mardi 8 mai 2012

Mise à jour de la liste des éditeurs numériques

Actualisation ce matin de la liste des éditeurs "pure-players" francophones : 82 entreprises seraient concernées...

dimanche 6 mai 2012

Semaine 18/52 : Pas Occupy Saint-Germain-des-Prés

Durant l’année 2012 j’ai décidé de publier ici même chaque semaine un billet exprimant mon ressenti personnel sur la semaine précédente, dans la perspective, bien évidemment, des problématiques de la prospective du livre et de l’édition.
Ce post est donc le 18/52.
   
J’ai décidé cette semaine que je ne lancerai donc pas un appel pour occuper le carrefour de l’Odéon à Saint-Germain-des-Prés. Comme me le faisait remarquer une amie germanopratine : il n’y a personne derrière moi. Et c’est vrai : je me suis retourné pour vérifier. Elle avait raison. Et que revendiquer ? (Elle m’a posé la question et pris au dépourvu je n’ai pas su quoi lui répondre.)
« J’ai le sentiment que tu n’as plus de recul Lorenzo, ou trop et du coup tu sembles perdu. »
Perdu pour qui ? Pour quoi et pourquoi ? Perdu peut-être, mais je ne me sens pas égaré : de plus en plus s’éclaire la voie qui m’est tracée et je perçois mon devoir avec de plus en plus de discernement.
De fait j’ai entrepris ici même depuis janvier de cette année 2012 un travail de déconstruction, de "dé-lecture" de la prospective du livre telle que je l’avais à ce jour et depuis 2006 échafaudée. Je suis maintenant dans ce "délire" (dé-lire) de découvrir sous la gangue des échafaudages que j’envoie valdinguer ce qui constituerait l’édification d’une discipline qui me survivrait : la prospective du livre, conçue comme l’étude des mutations des livres conçus en tant que dispositifs de lecture, c’est-à-dire en les considérant comme des supports et des interfaces lecteurs/livres et en étudiant leurs effets sur les pratiques de lecture.
       
Le collectif Livres de Papier
  
Vendredi soir (le 04 mai 2012) je suis allé incognito à la rencontre organisée à la librairie Tropiques par le collectif Livres de Papier.
Y sont intervenus : Dominique Mazuet, (le libraire), Aurélie Del Piccolo (bibliothécaire), Guillaume Carnino (des Éditions L'échappée) et Guillaume Riquier, puis quelques-uns de la douzaine d’auditeurs qui comptaient parmi eux plusieurs éditeurs indépendants. 
  
Pour le collectif Livres de Papier créé en 2009 et qui « entend résister en mots et en actes aux menaces numériques qui pèsent aujourd'hui sur le monde de l'édition » : « qu'il s'agisse d'équiper les ouvrages de puces RFID, d'intégrer une plateforme de vente en ligne ou d'investir dans des liseuses, les thuriféraires de l'ordre numérique nous servent toujours le même refrain : il faut vous adapter si vous ne voulez pas disparaître ! Pourtant, l'irruption du numérique dans nos métiers n'a rien d'évident : c'est un choix politique, prolongation directe de plusieurs décennies de libéralisation et de précarisation, renforçant les phénomènes de concentration de l'édition et fragilisant encore un peu plus les librairies indépendantes. A l'heure où le PDG d'Amazon prédit la disparition de tous les intermédiaires du livre, quels espaces de lutte s'offrent aux libraires, éditeurs et bibliothécaires soucieux de défendre leurs savoir-faire et leur attachement au livre et à la lecture ? ».
Le raisonnement ne manque pas d’à-propos et j’ai moi-même souvent sonné le tocsin ou rappelé le point de vue pertinent de Richard Stallman sur les dangers du livre électronique. 
  
Mais faut-il pour autant refuser en bloc le passage à l’édition numérique ? Je ne le pense pas, mais certains en sont persuadés.
C’est ainsi que Dominique Mazuet a récemment adressé une longue lettre argumentée à Jean-François Colosimo, l’actuel président du Centre national du livre, pour dénoncer ce qu’il considère comme un détournement d’argent public : le fait que la contribution à la formation professionnelle serve à la formation des libraires pour faire face aux mutations induites par le numérique (voir par exemple ceci). Cela serait un cas de haute trahison. L’Observatoire du livre et de l’écrit en Île-de-France (MOTif) et l’Association des librairies informatisées, utilisatrices de réseaux électroniques (ALIRE) ne semblent pas très appréciés du côté de la rue Raymond Losserand.
Il serait intéressant je pense que le texte de cette longue lettre soit porté à la connaissance de tous pour élargir son audience et ouvrir un véritable débat.
Il y a une logique implacable dans la prose de ce monsieur, mais je ressens comme plus porteuse d’avenir pour la librairie indépendante une approche comme celle défendue par un autre libraire, Vincent Demulière, notamment sur son blog : La librairie est morte, vive la… ? (Je me trompe peut-être, je ne suis pas libraire et je ne l’ai jamais été, ce que je veux juste signaler c’est que tous les libraires ne pensent pas pareil et ne réagissent pas de la même manière.) 
  
