dimanche 8 juillet 2012

Semaine 27/52 : Et si l’écriture disparaissait ?

Durant l’année 2012 j’ai décidé de publier ici même chaque semaine un billet exprimant mon ressenti personnel sur la semaine précédente, dans la perspective, bien évidemment, des problématiques de la prospective du livre et de l’édition.
Ce post est donc le 27/52.

Cette semaine une bataille a été remportée dans la lutte légitime de certains, dont de nombreux bibliothécaires, pour l’accès libre (open access) : l’Acta (Anti-Counterfeiting Trade Agreement) a été rejeté par le parlement européen.
(A signaler également outre-Atlantique le projet de Robert Darnton pour avril 2013 d’une Digital Public Library of America, qui proposera l’intégralité du domaine public en libre accès sur Internet avec la ferme volonté d’étendre le champ de ce domaine constamment étranglé par le garrot du copyright. Que la BnF en prenne de la graine bon sang !)

Cependant gagner une bataille n’est pas gagner la guerre, et durant cette même semaine nous apprenions, sans réelle surprise, que les diffuseurs de livres numériques avaient accès à des données de lecture qu’ils pourront un jour vendre aux éditeurs pour mieux appréhender le marché de la “world littérature”.
Dans son Contrat de licence et conditions d’utilisation Kindle, ce genre de documents que nous ne lisons généralement jamais, Amazon prévient les acheteurs de son dispositif de lecture que : « Le logiciel fournira à Amazon des données relatives à votre Kindle et ses interactions avec le Service (telles que : la mémoire disponible, l'historique de connexion et la puissance du signal). Le logiciel fournira également à Amazon des informations relatives au contenu numérique sur votre Kindle et les autres appareils et à l'utilisation que vous en faites (telles que : la dernière page lue et le contenu archivé). Les annotations, signets, notes, passages surlignés ou autres marquages similaires que vous effectuez sur votre Kindle ou sur votre application de lecture ainsi que les informations que vous fournissez peuvent être conservées sur des serveurs localisés hors de votre pays de résidence. Les passages surlignés peuvent être utilisés afin de fournir aux autres utilisateurs de Kindle des informations anonymes sur les passages les plus surlignés. » (Source).
Personnellement je refuse. Je dis : « Non. », à ces conditions de lecture.
Nous apprenions également, et une nouvelle fois sans réelle surprise, que certains romanciers formatent maintenant leurs récits de sorte à placer un élément de suspens vers les dix premiers pour cents du livre, soit à la limite finale des extraits téléchargeables sur Amazon. Rien de grave ou de désespérant, la pratique n’est pas nouvelle, loin de là ! Les plus grands romanciers feuilletonistes n’agissaient pas autrement. Ce que je regrette c’est justement cela, c’est de constater que les mêmes vieilles recettes continuent de s’appliquer et que nous négligeons ainsi certainement d’autres potentialités des outils numériques.

Quand la réalité rattrape la lecture
Open source, open data et open access, nous devons nous battre pour conquérir notre liberté. Et je dois dire que, d’après mes (modestes) connaissances en histoire de la lecture, l’écriture participa peu à cette conquête. Elle contribua surtout à asseoir des pouvoirs, à mettre en place des administrations paperassières, kafkaïennes.
Aujourd’hui, avec les enjeux du 21e siècle et le potentiel des technologies de la communication la réalité rattrape la lecture.
Et ce fait devrait interpeler je pense chaque lectrice, chaque lecteur.

Personnellement je m’interroge : la lecture n’aurait-elle été pour moi toutes ces années, qu’une activité solitaire dans la poursuite des jeux de l’enfance, seulement une tentative pour fuir la réalité quotidienne, trouver ce que d’autres trouvent peut-être dans le voyage, leur inscription passagère sur d’autres espaces travaillés eux aussi par l’homme.
Le pouvoir évocateur des mots, la puissance évocatrice d’un style, au commencement était le Verbe… Mais maintenant, dans un environnement poly-informationnel, l’écrit (j’écris bien : l’écrit, pas la lecture) ne perdrait-il pas de sa puissance transformationnelle ?

Pratiquer une lecture intensive (lire et relire un nombre réduit d’ouvrages) est devenu pratiquement impossible et n’aurait peut-être plus aucun sens aujourd’hui. Nonobstant, la lecture hyper-extensive que j’en suis venu à pratiquer malgré moi me déroute quelque peu. Impression d’être emporté par un flot de textes de mots, d’être pris dans un tourbillon qui ne me laisse plus penser, réfléchir ce que je lis, qui ne me laisse plus aucune possibilité de m’en saisir, d’en assimiler la substantifique moelle, et qui me laisse vide et désemparé, seulement soucieux de reprendre une lecture pour remplir un vide que plus rien ne peut combler.
Avec cette pratique hyper-extensive, la lecture peut-elle devenir une forme pernicieuse d’addiction ? Un alcoolisme ?
Je réalise que j’ai oublié bien plus des trois quarts de ce que j’ai lu ces décennies passées. Et voilà que maintenant j’aurais ce mouvement lâche de m’abandonner à l’illusion des disques durs.
Si Google devient ma mémoire quels sont les risques ?

