Durant l’année 2012 j’ai décidé de publier ici même chaque
semaine un billet exprimant mon ressenti personnel sur la semaine précédente,
dans la perspective, bien évidemment, des problématiques de la prospective du
livre et de l’édition.
Il y aura 52 semaines en 2012, ce post est donc le 01/52.
Fin décembre, une radio m’a interviewé par téléphone pour que
je leur dise, moi aussi, ce qui se disait déjà partout dans les autres médias. A
savoir que pour les fêtes de Noël et de fin d’année 2011 les ventes de
tablettes Kindle d'Amazon allaient être fabuleuses, époustouflantes, prodigieuses.
Moi j’ai dit ce que je pensais : qu’il ne
s’agissait là en vérité que d’une basse manœuvre marchande relevant du procédé
des prophéties auto-réalisatrices, laissant entendre que les journalistes, au fond, ne faisaient pas vraiment leur
travail en annonçant comme une information un fait invérifiable relevant du marketing des marques…. Bah mon interview n’est apparemment
pas passée, ou si subrepticement alors que je n’en aie eu vent, personnellement, ni
personne d’autre semble-t-il.
Et voilà que maintenant, durant la première semaine de janvier
2012, des chiffres de ventes invérifiables nous ont déboulé dessus, pauvres incroyants que nous sommes, pour certains d'entre nous, face aux dieux du Marché. Des chiffres qui nous donneraient prersque tort.
Entre moutons et perroquets, ces fabuleuses créatures du
siècle que sont les blogueurs, suivent et répètent.
Mais qui parle des discussions sur les forums, des commentaires sur les blogs, de celles et ceux qui déjà s'avouent déçus, ou rencontrent des difficultés techniques. Qui, dans quelques mois, donnera la parole à ceux qui auront l'impression de "s'être fait avoir". Il y a certes les autres, je le reconnais, et ceux que ces dispositifs de lecture (r)amènent à la lecture. Mais il n'y a pas qu'eux.
Mais qui parle des discussions sur les forums, des commentaires sur les blogs, de celles et ceux qui déjà s'avouent déçus, ou rencontrent des difficultés techniques. Qui, dans quelques mois, donnera la parole à ceux qui auront l'impression de "s'être fait avoir". Il y a certes les autres, je le reconnais, et ceux que ces dispositifs de lecture (r)amènent à la lecture. Mais il n'y a pas qu'eux.
Si avec les technologies de la
communication nous y gagnons en information, la désinformation y gagne elle
aussi et, ayant plus d’expertises et de moyens financiers que les internautes
lambdas, les manipulateurs, les propagandistes et militants de tous bords, les
lobbies, et, tout simplement, les marques, y trouvent des armes de diffusion
massive.
Il faudrait je pense que nous nous interrogions sérieusement, durant
cette année 2012, sur ce concept époustouflant de "machines à lire",
qui de plus en plus vont s’imposer à nous de manière très concrète, et
poursuivre la mutation de nos pratiques de lecture initiée depuis quelques
années déjà par les ordinateurs et le web.
Arrêtons avec ces fables de e-readers ou de liseuses, et
désignons-les clairement pour ce qu’elles sont : des machines à lire,
d’une part, vecteurs de nouveaux usages qu’il nous faut assimiler et auxquels
nous devrons plus ou moins nous accommoder, d’autre part, porteuses d’une
obsolescence programmée.
Il nous faut concevoir et voir ces machines à lire, comme
naguère les machines à écrire. Pour leur fonction utilitaire. Uniquement. Et
non pas, par soumission à des marques entremetteuses, en leur attribuant des
valeurs que nous attachions aux livres imprimés.
Une machine à lire n’a rien à voir avec ce que depuis
plusieurs siècles nous appelons : un livre.
Quant au livre, justement, pour en finir avec feue cette
première semaine : il pourrait bien connaître dans les années à venir des
destinées insoupçonnées, déjà si l’on considère son utilisation de plus en plus
fréquente dans les arts plastiques et si l’on accepte de rêver un peu devant la
machine à écrire Underwood 1937 du peintre Tyree Callahan.
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