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mardi 13 août 2019

Littérature et biodiversité prospective

Cette année je passe mes vacances d'été au... 19e siècle, dans la ville fictionnelle de Middlemarch, dans les Midlands.
C'est un privilège de lecteur que de pouvoir voyager ainsi, non seulement dans l'espace, mais également dans le temps.
Middlemarch est un spécimen démiurgique de la romancière britannique George Eliot, et les personnages qui y vivent sont tout autant attachants que ceux d'un salon proustien ou d'un sanatorium à Davos (référence à l'une de mes lectures cultes La montagne magique de Thomas Mann).  

Vivre une nouvelle fois une expérience de ce type m'a incité à poser une petite question sur les réseaux sociaux où je suis le plus actif, Facebook et Twitter : "A votre avis les personnages de fiction relèveront-ils un jour de la biodiversité : Oui ou Non ?".
L'absence presque totale de réactions à ma demande n'est pas selon moi la conséquence des vacances d'été, d'autres posts suscitant réactions et commentaires, mais elle est le signe d'une absolue incompréhension : pour mes interlocuteurs une telle question ne se pose tout simplement pas car les personnages de fictions ne sont évidemment pas des créatures vivantes et ne peuvent donc pas participer de la biodiversité.
Or je considère que c'est une grave erreur que de penser ainsi.

Dans le cadre de mes propres recherches sur les fictions littéraires je travaille en effet, entre autres, sur ce que j'appelle la "biodiversité prospective", et je m'interroge sur une possible évolution du statut de personnage considérant que l'écriture-lecture (et plus généralement le langage) peut créer des formes de vie dans le sens où nommer confère une certaine existence, ne serait-ce que dans notre imaginaire, ce qui n'est pas rien.
Nous le constatons bien avec les mythes : la pensée est un véritable biotope. 

Ne pourrions-nous donc pas dans un premier temps au moins accepter d'envisager ce que nous gagnerions à considérer les personnages de fictions littéraires comme des entités vivantes ?

La pensée est un biotope 

Pour faire face à cette question j'ai cherché à lister les principaux points qui attesteraient d'une certaine possibilité d'existence des personnages de fictions littéraires (uniquement ceux  qui existent dans les romans que nous lisons et non pas ceux dont une image nous est imposée, par le cinéma ou le théâtre par exemple). Voici donc une première ébauche de cette liste :
 
- Les personnages sont souvent les supports spontanés de projections, voire d'identifications de la part des lectrices et des lecteurs.
- Nous pouvons ressentir parfois des émotions assez fortes à ce qu'il leur arrive. 
- Un nombre non évalué de personnes, lectrices ou pas, auraient notamment durant leur prime enfance un ami ou compagnon imaginaire.
- L'existence réelle de personnages en apparence légendaires mais apparaissant dans des mythes de la création ou des textes fondateurs de grandes religions ne semble faire parfois aucun doute pour les adeptes des groupes concernés. (Nous pourrions aussi nous intéresser à l'importance du bestiaire imaginaire dans la circulation des idées.)

Ces quatre points suffisent déjà je pense à renforcer mon hypothèse que les personnages de fictions littéraires, ces créatures anthropomorphiques extraterrestres, peuvent, si nous l'acceptons, accéder pour nous à un certain degré d'existence.
Nous pourrions alors utiliser cette capacité contenue dans les fictions littéraires pour enrichir notre relation au monde et lui donner davantage de lisibilité. 
Notre rapport à la réalité dépend d'un certain nombre (assez important) de certitudes acquises et renforcées au fil des ans par l'éducation et les habitudes. Si nous acceptions de les considérer comme de simples croyances (ce que finalement elles sont peut-être) nous pourrions alors les modifier, nous ouvrir à d'autres champs perceptuels, élargir notre empan perceptif et affiner notre sensibilité.
Potentiellement les fictions littéraires pourraient être considérées comme des continuums des différentes séquences qui constituent une vie de lectrice ou de lecteur. 
Un même élan de vie traverse les différentes strates de notre relation au monde.
Sylvie Dallet, directrice de recherches au Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines (UVSQ) et présidente de l'Institut Charles Cros, me l'exprimait récemment ainsi dans un échange : "La littérature participe de l'animisme très profondément ".

