lundi 12 décembre 2011

MMM MARRE DES MEDIAS MOUS !

Il y en a marre, nous devrions tous en avoir marre de ces médias off et on line, imprimés et numériques, qui usent et abusent depuis des semaines des prophéties autoréalisatrices, et sont stupidement repris par nombre de blogs, et se dupliquent en masse sur les fameux réseaux sociaux. Attention : le web devient de plus en plus insupportable avec la contamination publicitaire et la désinformation rampante.
     
Ces "médias mous" annoncent, comme si cela était un fait déjà établi a priori et comme si cela était une véritable information, que les ventes de tablettes, "liseuses" et autres gadgets technologiques, vont exploser durant ces fêtes de Noël et de fin d'année.
Ce faisant, ils tendent sournoisement à influencer et modifier les comportements d'achats des consommateurs, de telle sorte qu'ils contribuent, au profit des industriels, à faire advenir ce qu'ils prophétisent.
C'est là le fonctionnement classique d'une prophétie autoréalisatrice.
En clair ils prennent leurs lecteurs pour des c...
   
NI KINDLE NI iPAD !
  
Pourquoi cela ? Quel est leur intérêt ? Sont-ils déjà à la botte des majors américaines du divertissement numérique, ou, n'est-ce là que mollesse face au "soft power" ?
Si les médias français veulent à tous prix recommander de nouveaux dispositifs de lecture sans chercher pour autant à trop éclairer leurs lecteurs sur les enjeux du passage de l'édition imprimée à l'édition numérique, alors, ils pourraient au moins mettre davantage le projecteur sur les industriels français.
   
Plutôt que de matraquer kindle-kindle-kindle, mettre en avant la tablette à encre électronique Cybook Odyssey de Bookeen (français malgré leur verbiage globish). Plutôt que l'iPad, mettre en avant les tablettes Archos (les voir ici...), ou parler de la tablette tactile française QOOQV2, dédiée à l'univers de la cuisine. Une bonne idée typiquement française, non ;-)
   
NI iPAD NI KINDLE !
  
Savent-ils, tous ceux qui vont acheter de tels produits à Noël, qu'ils vont se lier à une boutique pour s'approvisionner ensuite en ebooks ? Ont-ils conscience que dans moins d'un an, dans quelques mois, leur "machine à lire" sera obsolète ?
L'obsolescence programmée est l'une des stratégies commerciales les plus perfides je trouve. Fin 2011 nous en sommes déjà, depuis 2007, à la 5e génération du Kindle d'Amazon. Nous nous sommes habitués avec les téléphones portables et autres smartphones à être ainsi grugés.
 
Face à une telle collusion de certains médias de masse avec les industriels du divertissement numérique et l'acoquinement plus ou moins inconscient de nombre de blogueurs,  la question se pose de savoir si l'édition numérique pourra être aussi émancipatrice que le fut l’imprimerie à partir du 16e siècle ? Ou si elle ne sera qu'un avatar de plus de la société du spectacle, de "l'entertainment" et d'une culture mainstream ?
 
Tristes hérauts !
    
La question se pose avec d'autant plus d'insistance je pense, que nombre de ceux qui proclament haut et fort les vertus de l'édition numérique sont, à y regarder de plus près, détenteurs de tels iPad et/ou Kindle, revendiquent plus ou moins un penchant technophile prononcé, qui pourrait bien nuire à mon avis à leur objectivité, et, à mon sens, ont le fil technologique à la patte, je veux dire que, même sans être appointés, ils ne sont pas indépendants : ils ont intégré les discours des marques. Ils sont devant leurs gadgets numériques comme des gosses avec de nouveaux jouets ! Ce sont, en quelque sorte, des "porteurs sains". Alors que les enjeux du passage de l'édition imprimée à l'édition numérique sont véritablement colossaux.
 