En 2012 le territoire du lecteur est bien plus vaste qu’il n’a jamais été, notamment grâce aux nouvelles extensions numériques qui interpénètrent de plus en plus son environnement quotidien, mais, s’il est plus vaste, il est aussi, paradoxalement, davantage contrôlé, et toujours soumis à des pratiques marchandes abusives.

Vers une civilisation post-alphabétique
L’effacement du texte… La disparition de l’écrit serait-elle alors la voie de salut que l’évolution apporterait naturellement ?
Ce serait une défaillance de la pensée que de faire commencer l’histoire avec l’invention des premières écritures (même si cela était encore le cas il n’y a guère très longtemps).
Il est indéniable, l’ethnologie, l’anthropologie et l’archéologie en témoignent amplement, que le mode de transmission orale est au fondement même de toutes les civilisations humaines, et que c’est l’oralité qui fonde les sociétés scripturaires.

L’humanité a vécu des milliers et des milliers d’années sans écriture (le langage articulé aurait été possible il y a cent à deux cent mille ans, alors que l’écriture remonterait au plus tôt à 3400 av. J.-C, et l’invention des alphabets avec l’alphabet linéaire dit protosinaïque ne daterait que de 1500 av. J.-C.).

Chez l’humain pris individuellement l’apprentissage de la langue parlée précède toujours celui de la langue écrite. La parole est toujours première, dont la pensée silencieuse germant du monologue intérieur dicte le geste de l’écrivant. Et même dans la lecture, elle aussi le plus souvent silencieuse  mais surtout en fait depuis le milieu du 18e siècle seulement, c’est la parole toujours qui irrigue le texte lu.
Le mot écrit, le mot imprimé, n’est-il pas comme un papillon piqué sur un bouchon de liège ?

Et si les technologies informatiques permettaient maintenant de réaliser l’idéal socratique du « Connais-toi toi-même »  inscription au fronton du temple de la pythie de Delphes, en faisant de chacun de nous de véritables bibliothèques humaines, et si Ray Bradbury, critique envers les possibilités de l’édition numérique, en avait eu le pressentiment à la fin de son Fahrenheit 451 : les hommes exerçant à nouveau leur mémoire, redevenant des transmetteurs, des passeurs de livres, d’histoires…
Nous souvenons-nous seulement de ce qui se perd dans la transcription écrite d’un récit ?

Oui, il nous faut aujourd’hui reconnaitre la possibilité que l’imprimerie de 1450 ne représentera peut-être à l’échelle de l’évolution de l’humanité qu’un palier, qu’une parenthèse.
L’émergence de civilisations post-alphabétiques doit aujourd’hui être envisagée, comme l’un des possibles prolongements à ce que nous appelons, plus ou moins benoîtement, “la révolution numérique”.
 

dimanche 1 juillet 2012

Semaine 26/52 : Le pouvoir hallucinogène de la lecture

Durant l’année 2012 j’ai décidé de publier ici même chaque semaine un billet exprimant mon ressenti personnel sur la semaine précédente, dans la perspective, bien évidemment, des problématiques de la prospective du livre et de l’édition.
Ce post est donc le 26/52.
  
Opus 26 sur 52. Je suis à mi-parcours. Le fait d’en avoir pris conscience, de le noter et de m’y attarder, atteste à la fois l’effort (ou la contrainte) que cette chronique hebdomadaire m’impose, mais aussi l’intérêt que je lui porte. Ce cadeau, que je me suis fait en m’offrant cette tribune que personne ne songeait ou ne trouvait intérêt à m’offrir, même s’il a sa part empoisonnée, m’apporte beaucoup, me permet d’ordonner et de clarifier mes réflexions sur le devenir du livre et de la lecture au fil des prochaines décennies, des siècles prochains, et de tracer des parallèles avec une recherche spirituelle plus intime.
  
La tension que je ressens fortement et que j’évoque ici régulièrement est presque palpable. Nous pourrions presque la ressentir dans nos corps. J’écrivais hier : « En 2012 l'édition est comme un singe qui refuserait de devenir un homme ». Je ressens cette pression intérieure.
Les libraires grognent sous le joug des maîtres du marché, des auteurs commencent à s’organiser pour garder le contrôle sur l’édition numérique de leurs œuvres indisponibles en édition imprimée. La coopérative d’auteurs Indisponibles.fr, lancée cette semaine, déclare ainsi avoir plusieurs objectifs :
« — permettre à des auteurs de publier en numérique des ouvrages dont ils auraient récupérés ou non cédés les droits de publication numérique,
  fournir aux auteurs dont les ouvrages papier tomberaient dans la liste des indisponibles du XXème siècle une possibilité de publier eux-mêmes leurs ouvrages, et d’en récupérer des revenus supérieurs à ce que proposerait une société de gestion imposée par la loi,
  effectuer une surveillance active de la liste des ouvrages papiers tombant dans cette liste des indisponibles du XXème siècle et essayer de prendre contact avec le ou les auteurs pour l’informer de la situation de son ouvrage. »
Par ailleurs les deux ans de fonction d’Antoine Gallimard, descendu cette semaine de la présidence du syndicat national de l’édition sont bien dans la normalité en comparaison des 19 ans qui passa son prédécesseur, Serge Eyrolles (Denis Mollat a quant à lui été réélu pour la quatrième fois à la présidence du Cercle de la librairie, notamment propriétaire de la société Electre SA éditrice du magazine professionnel Livres Hebdo lequel, même en ligne, n’a toujours pas de réelle concurrence). Les temps changent ; lentement.
Mais cependant…, c’est à une conversation récente que je voudrais consacrer ce vingt-sixième opus, à un échange qui m’a permis d’ordonner quelques-unes de mes réflexions sur les liens entre lecture et dispositifs de lecture, d’avancer un peu le puzzle.

