Pour exposer à ses lecteurs la thèse développée par Ruskin dans ces cours, Proust cite Descartes pour lequel : « La lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés qui en ont été les auteurs. ».
Blog 2024 de Lorenzo Soccavo | Fictionaute | Chercheur en Littérature, Prospective et Mythanalyse de la Lecture | Conférencier. Auteur. Enseignant et Formateur sur les futurs des dispositifs et des pratiques de lecture | Veille et Journalisme prospectif...
vendredi 10 août 2012
La lecture immersive selon Proust, ou, « Cette impression de rêve que l’on ressent à Venise »
Pour exposer à ses lecteurs la thèse développée par Ruskin dans ces cours, Proust cite Descartes pour lequel : « La lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés qui en ont été les auteurs. ».
mardi 16 novembre 2021
Une machine pour voyager dans le temps ?
En février 2011 j'étais revenu sur cette expérience à la Maison des Métallos (établissement culturel de la Ville de Paris).
mercredi 29 septembre 2021
Conférence Lire Proust Autrement
En février 2011 j'étais revenu sur cette expérience à la Maison des Métallos (établissement culturel de la Ville de Paris).
Enfin, en 2018, j'ai pour la première fois exposé dans le cadre d'une séance du séminaire Ethiques et Mythes de la Création de l'Institut Charles Cros, sur le thème : Écritures secrètes et lectures littéraires du chamanisme, ma vision subjective, mais sérieusement argumentée et étayée de citations fidèles issues des sept tomes de La Recherche : Marcel Proust était un chaman.
vendredi 18 novembre 2022
Au-delà Proust au-delà...
Pourtant, en apparence, le monde et notre rapport à lui, ont tellement changé ! A quelle vitesse changeons-nous ? Le monde extérieur change, mais intérieurement (psychiquement, mentalement, moralement, spirituellement...) changeons-nous ?
Toute cette année 2022 aura été traversée par un flux continu prousto-centré. Avec du bon et du moins bon, du commercial. Mais toujours replié sur le passé, l'oeuvre gravée au panthéon de la littérature, ou sinon parfois avec une malsaine curiosité sur l'intimité de l'individu ayant porté le nom de. Mais qu'est-ce que porter un nom, et au-delà l'état civil quel est, pour chacune et chacun de nous, notre nom véritable ?
Pour ma part, si je me suis refusé à devenir proustien, je l'ai cependant lu et relu attentivement et, en écho à ma propre recherche sur la lecture immersive, le sentiment de traversée du miroir chez les lectrices et les lecteurs de romans, j'y ai trouvé tout au long de nombreuses, pertinentes et perspicaces observations sur l'objet de MA recherche.
L'au-delà de Proust, l'expérience de la lecture au-delà la lecture de Proust est pour moi un miroir dans lequel souvent je porte un regard critique sur mes réflexions. (Mais qu'est-ce que porter un regard sur soi ?)
Au fil des ans j'en ai sommairement formulé quelques aspects sur ce blog, mais je suis toujours à votre disposition pour des conférences ou autres interventions pour essayer ensemble d'aller par Proust... au-delà de Proust.
mercredi 17 avril 2019
Regardeur Lecteur face au fameux petit mur jaune
- Dans son face à face avec le tableau et sa ressemblance avec la réalité du monde le regardeur se trouve exposé à un double mouvement concomitant : à la fois celui de la plongée de son regard vers l'entrée de la ville et le fond du tableau, la ligne d'horizon, et, celui suggéré par lequel des nuages avancent vers lui, viennent à lui. Dès lors il suffit que son oeil s'accroche à ce petit pan jaune pour, de fait, ne plus voir d'emblée que lui.
Ce petit bout de toiture jaune est comme une poignée de porte à laquelle on se raccroche, à la fois pour éviter de perdre l'équilibre et, en même temps, pour se retenir d'ouvrir la porte. Un facteur (un vecteur) métaleptique (?).
Dans le texte de Proust, le tableau imaginé dans son entier, le tableau lu, jouerait-il comme ce petit espace jaune joue, lui, sur le tableau réel, le tableau vu ?