Je lance, ici, modestement, un appel :
Affirmons notre liberté d'esprit et faisons des choix de consommateurs avertis.
Et pour ce Noël encore offrons donc des livres... imprimés ;-)
  

11 commentaires:

  1. Le problème, concernant Kindle et IPad, c'est qu'ils sont effectivement LES MEILLEURS au niveau du matériel, du contenu, de l'intégration etc.
    Bref, pour Papa, Maman, Tonton ou la petite soeur pas geekette, c'est le choix logique de recommandation.

    Nous, consommateurs avertis, avons déjà du mal à arbitrer entre nos considération "long-terme" et la qualité de l'expérience "court-terme", alors que nous sommes les mieux placés pour batailler pour la "liberté", alors pour nos parents et amis ...

    Concernant ta conclusion, non, je ne suis pas d'accord sur le très réac blocage sur le livre papier. Le numérique est nettement supérieur, sur de nombreux points, et pas seulement celui de la commodité.
    Par exemple, il permet d'équilibrer les relations auteurs/éditeurs/lecteurs, bien au delà de ce que le papier permet.

    Il va permettre à de nouvelles idées de s'exprimer, de bouillonner et de finalement bouger les choses.

    Refuser le passage au numérique, c'est refuser une évolution dans la bonne direction...

    Bien sûr, il faut rester vigilant, mais c'était déjà le cas.

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  2. Je suis éditeur, je suis pro numérique, je suis pour une diversification des media de distribution des textes. Je ne suis pas un porteur sains. Et affirmer dans un article tout et son contraire n'aidera en rien si ce n'est conforter les anti technologie qu'ils on raisons et faire passer leur chemin ceux qui se sentent visés. Si l'enjeu du numérique est si grand prôner l'achat unique de livre papier pour Noël peut vous sembler un acte militant. Ce n'est pas mon avis. si " les enjeux du passage de l'édition imprimée à l'édition numérique sont véritablement colossaux." je vous site, alors plutôt que de proposer un combat d'arrière garde sur les supports, Faite donc croisade sur l'accessibilité des textes. Que l'on se lève contre l'obsolescence programmer soit. On est pas obliger de changer d'ordinateur tout les trois ans. Et les sirène du marketing sont connues de tous. Par contre parler un peu plus du fait de se lier à une boutique, de ne pas pouvoir lire ses achat sur n'importe quel support de lecture. Là ce trouve le vrai combat. Pour Noël, j'offre des livres. Plein de livres. Mais j'offre aussi les ebooks, au format ouvert, et sans drm, économiquement équitable pour l'auteur, à un prix décent pour le lecteur. La liberté d'esprit c'est ça.
    Bien à vous.
    Arnaud Boutle

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  3. Tout à fait d'accord avec Arnaud.
    Plutôt que reculer sur le livre numérique (comme l'ont fait, sans succès les éditeurs), jusqu'à finalement perdre pied et finir emporté dans le raz de marée, ne vaudrait-il mieux pas utiliser ces mêmes efforts à éduquer les lecteurs, pour qu'ils comprennent les enjeux ?

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  4. Bah ça alors !!! Si c'est moi maintenant qui "refuse le passage au numérique" et suis "réac" par rapport au livre papier, et devrais plutôt faire des efforts pour éduquer les lecteurs ! Que dire ? Que répondre !
    Je préfère ne rien répondre car ces commentaires ne font que prouver que je touche là un point sensible de la comédie sociale.
    Pour rappel je suis le premier auteur du seul livre (à ma connaissance et en tous cas en français) consacré en 2007 à ces nouveaux dispositifs de lecture.
    Ces commentaires qui démontrent seulement une méconnaissance de mes travaux et de mes engagements depuis plusieurs années ne font que prouver une des faiblesses du web et des blogs : on y réagit dans la bipolarisation sans savoir et sans savoir à qui on s'adresse. En fait on clame simplement ses opinions personnelles. C'est triste je trouve :-(

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  5. Et puis c'est une question de respect pour le Père Noël ! Na !