Quand je lis…
Que serait le livre s’il n’y avait plus de lecteurs ?
N’est-ce pas là, dans ce risque de dissolution des lecteurs dans le flux numérique, que réside l’impérieuse nécessité de la métamorphose du livre ? De sa renaissance sous un avatar autre que celui de papiers pliés et imprimés ?
En fait, je me suis simplement posé la question de ce que je fais quand je lis, moi qui depuis l’adolescence lis plusieurs heures par jour. Sans linguistique, sans discours savants, qu’est-ce donc que lire ?
Lire. Non pas interpréter les signaux de son environnement (ce qui est je pense de l’ordre de l’instinct pour tout organisme vivant), mais attribuer du sens à des signes qui n’en ont a priori aucun. Et voilà donc ce que je fais quotidiennement depuis plusieurs décennies : j’attribue du sens à des signes qui n’en ont a priori aucun. Comment est-ce possible que cela m’apparaisse aussi naturel ? Comment ai-je pu acquérir cette pratique et une certaine maitrise je pense dans l’exercice de cette illusion ?
Vingt-six lettres pour une infinité d’univers, de vies mêlées, et pour certaines depuis, mêlées à la mienne.
 
Apprendre à lire ? J’ai appris cela en 1966 précisément. Je ne veux surtout pas entrer dans la guerre entre défenseurs et pourfendeurs de la “méthode globale”, terme je crois savoir assez générique et qui recouperait en fait différentes pratiques d’apprentissages de la lecture. J’ai pour ma part appris à lire avec la méthode syllabique et cet apprentissage, perturbé par des difficultés d’élocution et un environnement familial difficile, ne me fut pas aisé. Ce n’est qu’à l’adolescence que j’ai plongé dans la lecture comme dans une autre atmosphère, davantage respirable.
Ce qui m’intéresse aujourd’hui dans cette “méthode globale”, dont je n’ai donc aucune pratique, c’est l’un de ses aspects particuliers, qui pour moi fait sens, mais dans la mesure seulement où je peux le mettre en écho avec les premières pratiques de lecture de l’humanité.
Dans cette perspective, la présentation proposée ce jour par Wikipédia a ceci de bien pour ma réflexion, qu’elle entre en écho avec ma recherche : « Elle a [la méthode globale] pour ambition de faire acquérir à l'élève une stratégie de déchiffrage des mots, voire des phrases, en tant qu'image visuelle indivisible. […] La lecture se fait par la reconnaissance d'un mot en entier, ou plus souvent d'une phrase entière, et non par le code de l'écrit par syllabes. Elle peut se comparer à la méthode utilisée pour apprendre à lire des langues comme le chinois, basées sur des idéogrammes… » (Source)
Lire  relèverait de la reconnaissance hallucinatoire, plus que du décodage visuel et d’un déchiffrage linéaire que ne corroborent d'ailleurs pas les enregistrements oculométriques.
 
Lire avec un casque !
Dans une certaine mesure cette méthode non-syllabique nous replonge donc avant l’invention des alphabets.
Je me souviens régulièrement de ce qu'Alberto Manguel rappelle dans Une histoire de la lecture (Actes Sud éd.), à savoir que le psychologue américain Julian Jaynes a émis l’hypothèse que : « Lire pendant le troisième millénaire avant notre ère revenait […] à entendre les cunéiformes, c’est-à-dire à imaginer le discours de façon hallucinatoire en regardant les signes qui le symbolisent, plutôt qu’à reconnaître visuellement les syllabes de la façon qui est la nôtre. ». Comme je l’ai évoqué parfois nous pourrions aussi nous demander si les “objets parlants” de la Grèce archaïque ou les statues épigraphiques, sur un certain plan de perception, ne parlaient pas « véritablement », de manière hallucinatoire. Comme statue épigraphique, je pense par exemple celle du roi sumérien Gudéa, rappelée à notre mémoire par Clarisse Herrenschmidt (Les trois écritures, Gallimard éd.) et recouverte d’inscriptions cunéiformes qui donnaient la parole au roi, cette statue qui était visiblement le porte-parole du roi auprès des divinités et, nous ne pouvons que le constater aujourd’hui, auprès des générations futures du 21e siècle également.
 