* Terme généralement employé dans le contexte de l'alchimie.
mercredi 7 mars 2018
Une lecture sur les traces du chamanisme chez Marcel Proust
J'y interviendrai en compagnie de Sylvie DALLET, professeur des universités (CHCSC, IECI, université Marne la Vallée Paris-Est, UPEM art et histoire culturelle), et présidente de l'Institut Charles Cros : (introduction du séminaire 2018 et communication « Résurgences littéraires et mutations du chamanisme »), et Olga KATAEVA, peintre et docteure en cinéma et études audiovisuelles (« La série des dessins de Serguei Eisenstein L’âme sortant du corps (1939) »).
vendredi 9 avril 2021
Un autre regard sur Proust !
En marge de l'actualité autour de Marcel Proust le magazine en ligne ViaBooks se fait l'écho d'une de mes conférences passées à l'Institut Charles Cros dans le cadre du séminaire EMC - Ethiques et Mythes de la Création.
Porter un autre regard sur Proust, le lire attentivement, trace de nouvelles perspectives, ouvre de nouveaux horizons à nos réflexions sur la lecture immersive et le rapport entre réalité et fiction. Je peux venir vous en parler si vous le voulez...
jeudi 18 novembre 2021
Proust et la jeune Alice...
Entre ce "quelque chose" lu, et, cet "autre chose" vu mentalement, il y a donc une certaine distance, et, dans un premier temps, nous pourrions donc émettre l'hypothèse suivante que ce serait cette distance virtuelle qui serait celle mentalement parcourue par la lectrice ou le lecteur de fictions littéraires lorsqu'ils se retrouvent "immergés" dans le monde de ce qu'ils sont en train de lire, dans la posture de lecteur telle que l'évoque à plusieurs endroits de sa Recherche Marcel Proust, par exemple lorsqu'il se remémore dans Du côté de chez Swann : "l’espèce d’écran diapré d’états différents que, tandis que je lisais, déployait simultanément ma conscience", ou bien encore quand il parle de "cristal successif ".
Je propose donc une approche rationnelle, s'appliquant dans un premier temps à rapprocher différents extraits de fictions littéraires de cette définition : "Lire c'est voir quelque chose qui fait voir autre chose".
L'idée sous-jacente est d'imaginer d'éventuelles relations entre l'expérience d'un corps physique traversant un obstacle matériel et la possibilité de métaphores pour nous aider à concevoir le voyage
immobile que font les lectrices et les lecteurs.
Nous pouvons penser évidemment à la nouvelle fantastique de Marcel Aymé, Le Passe-muraille,
l'histoire de Monsieur Dutilleul, un petit employé qui découvre
incidemment qu'il peut passer
à travers les murs. Mais aussi à la jeune Alice de Lewis Carroll autour de laquelle se sont cristallisées plusieurs
facettes de mes recherches sur les métalepses.
Si poursuivre ces réflexions sur la lecture immersive vous intéresse je vous propose une rencontre pour une conférence-débat richement illustrée, et, vous le verrez, très documentée et rigoureusement argumentée. Qu'en pensez-vous ?
lundi 18 mai 2020
Voyager dans les Livres
Lecture littéraire et expérience en pensée
La proposition est la suivante :
– Les fictions littéraires jouent en nous comme des espaces mémoriels, lesquels espaces mémoriels peuvent devenir des laboratoires de nos vies.
– L'espace imaginaire et l'imagerie mentale de nos lectures nous confrontent à d'autres facettes de "la réalité".
– Conscientiser puis autonomiser son fictionaute, la part subjective de soi que lectrices et lecteurs projettent spontanément dans ces espaces imaginaires, ouvrirait la voie à un art de la mémoire confinant à la métaphysique et nous rapprocherait affectivement des formes d'intelligences artificielles que sont les personnages de fictions littéraires.
– Qu’est-ce que j’entends par lecture littéraire ?
Simplement la lecture de textes littéraires, c’est-à-dire de textes répondant à l’évocation qu’en faisait Marcel Proust dans Jean Santeuil dans lequel il approchait assez clairement la qualité première de la relation singulière de ce que j’appellerais les liens de connivence entre le Monde-monde et les mondes littéraires : « ce qu'il y a de réel, écrit Proust, dans la littérature, c'est le résultat d'un travail tout spirituel, quelque matérielle que puisse en être l'occasion [...] une sorte de découverte dans l'ordre spirituel ou sentimental que l'esprit fait, de sorte que la valeur de la littérature n'est nullement dans la matière déroulée devant l'écrivain, mais dans la nature du travail que son esprit opère sur elle. » (Quarto Gallimard, 2001, p.335).