Pour le reste je pourrais je pense synthétiser assez facilement le fil conducteur de cette soirée du 04 mai en disant que le véritable risque dépasse de loin le champ du livre et de son marché et qu’il s’agit en fait du risque de notre perte d’autonomie avec l’appareillage que l’on nous vend (nous achetons nos propres chaines). Un exemple, dans autre domaine que le livre, peut expliciter cela : en s’habituant au GPS on perd progressivement son sens inné de l’orientation (cela rejoint ce que j’écrivais récemment ici même sur le désapprentissage : avec les claviers j’ai pratiquement désappris l’écriture manuscrite !). 
   
Cela dit, je pense que la politisation extrême (Livres de Papier est ouvertement partie prenante des groupes de la gauche libertaire) marginalise ce collectif et empêche l’émergence d’un véritable mouvement de réflexion et d’action critiques pour (ré)orienter l’édition du 21e siècle.
Il faudrait que l’ensemble de l’interprofession du livre se saisisse de ces questions. Il faudrait que les personnels des grands groupes de l’édition s’organisent spontanément dans chaque entreprise en comités de réflexion et de vigilance.
  
Du loup blanc au mouton noir
   
En France aujourd’hui nous sommes au mauvais endroit au mauvais moment. Ce n’est pas vers les États-Unis d’Amérique mais c’est sur la Chine que nous devrions porter nos regards je pense pour entrevoir ce que seront demain les dispositifs de lecture et les nouveaux circuits de diffusion du livre.
  
Quoi qu’il en soit, agiter le chiffon rouge de la Liberté devant les datas-centers d’Amazon et de Google, comme don Quichotte plastronnant face aux moulins à vent, ne servira à rien sinon à grossir le rang des pleureuses pour un enterrement de première classe du livre et de la lecture. 
  
Je ne pense pas que ces personnes qui se donnaient du "Camarade !" à la librairie Tropiques me considèrent comme un "camarade", et pour ma part cette appellation est historiquement trop connotée pour que je l’utilise.
  
Comme Gutenberg je ne suis pas leur camarade, même si je les comprends en partie. Gutenberg n’était pas imprimeur puisque l’imprimerie à son époque n’existait pas et qu’il en est le principal inventeur. Il était orfèvre. C’est-à-dire un corps étranger dans le monde du livre et des copistes. Maitrisant la ciselure et les alliages des métaux, il put apporter les caractères d'imprimerie, mobiles, résistants et reproductibles.
En partie (car la révolution numérique est bien plus globale que celle de la typographie) les informaticiens sont aujourd’hui à l’édition imprimée ce que furent jadis les orfèvres à l’édition manuscrite : des alchimistes.
  
Il ne s’agit pas de leur passer le relai.
De s’asseoir par terre et de regarder passer le grand barnum organisé par ceux qui les exploitent.
Mais il ne s’agit pas non plus de s’opposer avec l’espoir ou même avec la volonté ferme que rien ne change.
Il s’agit d’entrer dans la ronde, d’imposer notre rythme et de danser sur notre propre musique.
Je ne le répéterai jamais assez : le futur du livre ne peut pas être son passé ! 
  
Le Lorenzo Soccavo qui en 2003 commençait à agacer ces beaux messieurs de Saint-Germain-des-Prés en parlant un peu trop tôt et un peu trop fort de l’émergence de l’édition numérique, les agace aujourd’hui en pointant d’un doigt accusateur leurs démissions et leurs petits arrangements avec les industriels américains du divertissement de masse.
   
De toutes parts on tire sur moi à boulets rouges (rassurez-vous je m’en amuse et c’est avec plaisir que j’exagère ici la portée de ces boulets !), et je me rappelle avec amusement ces vers de Mallarmé que je déclamais à Bordeaux dans les années 1980 :
  
Nous naviguons, ô mes divers
Amis, moi déjà sur la poupe
Vous l’avant fastueux qui coupe
Le flot de foudres et d’hivers ;
 
Une ivresse belle m’engage
Sans craindre même son tangage
De porter debout ce salut [et là je me lève]
  
Solitude, récif, étoile
A n’importe ce qui valut
Le blanc souci de notre toile.
[A la place de Mallarmé moi j’aurais fini par un point d’exclamation !]
 
Le loup blanc que je fus mangera-t-il le mouton noir que je serais devenu ? La suite au prochain épisode !
 

samedi 28 avril 2012

Semaine 17/52 : CETTE SEMAINE JE ME SUIS FAIT INSULTER PAR UN ÉDITEUR !

Durant l’année 2012 j’ai décidé de publier ici même chaque semaine un billet exprimant mon ressenti personnel sur la semaine précédente, dans la perspective, bien évidemment, des problématiques de la prospective du livre et de l’édition.
Ce post est donc le 17/52.
    