Quelques vérités partagées par tous et ne nécessitant aucune connaissance scientifique particulière peuvent être listées je pense :
Nous accédons tous dans le sommeil à un plan de conscience particulier qui s’exprime par les rêves, lesquels sont généralement très imagés, semblant puiser dans un réservoir d’images emmagasinées dans notre mémoire et les recombinant en histoires fictionnelles…
  La faculté de notre cerveau à générer des images est ainsi attestée…
Lorsque nous plongeons dans une lecture d’immersion, de type fiction romanesque, récit autobiographique ou expérientiel, nous sommes embarqués dans une expérience similaire, mais, en état de veille. Comme les rêveries diurnes sont moins imagées que les rêves nocturnes, sous peine d’être assimilées à des hallucinations pathologiques, l’expérience de la lecture immersive reste elle limitée par les conditions de vigilance et de conscience de l’éveil. Nonobstant, quand nous voyons une adaptation cinématographique d’un roman qui nous a embarqué nous ressentons bien et formulons clairement que : ce n’est pas ainsi que nous avions vu les choses, que tel personnage ne ressemble pas à celui que nous avions vu dans notre lecture, etc.
En quelque sorte, ne pourrions-nous pas dire que la page imprimée a fait écran (masque) ? Ou alors que c’est l’activité cérébrale de la lecture qui accapare trop de ressources pour déchiffrer et donner sens aux signes graphiques, de telle sorte que la projection absolue du lu n’atteint pas le niveau de la production onirique ?
L’écran de la page, occupé par les signes, ne laisse plus place à la projection de l’image ? (Ici toute l’histoire des supports d’écriture et toutes les études sur le rapport textes / images enluminures, BD…, seraient à réexaminer !)
Mais il y a incontestablement une activité fictionnelle naturelle du cerveau laquelle, à ma connaissance, si elle a été en partie tout au moins explorée par les sciences humaines et particulièrement la psychanalyse, resterait plutôt négligée par les neurosciences.
Enfin, les rapides avancées de l’imagerie cérébrale permettent régulièrement de multiplier et d’affiner nos connaissances sur le fonctionnement et les potentialités de notre cerveau, véritable continent inexploré de notre boîte crânienne.
Les neurones miroirs, par exemple, désignent une catégorie de neurones qui présentent une certaine activité, et ce aussi bien lorsqu'un individu exécute une action, que lorsqu'il observe un autre individu exécuter la même action, ou bien également, lorsqu'il imagine ou lit une telle action.
Les recherches actuelles sur les ICM (interfaces cerveau-machines) sont ainsi, à mon sens, très prometteuses pour l’évolution des dispositifs de lecture.
Liseuses à encre électronique et tablettes tactiles multimédias ne sont que des parenthèses, des impasses technologiques.
Bien sûr une telle idée rappelle avec amusement les visions futuristes de nos aïeux qui imaginaient des voitures volantes pour l’An 2000. Mais nous avons bien des avions depuis un peu plus d’un siècle.
 
Nos descendants ne liront pas avec un casque sur la tête (quoique), mais les dispositifs de lecture qu’ils utiliseront seront peut-être à la croisée des interfaces cerveaux-ordinateurs, qui sont de plus en plus expérimentées, et des dispositifs de réalité augmentée et “d’intelligence ambiante”, qui diffusent de plus en plus dans notre environnement.
Ce que nos descendants à la fin de ce siècle appelleront “lire” sera “voir”.
Un Mésopotamien me comprendrait.
Je voudrais lire ainsi.
 
  

samedi 30 juin 2012

Les enjeux de la normalisation pour l'édition numérique

J'ai assisté hier à la BnF à la 2e Journée d'étude de l'AFNOR (Association française de normalisation, membre de l'International Organization for Standardization - ISO) sur le thème : "Le livre numérique : quelles normes pour le produire, le diffuser, l'utiliser ?".
Cet écho personnel n'est en aucun cas une synthèse (les présentations slides des intervenants et une synthèse, entre guillemets, "officielle", devraient prochainement être mises en ligne par les organisateurs), mais ma réaction, forcément subjective, face à des discours plutôt consensuels et qui semblent davantage entretenir le statu quo actuel qu'assumer les changements inévitables liés au développement d'un marché de l'édition numérique.
 
Il ressort d'emblée de cette journée d'étude (présentations, trois tables rondes, et conclusion sympathique mais improvisée par Arnaud Beaufort, directeur des Services et réseaux BnF), que les enjeux de la normalisation sont considérables.
Pour les résumer en une formule lapidaire je dirais : la normalisation rend possible l'échange dont l'interopérabilité résulte.
La normalisation apparait indispensable à l'interopérabilité. 
 
L'introduction fut d'ailleurs franche - une déclaration telle que : "La normalisation rapporte", pouvant être comprise de multiples façons. Cela dit, il ressort à mon sens de cette journée que l'interprofession du livre tend surtout à développer des stratégies de ralentissement et à reproduire au marché du livre numérique les règles jusqu'à ce jour applicables au marché du livre imprimé. C'est aller droit dans le mur.
 
Une coque de noix sur l'océan...
  
Dans le nuage de questions soulevées par cette étrange conduite j'ai cependant relevé quelques rayons de soleil, quelques traits plus éclairants sur les véritables enjeux...
Virginie Clayssen (directrice de la stratégie numérique du groupe Editis) qui a recentré la problématique sur les lecteurs (ce que je ne peux qu'approuver) : "Je dois pouvoir acheter un livre où je veux, le lire avec le terminal de mon choix et conserver l'accès à mes livres numériques si je change de terminal de lecture et/ou de fournisseur."
Autre formule choc lancée par Virginie Clayssen: "Ne pas laisser les utilisateurs à Amazon !".
  