Le texte littéraire serait le produit d’un travail de notre esprit sur le réel. Ce travail serait une sorte d’alchimie, de transmutation des éléments bruts du quotidien sous l’effet d’un révélateur spirituel ou sentimental (ces termes sont ceux employés par Proust) qui en ferait, c’est la lecture que moi j’en fais, ressortir deux dimensions essentielles cachées : l’esthétique (liée au sentiment du beau), et l’éthique (liée à la perception morale du bien).
La lecture littéraire est ainsi à entendre dans mes propositions comme la lecture d‘un texte qui serait le fruit d’un travail spirituel dans une double dimension esthétique et éthique.
– Qu’est-ce que j’entends par expérience de pensée ?
Une expérience de pensée, plus précisément une expérience en pensée, est la conduite d’une expérimentation par la puissance de l’imagination, soit parce qu’il ne serait pas possible de réaliser concrètement l’expérience dans le monde physique, soit parce que l’expérimentation vise une observation ou un changement d’état intérieur, soit enfin que l’objet de l’expérimentation est au niveau de l’exploration d’un monde non physique.
– Qu’est-ce que j’entends par Intelligence Fictionnelle ?
Enfin, dire que : « Les fictions littéraires jouent en nous comme des espaces mémoriels », c’est avancer l’idée des fictions comme lieux de mémoire, comme si ce qui s’y jouait pouvait faire écho, entrer en résonance ou bien se trouver en ressemblance avec la propre histoire de la construction de l’identité personnelle des lectrices et des lecteurs.
Sur ce lien entre espace fictionnel et art de la mémoire il faudrait évidemment développer. Par exemple à partir du roman L'Invention de Morel de l'écrivain argentin Adolfo Bioy Casares (1940) [il s’agirait alors d’IA faibles] et de L'Année dernière à Marienbad, tant le film d’Alain Resnais (1961) que le scénario d'Alain Robbe-Grillet [il s’agirait alors d’IA fortes]. Nous pourrions alors nous demander si nous pourrions parler d’IF, d’Intelligence Fictionnelle ? Pourrait-on parler d’intelligences fictionnelles au sujet des personnages de fictions littéraires ?
– Le livre laboratoire de pensée
Le livre qui a été pour moi le laboratoire de pensée dans lequel j'ai pu découvrir mon propre fictionaute est La Montagne magique de Thomas Mann, relu une quinzaine de fois dans sa traduction originelle par Maurice Betz. La traduction de 2016 par Claire de Oliveira pour les éditions Fayard a marqué un coup d'arrêt. Cet accident de parcours m'a permis de réfléchir sur ce que les différences de traduction d'un même texte peuvent avoir comme effets sur l'imagerie mentale d'un lecteur et sur sa réception subjective d’un texte.
En résumé La montagne magique relate le séjour dans un sanatorium de montagne d'un jeune homme délicat nommé Hans Castorp, lequel à l'été 1907 vient rendre une simple visite de courtoisie de trois semaines à son cousin malade, mais qui finalement ensorcelé par les effets conjugués de l'altitude et de l'emploi du temps millimétré des journées restera en fait sept ans, jusqu'à ce que l'éclatement de la Première Guerre mondiale l'arrache à cet enchantement pour le confronter à la cruauté du monde.
– L’expérience
Pour notre expérience je propose l’analyse d’une courte scène du début du roman, celle de l'arrivée de Hans, en partant du principe que si je pouvais vraiment me projeter dans le monde de ce livre je voudrais absolument pouvoir assister personnellement à son arrivée au sanatorium.
D’abord le texte de cette scène dans sa traduction par Maurice Betz, puis ensuite le même passage dans sa traduction par Claire de Oliveira, et enfin toujours la même scène mais telle qu’elle est vécue par mon fictionaute projeté et immergé dans l'action.
L’idée sous-jacente est que je serais arrivé au sanatorium la veille de Hans Castorp et que j’aurais donc pris une journée d’avance sur l’horloge interne de la narration.
Le je qui s’exprime alors dans cet extrait est mon propre je, c’est moi, Lorenzo Soccavo qui suis arrivé la veille au sanatorium du Berghof en l’an 1907. Le narrateur devient ici une projection du lecteur : c’est mon fictionaute qui parle.