Cette semaine j’ai été insulté à mots couverts, mais vraiment insulté malgré tout (vous allez voir, et puis profitez bien de ce 17e opus car je ne sais pas s‘il y en aura un 18e !), insulté donc par un éditeur (un directeur de collection en fait, à la place de l’éditeur d’ailleurs je m’interrogerais sur l’image que véhicule de ma maison un tel monsieur donneur de leçon !), insulté donc pour avoir osé prétendre à un à-valoir d’un montant équivalent à ceux que j’ai pu percevoir au début des années 2000, et ce s’agissant d’un essai de vulgarisation grand public sur les mutations du livre et de la lecture, c’est-à-dire d’un sujet complexe, en pleine évolution et sur lequel on ne pourrait en aucun cas prétendre qu’il s’agirait simplement et stupidement, pour reprendre les termes de ce monsieur : “d’accumuler et de trier des matériaux”.
      
Un baromètre trop optimiste
  
Il est vrai que pour ce monsieur un tel ouvrage doit pouvoir s’écrire en deux semaines « à raison de 4 ou 5 heures par jours ». Il me suffirait en somme de suivre ses conseils : de me lever tous les matins, sept jours sur sept à cinq heures, d’écrire jusqu’à neuf heures, « ainsi il s'agit d'écrire 5 pages par jour ce qui n'est pas la mer à boire » me dit ce brave homme, puis après… : « d’aller au boulot pour gagner [ma] croute ».
  
Le travail d’analyse et de réflexion n’a aucune valeur pour ce monsieur. Il s’agit juste d’épicerie, de fournir rapidement un produit juste bon pour des lecteurs a priori considérés comme des cochons de consommateurs-acheteurs de livres. Et le voilà donc d’inciter l’auteur à se servir ensuite de ce livre forcément mal torché pour, je cite : « construire du chiffre d'affaire en conférences, séminaires, consultances, etc. ». Mais l’auteur ne doit surtout pas s’attendre à gagner de l’argent avec son travail « qui est un investissement ».
  
Que je veuille prendre le temps d’un travail de qualité et que je veuille juste survivre modestement pendant ce temps et la conclusion de ce monsieur est alors simple : je suis chercheur et consultant indépendant, donc je suis sans emploi et donc je cherche à escroquer un pauvre et brave éditeur de quelques mois de salaires. CQFD. Pauvre abruti va ! (Je note au passage les références au sacro-saint salariat. On n’aime pas le marronnage surtout quand il porte un nom pas très français comme Soccavo !).
    
La réaction, les propos et les allusions méprisantes de ce monsieur, qui n’a apparemment aucune idée des dispositions légales d’un contrat d’édition (alors qu’il s’agit d’un petit groupe éditorial et d’une maison fondée dans les années 1920), mais aussi des témoignages et des confidences que je recueille depuis des années, les échanges au sein du Collectif Le droit du serf sur Facebook, m’enlèvent toute illusion : le Baromètre des relations auteurs/éditeurs de la Scam (Société civile des auteurs multimédia) est bien trop optimiste. Il ne reflète pas la réalité. Il ne prend en compte que les déclarations d’un nombre relativement peu élevé d’auteurs et, surtout, ne considère pas les relations en amont de la signature du contrat d’édition : les rebuffades et les humiliations que les auteurs doivent subir ne sont pas prises en considération, seuls les aspects financiers contractuels sont raisonnablement pris en compte.
Cling ding bing bing… (C’est le bruit des petits sous !)
Mais je vous le dis moi : en vérité il n’y a pas de respect au cœur de l’interprofession, et c’est grave.
  
Deux autres points aussi :
- Avec la bascule d’une partie au moins du marché du livre de l’édition imprimée à l’édition numérique il va y avoir une période de flottement et de dérégularisation propice à toutes les dérives : mon imagination est peut-être ici prise en défaut mais je ne vois que l’instauration d’agents littéraires pour éviter… pour éviter quoi en somme ?
- Il faudrait également que les sociétés de gestion de droits et les organisations censées représenter et défendre les droits des auteurs soient moins complaisantes vis-à-vis de ceux qui font tourner les manèges de l’édition.
(La relève est peut-être du côté de collectifs plus informels comme Le droit du serf ?) 
  
Pourquoi me laisserais-je insulter par un directeur de collection ?
 
J’en appelle à la dignité des auteurs ! Ne vous laissez pas mépriser ! Restez dignes ! Ne soyez pas prêt(e)s à tout pour être publié ! Refusez que votre travail soit votre unique rémunération !
 
Dans mon dernier mail, celui où je réponds aux propos que j’ai sommairement rapportés ici, je remets ce monsieur à sa place, à savoir une place à laquelle je ne veux pas être : « En conséquence de quoi je refuse catégoriquement de publier cet ouvrage dans votre collection et ce quelles que soient les conditions que vous pourriez maintenant me proposer. Je regrette vivement de m’être adressé à votre maison et vous assure que je m’en préserverai bien à l’avenir, tant comme auteur que comme lecteur.
Dans ces conditions je préfèrerais également que nous en restions là. Je ne vois pas l’utilité de nous faire perdre réciproquement notre temps et d’échanger ensemble des propos discourtois. »
C’est moi qui refuse d’être édité dans une telle maison et pas leurs gens qui refusent de m’éditer. Vous comprenez ? 
  