Alain Pierrot (Business development manager au sein d'I2S) que j'ai revu avec plaisir, précisa lui avec une vraie pertinence que, si on se rallie à un standard comme à un étendard, on se conforme à une norme (comprenne qui pourra).
A titre purement personnel, je n'ai jamais vraiment été dans les normes ;-) et je considère que dans le domaine du livre, qu'il soit imprimé, numérisé ou numérique, une norme n'est nécessaire que si elle rend possible l'accessibilité, non si elle la contrôle.

Hadrien Gardeur (co-directeur de la librairie numérique Feedbooks et animateur du groupe de travail qui développe la spécification OPDS) résuma bien le voeu pieux de beaucoup : "Créer un écosystème basé sur des standards ouverts, permettant à n'importe qui de constituer une collection, de naviguer dans celle-ci et d'acquérir des ressources associées, depuis n'importe quelle source, et dans n'importe quel environnement."
 
La présentation de Marc Jajah (doctorant à l'EHESS, auteur de Sobookonline, spécialisé dans le livre numérique et les pratiques d'annotation) m'a quant à elle surtout conforté dans mon a priori sur l'impossibilité à ce jour de pouvoir retrouver ses annotations, dès lors que l'on change de dispositif de lecture. Vouloir aujourd'hui retrouver des notes au sein de textes en évolution constante, parfois issus de pratiques d'écritures collaboratives, revient à vouloir géolocaliser une coque de noix sur les océans !
 
Deux autres points à retenir d'après moi :
- L'importance de la normalisation pour les problèmes d'accès aux livres numérisés et numériques par des lecteurs malvoyants (intervention hier de Fernando Pinto da Silva, coordinateur du CERTAM - Centre d'évaluation et de recherche sur les technologies pour les aveugles et les malvoyants). Les difficultés liées aux dyslexies et aux dyspraxies devraient aussi être prises en considération, au-delà des contingences commerciales. 
- L'importance d'une normalisation catégorielle et évolutive des métadonnées de gestion bibliographique, métadonnées de référencement et de description. De plus en plus le problème va en effet être de TROUVER.

Globalement les messages passés relevaient donc d'un registre de l'optimisme, à l'image de l'intitulé de la dernière table ronde du jour : "La normalisation, levier pour de nouveaux usages" et dont la présentation à laquelle je ne puis que souscrire précisait sommairement : "On ne fait pas rentrer les usages dans des normes, mais on normalise pour permettre le développement des usages : on a besoin de standards pour récupérer des livres et constituer des catalogues, ou pour partager sa lecture.". 
 
Le singe qui refuse de devenir un homme
  
Malgré ce bel optimisme affiché, quoique assez réservé, le difficile contexte des laborieuses réflexions de cette journée d'étude peut être je pense caractérisé par ces quelques points :
- la pression indéniable sur le marché et les usages des "standardisations de fait", imposées aux consommateurs (aux lecteurs) par des marques monopolistiques (Amazon, Apple...),
- le glissement de la valeur du contenu au service, le fait de ne plus acheter un livre, mais, un droit d'accès associé à certains types d'usages limités, 
- le glissement du lecteur de livres vers l'utilisateur d'un dispositif de lecture, avec ses contraintes techniques et la nécessité d'un service après-vente... 
 
Mais, et je l'ai vivement ressenti hier, complexifier de tels sujets permet surtout de ne pas leur apporter de réponses concrètes. Abondance d'acronymes, textes de référence abscons et en anglais, absence d'un vocabulaire commun à l'interprofession pour désigner de mêmes réalités relativement simples à apréhender, autant de stratégies plus ou moins conscientes, plus ou moins volontaires, mais qui participent à complexifier les choses.
Le refus entêté aussi de s'entendre autour d'une définition simple du livre numérique (refus qui se fait passer pour une impossibilité) est symptomatique je pense de cette stratégie du ralentissement et des intérêts en jeu. Et, de fait, ces tergiversations font le jeu, tant des lobbies des industries graphiques que de ceux des majors anglo-saxonnes du numérique.
J'abordais ces questions de la définition du livre numérique en janvier 2009 dans mon Livre blanc sur la prospective du livre et de l'édition, qui aurait pu à l'époque servir de plateforme à une réflexion collective.
 
En conclusion, si les enjeux de la normalisation semblent vitaux pour le développement de l'édition numérique ce n'est pas gagné. Je dirais même que la situation est préoccupante.
En général, je l'ai encore observé hier, tous ces défenseurs de l'interopérabilité sont les heureux possesseurs d'iPad et de Kindle. Leurs actes de consommateurs trahissent ainsi les discours que leurs positions professionnelles les obligent plus ou moins à tenir. Nous sommes peu de choses.
Et, comme souvent, comme toujours, il a manqué je pense parmi les intervenants un historien du livre capable de remettre les enjeux en perspectives et de nous entretenir, par exemple, des problématiques de la normalisation à l'époque des incunables.
 
