lundi 27 février 2012

Avatars et personnages de romans, la conférence !

"Un avatar est un personnage représentant un utilisateur sur Internet et dans les jeux vidéo." (Wikipédia). Nous savons tous ce qu'est un personnage de roman.
 A partir de l'exemple de Dyl, héroïne de son roman de SF : Thanatos. Les Récifs. (téléchargeable gratuitement ici), et qui prit vie sur Second Life, Yann Minh, écrivain de science-fiction, artiste vidéo et réalisateur transmédia, donnera une conférence exceptionnelle sur les rapports entre avatars et personnages de romans, le vendredi 09 mars 2012 à 21H15 dans l'auditorium de l'incubateur MétaLectures que j'ai lancé ce 1er janvier 2012 en partenariat avec Francogrid.

Pour participer à l'aventure voir ici

dimanche 26 février 2012

Semaine 08/52 : Je est une bibliothèque

Durant l’année 2012 j’ai décidé de publier ici même chaque semaine un billet exprimant mon ressenti personnel sur la semaine précédente, dans la perspective, bien évidemment, des problématiques de la prospective du livre et de l’édition.
Ce post est donc le 08/52.
 
Cette semaine j’ai une nouvelle fois eu l’occasion de m’exprimer devant un auditoire de bibliothécaires et j’ai pu, une nouvelle fois, juger leur intérêt pour la prospective du livre et constater que ce sont certainement, de tous les acteurs de l’interprofession du livre, ceux qui, étant le moins soumis aux contraintes du marché du livre, sont le plus ouverts à ses mutations. (Nous pouvons d’ailleurs le constater dans les blogs et sur les réseaux sociaux…)
Avec les lecteurs, les bibliothécaires sont je pense ceux chez lesquels l’avenir du livre pourra tracer sa voie, alors qu’il ira en se (con)fondant dans l’abrutissement collectif des médias de masse avec les mastodontes du numérique, de la téléphonie, et autres de la grande distribution.
  
Le volume, ce ferment…
  
(Clin d’œil au fameux : "Le livre, ce ferment", dernier chapitre de L’apparition du livre, de Lucien Febvre et Henri-Jean Martin ;-)
Comme l’exprime Alberto Manguel dans son remarquable essai, que nous devrions tous relire : La Bibliothèque, la nuit (Actes Sud éd., 2006), et précisément dans la troisième partie de son ouvrage : "UN ESPACE" : « Pourtant, les deux bibliothèques – celle de papier et l'électronique – peuvent et devraient coexister. » (p. 79).
Oui, il est bien question d’espace (et même de grands espaces) dans le livre et la lecture.
 
Si le volume du livre n’existe que par l’empilement des feuilles de papier (l’acte d’empiler, des pierres ou des papiers, est archétypal chez l’espèce humaine il me semble), le lu en lui, est multidimensionnel, parfois aux limites de l’universel, et il perd en perspectives cet objet de la lecture, pris au piège dans les deux dimensions, plates, largeur et longueur, des pages, tout comme des écrans.
 
De la Tour de Babel à la Bibliothêkê, des coffres de bois dans lesquels on rangeait les volumes, aux tours de la BnF, et aujourd’hui aux fantasmes d’un "livre dématérialisé", quel lien ?
 
(Ces quatre tours de la BnF, c’est un mensonge de prétendre le contraire, ne ressemblent absolument pas à des livres ouverts.)
(Le livre dématérialisé, dans le nuage (cloud) ah ? Mais il n’y a pas de livres dans les nuages, juste des gouttelettes d’eau ou des cristaux de glaces, il n’y a pas de lettres, il n’y a pas de mots, et les centres de traitements des données (data centers) sont d’imposantes structures matérielles, consommatrices d’énergie, des (cybers) bibliothèques mutantes.)
 
Excepté les livres de pierre (l’architecture et la sculpture) les écritures se seraient toujours développées en deux dimensions (si je laisse de côté les écritures cunéiformes en creux dans l’argile) alors que nous lisons, j’entends par là que nous concevons imaginairement ce que nous interprétons des signes lus, en relief, en volume (on dirait aujourd’hui en 3D, mais encore y-a-t-il certainement d’autres dimensions que purement physiques…).
 
