dimanche 22 janvier 2012

Semaine 03/52 : vers le biolivre ou le plasmabook ?

Durant l’année 2012 j’ai décidé de publier ici même chaque semaine un billet exprimant mon ressenti personnel sur la semaine précédente, dans la perspective, bien évidemment, des problématiques de la prospective du livre et de l’édition.
Ce post est donc le 03/52.
  
En physique, le plasma est un état de la matière constitué de particules chargées d'ions et d'électrons. En biologie, le plasma sanguin est la partie liquide du sang dans laquelle baignent ses composants majeurs, eux qui diffusent dans le corps l’oxygène et les éléments nutritifs.
  
Durant cette troisième semaine de janvier 2012 c’est entre le ciel gris et les trottoirs mouillés de Rennes que lentement ont germé en moi les réflexions ci-après, et d’abord cette constatation : physique et numérique sont comme huile et eau.
  
Je l’ai ressenti presque physiquement alors que je m’apprêtais d’abord, puis ensuite lorsque que je venais juste, d’entretenir un auditoire attentif (mais que pouvait-il bien penser ?) des complémentarités entre l’imprimé et le numérique (à la Cantine numérique rennaise) : en vérité, il n’y a pas encore de porosité entre le monde physique et les territoires digitaux. Tout juste quelques passerelles incommodes et encombrées par les marchands du temple.
  
Cette constatation engendre de multiples questions qu’il faudrait sérier et prioriser.
  
D’abord sur l’interface : c’est quoi qui pourrait faire l’interface entre le monde physique (celui que nous percevons avec nos cinq sens) et ce que j’appelle les territoires digitaux. (Il faudra que j’explique un jour pourquoi, tout ardent défenseur que je sois de la francophonie, j’opte préférentiellement pour le terme "digital", de préférence à "numérique". J’ai de bonnes raisons je vous assure !)
  
Comment donc concevoir que cette interface pourrait être un (ne pourrait être qu’un) appareil manufacturé, conçu par quelques américains et fabriqué par des esclaves asiatiques ? Je n’y crois pas.
(Les machines -devices ;-) vont avoir leur importance, mais, j'y reviendrai, elles doivent rester des outils et ne pas devenir des prothèses.)
 
Il faut dépasser toutes les catégories imposées par la vision marchande du livre et véhiculées par les médias et nombre de blogueurs qui ne font souvent que relayer ce qui reste du domaine de l'opinion.
   
Il faut transgresser tout ce que nous croyons savoir du livre et de la lecture.
   
En France, les éditions Flammarion, nous l’avons appris cette semaine, seraient à vendre. La Fnac licencie.
Aux États-Unis, Amazon prend progressivement mais sûrement le contrôle de l’édition, ou, plus exactement, du marché du livre.
En France, Amazon a les moyens de racheter Flammarion ou (et ?) la Fnac. Et alors ?
  
Est-ce que cela importe ? Quelle valeur tout cela aura-t-il dans un siècle seulement, tant pour les lecteurs que pour les autres (mais je pense que nous allons vers un monde dans lequel il ne sera pas possible de ne pas être lecteur…).
  
Comme aujourd’hui, certains d’entre nous se penchent sur les débuts de l’écriture vers 3300 avant notre ère à Sumer, quelle valeur auront ces peccadilles dans un ou deux millénaires, alors que des chercheurs se pencheront à leur tour sur l’émergence d’une nouvelle écriture vers l’an 2000 ?
 
Je deviens peut-être un peu fou.
Je ne peux pas encore tellement divulguer, ici sur le web notamment, les fruits de mes recherches et les conclusions auxquelles j’en arrive.
Je peux tout juste dire que ces conclusions n’en sont pas.
  
Je peux déjà dire qu’il n’y a pas de conclusion en passant de l’imprimé au numérique. Mais que certainement, comme je l’écrivais dans "De la bibliothèque à la bibliosphère: « Il faut relativiser la puissance du numérique. En effet, il se pourrait bien que d’ici quelques siècles, le numérique apparaisse à nos descendants comme, en partie, anecdotique dans l’histoire du livre. Il ne s’agit, répétons-le à nouveau, que d’outils. Et ces outils numériques, quelles que soient finalement leurs étonnantes capacités, sont aussi anecdotiques que les armes le sont dans la guerre. Car ce ne sont pas les armes qui font ou qui déclarent les guerres. Ce ne sont pas les armes qui tuent. Pas plus que ce ne sont les outils qui construisent ou détruisent. ».
  