Cela dit, je pense que bien au-delà de cette journée d'étude à la BnF, dans la vraie vie, l'univers mental des lecteurs s'élargit, et que tous développent plus ou moins des stratégies personnelles, petites ruses pour accéder aux livres qu'ils souhaitent vraiment lire, pour y prendre plaisir et pour les partager.
Rendez-vous est donc pris pour une nouvelle journée d'étude sur ce même sujet à la Saint Glinglin de l'an 2000 quelque chose. Mais serons-nous encore là pour débattre du sexe des anges ?
Car quel poids a l'AFNOR face à Google, Amazon, Apple ? (Par ailleurs je m'interroge s'il ne serait pas plus... normal justement, que ces problématiques de normalisations  internationales soient entre les mains de la puissance publique et que leurs données soient en accès libre pour tous les citoyens...).
Que pèse réellement, face à Google, Amazon, Apple (d'ailleurs, qui étaient leurs grandes oreilles hier à la BnF ? Ou était-ce à ce point négligeable qu'ils n'y envoyèrent personne dans l'auditoire ?), que pèse donc réellement la commission numérique du Syndicat national de l'édition et son groupe "Normes et standards" (même si ses efforts pédagogiques sont méritoires, voir ici par exemple...).
En vérité : qui décide ?
Y-a-t-il un pilote dans l'avion édition ?
Eh ben la réponse est : NON.
 
J'ai l'impression qu'en 2012 l'édition est comme un singe qui refuserait de devenir un homme !
Mais les lecteurs inaugurent des pratiques transversales et des auteurs se mettent à prendre leurs productions en mains en se saisissant des outils open source. Alors espérons en confiance et sérénité !
 
En savoir plus sur l'AFNOR : sur Wikipédia (et sur le Groupe AFNOR qui a également une branche éditions) et leur site officiel.
Le service concerné à l'AFNOR est le CG46 - Groupe de coordination "Information et documentation".
"Le Groupe de coordination (GC) 46 a pour objet de définir la politique et l'orientation des travaux de normalisation française dans le domaine de l'information et de la documentation et d'assurer la coordination des Commissions de normalisation (CN) et groupes d’experts (GE) placés sous sa responsabilité. Il a également pour rôle de constituer une force de proposition pour le Comité Technique ISO/TC 46 «Information et documentation». La présidence et le secrétariat sont confiés à AFNOR Normalisation depuis 2001."

mercredi 27 juin 2012

Importante actualisation de l'annuaire des éditeurs pure-players

Ce jour une actualisation (nouvelles adresses web des inscrits et quelques nouveaux inscrits, notamment dans la rubrique des prestataires de services) : à consulter ici...
A signaler également une distinction plus claire entre, les éditeurs pure-players francophones, d'une part, et, les prestataires de services (développements d'applications dédiées, ePub3, etc.) à l'édition numérique.

L'ouverture de deux nouvelles rubriques est à l'étude :
- une concernant les prestataires proposant des offres d'auto-publications,
- une autre concernant les services de crowdfunding (financement participatif),
qu'en pensez-vous ? Avez-vous des propositions ?
  
N'hésitez pas à faire part de vos remarques et surtout de vos attentes en commentaires ou en me contactant directement : quels types de services souhaiteriez-vous par rapport à une telle recension des acteurs pure-players de l'édition francophones ?

dimanche 24 juin 2012

Semaine 25/52 : Je préfèrerai ne pas…

Durant l’année 2012 j’ai décidé de publier ici même chaque semaine un billet exprimant mon ressenti personnel sur la semaine précédente, dans la perspective, bien évidemment, des problématiques de la prospective du livre et de l’édition.
Ce post est donc le 25/52.
  
J’ai relu cette semaine Bartleby, d’Herman Melville, dans la nouvelle traduction que nous apporte François Bon (voir ici). J’aime bien ce personnage de Bartleby, entre autres pour ce que son fameux « Je préfèrerai ne pas » porte en germe : un nouveau paradigme de la désobéissance civile face aux diktats des marques et des majors du divertissement.

La désobéissance intellectuelle
Dans la grande transhumance de l’édition imprimée à l’édition numérique nous ne sommes pas les bergers, nous sommes les moutons. Et il peut être utile pour des moutons de savoir un minimum de choses, par exemple : qui sont les bergers et qui sont les loups ?
A considérer comme sont aujourd’hui manipulés les lecteurs, les auteurs, les éditeurs et les libraires indépendants par ceux qui détiennent le pouvoir de l’argent (SNE, lobby papetier, Google, Amazon…) on ne peut, en effet, que rétorquer : « Je préfèrerai ne pas. ».
Je l’évoquais la semaine passée : des agents actifs opèrent, jouent sur les clivages, les tensions catégorielles, et ils misent sur une désolidarisation des acteurs du livre pour contrôler les prétendants à une édition du 21e siècle. Ils œuvrent, et plutôt assez efficacement il me faut malheureusement le reconnaître, pour maintenir les innovations (pas tant technologiques, mais au niveau surtout des modèles économiques) et l’expression des revendications, dans le cadre strict du tapis de jeu du siècle précédent ; et ainsi de faire en sorte que la partie continue à se jouer avec les règles écrites par ceux qui au final la gagneront.
 