A partir du moment où je demandais un à-valoir j’étais un voleur ! En discuter entre personnes honnêtes ? Négocier le montant ? Chercher un commun accord ? Que nenni ! Mon outrecuidance à oser refuser les : « huit cents euros mais pas plus ! » m’a déjà valu un camouflet par mail (on n’arrête pas le progrès décidément !).
Ces gens-là font la couche d’Amazon.
En ne pensant qu’à se faire du fric, ces gens là commencent à se faire du fric sur le dos des auteurs, avant de s’en faire sur celui des libraires et des lecteurs.
« Faut vous dire Monsieur / Que chez ces gens-là / On ne cause pas Monsieur / On ne cause pas on compte ! » (Jacques Brel, 1966).
  

dimanche 22 avril 2012

Semaine 16/52 : Une vraie ambition pour le livre et la lecture !

Durant l’année 2012 j’ai décidé de publier ici même chaque semaine un billet exprimant mon ressenti personnel sur la semaine précédente, dans la perspective, bien évidemment, des problématiques de la prospective du livre et de l’édition.
Ce post est donc le 16/52.
 
En somme, malgré les presque 300 sources en ligne qui sont l’objet de ma veille stratégique quotidienne, que retenir de cette semaine écoulée, sinon cette sempiternelle rengaine d’actualités anglo-saxonnes et de propagande marketing, mêlées dans un même flux que je trouve pour ma part de plus en plus écœurant. 
 
Oui, le constat est désolant : il n’y a pas en France, ni au niveau de la francophonie, une véritable ambition pour le devenir du livre et de la lecture au 21e siècle.
 
La peste ou le choléra ?
 
Sur le terrain, au niveau des "vrais gens", comme il était à la mode de dire il y a quelques mois, il n’est pas tant que cela juste que le livre et la lecture aillent mal.
Il y a toujours eu des lecteurs, et, par ailleurs, des personnes potentiellement tout aussi intéressantes et cultivées et parfois plus humaines et cependant moins attirées par la lecture.
De mes observations personnelles dans les transports en commun parisiens il ressort que le papier imprimé est encore le premier support de lecture des franciliens (étant entendu que ce ne sont pas toutes les couches socioprofessionnelles qui utilisent ces transports en commun, pas très propres, plutôt sales souvent, bondés à certaines heures et soumis à des perturbations de trafic…). De plus les jeunes générations d’une vingtaine d’années s’accrochent, d’après ce que je peux en percevoir, au livre imprimé comme à une bouée culturelle, scolaire et familiale, dans un monde qui donne peu de repères (et repaires) stables.
  
Dans le passage de l’édition imprimée à l’édition numérique il faudrait faire la part des choses entre :
- Les véritables nécessités à changer de paradigme pour le livre et la lecture (je le redis : le futur du livre ne peut pas être son passé).
- Les nouveaux besoins artificiels engendrés par des industries anglo-saxonnes du divertissement de masse.
- Les relais d’opinion par des acteurs convertis, soit technophiles, soit commercialement intéressés par rapport à leurs activités professionnelles et qui, par ailleurs, ne sont pas (n’étaient pas) des lecteurs de livres imprimés (il doit y en avoir un certain nombre je pense parmi les blogueurs et les éditeurs pure-players).
- Le travail de désinformation et de manipulation des lobbies.
 
La lecture, comme pratique culturelle, et le marché du livre n’ont pas attendu le numérique pour être en crise. La multiplicité des loisirs invasifs, la marchandisation des critiques, des prix littéraires et de la politique du livre y ont largement contribué depuis plusieurs décennies. Les auteurs (le Baromètre des relations auteurs / éditeurs de la Scam (Société civile des auteurs multimédia) l’atteste année après année depuis quatre ans), les auteurs sont de plus en plus outrés par certaines pratiques des éditeurs, particulièrement concernant la promotion et la commercialisation de leurs livres et, tout particulièrement, les redditions des comptes. « 31% des auteurs estiment que leurs relations avec leurs éditeurs ne sont pas satisfaisantes et 8% d’entre eux qu’elles sont conflictuelles. » et le numérique n’y est pour rien.
Quant aux libraires, le coût prohibitif des loyers en centres villes et les conditions imposées par les diffuseurs suffisent à les étrangler ! La diffusion/distribution du livre imprimé est trustée par une poignée de sociétés qui appartiennent aux grands groupes éditoriaux, lesquels sont entre les mains d’un très petit nombre de personnes qui contrôlent tout le marché du livre imprimé et freinent aujourd’hui tant et autant qu’ils le peuvent le développement d’un marché du livre numérique qui sera sous le contrôle de sociétés étrangères, fiscalement domiciliées en Irlande ou au Luxembourg. (Cette semaine le Syndicat national de l’édition déclarait redouter « une reconfiguration monopolistique de ce secteur de l’économie culturelle, en laissant libre cours au dumping tarifaire pratiqué par les revendeurs les plus puissants ».)
Nous avons le choix entre la peste ou le choléra !
Le système actuel ou un pas meilleur pour les lecteurs, les auteurs et les libraires.
 