Ce 22 février j’ai noté avec intérêt la résonnance d’un post de Frédéric Kaplan (Bookworld : un monde où chaque ville est un livre : « Dans Bookworld, chaque livre est une ville. Le quartier downtown regroupe symbolise la structure de l’ouvrage. Chaque chapitre est une tour plus ou moins haute, la structure du livre définit ainsi une “skyline” unique et caractéristique de son organisation. Tout autour de ce quartier central, des faubourgs présentent les découvertes faites par des lecteurs… ») avec les réflexions que je développe depuis quelques années en prospective du livre.
  
Je suis un bipède, un (dé)lire sur pattes
  
Vous aussi. Nous tous. Mais quel lien alors, entre un empilement de pierres et une "dématérialisation du livre" ?
 
Que faut-il délier ou dé-lire dans l’histoire du livre et de la lecture ?
 
Le fil est je pense le suivant : acquisition de la bipédie => acquisition du langage articulé => invention des écritures => lecture => "et maintenant que vais-je faire ?" (2012).
 
La réflexion collective que nous avons amorcée en petit nombre le vendredi 24 février 2012 de cette semaine, autour de Vincent Mignerot sur l’incubateur 3D MétaLectures, sur le sujet des rapports entre les synesthésies et la lecture s’inscrit dans cette tentative d’écrire le chapitre suivant de notre histoire.
 
J’ai également appris incidemment cette semaine (mais le hasard existe-t-il ?) qu’un programme de lecture des pensées permettrait de traduire l’activité du cerveau en mots.
« Les scientifiques ont enregistré des fragments de pensées de personnes, en décodant l’activité cérébrale provoquée par les mots qu’ils entendent. Le remarquable exploit a donné aux chercheurs une vision nouvelle sur la façon dont le cerveau traite la langue et soulève la perspective alléchante d’appareils qui pourrait donner une voix aux personnes rendues muettes. Encore à ses débuts, le projet ouvre la voie à des implants cérébraux qui pourraient surveiller les pensées d’une personne et prononcer des mots et des phrases alors qu’ils sont imaginés. Ces dispositifs pourraient transformer la vie de milliers de personnes qui perdent la capacité de parler à la suite d’un accident vasculaire cérébral ou d’autres conditions médicales. » (Source). L’information doit être prise avec réserves, mais elle témoigne nonobstant d’un intérêt persistant, voire grandissant, des neurosciences pour les processus de la lecture.
  
Par exemple, si les neurones miroirs s’activent à la lecture de certaines scènes de romans, alors où finit la fiction ?
 
La lecture (synesthète ou pas) permettrait-elle (permet-elle) d’accéder à une sensibilité augmentée ? (L’expression « sensibilité augmentée » est d’Anne Astier, ce vendredi soir).
   
Aujourd'hui, alors qu'en 2012 nous avons entamé la dernière décennie de la séquence des e-incunables (si nous acceptons l'hypothèse 1971-2022) personne ne peut affirmer, face à l'évolution accélérée des technologies d'affichage, face à la volatilité des données numériques et à leurs fortes potentialités d'avatarisation, dans des objets (internet des objets) ou des projections d'internautes (sur le métavers notamment), face à la montée en puissance de la 3D et du transmédia, personne ne peut raisonnablement affirmer que la lecture va rester l'activité que nous appelons aujourd'hui "lecture".
Lire est plus vaste que lire du texte noir sur blanc, sur papier imprimé, ou sur papier électronique, ou sur écran.
    
Je sais pertinemment que ce qui se conçoit bien s’énonce clairement (Cf. Boileau), mais, en l’occurrence, les mots pour le dire me viennent trop aisément, et sans doute est-ce pour cela que je ne parviens pas à la clarté nécessaire pour chasser les ténèbres des préjugés et de la dictature douce de la société du spectacle.
Je défriche.
Mais vous ? Savez-vous ce que vous faites en ce moment précis, en cet instant même où je vous apostrophe ?
Avez-vous une claire conscience de ce qui est en jeu ?
Vous rendez-vous compte de ce que vous déchiffrez ?
  
Les grands cimetières sous les livres…
  
Ce n’est pas sans raison que j’ai intitulé l’opus de cette semaine : « Je est une bibliothèque ».
Ce n’est pas sans raison que j’avais mis en exergue de mon livre : De la Bibliothèque à la Bibliosphère, cette citation de Charles Dantzig : « La bibliothèque est le seul concurrent des cimetières. » (Pourquoi lire ? Grasset éd., 2010).
L’expression : « Je est une bibliothèque » résume l’odyssée que je dessine dans mon livre : de la bibliothèque qui contient les livres, au livre qui contient les bibliothèques, et, un jour…, la lectrice, le lecteur qui contient le livre qui contient les bibliothèques.
Nous y sommes presque.
Technologiquement c’est déjà possible.
Il s’agirait simplement de pouvoir tous jouir de notre liberté d’accès aux biens culturels universels que sont les livres.
 