Cette possible ouverture de la littérature sur d'autres déclinaisons du vivant ne me semble cependant guère abordée au sein des études ayant pour objet la littérature, ni même être connue, en tout cas consciemment et de façon réfléchie et assumée, des lectrices et des lecteurs de fictions littéraires.
Ne pensez-vous pas que notre objectif devrait être alors de travailler à la prise de conscience de cette ouverture de la littérature sur de multiples déclinaisons des formes de vie, c'est-à-dire ne devrions-nous pas nous attacher à y déceler puis à y favoriser l'éclosion de ces potentialités démiurgiques ? 
 

vendredi 2 août 2019

Du lecteur en navigateur interstellaire

J'ai le plaisir d'annoncer que le numéro de M@GM@ - Revue internationale en sciences humaines et sociales, consacré au colloque "Mythanalyse de l'insularité" des 21 et 22 mai 2018 à Catania (Sicile, Italie), sous la direction de Orazio Maria Valastro et Hervé Fischer, est maintenant librement accessible sur le Web.
Ma contribution : Les fictions littéraires considérées comme des îles, y est intégralement disponible. 
Celle-ci se structure en quatre parties :
- Métaphores insulaires et océaniques de la lecture 
- Quand la lecture convoque la mythanalyse 
- Retracer l’Odyssée de ses lectures 
- Du lecteur en navigateur interstellaire 

Contribution de Lorenzo Soccavo au colloque Mythanalyse de l insularité.
Accéder au texte complet en suivant ce lien...

vendredi 26 avril 2019

Appel à publication Monde et Fictions 1er Juin 2019


Rappel : la date limite pour la soumission des résumés à l'appel à publication lancé par la revue internationale en sciences humaines et sociales M@GM@ sur le thème : Fictions littéraires et mondes de substitution est le 1er juin 2019.

lundi 26 novembre 2018

Permanence et impertinences du conte

Une possible définition serait que les contes sont d'impertinentes inventions humaines qui nous servent à nous dire à nous-mêmes ce que nous ne voudrions pas entendre.
 
Le mercredi 05 décembre 2018 l'Institut Charles Cros consacrera la séance mensuelle de son séminaire EMC (Ethiques et Mythes de la Création) au sujet suivant : 
Ce que le conte a à dire au monde contemporain...

Après une introduction de Sylvie Dallet (présidente de l'Institut Charles Cros) :  Inépuisable trésor  des contes où les chemins de traverse de Poucette, interviendront :
- Céline Mounier (sociologue, cafés numériques Orange) : Les interprétations du féminin à travers l’oeuvre de Pierrette Fleutiaux.
- Tina Ngal (femme de lettres, chef d’entreprise et conteuse) : L’aube de la modernité :  les contes initiatiques mbûn.
- Arta Seiti (Auteur de l’essai poétique "Nimbes" aux éditons Fauves en 2018. Chargée d’enseignement à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’université catholique de Lille, experte en géopolitique des Balkans et directrice du Groupe d’Études balkaniques de l’Institut Prospective & Sécurité en Europe) : Le sifflement du vent et la morsure de la mélancolie.
- Monika Siejka (titulaire du diplôme de Sciences Politiques, docteure en Histoire culturelle, spécialiste des séries américaines et fondatrice de l’Institut International du Multimédia) : Le retour du conte dans les séries télévisées.
  
Plus de précisions sur le site de l'Institut Charles Cros.
Lieu et horaires : 24 rue des écoles, à Paris de 14H00 à 17/18H00.
Entrée libre dans la mesure des places disponibles (mail de confirmation à sylvie.dallet@uvsq.fr).

jeudi 12 avril 2018

Les fictions vues comme des iles

Résumé de ma contribution à la conférence internationale en sciences humaines et sociales Mythanalyse de l'insularité, des 21 et 22 mai 2018 (organisateurs et informations) : Les fictions littéraires considérées comme des îles... 
  