Mais que serions-nous en droit de revendiquer ?
 
Je vais être clair et concis (« Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément. » comme me disait Boileau).
Je vais aussi lister ici des idées pour certaines exprimées à leurs origines par d’autres que moi (histoire de faire risette à mes détracteurs de l’ombre, de l’ombre car ils ne s’expriment guère ici ni devant moi) :
  
- Les classiques de la littérature mondiale devraient relever du patrimoine universel de l’humanité, être protégés comme tels par l’Unesco, ils ne devraient faire l’objet d’aucune forme de commerce et devraient être librement et gratuitement accessibles à toutes celles et ceux qui souhaiteraient les lire et/ou en posséder un exemplaire (idée au départ évoquée par François Bon. Source).
- Abolition de la TVA pour le livre imprimé, numérisé et numérique (Déjà en Grande-Bretagne le livre imprimé n’est pas soumis à la TVA. De notoriété publique Antoine Gallimard serait pour cette abolition de la TVA sur le livre, imprimé en tout cas).
- Dans le contexte d’un passage de l’édition imprimée à une édition dite numérique, il faudrait réactiver la Déclaration d’indépendance du cyberespace, proclamée en 1996 (idée trouvée chez Olivier Ertzscheid sur Affordance. Source).
- Enfin, instituer les bibliothèques zones franches, espaces géographiques bâtis bénéficiant d'avantages tels que l'exonération de charges fiscales et de règlementations sociales avantageuses, et qui seraient consacrés à la sanctuarisation des livres (cette idée de sanctuariser les bibliothèques sous la forme de zones franches m’est venue de ma récente intervention sur le thème de La bibliothèque en 2042 et de l’urgence qui m’est apparue face à la dérive d’institutions essentielles à l’épopée de l’espèce depuis -288 av. J.-C (date supposée de la fondation de la Bibliothèque d’Alexandrie) et même depuis la Bibliothèque royale d'Assurbanipal (7e siècle avant J.-C.). Faut-il prendre pour modèles les pays d’Europe du Nord ? Quelles dérives le concept de "tiers lieu" peut-il engendrer ? - Lire à ce sujet Le concept de tiers lieu : retour aux sources par Marie D. Martel. Quand le dispositif de lecture devient une bibliothèque où est le bibliothécaire ?).
(En parallèle il faudrait élargir les compétences et le périmètre d’intervention de l’Enssib (École nationale des sciences de l'information et des bibliothèques) et donner un véritable élan aux Learning Centres notamment en leur assurant une ubiquité totale sur les territoires digitaux du métavers, les rendant aptes au télétravail collaboratif immersif et à l’apprentissage à distance tout au long de la vie. Passer rapidement des tiers lieux gadgets aux tiers lieux augmentés…) 
  
Car vouloir arrêter aujourd’hui l’évolution du livre à sa forme codex serait le condamner.
Une vision transhistorique nous révèle qu’au cours de quelques millénaires les supports d’écriture et les dispositifs de lecture seront passés de la pierre au pixel.
Ils ne savaient ni lire ni écrire et aujourd’hui ils surfent sur le web. Voilà les hommes !
En 2012 que peut en effet « un système fini [le codex], face à une demande infinie [les internautes] » (détournement non autorisé d’une citation de Michel Foucault, dans Dits et écrits, tome IV, 1980-1988, Gallimard). Et pourtant une liseuse n’aura certainement jamais le charme d’un livre que l’on ouvre et qui vous ouvre ses bras. Mais c’est ainsi. C’est participer d’une histoire de l’espèce de l’âge de pierre à celui… du flux (?), avancer à contre-courant de la minéralisation car sans cela, dans le contre-sens, la planète finirait par chuter dans l’abîme de l’inanimé, les divinités y jetteraient juste un dernier regard dans lesquels je lirais un brin de déception et leur chef, pointant la Terre de son index dirait juste ces mots simples : « Gros caillou. », alors, ils détourneront leurs regards et recommenceront à banqueter.
 

vendredi 20 avril 2012

Le livre dans 10 ans - Promotion Michael Hart de l'ESTEN

J'ai eu le plaisir de commencer hier à l'ESTEN de Tours (Ecole supérieure des techniques d'édition numérique) mon cycle de cours sur la prospective du livre, auprès des étudiants de première année de la promotion Michael Hart.
 
Thématique générale :  Le passage de l'édition imprimée à l'édition numérique - enjeux et perspectives.
 