Mais il y a un quart d’heure à peine, j’ai voulu voir ce que je pourrais, librement et légalement, télécharger d’André Gide.
Résultat : "Téléchargement interdit dans l'Union européenne et la Suisse (filtre géographique basé sur l'adresse IP)".
Qui veut mes derniers petits sous pour que je puisse relire Gide ?
Que la honte soit sur eux.
Je est une bibliothèque en marche et continuera d’avancer.
 
Bibliographie
La Bibliothèque, la nuit, Alberto Manguel.

samedi 25 février 2012

Synesthésies et lecture

Vincent Mignerot a présenté hier soir sur l'incubateur MétaLectures son Projet Synesthéorie. Il y présentera le vendredi 30 mars 2012 une conférence sur les rapports entre les synesthésies et la lecture.
Cette approche s'inscrit dans une suite logique à la direction que j'indiquais ici même dans mon post du 1er septembre 2011 : Retour à une lecture hallucinatoire ?
J'y rappelais notamment ce passage d'Une histoire de la lecture, d'Alberto Manguel, lorsqu'il signale à ses lecteurs que le psychologue américain Julian Jaynes a émis l’hypothèse que : « Lire pendant le troisième millénaire avant notre ère revenait […] à entendre les cunéiformes, c’est-à-dire à imaginer le discours de façon hallucinatoire en regardant les signes qui le symbolisent, plutôt qu’à reconnaître visuellement les syllabes de la façon qui est la nôtre. ».
   
Aujourd'hui, alors qu'en 2012 nous serions dans la dernière décennie de la période des e-incunables (si nous acceptons l'hypothèse 1971-2022) personne ne peut affirmer, face à l'évolution accélérée des technologies d'affichage, face à la volatilité des données numériques et à leurs fortes potentialités d'avatarisation, dans des objets (internet des objets) ou des projections d'internautes (sur le métavers notamment), face à la montée en puissance de la 3D et du transmédia, personne ne peut raisonnablement affirmer que la lecture va rester l'activité que nous appelons aujourd'hui "lecture".
Lire est plus vaste que lire du texte noir sur blanc, sur papier ou sur papier électronique ou sur écran. 
  
Pour suivre le développement de cette réflexion collective sur les rapports entre les synesthésies et la lecture, et voir la vidéo projetée hier soir dans l'auditorium MétaLectures / Francogrid (photo) :  Des possibles apports de la synesthésie pour comprendre la lecture...
 

vendredi 24 février 2012

Ouvrir les yeux sur le passage à l'édition numérique

J'ai eu le plaisir hier d'intervenir pour le compte du Conseil général et de la Bibliothèque départementale de l'Aisne à la médiathèque l'Oiseau Lire, à Tergnier, pour une journée de formation sur le thème : "Le livre électronique".
L'occasion, devant une salle pleine, attentive et participante, d'exposer dans leurs grandes lignes les caractéristiques et les enjeux de ces années 1971-2022 (?) d'e-incunables que nous traversons tant bien que mal, et de bien distinguer les dispositifs de lecture utilisant la technologie d'affichage de l'encre et du papier électroniques des autres gadgets technologiques.
 
L'occasion aussi de mettre en garde les bibliothécaires contre les arnaques des industries numériques du divertissement de masse, d'attirer leur attention sur "les dangers du livre électronique" justement pointés par Richard Stallman, de les avertir de ce à quoi ils s'engagent en achetant une tablette de type Kindle, par exemple, en résumé : de leur ouvrir aussi les yeux sur les aspects négatifs du passage de l'édition imprimée à l'édition numérique, où les atteintes à la liberté des lecteurs se multiplient et où les auteurs qui ne sont pas "bankables" ne sont pas davantage respectés.
 
Illustrations : D.R. "Picardie en ligne".

lundi 20 février 2012

Nouvelle initiative sur MétaLectures : présentation du Projet Synesthéorie...