" Cette réflexion prend la forme d'éclats, une succession de courts paragraphes à considérer comme autant d’îlots formant un archipel et donc ayant, au-delà des apparences, une certaine unité, laquelle unité pouvant être annonciatrice d'un isthme, une langue de terre qui s'avancerait dans l'océan du langage comme la presqu’île d'un vaste continent inexploré qui serait celui de la fiction littéraire.

Des kabbalistes considèrent le monde comme étant un phénomène linguistique. Marcel Proust lui-même n'est-il pas chaman lorsqu'il écrit dans Le temps retrouvé, ultime étape de son intime galaxie A la recherche du temps perdu : « Ce que nous appelons la réalité est un certain rapport entre ces sensations et ces souvenirs qui nous entourent simultanément », avouant avoir créé son œuvre : « comme un monde, sans laisser de côté ces mystères qui n’ont probablement leur explication que dans d’autres mondes et dont le pressentiment est ce qui nous émeut le plus dans la vie et dans l’art. » ?

Lectrices et lecteurs sont par nature des insulaires, mais ce sont aussi des navigateurs, pris par le texte, tantôt poussés au large, tantôt rejetés vers le rivage.
(L'imaginaire des îles s'harmonise bien, me semble-t-il, à ce mouvement qui se saisit du lecteur de fictions ballotté entre le monde du texte qu'il lit, et, le contexte du monde dans lequel il lit, comme entre le monde et la langue maternelle qui structure le monde, et s'éclairerait des explorations psychanalytiques de Marie Bonaparte sur Edgar Allan Poe – je pense notamment à l'île aux abîmes et aux "gouffres alphabétiques" –, et des travaux de Bachelard sur L'eau et les rêves.)

Ce balancement exprime subtilement le débat qui se croit contemporain sur l'attention et la distraction. En 1905 Proust l'aborde dans un texte qui n'était qu'une préface et est connu sous le titre Sur la lecture dont l'incipit a traversé le temps : « Il n’y a peut-être pas de jours de notre enfance que nous ayons si pleinement vécus que ceux que nous avons cru laisser sans les vivre, ceux que nous avons passés avec un livre préféré. ».

Aux fondements de la lecture littéraire niche une ambiguïté entre le contexte et le texte. Le lecteur est dans cet entre-deux, comme entre deux îles, il lit entre texte et contexte et se retrouve ainsi dans un inter-dit et ce que j'appellerais un outre-autre : un au-delà qui est autre, cet inconnu vers lequel il est attiré comme un navigateur l'est par des îles.

Considérer les îles comme des textes et le langage comme un océan, considérer lectrices et lecteurs comme des insulaires navigateurs n'est-ce pas approcher une vérité de l'être qui serait lettre, créature anthropoglyphe : une lettre qui aurait une forme animale humaine ? Qu'écriraient alors nos navigations ?

Passer de la figure du fictionaute, que je définis comme la densification de la part de soi qu'un lecteur de fictions littéraires projette dans ce qu'il lit, à celle du navigateur, c'est passer d'Ulysse navigateur à Ulysse voyageur interstellaire. En 1981 une série télévisée d'animation franco-japonaise avec Ulysse 31 au… 31e siècle, proposait cette lecture.

Pour les îles les frontières sont ailleurs, dans les eaux territoriales, aux confins des réalités et de l'imaginaire. Dans une perspective mythanalytique les îles et les voyages d'une île à une autre dessinent une graphie qui pourrait être la transcription d'une méthode de lecture en écho à la double métaphore bien connue du monde comme livre et du livre comme monde, qui deviendrait ainsi l'île comme livre et le livre comme île.
Nos références bibliographiques sont ici l'Odyssée d'Homère, Mardi de Herman Melville, Les aventures d'Arthur Gordon Pym d'Edgar Allan Poe, Flatland de Edwin A. Abbott, La Tempête de Shakespeare.
Chaque île, comme chaque livre, offre une lecture de soi et est remise en question de son identité narrative. "

lundi 2 avril 2018

Quitter la légende, partir...