Déroulé :
- Présentation générale,
-  Introduction sur la prospective du livre,
- 1 - L'époque des e-incunables 1971-2022 (?),
- 2 - Emergence d'un marché du livre numérique. Les éditeurs pure-players et l'innovation produit.
- 3 - Mutations du livre et veille stratégique...
Et comme sujet de réflexion :
" D'après vous que seront les livres (contenus) et les dispositifs de lecture (supports) dans 10 ans ? "
Et vous, vous répondriez quoi à leur place ?

dimanche 15 avril 2012

Semaine 15/52 : L’obsolescence du livre

Durant l’année 2012 j’ai décidé de publier ici même chaque semaine un billet exprimant mon ressenti personnel sur la semaine précédente, dans la perspective, bien évidemment, des problématiques de la prospective du livre et de l’édition.
Ce post est donc le 15/52. 
 
Cette semaine la société américaine Yahoo! Inc. fondée en 1995, au sujet de laquelle des rumeurs de rapprochements avec, ou de rachat par, Google, trainent sur le web depuis plusieurs mois, a déposé un brevet pour une méthode invasive d’introduction de publicités dans le parcours de lecture des livres numériques.
 

Transfiguration du lecteur

 
Ce qu’aujourd’hui encore nous appelons spontanément "livre", un ensemble de feuilles imprimées, pliées en cahiers reliés entre eux et protégés par une couverture, est un objet en soi parfait. Il remplit parfaitement sa mission.
Il peut encore se parfaire avec l’introduction de puces RFID ou de QR Codes pour se connecter au réseau planétaire de communication.
Cela dit il apparaît maintenant obsolète au regard des services apportés par les ordinateurs qui régissent notre quotidien. 
 
En physique une transformation génère une énergie. Cependant il ne s’agit pas là, dans ce que nous pouvons observer, d’une transformation de l’objet livre, mais, de l’apparition (l’invention ? l’imposition ?) d’autre chose.
 
La différence entre un livre et une tablette de lecture est aussi radicale que celle entre une tablette d’argile et un rouleau de papyrus. Et il peut être amusant de constater qu’une tablette de lecture du 21e siècle est plus proche d’une tablette mésopotamienne que d’un livre.
La question se pose donc de savoir dans quelle mesure nous pourrions bénéficier d’une quelconque énergie, évolutive, émancipatrice (comme le fut l’imprimerie au 15e siècle, par exemple), ou si, au contraire, nous ne devons pas craindre davantage d’asservissement au marché des divertissements de masse ?
Car il s’agit donc là, non plus de livres, mais, de dispositifs de lecture, que nous pouvons classifier en quatre familles : les ordinateurs, les tablettes multimédia, les smartphones, et, bien évidemment, les tablettes e-paper (maintenant couramment baptisées : "liseuses", terme lancé par Virginie Clayssen le 5 avril 2007 - alors que mon livre Gutenberg 2.0, le futur du livre, paru le 15 mars de la même année, avait lancé ce sujet : Mais comment les appeler ? Ainsi le 04 avril 2012 ce terme de liseuse a été officiellement homologué par la commission de terminologie et de néologie. Lire à ce sujet le post de Virginie Clayssen : La liseuse a fait son chemin). 
 
Sur les conseils d’un de mes lecteurs (qu’il en soit remercié) j’ai fait cette semaine l’acquisition d’un essai de 1956 de Günther Anders : L’Obsolescence de l’homme, dont j’ai ces derniers jours entrepris la lecture. J’y reviendrai plus amplement je pense dans quelques semaines.
 
Mais cette fréquentation nouvelle me suggère déjà quelques réflexions d’actualité. Ainsi, pour un lecteur formé aux livres sur papier imprimé, ces nouveaux dispositifs de lecture ne sont je pense que des fantômes de livres. (Je pense ici aux membres fantômes, et aux quelques réflexions que j’ai pu faire les semaines passées sur les techniques du corps, les postures de lecture et la gestuelle attachée à cette activité.) 
Ce qu’il faudrait bien comprendre c’est qu’un NDL (nouveau dispositif de lecture) n’est pas uniquement qu’un moyen de lire. Et c’est là que Günther Anders peut nous aider.
« Ces instruments, écrit-il dès son introduction [Anders pense aux machines en général, je pense moi ici à ces instruments que sont le Kindle d’Amazon ou l’iPad d’Apple, par exemple] ne sont pas des moyens mais des décisions prises à l’avance : ces décisions, précisément, qui sont prises avant même qu’on nous offre la possibilité de décider. Ou, plus exactement, ils sont la décision prise à l’avance. ».
 
Le dispositif de lecture, en effet, n’est plus comme l’était un livre relié, un tout en lui-même, qui se suffirait à lui-même pour que le lecteur accède à la lecture, mais, il n’est qu’une partie d’un système organisant (donc contrôlant) la lecture.
Et les lecteurs, au fond, n’en demandent pas tant !
En fait, tout simplement, l’offre ici précède la demande.
Et dans le laps entre offre et demande, les services marketing, aidés en cela par des internautes et des blogueurs inconscients du phénomène et seulement obnubilés du faux pouvoir qu’ils auraient à s’exprimer et de fait facilement manipulables, les services marketing donc, inventent la demande pour rendre l’achat nécessaire. 
Les premiers adoptants ou adopteurs précoces (early adopters) ne sont-ils pas seulement en fin de compte les plus moutonniers, ceux qui, les premiers, se plient aux nouveaux usages imposés par le marché. Et ce sont souvent eux qui sont considérés comme des leaders sur les réseaux sociaux ! 
 
