nous a entretenus de la possible chaine de valeur des livres augmentés et de la collection de catalogues augmentés de la RMN (Réunion des Musées Nationaux).
- Et Elizabeth SUTTON, Conseil en édition numérique auprès de l'interprofession du livre, créatrice et animatrice du site web d'informations sur l'édition numérique IDBOOX.com, qui nous a dessiné un panorama fort intéressant des stratégies et des différents modèles économiques testés sur le marché naissant des livres numériques et a, tout comme je le fais souvent, appelé à l'expérimentation et à l'innovation !

Dommage que l'équipe du FnacBook que j'avais conviée à cet événement n'ait pas donné suites.


mardi 17 mai 2011

Du bibliothécaire à l'expert en sciences de l'information

J'ai eu ce matin le plaisir de donner une conférence sur le thème : "Les évolutions du livre et de la lecture au 21e siècle. Enjeux et perspectives pour les bibliothèques", pour les personnels du réseau de médiathèques de la communauté d'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines (8 médiathèques et un Bibliobus).

Le message que j'ai cherché, avec succès je pense, à faire passer est qu'... "Il faut penser la lecture au-delà du livre, dans un contexte de computation du réel, et repenser la fonction de bibliothécaire dans la perspective ambitieuse d'un expert interdisciplinaire en documentation et en sciences de l'information (les anciennes fonctions allant être robotisées)." ;-)
Qu'en pensez-vous ?

mercredi 11 mai 2011

Le numérique un tournant à saisir pour les bibliothèques

J'ai eu hier le plaisir de participer au séminaire CEDROM-SNI (spécialiste international de la  diffusion d'information de presse sur Internet, notamment avec Europresse.com) de Paris, sur le thème : "Le numérique : un tournant à saisir pour les bibliothèques. Des mutations pour les usagers et pour les professionnels".

Ma participation, devant plus d'une centaine de bibliothécaires, s'est déclinée d'abord en une conférence, exposant "Les impacts de la digitalisation des documents sur l'évolution des bibliothèques et du métier de bibliothécaire", puis, j'ai eu le plaisir de participer à une table ronde : "Les professionnels face à l’évolution des besoins, des outils et de leur métier", en compagnie de : François Bocquet de l'Université Lyon 2 ; Thierry Caillier de la Médiathèque centrale Jean Lévy, de Lille ; Raymond Descout, Directeur général de CEDROM-SNI ; Jean-Claude Marchand de la BMVR de l’Alcazar à Marseille ; et, Chantal Sibille de la Bpi de Paris.
Un séminaire intéressant qui, une fois de plus, a bien montré, à la fois, l'engagement et les inquiétudes des bibliothécaires