A l'occasion de ma récente visite à l'exposition des oeuvres de Gérard Garouste sur le thème de Diane et Actéon au Musée de la Chasse et de la Nature (Paris, jusqu'au 1er juillet 2018), j'ai été saisi par ce Cerf compagnon, représentation au sein de laquelle subsidiairement le personnage principal s'en va, prend la route.
Cette peinture m'en a rappelé une autre de Picasso vue il y a quelques années, le Minotaure à la carriole, qui m'avait tout autant intrigué et pour la même raison.
Comment pourrions-nous interpréter cette forme subtile de métalepse, de représentation d'un être imaginaire qui quitterait la scène ? 
Pour alimenter notre réflexion auriez-vous d'autres exemples que ces deux ci-dessous ? 


mercredi 7 mars 2018

Une lecture sur les traces du chamanisme chez Marcel Proust

En avril j'aurai le plaisir dans le cadre du séminaire Ethiques et Mythes de la Création auquel je suis rattaché auprès de l'Institut Charles Cros, de présenter mes réflexions sur le thème : « À la recherche du temps perdu, pour une lecture chamanique de Marcel Proust » dans le prolongement de mes recherches sur l'espace intérieur des lectrices et des lecteurs de fictions littéraires. 
  
Cette séance du 04 avril 2018 explorera les « Écritures secrètes et lectures littéraires du chamanisme ». 
J'y interviendrai en compagnie de Sylvie DALLET, professeur des universités (CHCSC, IECI, université Marne la Vallée Paris-Est, UPEM art et histoire culturelle), et présidente de l'Institut Charles Cros : (introduction du séminaire 2018 et communication « Résurgences littéraires et mutations  du chamanisme »), et Olga KATAEVA, peintre et docteure en cinéma et études audiovisuelles (« La série des dessins de Serguei Eisenstein L’âme sortant du corps (1939) »). 
  
Ma communication proposera, à partir d'une lecture attentive de l’œuvre de Marcel Proust, d’étayer le postulat suivant formulé dans l'esprit de l'oeuvre de W. G. Sebald : « Il n’y a pas lieu d’opposer ce qu’un cerveau a inventé à ce qui a réellement existé. Car le monde dont nous expérimentons quotidiennement la réalité n’est pas lui-même autre chose que le recouvrement du monde naturel par celui que le cerveau humain a produit… » (Jacques Rancière dans son récent essai Les bords de la fiction (2017), faisant référence à l'écrivaine américaine Lynne Sharon Schwartz dans son ouvrage L'archéologue de la mémoire - Conversations avec W. G. Sebald, 2009). 
La lecture chamanistique de Proust que je proposerai nous permettra d’approcher des passages entre les mondes fictionnels des textes littéraires, et, le monde-monde naturel.

Informations pratiques
Le mercredi 04 avril 2018, 14H00-18H00, entrée libre sur inscription par mail à sylvie.dallet@uvsq.fr - Espace Harmattan, 24 rue des Ecoles 75006 Paris.

mardi 5 décembre 2017

Une nouvelle collaboration pour mes recherches en prospective de la lecture

Après plusieurs collaborations depuis 2014 j'ai le plaisir d'intégrer comme collaborateur scientifique la revue internationale en sciences humaines et sociales M@gm@ présidée par Orazio Maria Valastro à Catania (Italie).
De belles et fructueuses collaborations à venir, notamment à la croisée de mes travaux sur la lecture et de la mythanalyse...

Accédez au site de la revue en cliquant ici...

samedi 18 novembre 2017

Sortir des maux par les mots - Sylvie Dallet - Institut Charles Cros

Le site de l'Institut Charles Cros revient sur les participations récentes de sa présidente, Sylvie Dallet, et de moi-même, délivrées dans le cadre du Colloque international d'étude de la théorie mythanalytique, sous la direction d'Hervé Fischer et Orazio Maria Valastro, le 23 octobre 2017 à l'Université Paris Descartes.

L'intervention de Sylvie Dallet, Un exercice de mythanalyse : sortir des maux par les mots (enchâssements et énergies mythiques contemporaines), est particulièrement inspirante et ouvre de nombreuses portes et perspectives à la lisière de mes propres travaux sur la recherche d'approches pouvant déclencher ce que j'appelle : un processus d'autonomisation du lecteur de fictions littéraires, et qui passerait par l'engendrement d'espaces potentiellement habitables dans les fictions. 
  