A l’échelle humaine le neuronal prime sur le numérique et la conscience sur le mobiquitaire.
Revient alors la question de l'interface, mais aussi de ce qui fera charnière entre deux mondes (physique//digital), qui n'existent probablement pas plus l'un que l'autre, si ce n'est dans l'investissement en significations que nous leur prêtons. C'est peut-être ainsi à une véritable phénoménologie de la digitalisation qu'il faudrait s'adonner (travail gigantesque, alors qu'inconscient que j'étais, je n'ai fait jadis que survoler les écrits de Merleau-Ponty).
  
Comme je le répondais dans un entretien récent à La Règle du Jeu : « oui, le livre numérique va avoir des conséquences sur nos capacités de réflexion et d’analyse, sur nos facultés de concentration et de mémorisation. Mais il est encore trop tôt je pense pour savoir lesquelles précisément. Et surtout rien ne nous oblige à les considérer a priori comme néfastes. Nous développons aussi de nouvelles capacités, notamment en termes d’ubiquité et de travail multitâche. Il faut concevoir ces dispositifs numériques comme des outils, et éviter qu’ils deviennent des prothèses. ».
  
Un grand mystère se dresse devant nous. Peut-être ineffable. Il est de l’ordre de l’élaboration des écritures alphabétiques, voire carrément de l’ampleur de la naissance de l’écriture, peut-être.
  
Face à la bibliosphère que j’évoque (invoque) depuis plus d’une année maintenant, à la préhistoire des territoires digitaux, dont nous commençons à peine l’exploration, notamment sur l’open simulator avec l’incubateur MétaLectures, il nous faut reconsidérer, repenser le lecteur établi en conscience dans sa posture singulière de lecture, en immersion dans un environnement logiciel. (Ne pas déléguer la lecture à des machines.)
 
Le livre du troisième millénaire sera peut-être un état de l’humanité, constitué de particules chargées d'ions et d'électrons : le flux qui diffusera dans le corps social l’information et les éléments de savoirs. Une lecture globale à la limite de l'hyperesthésie (?)
  
Débile ? Mais avez-vous une seule seconde imaginé le saut, et technologique et ontologique, entre une tablette d’argile mésopotamienne et la Bible de Gutenberg ?
Imaginez. Vous verrez c’est bon pour la liberté d’esprit.
  
  
 
 

jeudi 19 janvier 2012

Imprimé et numérique main dans la main

J'ai eu le plaisir hier 18 janvier 2012 d'intervenir pour une conférence sur le thème : LECTURE AUGMENTÉE - INNOVATIONS ET COMPLÉMENTARITÉS PRINT / DIGITAL, à la Cantine numérique rennaise.
 
Une bonne occasion pour rappeler devant une salle comble que l'innovation a été motrice dans l'humanité pour l'apparition de l'écriture, puis le perfectionnement des dispositifs de lecture. Pour montrer aussi, exemples à l'appui, qu'en cette période de transition des e-incunables, des solutions existent pour maintenir le lien dans les usages et ne pas opposer les deux filières, graphique et numérique. L'occasion également de donner quelques exemples d'innovations dans le livre imprimé (encres thermo-réactives...), et de conclure enfin en insistant sur le fait que l'édition imprimée doit aujourd'hui expérimenter et innover pour conquérir de nouveaux lectorats.
  
Ma conférence était enrichie de deux interventions plus axées sur les usages, avec Sophie Deniel, créatrice de bookBéo (qui nous présenta avec son équipe, Christel Le Coq et David Le Meur, ses réalisations dans le secteur du livre et de la BD), puis, Tassiana Nuñez-Costa de liBel (une solution originale de marque-pages e-paper intelligents).

dimanche 15 janvier 2012

Semaine 02/52 : le livre à l’école du futur

Durant l’année 2012 j’ai décidé de publier ici même chaque semaine un billet exprimant mon ressenti personnel sur la semaine précédente, dans la perspective, bien évidemment, des problématiques de la prospective du livre et de l’édition.
Ce post est donc le 02/52.
 