Cette semaine, deux points de vue m’ont conforté dans cette analyse. D’abord, celui de la dessinatrice et réalisatrice américaine Nina Paley. Cette véritable activiste de la Culture Libre défend « la “désobéissance intellectuelle” (intellectual desobediance) qu’elle définit comme une version de la désobéissance civile appliquée à la propriété intellectuelle. » (Lire ici : “Droit d’auteur : Nina Paley appelle à la “désobéissance intellectuelle” [Eclats de S.I.Lex]”).
Ensuite, plus mesuré, l’auteur français Thierry Crouzet avec un titre provocateur : Les auteurs sont-ils fainéants ? met les points sur les i : « Vous ne pouvez pas, écrit-il, d’un côté critiquer le monde qui vous entoure, vous insurger contre nos adversaires, et d’un autre côté ne rien faire, sinon pleurer, ou pire attendre que ces adversaires se moralisent et viennent vous câliner. Si les auteurs avaient saisi le train du numérique à son démarrage, ils n’auraient pas besoin aujourd’hui de tenter d’y embarquer alors qu’il est lancé à pleine vitesse. Ce train qui n’est pas qu’un nouveau canal de diffusion, qu’un nouveau moyen de gagner de l’argent, c’est avant tout un espace de création et de vie. Vous ne pouvez pas exiger de bénéficier de ce monde tout en refusant d’y embarquer, vraiment. ».
Il émet en quelque sorte des propositions qui apparaissent de l’ordre du possible et qui questionnent les comportements et les choix de chacun, y compris de moi-même.
« Alors battez-vous sur le nouveau terrain de bataille, est sa conclusion. Ne tirez plus vos missiles d’au-delà de la frontière. Ils n’ont aucune chance d’atteindre leurs cibles. Passez les fils barbelés. Escaladez la montagne. Vous découvrirez le monde sous une nouvelle perspective. Et vous éclaterez de rire chaque fois que le SNE, la SGDL et d’autres se livreront à leur pantomime. Dorénavant, nous avons le pouvoir. Ne l’oubliez pas. Ne perdez plus de temps à discuter avec ceux qui ne l’ont plus (et qui vous font croire qu’ils l’ont encore). ». CQFD.

En veux-tu ? En voilà !
En ce qui me concerne j’ai à plusieurs reprises ces dernières années formulé des propositions en franc-tireur. D’abord en janvier 2009 dans mon Livre blanc de la prospective du livre et de l’édition.
J’y définissais six orientations :
1 – Désincarcérer l'édition de l'industrie du print et désenchaîner les textes des livres.
2 – Penser réticulaire, désintermédiation et intermédiation.
3 – Expérimenter : optimiser le partage des ressources et la mutualisation.
4 – Reconfigurer la distribution (accès, abonnements...) et adapter le marketing et les relations presse aux nouveaux médias.
5 – Mettre auteurs et lecteurs au cœur des projets éditoriaux dans une logique 2.0.
6 – Inventer et tester de nouveaux modèles économiques (intégrant, entre autres, la gratuité ou de nouvelles formules de fixation des prix), et repenser et faire évoluer la législation et le CPI (Code de la propriété intellectuelle).
  
En guise de conclusion j’émettais à l’époque huit propositions qui étaient facilement réalisables :
1 – La création de Commissions de la prospective, au sein du CNL (Centre national du livre), du SNE (Syndicat national de l’édition), du SLF (Syndicat de la librairie française) et de la SGDL (Société des gens de lettres), ainsi que des différentes instances régionales au service du livre et de sa diffusion.
2 – La désignation d’une “Madame ou d’un Monsieur Prospective” au sein des maisons d’édition.
3 – La prise en considération des spécificités de la prospective du livre et de la prospective de l'édition, notamment dans leur dimension transhistorique, par les structures possédant déjà un département R&D.
4 – L'enseignement de la prospective du livre et de la prospective de l'édition dans les formations aux différents métiers du livre et de l'édition, dans les établissements privés de communication, et dans les cursus de formation continue.
5 – L'organisation et la mise en œuvre systématique de méthodes d'observation, d'analyse et d'accompagnement de l'évolution des pratiques de lecture chez les jeunes lectorats natifs du numérique (manuels scolaires numériques, e-learning, serious games...).
6 – La valorisation des réseaux francophones consacrés à l'édition, aux livres et à la lecture, existants déjà sur le Web.
7 – Le traitement journalistique suivi et faisant appel à des experts, des questions et des enjeux de l'avenir du livre et de l'édition, dans les médias grand public (la presse écrite [imprimée], autrement que par le biais d'informations ponctuelles “à sensations”, mais par des chroniques spécialisées ; la radio et la télévision, notamment du service public).
8 – La constitution d'un Think Tank (groupe de réflexion), institution privée et publique, à la fois observatoire et comité d'éthique, regroupant les “insiders” de l'édition, de la prospective et de l'économie de la connaissance, et se saisissant de cette question essentielle en cette première moitié du 21e siècle : « Où va la civilisation du livre ? ».

Par la force des choses quelques lentes avancées sur tel ou tel point ont bien eu lieu, mais si peu ! La force d’inertie en face est terrible, terrifiante. Les initiatives sont vite entravées.
 