Un extrait du texte de la communication de Sylvie Dallet :
" Usant d’un vocabulaire concret, le mythe engage par la parole et la lecture, les métamorphoses nécessaires de l’enfance, particulièrement reliée aux métaphores du corps. L’être humain fait partie de la Nature dans l’intimité de ses savoirs et de ses perceptions spirituelles et physiques. Les membranes irisées de la robe couleur de temps dont nous rêvons sont d’abord celles d’avant notre naissance au monde. La couleur révélatrice des sentiments, partie mythique du goût ou du refus des autres, se décline selon les cultures, dans une variation étonnante : le bleu est associé à la perspective (et à la Vierge) depuis Léonard de Vinci qui refusait le noir dans ses tableaux. Le noir est nécessaire à la méditation bouddhiste afin qu’elle puisse travailler cette couleur en contraste de la lumière. Pour l’Islam ancien, le noir, le vert et le blanc sont des couleurs traditionnellement valorisées alors que le bleu et le jaune sont éloignés des habits et des ornements. Le refus du bleu et du jaune les fait associer aux Chrétiens et aux Juifs, cantonnés dans ces couleurs depuis le Moyen-âge chrétien et musulman. Le rouge du sang est la grande couleur médiévale, qui s’associe au noir que la Renaissance s’efforce d’oublier. Chez les intégristes, la haine de la couleur correspond à l’uniformité des croyances.
Comment bouleverser et réinventer un chromatisme social chatoyant ? [...]
La première métamorphose est celle de la naissance, présence comme une remémoration à chaque acte fondateur de la vie future..."



N.B. : illustration Lorenzo Soccavo et Sylvie Dallet au Colloque international d'étude de la théorie mythanalytique - Photo D.R. (c) Weixuan Li.

jeudi 9 novembre 2017

Lecture et Mythes - Institut Charles Cros

Lorenzo Soccavo et Sylvie Dallet
Depuis avril 2015 je suis chercheur associé à l'Institut Charles Cros, rattaché au séminaire "Ethiques et Mythes de la Création". 
Le site de l'Institut revient sur les participations récentes de sa présidente, Sylvie Dallet, et de moi-même, au colloque international sur la mythanalyse, en reprenant en partie mon texte de présentation. 
Une occasion de découvrir les actions, les artistes, chercheurs et partenaires de cet Institut transdisciplinaire unique en son genre, à partir de ce lien: Un exemple de mythanalyse : la tour de Babel et le mouton imaginaire
 
N.B. : illustration Lorenzo Soccavo et Sylvie Dallet au Colloque international d'étude de la théorie mythanalytique - Photo D.R. (c) Weixuan Li.

mercredi 25 octobre 2017

Sur la Mythanalyse comme clef de lecture - Vers une plus grande autonomie des lecteurs de fictions

Le texte de mon intervention du lundi 23 octobre 2017 à l'Université Paris Descartes, dans le cadre du Colloque international d'étude de la théorie mythanalytique, sous la direction d'Hervé Fischer et Orazio Maria Valastro. 
Une version enrichie sera publiée en 2018 dans M@GM@ - Revue internationale en sciences humaines et sociales.

mardi 17 octobre 2017

Programme du Colloque de Mythanalyse

" En quête de mythanalyse 
Colloque international d'étude autour de la théorie mythanalytique

Sous la direction d'Hervé Fischer et Orazio Maria Valastro

Lundi 23 Octobre 2017
11h30-18h00
Salle de thèse - 5ème étage
Bâtiment Jacob
45 Rue des Saints-Pères - Paris
Université Paris Descartes

Le Séminaire Franco Brésilien, la revue M@GM@ et la Société internationale de mythanalyse, à l'occasion des 15 ans de publications de M@gm@ - Revue internationale en sciences humaines et sociales, organisent un colloque en collaboration avec l'Institut Charles Cros.

La revue M@GM@, pour célébrer cet anniversaire, vous convie au colloque international «En quête de mythanalyse», sous la direction d'Hervé Fischer et Orazio Maria Valastro, qui aura lieu lundi 23 octobre 2017 à l'Université Paris Descartes.