Finalement, l’événement marquant de cette deuxième semaine 2012 qui s’achève, celui qui aura le plus stimulé ma réflexion prospective, aura été le fameux Consumer Electronics Show de Las Vegas, cette grande messe américaine annuelle des nouvelles technologies.
 
A peine croyable ! On me l’aurait prédit il y a seulement quelques années, que je ne l’aurais certainement pas cru. D’autant que je suis vraiment très loin d’être un technophile, que même, ce que j’appelle : "ma tentation Amish", vient parfois me visiter, que je ressens souvent comme une étrange nostalgie d’un 19e siècle, voire, parfois, carrément d’un Moyen-âge imaginaire, époques que je n’ai bien sûr pas connues (ou que j’ai oubliées).
 
Le CES donc, comme disent les geeks (et il ne s’agit donc pas d’un collège d'enseignement secondaire)… Depuis 2008, c’est grâce au remarquable travail de présentation d’Olivier Ezratty que j’en ai un panorama.
 
Mais ce qui me frappe intuitivement cette année, cette semaine, avant même la publication du "rapport Ezratty", sans me soucier des échos et des hoquets de la blogosphère française sur les tablettes de lecture qui pouvaient y être présentées à ce fameux CES, c’est un phénomène que je sens poindre depuis peut-être… l’an dernier seulement (j’ai l’impression de le sentir se structurer, prendre forme devant nous, j’en avais l’intuition depuis bien plus longtemps en fait, je crois).
   
Tablettes, TV connectées, 3D, lunettes de projection, projections holographiques, d’une part, intègrent d’emblée (imposent donc) les nouveaux codes de la mobilité et de l’électro-communication, avec, de l’autre part donc, et entre autres, la géolocalisation, les jeux, et, bien évidemment les réseaux sociaux.
 
Comme le souligne Olivier Ezratty, concernant les réseaux sociaux au CES 2012 : « Ils sont omniprésents dans les couches logicielles des produits présentés. Cela se trouve dans les mobiles, les tablettes et les TV connectées. Facebook passe du statut de plateforme de recommandation à celui de plateforme média. Twitter devient l’outil d’échange en direct sur les programmes TV. ».
 
Et en fond les interfaces avec le cerveau sont l’objet de recherches de plus en plus poussées.
 
Un phénomène que je sens poindre… Un phénomène de fusion (dans tous les sens du terme).
  
Dans ce contexte la lecture se déroule en situation "mobiquitaire" (du mot valise "mobiquité") dans une posture ATAWADAC (AnyTime, AnyWhere, AnyDevice, AnyContent = N’importe quand, n’importe où, n’importe quel terminal, n’importe quel contenu).
Oui, nous sommes au seuil d’un autre monde.
  
Nous entrons dans l’extrême contemporain (notion que je détourne avec malice de son contexte littéraire).
Le sentiment de contemporanéité s’effondre avec l’accélération des progrès technologiques, laquelle accélération, il faut bien l’avouer, rend de plus en plus crédible la théorie de la Singularité.
   
Ceux qui jadis ont construit ce que nous regardons aujourd’hui comme essentiel dans l’histoire du livre et de ses métiers, ou, plus exactement, ceux que nous avons retenus pour figurer aujourd’hui dans cette histoire et y faire bonne figure, ceux-là avec lesquels nous écrivons aujourd’hui "notre" histoire du livre et de ses métiers, ceux-là étaient-ils habités de leur vivant par des sentiments d’innovation, ou bien, n’étaient-ils seulement motivés que par des préoccupations d’ordre économique ? Se vivaient-ils comme des novateurs, comme des précurseurs ? Sans doute pour certains, mais quels étaient alors leurs statuts vis-à-vis de leurs contemporains ?
Nous savons avec certitude, par exemple, que lorsqu’ils ont brièvement coexisté à Paris durant l’automne 1871, Rimbaud et Théodore de Banville n’étaient pas, pour autant, des poètes contemporains l’un de l’autre. Quelque part, Rimbaud (comme d’autres) ne fut jamais vraiment contemporain de ses contemporains.
 