La vidéo de la soirée d'inauguration du 10 février 2012,
"De la narration linéaire à la narration multidimensionnelle"
par Anne Astier




Introduction à la Prospective du Livre

J'ai eu samedi dernier, 18 février 2012, le plaisir de présenter une rapide "Introduction à la Prospective du Livre" à quelques parents, étudiants et futurs étudiants, et enseignants de l'école supérieure ESTEN, dans le cadre d'une des journées portes ouvertes.
  
J'ai débuté cette intervention en précisant que l'innovation avait toujours été motrice, tant pour l'invention des écritures, que pour le perfectionnement des dispositifs de lecture. Assertion que j'ai ensuite illustrée, avant d'expliquer en quoi et pourquoi nous pouvions nous considérer comme étant depuis juillet 1971 dans la période des e-incunables, et quels niveaux de mutations nous pouvions discerner.
J'ai en somme développé "l'équation" suivante : ["Digitalisation" [numérisation] du livre] = [Métamorphose des livres en tant que contenants] + [Volatilité du livre en tant que contenu] = X (vers lequel nous allons).
 
L'occasion aussi de redéfinir le prospective du livre :
"L'étude des évolutions et des mutations des livres conçus en tant que dispositifs de lecture dans une dimension transhistorique, c'est-à-dire en les considérant comme des interfaces lecteurs/livres."
De redéfinir la prospective de l'édition :
"La discipline qui s'attache à expliciter et à représenter les transformations et les nouvelles formes d'organisation socio-économiques dans le secteur du livre et de son marché, afin d'y appliquer des stratégies de développement adaptées et de concevoir de nouveaux processus de fabrication et de diffusion."

J'ai distingué trois marchés (du livre imprimé / du livre numérisé / du livre numérique) avant de conclure que, bon gré mal gré, aujourd'hui l'édition évolue et qu'elle doit expérimenter et innover pour conquérir et séduire de nouveaux lecteurs.

L'ESTEN Tours - Ecole Supérieure des Techniques de l'Edition Numérique, est l'un des très rares établissements à former les professionnels de l'édition numérique.
La prochaine journée portes ouvertes aura lieu le 17 mars (informations sur le site de l'école).
  

dimanche 19 février 2012

Semaine 07/52 : Darwinisme vs "germanopratisme"

Durant l’année 2012 j’ai décidé de publier ici même chaque semaine un billet exprimant mon ressenti personnel sur la semaine précédente, dans la perspective, bien évidemment, des problématiques de la prospective du livre et de l’édition.
Ce post est donc le 07/52.
  
Cette semaine fut chaotique.
Le biotope du livre a été secoué, accès de fièvre, convulsions.
De quoi s’agit-il ? Principalement d’un projet de loi sur les œuvres indisponibles, mais qui ne sont pas pour autant dans le domaine public, et du fait que légaliser la commercialisation de ces écrits se ferait au bénéfice de "l’establishment" en place et, en partie tout au moins, au détriment des droits de leurs auteurs. Il s’agit aussi d’atteintes à la liberté et au respect des lecteurs, du fait, entre autres, que nos amis québécois puissent librement (gratuitement) et en toute légalité avoir accès à l’œuvre d’Albert Camus, alors que les lecteurs français doivent pour cela rétribuer des familles qui n’ont pas écrit une ligne de Camus. Il s’agit également du conflit qui a éclaté vendredi 17 février entre la maison Gallimard et l’éditeur numérique Publie.net (là aussi autour d’une question de droits d’exploitation).
   
Saint-Germain-des-Prés en état de siège ?
 
Les us et coutumes du marché du livre imprimé ne peuvent pas s’appliquer à des textes numérisés.

Comme je le dis toujours dans mes cours et lors de mes conférences, ce que nous constatons, durant cette période des e-incunables dans laquelle nous sommes entrés depuis juillet 1971 et que nous pouvons nommer "digitalisation" (ou numérisation) du livre, c’est que cette dernière s’exprime dans l’addition de deux phénomènes : d’une part, la métamorphose du livre en tant que contenant, d’autre part, la volatilité des livres en tant que contenu.

De plus, la mondialisation du commerce et la multiplication extraordinaire des liens interpersonnels par les outils de communication et les réseaux sociaux, rendent impossibles les barrières artificielles des frontières étatiques, administratives. Seules les langues peuvent rester des obstacles naturels (mais les logiciels de traduction instantanée s’améliorent de jour en jour et nous pouvons aussi nous attendre à l’émergence du développement et de la mise en ligne de traductions spontanées par des internautes avisés. François Bon a-t-il, là, ouvert une brèche avec sa traduction du Vieil homme et la mer, d’Hemingway ?).
 