Pour des voyages littéraires de ce type nous pourrions peut-être parler d’autofictions métaleptiques. Une métalepse étant une sorte de glissement ou de trébuchement, comme un lapsus, qui nous transporterait au-delà d’une limite, comme l’indique le préfixe méta.
Nous devrions aussi en imaginer les différentes conséquences possibles à la manière de Borges : les exemplaires imprimés de La montagne magique seraient-ils modifiés par l’intrusion d’un lecteur dans le contexte de l’histoire, etc.
Au-delà cette expérience où l’autonomie est conférée au fictionaute, nous pourrions concevoir des expériences de pensées dans lesquelles ce serait les personnages de la fiction qui acquerraient une certaine autonomie.
Ce point nous amène à revenir pour conclure sur la question de l’intelligence artificielle. Les personnages de fictions littéraires concentrent sur eux une masse de données qui leur donnent consistance et crédibilité et leur confère une certaine densité vibratoire sur la psyché des lecteurs, là où le monde possible de la fiction se refléterait pour faire lieu.
Nous pourrions à partir du postulat suivant :
- les personnages de fictions littéraires sont généralement des créatures anthropomorphes qui ne vivent pas vraiment sur Terre, en conséquence de quoi nous pouvons les considérer comme des extraterrestres avec lesquels nous pourrions potentiellement entrer en contact,
penser qu’à moyen terme une technologie d'intelligence artificielle favorisant le développement de créatures bio-digitales pourra faire des personnages de romans des vivants presque comme nous.
vendredi 6 avril 2018
Marcel Proust - du chaman au fictionaute
mercredi 3 février 2021
Sur l'immersion fictionnelle | Mr. Dutilleul et la jeune Alice
Qu'est-ce que lire ? Lire c'est voir quelque chose qui fait voir autre chose.
Entre ce "quelque chose", et, cet "autre chose", il y a donc une certaine distance et dans un premier temps nous pourrions émettre l'hypothèse suivante :
- ce serait cette distance virtuelle qui serait mentalement parcourue par la lectrice ou le lecteur de fictions littéraires pour qu'ils se retrouvent "immergés" dans le monde de ce qu'ils sont en train de lire, dans la posture de lecteur telle que l'évoque à plusieurs endroits de sa Recherche Marcel Proust, par exemple lorsqu'il se remémore dans Du côté de chez Swann : "l’espèce d’écran diapré d’états différents que, tandis que je lisais, déployait simultanément ma conscience", ou bien encore quand il parle de "cristal successif ". N'aurions-nous pas là chez Proust des mots cherchant à exprimer ce qui serait de l'ordre d'une traversée du miroir ?
Je propose donc une approche rationnelle s'appliquant dans un premier temps à rapprocher des extraits de fictions littéraires de la définition "Lire c'est voir quelque chose qui fait voir autre chose", dans le but d'envisager la relation de l'expérience d'un corps physique qui traverse un obstacle matériel comme une possible métaphore du voyage immobile que font les lectrices et les lecteurs.
Nous pouvons penser évidemment à la nouvelle fantastique de Marcel Aymé, Le Passe-muraille, l'histoire de Monsieur Dutilleul, un petit employé qui découvre incidemment qu'il peut passer
à travers les murs, mais c'est à partir d'une fresque de street-art de la jeune Alice de Lewis Carroll que se sont cristallisées plusieurs facettes de mes recherches sur les métalepses. Alice ici semble apparaitre à la surface du mur comme si elle venait de le traverser.
Je postule que cette muraille que nous traverserions lorsque nous lisons un roman serait le langage, ce langage qui dans la vie quotidienne médiatise notre expérience immédiate du monde et vient faire écran et qui là, dans le processus de lecture d'une fiction littéraire, jouerait comme une sorte de miroir magique.
Je vous propose de se rencontrer autour de ce postulat pour une conférence-débat* richement illustrée et, vous le verrez, très documentée et rigoureusement argumentée.
Qu'en pensez-vous ?
N.B. Illustrations | Photos D.R. Céline Mounier, janvier 2021 Paris 13e, graffeur Azel.
A lire de Céline Mounier sur le site des Arts Foreztiers : Aimer les furtives...
* En présentiel ou en visioconférence, vous pouvez également télécharger librement le PDF du Catalogue 2021 de mes conférences et formations.