Ce que je veux dire, c’est que nombre d’auteurs, d’éditeurs, de lecteurs, peuvent très bien coexister sans être réellement contemporains des écritures, des livres et des lectures de l’époque (celle des e-incunables que nous traversons).
  
Baudelaire jadis désignait "le moderne" comme étant : « la part d’éternel qui affleure dans le passage ».
 
Voilà qui pourrait m’aider, peut-être, à localiser l’extrême contemporain. Il pourrait donc être dans ce passage qu’évoque Baudelaire, là où le présent (l’instant et l’actuel) s’effondre, de part et d’autre. Tant derrière soi, dans le passé, que face à soi, dans l’à-venir. Position périlleuse, certes. Et nous n’avons encore rien vu. Ou si peu.
   
Le destin du livre, aussi, que je le veuille ou non, que nous le voulions, que vous le vouliez ou non (je pense ici aux commentaires exacerbés suscités par mon entretien de ce 12 janvier : Vers une mort programmée du livre ? sur le site de La Règle du Jeu), le destin du livre, donc, que nous le voulions ou non, s’écrit aujourd’hui dans la technologisation accélérée des civilisations.
 
En résumé : j’ai le sentiment que le destin du livre s’écrit maintenant inexorablement dans la technologisation (et au fond je ne suis pas certain que cela soit nouveau, cf. illustration).
  
Mon expérience personnelle m’en a d’ailleurs encore apporté ces jours-ci une autre preuve.
Le soir du 11 et l’après-midi du 12 janvier, j’ai eu l’occasion par le truchement d’un avatar, par le biais duquel je pouvais m’exprimer à la fois par écrit et oralement, et via la plateforme FrancoGrid, de présenter mon projet MétaLectures d’environnement web 3D pour le livre, aux Rencontres d’Autrans 2012.
 
Cela aussi, en 2006, je ne l’aurais pas soupçonné (je dis 2006 car, en 2007, je découvrais le méta-univers en donnant à la Bibliothèque francophone du métavers, alors sur Second Life, une conférence de présentation de mon livre Gutenberg 2.0 le futur du livre (M21 éditions) édité la même année grâce à Malo Girod de l’Ain).
   
C’est par ce type de découvertes et d’échanges avec d’autres pionniers, que je m’exerce à dépasser les limites de mes goûts et de mes préjugés, que je m’efforce, année après année, de conquérir une plus grande liberté d’esprit, pour participer à la construction de l’avenir aux lumières du passé.
   
Illustration (source) : bréviaire cistercien de la seconde moitié du 15e siècle, Bibliothèque cantonale et universitaire de Fribourg (le plat supérieur de reliure est évidé pour ranger une paire de lorgnons).


samedi 14 janvier 2012

Un peu de Prospective du Livre aux Rencontres Autrans 2012

Via FrancoGrid, mon projet MétaLectures a pu être virtuellement présent et présenté aux Rencontres d'Autrans 2012, grâce à Cathy Legendre, créatrice d'Explor3D.
 
Plus d'informations et quelques photographies sur le blog de Tournicoton Gallery, de l'écrivain et artiste des nouveaux médias, Anne Astier.

Anne Astier développe actuellement un projet pour... MétaLectures, l'environnement web 3D immersif, que j'ai lancé ce 1er janvier 2012 sur l'opensim FrancoGrid, pour présenter, expérimenter et développer des solutions innovantes dans l'univers du livre et de la lecture francophones.
 

jeudi 12 janvier 2012

Sur le destin du livre dans La Règle du Jeu

Le site web de La Règle du Jeu, la revue de Bernard-Henri Lévy, me consacre un bel entretien autour de la question : Vers une mort programmée du livre ?
Un entretien avec Sophie Dubec et Raphaël Denys dans lequel j'ai eu l'occasion de m'exprimer longuement et d'aborder plusieurs points pour moi essentiels dans ma recherche en prospective du livre et de l'édition.

lundi 9 janvier 2012

Préannonce des premiers focus groups sur l'incubateur 3D MétaLectures

Les premiers focus groups à destination des enseignants, des éditeurs pure-players, des bibliothécaires et des libraires, sur l'environnement Web 3D de MétaLectures sont préannoncés sur le blog concerné (informations ici).
  