Depuis 15 ans, M@gm@ Revue internationale en sciences humaines et sociales, publie 3 numéros par an sur support électronique à accès libre, avec une version sur papier dans la collection Les Cahiers de M@GM@, publiée depuis 10 ans par les éditions Aracne de Rome.

En quête de mythanalyse, le numéro thématique dirigé par Hervé Fischer, publié en version électronique et sur papier, ayant témoigné de l’actualité et de la diversité des centres d’intérêt en mythanalyse, réunit en colloque les auteurs ayant contribué à cette recherche collective, et les chercheurs du Séminaire Franco Brésilien, pour une journée de réflexion sur la théorie mythanalytique.

Programme du colloque


11h30-12h-00 | Accueil des participants

12h-00-12h30 | Conférence d'ouverture officielle du colloque

Façon de faire, façon de dire : la mythanalyse et les mots 
Ana Maria Peçanha
Sociologue, Responsable du Séminaire Franco Brésilien (CEAQ). Chercheuse associée au Laboratoire d’Éthique Médicale et Médecine Légale, Université Paris Descartes
 

Christian Hervé
Médecin, Co-président de l'Académie internationale d'éthique, médecine et politique publique

12h30-13h30 | Conférences d'ouverture et discussion plénière

L'exigence d'actualité de la mythanalyse 
Hervé Fischer
Sociologue, Artiste-philosophe, fondateur et Président de la Société Internationale de Mythanalyse, fondateur de l'Observatoire International du Numérique à l'Université du Québec à Montréal (UQAM)

L'art mythanalytique en gestation 
Orazio Maria Valastro
Docteur en Sociologie - Université Paul Valéry Montpellier, Directeur scientifique de M@GM@ - Revue internationale en sciences humaines et sociales

13h30-14h30 | Pause déjeuner

14h30-16h00 | Séance animée par Ana Maria Peçanha 
Mythanalyses transnationales

Mythanalyse jungienne autour de l'œuvre de Pierre Solier 
Norbert Chatillon
Philosophe et psychanalyste, Président du groupe d'étude C. G. Jung Paris, Directeur de projets Société d'études et de recherches pour le transfert et l'ingénierie des formations

L'extension de l'archétype dans la matière: synchronicité et mythanalyse 
Walter Melo
Professeur associé Département de psychologie (DTSIC), Université Federal de Sao Joao Del Rei (UFSJ), coordinateur du Groupe chemins jungien

Mythanalyse : le récit de soi et de l'autre dans les réseaux sociaux numériques 
Renata Rezende Ribeiro
Professeur du programme de post graduation média et quotidien, Université Federal Fluminense (UFF/RJ)

Les mythes da Favela da Mangueira 
Regina Gloria Andrade
Psychanalyste, Docteur en Communication social, Professeur titulaire UERJ Brésil

L'amour, un regard mythique : désir et destruction 
Maria de Lurdes dos Reis Brito
Juriste

16h00-16h15 | Pause café

16h15-17h30 | Séance animée par Sylvie Dallet 
Mythanalyses parallèles

Enchâssements et énergies mythiques contemporaines 
Sylvie Dallet
Sociologue, Directrice de recherches au Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaine, Université Versailles ST-Quentin, Présidente de l'Institut Charles Cros

Pour une automythanalyse au risque de la science fiction et des sciences occultes 
Christian Gatard
Sociologue, fondateur de christiangatard&co, Institut d’études internationales de marchés et conseil en prospective

La mythanalyse comme clé de lecture 
Lorenzo Soccavo
Sociologue, chercheur associé à l'Institut Charles Cros, chercheur indépendant en prospective du livre et de l'édition

Amitiés virtuelles et amitié mythique 
Jawad Mejjad
Docteur en Sociologie, chercheur au Centre d'Étude sur l'Actuel et le Quotidien, Université Paris Descartes

Test 2.0 d'une typologie d'intentions discursives 
Andrés Dávila
Docteur en Sciences de Gestion, Co-fondateur et Directeur de recherche Praditus

17h30-18h00 | Séance animée par Ana Maria Peçanha, Hervé Fischer, Orazio Maria Valastro

Discussion et conclusion du colloque "

jeudi 12 octobre 2017

La mythanalyse comme clef de lecture - Colloque du 23 octobre 2017

J'aurai le plaisir de participer le lundi 23 octobre 2017 au Colloque international d'étude autour de la théorie mythanalytique "En quête de mythanalyse" à l'université Paris Descartes.
 
