jeudi 26 janvier 2023

Mes Chroniques Martiennes...

Avec l'espoir fou de précipiter l'arrivée du printemps j'interviendrai au 1er Salon numérique du Livre auto-édité dans le Métavers Gather Town le 5 mars 2023 (16H00) pour une conférence-échanges sur le thème “Lecture et traversée du miroir”, puis à la Bibliothèque Mohammed Arkoun (Paris, 5e) pour une conférence-débat sur la lecture immersive le 10 mars 2023 (19H00). Plus de précisions courant février...

Lorenzo Soccavo Conference Lecture 2023
Sur Paris.fr...

dimanche 1 janvier 2023

2023 pour dé-lire, et à écrire...

2023 Bonne Chance !

2023...
Bonne Chance et Bon Courage à toutes et tous pour dé-lire et écrire notre à-venir !!!

Je serai là pour vous accompagner dans votre voyage intérieur de lectrices ou de lecteurs de fictions littéraires ... Promis !

vendredi 30 décembre 2022

Une expérience de Traversée du Miroir

Le texte ci-dessous de 2020, repris et complété en 2022, rapporte fidèlement une expérience personnelle autobiographique qui pour moi s'inscrit pleinement dans le cadre de mes recherches en littérature.


 " Je suis allé en 2020 m’attendre à la sortie de l’école primaire. Je n’ai pas vu sortir le petit garçon que j’étais tout comme lui il y a plusieurs décennies ne me voyait pas l’attendre. M’attendre. Le temps est ce qui nous empêche de nous voir pour que l’espace conserve une certaine cohérence à nos yeux. Ce faisant l’espace abolit presque la distance temporelle. Le temps nous rend seulement l’un à l’autre invisibles.
L’absence que nous sommes l’un à l’autre, et cela l’un comme l’autre l’avons toujours ressenti, nous le ressentons, n’est cependant que dans cette illusion temporelle, car, toujours, c’est ensemble que nous avons été, c’est un seul et même que nous sommes. Vouloir nous séparer serait illusoire.
Pour ce qui est de l’espace, notre pensée peut toujours récupérer les accrocs du temps dans la tapisserie. Si nous ne sommes pas trop regardants les espaces demeurent semblables à eux-mêmes. Une ressemblance, au pire une vraisemblance fera toujours l’affaire.
L’espace a une pesanteur à laquelle il doit son apparente stabilité de laquelle le temps, lui, s’échappe. Le temps fuite toujours.
 
Ces premières années "je" était encore dans la foulée de son moi de départ, premiers mois des premières années et premiers émois des premiers pas et des premiers mots, et les maux des pas ceci et pas cela, premiers inter-dits et problèmes de diction. Son articulation au monde se fait dans l’écho pas à pas de son propre passé.
Là-bas depuis seulement quelques années une orthophoniste siège à proximité de l'école primaire.

Chercher donc ma propre étymologie, il s'agit bien de cela, pour devenir ma propre métaphore, pour me délier de mon nom d’état-civil, encombrant, et le dé-lire en quête de mon nom véritable : celui qui traverserait les âges et s’échapperait par les deux extrémités du parcours de ma naissance et ma mort.

Le temps, lui, est l’affaire du récit, mais c’est en progressant dans l’espace ouvert par mes lectures, dans ce perpétuel dé-lire là, que je peux retourner au moment où le langage s’est saisi de moi au cours de la première moitié des années soixante, et de l’école. Retrouver le B-A-BA de la signifiance dans l’insignifiant des décennies écoulées depuis lors. Car dès lors en zootechnie la succession des apprentissages était déjà depuis belle lurette chose très bien réglée concernant l’éducation des jeunes enfants. La lecture est une question d’espace parce que le langage en catimini se cristallise en texte dès que, ou presque.
Mais c’est curieux cependant comme les espaces continuent à circuler en nous quand nous ne circulons plus en eux. De la place Pasteur me semble-t-il jusqu’à la rue Ampère où était durant toutes ces années la maison, devenue maison intérieure, "lamézon", je m’y rends encore souvent la nuit en rêve. Qu’est-ce que se rendre ?
A posteriori ce devait être là-bas un espace m'incitant à la lecture. Dans la partie du jardin devant la maison il y avait des lilas. Aujourd'hui j'y lis l'injonction : lis là, ou lis-la.
Au-delà étaient la plaine et les blés. Le lys et les épis déjà là.
Là, je suis venu à la lecture, ou la lecture est venue à moi, mais dans cet espace-là, et depuis lors le tissage du récit et de la narration, du réel et de la fiction, est incessant.

En 2022 je suis repassé à l'endroit. L'école primaire qui maintenant fait non-lieu pour moi. Ce serait un endroit d'où il n'y aurait donc pas lieu de donner suite à mes plaintes, à une action en justice pour demander réparation des blessures de l'enfance.
C'était une après-midi de printemps à l'heure d'une récréation. Je passais discrètement sans regarder. L'image en moi, à la lisière prenait forme par les sons seulement. Mais j'étais visible. Soudain la voix claire d'un jeune enfant m'apostropha :
- Monsieur ! Vous pouvez... Mon avion en papier s'il vous plait ?
(Sur l'instant j'ai eu la certitude que je n'oublierai jamais les mots précis avec lesquels il m'avait demandé et depuis lors il m'est impossible de m'en souvenir.)
A quelques mètres un avion en papier plié gisait sur le trottoir et de l'autre côté du portail fermé de l'école un petit garçon qui n'était pas moi ni aucun des condisciples que j'avais pu avoir dans les années soixante tendait vers moi son visage et sa main.
Je lui ai rendu son avion en papier, il m'a dit merci, je suis aussitôt reparti et quand quelques pas plus tard je me suis retourné il avait déjà comme disparu, anonyme dans la cour de récréation ou s'envolaient pour aussitôt retomber parmi des dizaines d'enfants des dizaines d'avions en papier.
Ce qui est impossible à exprimer avec des mots c'est mon impression alors d'être passé l'espace d'un instant sur l'envers de l'endroit. Aussitôt j'ai été en résonance avec la scène bien connue du Petit Prince de Saint-Exupéry. "S'il vous plaît... dessine-moi un mouton !". Je n'étais plus dans la réalité. L'espace d'un instant seulement.
 