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  6. Bon, alors désolé si j'ai froissé le Père Noël, mais disons que ta dernière phrase était pour le moins "piquante"...

    Alors oui, que les "Gros" acteurs utilisent le livre numérique pour acquérir de nouvelles parts dans les anciens marchés en plus des nouveaux, c'est sur.

    Qu'il faut être vigilants et ne pas tomber dans la facilité, d'accord, mais là où je ne suis pas complètement d'accord c'est sur ta critique de ces nouveaux médias, qui justement, je trouve, ont bien plus de vision sur la réalité des choses que nos vieux journaux (qui amalgamment tablettes et liseuses, pdf, epub et DRMs etc...)

    Qu'ils ne soient pas pafait, bien sûr, nul ne l'est. Mais de là à les charger comme ça...

    (et au fait, désolé pour le tu, je ne sais pas si j'ai droit ...)

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  7. Affrontement des supports : pas à la maison ! Vive la paix au foyer : mes disques vinyles s’entendent bien avec mes MP3 et mes CD. Pour la bibliothèque, idem : les poches sont aussi fiers que les éditions limitées dans les rayonnages et les ebooks tachent de bien se faire voir ! Donc : le contenu est roi, le support variant, la substance… intrinsèque.
    Sur les tablettes méconnues, je suis assez d’accord, c’est un peu injuste de la part des médias de ne voir que les champions. Et puis le sujet de la relocalisation de la production à la maison (comprendre dans le pays et pas en Chine) agite les politiques et les consommateurs de part et d’autre de l’Occident. Le favoritisme réel ou présumé du Kindle et de l’iPad ne l’oublions pas vient aussi du fait de leur « écosystème » : Amazon et Apple sont des plates-formes de contenu. Ils ont donc une visibilité et une exposition à double titre. Sur l’affranchissement, justement, aux supports, il y a le standard, le ePUB. Beaucoup se contentent de PDF, y compris de grands éditeurs, un peu honteux.

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  8. Je n'ai jamais parlé ou incité à "un affrontement des supports" bon sang ! Je me suis, ici même, sur ce blog, à plusieurs reprises clairement prononcé pour *un rapprochement de ceux du papier et de ceux du papiel*.
    En janvier prochain, précisément le 18 janvier 2012 à La Cantine numérique rennaise, je vais intervenir une nouvelle fois sur le thème **des complémentarités** imprimé/numérique, et j'avais participé il y a quelques mois à un workshop sur ce même thème chez Xerox (ce n'est pas pour me mettre en avant que j'écris cela, mais parce que mon approche et le sens de mes travaux sont déformés dans les commentaires à ce post :-(

    Ce que vous faites tous individuellement et chez vous est sans doute très bien. Je ne discute pas cela. J'essaye juste en tant que chercheur indépendant de prendre un peu de distance, de recul par rapport aux cas particuliers de chacun.

    En lançant ce "Marre des médias mous et des blogueurs complaisants", je voulais lancer une réflexion sur les "prophéties auto-réalisatrices", et je me demandais, entre autres, si la presse imprimée ne parlait pas autant du Kindle parce qu'Amazon lui aurait acheté de pleines pages de pub ?
    Mais la complaisance des internautes vis-à-vis des marques est apparemment bien plus grande que ce que je soupçonnais :-(

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  9. Comment les éditeurs ont donné à Amazon un bâton pour se faire battre => http://bibliotheques.wordpress.com/2011/12/15/comment-les-editeurs-ont-donne-a-amazon-un-baton-pour-se-faire-battre/

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  10. Bibliosurf, librairie en ligne tuée par Amazon, Google et autres =>
    http://www.rue89.com/rue89-culture/2011/12/14/bibliosurf-librairie-en-lignee-tuee-par-amazon-google-et-autres-227520

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  11. Bon, ben moi j'ai décidé hier soir de boycotter Kindle ... http://readingandraytracing.blogspot.com/2011/12/hard-decision.html

    A vrai dire une décision difficile, mais ...

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