Cette journée, placée sous la direction
d'Hervé Fischer et Orazio Maria Valastro est organisée par Magma International - Journal in the humanities and social science, dans le cadre du Séminaire Franco Brésilien d'Ana Maria Peçanha au Laboratoire d’Éthique Médicale et Médecine Légale de l'Université Paris Descartes, pour les 15 ans de publications de M@GM@, Revue internationale en sciences humaines et sociale, en collaboration avec la Société internationale de mythanalyse et l'Institut Charles Cros. 
 
Mon intervention, intitulée : La mythanalyse comme clé de lecture, portera sur l'examen des principaux points qui seraient à étudier pour déterminer en quoi l'exercice d'une pensée critique et de notre liberté d'esprit pour déchiffrer nos mythes contemporains peut participer de l'autonomisation du lecteur de fictions littéraires, et comment en retour cette émancipation du lecteur pourrait favoriser l'influence de la mythanalyse dans nos sociétés en mutation...

Le lundi 23 octobre 2017 de 11H30 à 18H00, au 45 Rue des Saints-Pères à Paris.
L'événement sur Facebook... 
Plus d'informations, le programme complet en suivant ce lien...

samedi 11 avril 2015

La prospective du livre et de la lecture en quête de mythanalyse

Ma contribution au numéro spécial "En quête de Mythanalyse" pour la Revue internationale en sciences humaines et sociales, M@gm@  est en ligne ici :
Résumé
" La propagation plastique des mythes au sein des civilisations humaines et au fil du temps inscrit leur puissance mémétique dans la conscience des hommes. Nous sommes pris dans le filet tissé par l’évolutionnisme et le créationnisme, deux récits qui présupposent, pour le premier une loi immanente, pour le second une loi transcendante. Ce dualisme là est opérant, il bipolarise comme tout ce qui relève d’une double nature. La pensée mythique s’y originerait dans la faculté exceptionnelle du langage humain à se découpler du réel et à se référer à des réalités de l’espace intérieur et non plus du monde extérieur.
L’animal fabulateur qu’est l’être humain a toujours inventé des machines à produire des simulacres, les récits mythiques et les livres en sont. Or, ces technologies de l’illusion fonctionnent trop bien. Elles nous maintiennent dans la croyance que ce que nous appelons du nom de “Réel” serait dans les réalités extérieures.
Davantage qu’une matrice sémantique, le corpus mythique doit être envisagé comme une grossesse : un état transitoire entre un moment passé de fécondation, et celui, encore à venir de l’accouchement. Et là où la mythanalyse pourrait se concevoir comme une navigation pour remonter à la source d’un fleuve, la prospective de la lecture s’offre elle comme la quête d’un détroit de Magellan vers un océan intérieur : deux approches complémentaires pour les animaux fabulateurs que nous sommes. "

vendredi 12 décembre 2014

Séminaire Ethiques et Mythes de la Création


J'ai le plaisir de participer cette année universitaire 2014-2015 au séminaire de recherche interdisciplinaire Ethiques et mythes de la création, sous la responsabilité de Sylvie DALLET, professeur des universités et présidente de l'Institut Charles Cros, dans le cadre du programme international de recherches « Éthiques de la Création ».
La séance inaugurale du 05 décembre 2014 a été l'occasion, après introduction de Sylvie Dallet (autour des "pierres de rêve", de forêts des mythes et forêts des âmes, des mythes comme "des lumières d'étoiles mortes", et en guise de viatique cette citation de Paul Valéry : "Nous entrons dans l'avenir à reculons."), d'écouter Hervé Fischer sur la condition fabulatoire de l'être humain, la notion de divergence (voir "La divergence du futur"), et l'origine biologique des mythes qui seraient issus des fabulations de l'infans (enfant qui n'a pas encore acquis le langage) face au monde qui vient à lui ; Luc Dellisse sur les formes individualistes de réponse aux mythes ; Christian Gatard sur les instruments de navigation qu'il propose (se référer à mon billet du 27 juin "Sur Mythologies du futur de Christian Gatard") ; et enfin Georges Lewi sur "le cercle du mythe", la logique de frontière et la fabrication de l'ennemi comme ressources pour le moi de saisir sa place dans le monde...
[Vidéos de cette séance inaugurale en suivant ce lien...]
Mon intervention à la séance du 07 janvier 2015, « Parentés animales de la pensée humaine - Le retour des forces spirituelles associées » aura pour titre :