Possiblement des territoires de l'enfance deviendraient ainsi des terres de fiction et des espaces réels pour les uns glisseraient d'un coup en espaces littéraires pour d'autres. La question première, celle de mes recherches en littérature, demeurant celle des conditions d'apparition de et à ces espaces-là.
Des territoires de l'enfance deviennent des terres de fiction, en partie parce qu'ils l'étaient à l'origine, parce que le petit train électrique qui tournait en rond sur le plancher de ma chambre devenait si réel dès lors que toutes lumières éteintes dans la pièce aux volets fermés et aux doubles rideaux tirés, une joue contre le sol, le regard à hauteur de miniature, il devenait un instant aussi vrai que ceux que je pouvais depuis mon lit entendre passer au loin certains soirs où un tissage particulier de l’air, la distribution du silence et du vent, la qualité soudaine de mon écoute semblaient rendre possible l’impossible, voyager depuis là ; en partie aussi parce que les faux retours à l'école et à "lamézon" devant lesquelles je ne fais que passer, marquent et masquent à la fois des moments qui, dans une certaine mesure, s'apparenteraient à des traversées du miroir. "
© Lorenzo Soccavo 2020-2022.

samedi 17 décembre 2022

Lecteurs et lectrices des cochons de payeur ?

La récente actualité autour de la fermeture par la justice américaine des accès aux serveurs de la bibliothèque libre mondiale Z-Library n'est qu'un aspect des tensions qui s'exacerbent et démontre une fois de plus l'impossibilité d'appliquer aux livres numériques les règles qui s'appliquent aux livres imprimés.  
 
Les lectrices et les lecteurs sont les premiers à supporter les conséquences de cette véritable inadéquation entre la demande et l'offre.

Depuis la publication de mon ouvrage Gutenberg 2.0 le Futur du Livre par Malo Girod de l'Ain en 2007 je travaille notamment sur la prospective des pratiques de lecture.
Ces dernières années je me suis penché sur l'émergence d'un droit des lecteurs et des lectrices à partir des nouveaux usages induits par le numérique et qui de plus en plus entrent en conflit avec le droit de la propriété intellectuelle et les intérêts des auteurs.
Depuis 2013 je travaille à formuler quels devraient être les principaux droits des lectrices et des lecteurs par rapport à la nouvelle donne de l'édition numérique. Je peux venir en débattre avec vous à l'occasion de conférences, cours, tables rondes...

mercredi 30 novembre 2022

Corps de lettres et intelligences fictionnelles

En marge de ma participation à la deuxième saison du festival de prospective Les Mondes Anticipés, initié par iniZial, le label « Prospectives et inspirations » à la Cité des Sciences et de l'Industrie de Paris sur le thème : Le corps dans tous ses états ! le magazine Futur-Hebdo a publié dans son numéro spécial de novembre 2022 une version de mon texte : Corps de pixels et Corps de lettres.
En voici ci-dessous la version longue intégrale qui recoupe mes travaux sur plusieurs axes, notamment concernant la lecture immersive, les personnages de fictions littéraires et les intelligences fictionnelles... N'hésitez pas à me contacter si vous aussi ces sujets vous passionnent...

vendredi 18 novembre 2022

Au-delà Proust au-delà...

Nous sommes le 18 novembre 2022. Marcel Proust est mort le 18 novembre 1922. Autant dire hier. Cent ans qu'est-ce d'autre, en effet, que deux fois cinquante ans, ou même seulement quatre fois vingt-cinq ans ? C'est peu. Lui et nous aurions presque pu être contemporains.

Pourtant, en apparence, le monde et notre rapport à lui, ont tellement changé ! A quelle vitesse changeons-nous ? Le monde extérieur change, mais intérieurement (psychiquement, mentalement, moralement, spirituellement...) changeons-nous ?
 

Toute cette année 2022 aura été traversée par un flux continu prousto-centré. Avec du bon et du moins bon, du commercial. Mais toujours replié sur le passé, l'oeuvre gravée au panthéon de la littérature, ou sinon parfois avec une malsaine curiosité sur l'intimité de l'individu ayant porté le nom de. Mais qu'est-ce que porter un nom, et au-delà l'état civil quel est, pour chacune et chacun de nous, notre nom véritable ?
 

Pour ma part, si je me suis refusé à devenir proustien, je l'ai cependant lu et relu attentivement et, en écho à ma propre recherche sur la lecture immersive, le sentiment de traversée du miroir chez les lectrices et les lecteurs de romans, j'y ai trouvé tout au long de nombreuses, pertinentes et perspicaces observations sur l'objet de MA recherche.
L'au-delà de Proust, l'expérience de la lecture au-delà la lecture de Proust est pour moi un miroir dans lequel souvent je porte un regard critique sur mes réflexions. (Mais qu'est-ce que porter un regard sur soi ?)

Au fil des ans j'en ai sommairement formulé quelques aspects sur ce blog, mais je suis toujours à votre disposition pour des conférences ou autres interventions pour essayer ensemble d'aller par Proust... au-delà de Proust.