Mission impossible hier soir pour exposer en une dizaine de minutes, dans un état grippal et avec un vidéoprojecteur facétieux, l'aventure humaine de la lecture, de l'Homo Habilis à l'Homo Fluxus, dans le cadre sympathique du premier MCDate 2011, organisé par l'association Musiques et Cultures Digitales à la Maison des Métallos (Paris 11e).
Fait symptomatique, de l'enjeu réel des transformations actuelles, il y aura été davantage question de lectures digitales, que de livres numériques.
Je tiens à attirer d'abord l'attention sur les travaux des deux autres participantes à cette table ronde :
- Carole Lipsyc, auteur et directrice du développement d'Adreva (Association pour le développement des récits variables), conceptrice du Récit des 3 espaces qui permet d'appréhender la "littérature virtuelle".
"La littérature virtuelle ne désigne pas, comme on pourrait le croire, des livres qui sont lus sur des écrans.
La littérature virtuelle désigne des récits conçus pour exister sous différentes formes.
Des récits qui peuvent être tout à la fois
- des livres imprimés traditionnels ;
- des livres électroniques interactifs (hypertextes) ;
- des installations (labyrinthes, livres urbains ou citéLivres, expositions multi-supports) ;
- des jeux dispersants ou "pervasive gaming" (des jeux à cheval entre la réalité et Internet).
Le livre devient virtuel parce qu’il peut virtuellement s’incarner sur n’importe quel support. Il n’est pas virtuel parce qu’il a quitté l’espace du papier et du palpable pour se réfugier dans un écran. [...]
Le livre est virtuel car ses textes peuvent - dans leur ordre et dans leur nombre - se prêter à des combinaisons infinies. Il est virtuel parce qu’il est variable et "fractal"..."
- Véronique Aubouy, conceptrice du Baiser de la Matrice, expérience francophone et planétaire d'une lecture filmée collective de « A la recherche du temps perdu » de Marcel Proust. A voir.
De Homo Habilis à Homo Fluxus
Ma présentation ci-dessus rend imparfaitement compte encore de la réécriture profonde de nos pratiques de lectures et des impacts culturels et civilisationnels qu'elle aura certainement.
Nous pouvons d'ores et déjà en observer les premiers signes :
- Une lecture fragmentaire, corollaire d'une lecture enrichie : moins linéaire, davantage extensive, qui au-delà du texte s'ouvre au multimédia...
- Une lecture sociale, corollaire du développement des réseaux sociaux : commentée, partagée, enrichie par l'écriture de lecteurs contributeurs, avec de nouvelles médiations et de nouveaux prescripteurs...
- Une lecture connectée, corollaire du développement du cloud computing : une lecture en streaming sur le modèle de l'écoute de la musique, une lecture pervasive.
Mais aussi, parfois, une lecture synesthésique, prise dans la trame de la réalité augmentée et de l'intelligence artificielle.
L'internet des objets va un jour (prochain) démultiplier les surfaces/supports de lecture, tout ce qui "peut faire livre".
La bibliographie naturelle des premiers âges, ainsi, reviendrait sur les hommes, comme un retour de sens (comme je dirais : "comme un retour de flammes").
Ce post fait suite quelque part à celui du 25 janvier (Lectures Digitales - Institut du Numérique Université Paris Ouest) et à celui du 30 janvier sur Le Livre dans les Metavers (intéressant de remarquer que les expériences de récits et de lectures, tant de Carole Lipsyc que de Véronique Aubouy, ont déjà été accueillies dans Second Life par l'équipe de la Bibliothèque francophone du Métavers).
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