Par leurs fonctions, les dispositifs de lecture - que les acteurs du milieu appellent devices [en français : appareils] prédéterminent leur utilisation et donc, en l’occurrence, le type de lecture que nous allons y pratiquer. Ils nous déterminent donc en tant que lecteurs.
 
S’arrête-t-on parfois de lire pour se poser la question : « Que suis-je en train de faire ? ». Sur imprimé non. Sur ces nouveaux supports électroniques, peut-être le devrions-nous.
 

Craindre un évanouissement de la lecture

 
En achetant un tel device, par ailleurs assez onéreux et marqueur social (je pense surtout aux iPad, iPhone et autres gadgets technologiques de cet acabit) le lecteur paye en réalité pour être asservi à un certain type de lecture (télé)guidée par les fonctionnalités savamment bridées et évolutives d’un appareil qu’il ne maitrise en général qu’incomplètement.
 
Avant, le livre était une marchandise. Mais la lecture je ne pense pas. Dans le contexte d’une économie de l’attention la lecture devient elle aussi une marchandise. 
 
Ainsi, ne serions-nous pas comme aveuglés face à un évanouissement de la lecture ? (Et évanouissement pourrait bien ici justement se comprendre comme une perte de connaissance.)

Je reconnais aujourd’hui humblement, ce 15 avril 2012, que moi qui me suis libéré il y a plus d’une vingtaine d’années des chaines de (la) télévision, je suis aujourd’hui assujetti à mon ordinateur.
En quoi alors, bien que non-salarié, pourrais-je me prétendre un homme et un esprit libres ?
Je suis simplement soumis à une autre aliénation. 
 
Je fais moi-même quotidiennement l’expérience que lorsqu’un lecteur est submergé de texte(s), il ne lit plus, ou qu’en tout cas il lit de plus en plus difficilement et certainement de plus en plus mal, avec une attention moins soutenue, avec des capacités de compréhension, d’analyse et de mémorisation amoindries.
  
Je me rappelle l’article de juin 2008 de Nicolas Carr : Est-ce que Google nous rend idiots ? et je suis bien forcé de constater mes propres difficultés croissantes à lire, à me concentrer sur ce que je lis, à m’immerger naturellement dans ce que je lis.
Avec le web n’avons-nous pas à notre insu commencé à désapprendre à lire ?
La question (cruelle) se pose à moi : n’ai-je pas commencé à désapprendre à lire ? Comme j’ai déjà pratiquement désappris l’écriture manuscrite à force de taper sur des claviers, comme avec les machines à calculer j’ai totalement désappris à "poser une division".

L’emploi de plus en plus courant du qualificatif "intelligent" appliqué à des machines traduit bien ce glissement que cherche à exprimer je pense le concept de la singularité technologique et que Günther Anders exprimait déjà dans L’Obsolescence de l’homme.

De fait, aujourd’hui nous admettons de plus en plus souvent sans réfléchir aux conséquences que des appareils soient plus "intelligents" que nous. 
  
La question essentielle pour moi serait donc de parvenir à déterminer si les nouveaux dispositifs de lecture entrainent ou nécessitent un sacrifice pour le lecteur, une perte au niveau de la lecture, et si oui de quel ordre (et les éventuels éléments de réponses se devraient d’être évidemment au-delà des argumentaires du marketing). 
 
La world literature, la littérature-monde, le phénomène planétaire de best-selarisation, en structurant les lectorats multiples en une audience unique, ont préparé le terrain du livre comme nouveau marché publicitaire.
L’actualité de la semaine écoulée atteste bien d’une volonté de délectoralisation, j’entends par ce néologisme : de déstructuration du lectorat.
 
Le fait de commercialiser des dispositifs éphémères et coûteux qui incitent à lire avec moins d’attention, voire à lire plus vite et/ou à lire moins, est révélateur de cette volonté de la part des industries du loisir.
 
Vous êtes-vous posé cette simple question : et si, en fin de compte (sic), dans ce passage de l’édition imprimée à l’édition numérique, il ne s’agissait pour certains qui sont aux commandes que de transformer le lectorat en audience pour lui montrer des publicités ? 
 
Certes, le futur du livre ne peut pas être son passé.
Le fait que ce que nous appelons "livre" va disparaître n’est pas grave en soi. Je ne regrette pas la disparition des rouleaux de papyrus. Mais ce sont les conditions de cette disparition et ce que l’on nous impose pour lire à la place des livres qui posent problèmes.
Un évanouissement de la lecture aurait quelles conséquences sur le devenir de l’espèce humaine ?
Comment en 2012 concevoir encore et vivre la lecture comme un acte de résistance, un libre choix, désincarcéré de l’industrie des loisirs ? 
  