Ils seront hébergés sur FrancoGrid par le projet "Ma Mairie en 3D" (à découvrir ici) dans ses salles de réunions virtuelles (voir illustration).

dimanche 8 janvier 2012

Semaine 01/52 : appeler les machines des machines

Durant l’année 2012 j’ai décidé de publier ici même chaque semaine un billet exprimant mon ressenti personnel sur la semaine précédente, dans la perspective, bien évidemment, des problématiques de la prospective du livre et de l’édition.
  
Il y aura 52 semaines en 2012, ce post est donc le 01/52.
  
Fin décembre, une radio m’a interviewé par téléphone pour que je leur dise, moi aussi, ce qui se disait déjà partout dans les autres médias. A savoir que pour les fêtes de Noël et de fin d’année 2011 les ventes de tablettes Kindle d'Amazon allaient être fabuleuses, époustouflantes, prodigieuses.
  
Moi j’ai dit ce que je pensais : qu’il ne s’agissait là en vérité que d’une basse manœuvre marchande relevant du procédé des prophéties auto-réalisatrices, laissant entendre que les journalistes, au fond, ne faisaient pas vraiment leur travail en annonçant comme une information un fait invérifiable relevant du marketing des marques…. Bah mon interview n’est apparemment pas passée, ou si subrepticement alors que je n’en aie eu vent, personnellement, ni personne d’autre semble-t-il.
  
Et voilà que maintenant, durant la première semaine de janvier 2012, des chiffres de ventes invérifiables nous ont déboulé dessus, pauvres incroyants que nous sommes, pour certains d'entre nous, face aux dieux du Marché. Des chiffres qui nous donneraient prersque tort.
     
Entre moutons et perroquets, ces fabuleuses créatures du siècle que sont les blogueurs, suivent et répètent.
Mais qui parle des discussions sur les forums, des commentaires sur les blogs, de celles et ceux qui déjà s'avouent déçus, ou rencontrent des difficultés techniques. Qui, dans quelques mois, donnera la parole à ceux qui auront l'impression de "s'être fait avoir". Il y a certes les autres, je le reconnais, et ceux que ces dispositifs de lecture (r)amènent à la lecture. Mais il n'y a pas qu'eux.
  
Si avec les technologies de la communication nous y gagnons en information, la désinformation y gagne elle aussi et, ayant plus d’expertises et de moyens financiers que les internautes lambdas, les manipulateurs, les propagandistes et militants de tous bords, les lobbies, et, tout simplement, les marques, y trouvent des armes de diffusion massive.
  
Il faudrait je pense que nous nous interrogions sérieusement, durant cette année 2012, sur ce concept époustouflant de "machines à lire", qui de plus en plus vont s’imposer à nous de manière très concrète, et poursuivre la mutation de nos pratiques de lecture initiée depuis quelques années déjà par les ordinateurs et le web.
 
Arrêtons avec ces fables de e-readers ou de liseuses, et désignons-les clairement pour ce qu’elles sont : des machines à lire, d’une part, vecteurs de nouveaux usages qu’il nous faut assimiler et auxquels nous devrons plus ou moins nous accommoder, d’autre part, porteuses d’une obsolescence programmée.
  
Il nous faut concevoir et voir ces machines à lire, comme naguère les machines à écrire. Pour leur fonction utilitaire. Uniquement. Et non pas, par soumission à des marques entremetteuses, en leur attribuant des valeurs que nous attachions aux livres imprimés.
  
Une machine à lire n’a rien à voir avec ce que depuis plusieurs siècles nous appelons : un livre.
  
Quant au livre, justement, pour en finir avec feue cette première semaine : il pourrait bien connaître dans les années à venir des destinées insoupçonnées, déjà si l’on considère son utilisation de plus en plus fréquente dans les arts plastiques et si l’on accepte de rêver un peu devant la machine à écrire Underwood 1937 du peintre Tyree Callahan.