Bibliographie naturelle vs anthropocentrisme : dépasser l'horizon humain pour se ressaisir de la force spirituelle du langage
Résumé
"Aussi loin que nous puissions remonter dans l'épopée de l'espèce humaine, les mutations des dispositifs et des pratiques de lecture s'écoulent dans le lit d'un même fleuve, aujourd'hui en crue.
En référence aux dits du moyen âge, compositions narratives imaginaires (par exemple, le Dit de l'unicorne et du serpent, Herman de Valenciennes, 13e siècle) je parlerai de « lit », pour désigner à la fois ce qui est lu et ce qui en fait le lit, la couche, le terreau fertile de l'activité fabulatrice de l'espèce.
Notre anthropocentrisme nous incite à penser l'homme comme (seul) animal-lecteur (Alberto Manguel), mais nous oserons une tentative pour lire cet animal-lecteur par ce qui l'engage (langage) dans les perspectives tracées par la mythanalyse et la prospective du livre et de la lecture, c'est-à-dire dans une démarche entre historicité (ce qui est historiquement attesté) et historisation (ce qui relève de la transformation de mythes en récits historiques ou scientifiques).
Je considère la lecture comme une activité essentielle du vivant pour décoder et documenter son environnement ; comme premier degré de lecture la reconnaissance immunitaire, et comme source des dispositifs de lecture, les artefacts symboliques du langage, aussi nous faut-il je pense lire le monde à d'autres niveaux. Du chant des pistes des aborigènes australiens, aux travaux sur les lignes de l'anthropologue Tim Ingold, des chamanes aux hackers, les voies sont multiples.
Le Pardès de la Kabbale (tradition ésotérique du judaïsme), ou la lectio divina (exégèse biblique par Origène), incitent à exercer la lecture comme une forme active de prière et d'écoute, écoute d'une puissance créatrice qui voudrait nous parler, par les Écritures dites sacrées, des/les forces spirituelles du Verbe.
Je propose alors d'envisager, de dévisager le langage, non plus comme ce qui singulariserait l'homme au sein de l'harmonie du vivant, mais au contraire comme ce qui le ravirait dans la symphonie de l'univers, et d'imaginer ce que la grammaire pourrait receler comme formes de vie. Celles, par exemple, qu'évoquait Italo Calvino dans une de ses villes invisibles (Théodora, étymologiquement "don de Dieu") : « Reléguée pendant un temps indéfini dans des repaires à l’écart, depuis l’époque où elle s’était vue détrônée par le système des espèces désormais éteintes, l’autre faune revenait au jour par les sous-sols de la bibliothèque où l’on conserve les incunables, elle descendait des chapiteaux, sautait des gargouilles, se perchait au chevet des dormeurs. Les sphinx, les griffons, les chimères, les dragons, les hircocerfs, les harpies, les hydres, les licornes, les basilics reprenaient possession de leur ville. ».
Une autre manière de formuler l'émergence de ce que j'appelle le bibliocène, par l'activation des codes qui programment autant nos mythes, nos récits de sciences et de fictions, qu'en grande partie notre perception de la réalité (Hypothèse Sapir-Whorf)."
Vous serez les bienvenus à cette séance du mercredi 07 janvier 2015, informations pratiques en suivant ce lien...
Interviendront également au cours de cette séance : Georges Chapouthier (biologiste, CNRS), Wei Liu (doctorante Arts CHCSC-UVSQ) et Emile Noël (Institut Charles Cros).