L’Ancien Régime des héritiers de l’édition française entend le glas sonner au clocher de l’abbaye.

Les catalogues prestigieux des plus grandes maisons sont maintenant perçus comme un bien commun, que le vulgum pecus des lecteurs vient réclamer comme le peuple venait réclamer du pain à Versailles.

Je repense aux conférences de Jean-Michel Billaut : « comme par le passé, une nuée de barbares se ruent contre ces empires en utilisant les nouvelles technologies de l'Internet. Leur objectif est simple : devenir empereurs à leur tour. Comment ? En apportant à la demande (les consommateurs) [les lecteurs] une plus grande valeur ajoutée que celle permise par les empereurs traditionnels avec leurs "vieilles technologies". […] Nos empereurs traditionnels ne vont certes pas se laisser faire. Ils vont essayer de barrer la route à ces barbares, en essayant d'intégrer eux-mêmes ces nouvelles technologies. Mais ce n'est jamais simple de changer de mentalités (car ils sont organisé en silo, alors que l'Internet permet une grande transversalité), ce n'est jamais simple de mettre à la poubelle des investissements pas toujours amortis... Pour l'instant, nos empereurs ont réussi à contenir la première vague de barbares, qui est parti "en bulle"… » [le texte est de novembre 2004, la seconde vague déferle, les barbares ont levé des troupes, le peuple en partie - des lectrices, des lecteurs…, les ont rejoints (oui, relire ainsi de toute urgence pour comprendre ce qu’il s’est passé cette semaine dans l’édition française : Emperors versus Barbarians).]
Même si extérieurement rien n’est visible, Saint-Germain-des-Prés se barricade.
 
Pendant ce temps l’histoire s’écrit...
 
Ce même vendredi 17 février 2012, alors que la blogosphère francophone s’agitait et que la maison Gallimard réagissait par tweets (qui l’aurait imaginé il y a quelques années !) j’étais en discussion avec quelques artisans du monde et de la nouvelle civilisation qui émergent.
 
Nous discutions à un angle de rue, face à l’église, non pas de Saint-Germain-des-Prés, mais de Laroque, petite commune aux portes sud des Cévennes, sur les rives de l'Hérault.
Avec moi, Jenny Bihouise, psychosociologue praticienne des mondes "virtuels" 3D , l’artiste numérique Anne Astier, l’artiste multimédia et auteur de science-fiction Yann Minh, Olivier Nerot, de la galerie d’art digital H+ à Lyon.
Pendant que nous discutions ainsi, en fait sur l’espace parallèle de Francogrid au même endroit des gens, des automobilistes, passaient dans le Laroque physique.
Cela peut certes relever du domaine du "jeu sérieux" (serious game), seulement, deux jours avant j’avais appris, "comme par hasard", que Google prototyperait des lunettes à réalité augmentée. D’autres y travaillent eux aussi. Un jour, de telles lunettes nous équiperont, mais, également, elles nous permettront de nous voir et d’interagir entre monde physique et monde numérique. Le Laroque sur les rives de l’Hérault et le Laroque sur Francogrid ne feront qu’un.
  
Et si le hasard n’existait pas ?
 
Notre lecture du monde va changer.
Une nouvelle page de l’histoire de l’humanité s’écrit.
Le récit, dont nous sommes les personnages et dont nous sommes, dont nous pourrions être également les auteurs, se développe, se déploie.
Aujourd’hui le devenir de la lecture semble déterminé par l’industrie du divertissement de masse, mais des auteurs, des chercheurs, des pionniers et des aventuriers, des résistants, des révolutionnaires voient plus loin et préparent l’après…
De quoi nous entretenions-nous tous les cinq ce vendredi ?
Le rapport espace métrique / espace numérique reconfigure notre carte mentale, nos repères spatio-temporels se trouvent modifiés.
Nous nous entretenions des rapports entre les "avatars biologiques", que nous sommes tous, et, nos "avatars numériques". Des rapports entre ces avatars et les personnages de fictions. Du rapport entre la fiction et la réalité. Du… De… De beaucoup de choses.
En fin de compte : de prospective du livre peut-être, dans le sens où elle exprime une défense de la liberté d’esprit des auteurs et des lecteurs, où elle repositionne le passage de l’édition imprimée à l’édition numérique dans la phylogenèse.