Je pense que tout lecteur est, dans une certaine mesure, (animé par) ce qu’il lit.
Les moyens avec lesquels et la manière dont il lit influencent ce qu’il est, et en partie ce qu’il fait, ce qu’il pense et comment il se comporte dans la vie.
Le lecteur, pour qui la lecture est une activité essentielle, incorpore le livre quand il le lit. Il l’assimile à lui. Cela dépasse de beaucoup toutes les formes de bovarysme que nous pourrions imaginer. Ne dit-on pas parfois avoir "dévoré un livre" ? Cela se rattache à d’ancestrales pratiques de cannibalisme et de chamanisme, et participe je pense de la phylogenèse et du destin de l’humanité.
  
Nous sommes ce que nous lisons. C’est pourquoi il m’apparaît légitime et urgent que nous nous interrogions sérieusement sur les transformations actuelles imposées par des industriels américains à nos conditions de lecture.

mercredi 11 avril 2012

y aura-t-il encore des librairies en 2042 ?

Je me suis demandé cette nuit ce que j'aurais écrit il y a quelques jours si le texte que l'on m'avait demandé avait été, non pas : La bibliothèque en 2042, mais : La librairie en 2042.
Y aura-t-il encore des librairies en 2042 ?
Malheureusement je crains que non.
  
Et je ne comprends pas pourquoi les libraires se laissent conduire à l'abattoir comme des moutons.
A croire que, comme pour les autres secteurs économiques, les instances dites représentatives, syndicats et autres, n'ont pour fonction principale que de canaliser le mécontentement pour éviter qu'il se retourne contre les responsables.
 
Que se passe-t-il en fait ?
D'abord, qui est réellement à la cause des difficultés que connaissent depuis plusieurs années les libraires ? Est-ce vraiment le secteur du numérique ?
Ensuite, ce qui est cependant aujourd'hui indéniable, c'est bien le fait que des acteurs de l'industrie numérique des loisirs détournent le passage de l'édition manuscrite à l'édition numérique à leur profit, pour transformer les lectorats en audience, c'est-à-dire en un public passif.
Et pourquoi ?
Pour lui diffuser de la publicité tout simplement.
Ces acteurs ramènent le web à un nouveau média de masse encore plus puissant que la télévision qu'ils vont bientôt engloutir (avec la "télé connectée").

Il faudrait aujourd'hui (re)concevoir la lecture (et donc en partie le marché du livre, tant imprimé que numérisé, voire numérique) comme un acte de résistance, l'exercice revendiqué d'un libre choix désincarcéré de l'industrie des loisirs.

Que font les libraires ?

Pourquoi, par exemple, ne pas organiser une journée librairies closes avec une protestation vive et un sit-in carrefour de l'Odéon ?
Comment se fait-il que le texte de Richard Stallman : Les e-books et leurs dangers, ne soit pas déjà placardé dans toutes les librairies de France ?

"... Des technologies qui devraient nous conférer davantage de liberté sont au contraire utilisées pour nous entraver.
Le livre imprimé :
  • On peut l’acheter en espèces, de façon anonyme.
  • Après l’achat, il vous appartient.
  • On ne vous oblige pas à signer une licence qui limite vos droits d’utilisation.
  • Son format est connu, aucune technologie privatrice n’est nécessaire pour le lire.
  • On a le droit de donner, prêter ou revendre ce livre.
  • Il est possible, concrètement, de le scanner et de le photocopier, pratiques parfois légales sous le régime du copyright.
  • Nul n’a le pouvoir de détruire votre exemplaire.
  •  
Comparez ces éléments avec les livres électroniques d’Amazon (plus ou moins la norme) :
  • Amazon exige de l’utilisateur qu’il s’identifie afin d’acquérir un e-book.
  • Dans certains pays, et c’est le cas aux USA, Amazon déclare que l’utilisateur ne peut être propriétaire de son exemplaire.
  • Amazon demande à l’utilisateur d’accepter une licence qui restreint l’utilisation du livre.
  • Le format est secret, et seuls des logiciels privateurs restreignant les libertés de l’utilisateur permettent de le lire.
  • Un succédané de « prêt » est autorisé pour certains titres, et ce pour une période limitée, mais à la condition de désigner nominalement un autre utilisateur du même système. Don et revente sont interdits.
  • Un système de verrou numérique (DRM) empêche de copier l’ouvrage. La copie est en outre prohibée par la licence, pratique plus restrictive que le régime du copyright.
  • Amazon a le pouvoir d’effacer le livre à distance en utilisant une porte dérobée (back-door). En 2009, Amazon a fait usage de cette porte dérobée pour effacer des milliers d’exemplaires du 1984 de George Orwell.
Un seul de ces abus fait des livres électroniques une régression par rapport aux livres imprimés. Nous devons rejeter les e-books qui portent atteinte à nos libertés." (Extraits).

Il ne s'agit pas de refuser ou de s'opposer au passage de l'édition manuscrite à l'édition numérique, MAIS, de s'opposer à ce qu'il soit détourné au seul profit de quelques industries américaines.