Plus récemment dans ces chroniques j’ai émis quatre nouvelles propositions, celles-là plus idéalistes j’en conviens :
1 Inscrire au patrimoine universel de l’humanité (Unesco) les classiques de la littérature mondiale, lesquels ne devraient plus être l’objet d’aucune forme de transactions commerciales et être librement et gratuitement accessibles à toutes celles et ceux qui souhaiteraient les lire et/ou en posséder un exemplaire numérique (seul un coût minimum resterait appliqué pour les versions imprimées et les nouvelles traductions).
2 Abolition de la TVA pour le livre imprimé, numérisé et numérique.
3 Extension, harmonisation internationale et sanctuarisation du domaine public, garanties par l’OMPI (Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle) avec gratuité des œuvres du domaine public en édition numérique (seul un coût minimum resterait appliqué pour les nouvelles traductions).
4 Sanctuarisation des bibliothèques en zones franches bénéficiant d'avantages tels que l'exonération de charges fiscales et de règlementations sociales adaptées et privilégiées...
 
Il faudrait ajouter à ces trois listes des points concernant le respect et la défense des droits des auteurs, ce que j’ai évoqué à plusieurs reprises déjà les semaines précédentes, notamment à partir des réflexions de Richard Stallman. Il faudrait en particulier réglementer l’usage des prescriptions algorithmiques, le profilage et le blacklistage éventuels de lecteurs.
  
Voilà. Il y a de quoi faire. Non ? Au lieu de quoi l’actualité bruisse de ce que les tristes hérauts des princes du business buzzent sur la Toile ; toile dans laquelle nous sommes bel et bien pris, elle et ses fameux réseaux sociaux.
 
J’entends parler sans cesse d’Apple, d’Amazon et tutti quanti, mais aujourd’hui en ce domaine comme dans les autres, les grandes marques c’est bien ce qu’il y a de moins fiable ! D’abord, elles ne décident qu’en fonction de leurs intérêts financiers et non de l’intérêt collectif, de valeurs humaniste ou culturelle. Ensuite, ce que nous leur payons ce n’est pas la qualité des produits (obsolescence programmée…) ou des services (profilage, marchandisation de nos données personnelles, tracking publicitaire…), mais le droit de nous aliéner en les exhibant.
Le grand truc des entreprises à l’heure du 2.0 c’est de faire réaliser une partie de leur travail par les acheteurs. Nous sommes tous devenus des VRP (voyageur, représentant et placier) multicartes bénévoles, et même moins que cela : nous payons pour. Des esclaves 2.0 !
Il nous faut maintenant la volonté et la force, individuelles et collectives, de nous extraire de cette fosse et de nous remettre en marche.
Certes, nous passons de l’imprimé au numérique, mais bien plus, mais bien au-delà ! Car la révolution est très loin de se résumer au monde du livre. Elle l’entraîne avec elle, elle emporte avec elle le monde du livre, certes, et même, je vous le dis, peut-être celui de l’écrit.
Ce qu’il se joue serait de l’ordre du passage des civilisations de l’oral aux civilisations de l’écrit. Peut-être le passage de la civilisation “terrestre” à la civilisation “augmentée” ?
En tous cas les véritables enjeux dépassent de très loin le cadre policé de Saint-Germain-des-Prés, de quelques salons parisiens et de leurs annexes provinciales.
Et s’ils empêchaient notre printemps, alors ce serait un long, un très long hiver.
Nous devons nous battre pour désincarcérer le livre et la lecture des carcans industriels qui les étouffent.

samedi 23 juin 2012

La place du livre dans le web à venir


Depuis quelques mois déjà le groupe "Prospective du livre et de l'édition" que j'anime sur le réseau social Facebook est sous les couleurs de MétaLectures.
Depuis cette semaine une nouvelle application (Cloud Party) apporte à Facebook une extension web 3D, directement et facilement utilisable depuis Facebook et le navigateur web de l'utilisateur.
Les plus de 440 membres de ce groupe "Prospective du livre et de l'édition" et les plus de 3200 acteurs de l'interprofession du livre qui comptent parmi mes contacts Facebook, peuvent maintenant, s'ils le souhaitent, tous me retrouver au sein de ce nouvel espace web (Cloud Party), pour que nous y travaillions de concert au devenir du livre et de la lecture.
 
Avec mes partenaires, je suis à la disposition de tous les acteurs de l'interprofession du livre (imprimé et numérique) pour les accompagner sur ces nouveaux territoires digitaux, que des solutions de réalité augmentée vont rendre de plus en plus interactifs et mêlés à notre réalité quotidienne, et ce notamment pour des applications nouvelles de commerce connecté, ainsi que pour de nouvelles médiations sociales (autour du livre et de la lecture, de la formation et de l'enseignement, par exemple...).
Le web 3D sera dans les mois à venir plus facilement accessible à partir de simples navigateurs web, ainsi que depuis les tablettes internet et smartphones, notamment sous Androïd.
Quelques liens, pour mieux comprendre ce dont il s'agit et les enjeux pour la francophonie et les professionnels du livre :
Y découvrir MétaLectures, le premier environnement web 3D immersif pour présenter, expérimenter et développer des solutions innovantes dans l'univers du livre et de la lecture francophones.
 

lundi 18 juin 2012