Le site web de La Règle du Jeu, la revue de Bernard-Henri Lévy, me consacre un bel entretien autour de la question : Vers une mort programmée du livre ?
Un entretien avec Sophie Dubec et Raphaël Denys dans lequel j'ai eu l'occasion de m'exprimer longuement et d'aborder plusieurs points pour moi essentiels dans ma recherche en prospective du livre et de l'édition.
Un entretien avec Sophie Dubec et Raphaël Denys dans lequel j'ai eu l'occasion de m'exprimer longuement et d'aborder plusieurs points pour moi essentiels dans ma recherche en prospective du livre et de l'édition.
Très intéressant Lorenzo, j'ai bien apprécié ton explication très claire sur le "zéro partout" en matière écologique. Et, bien sûr, ton analyse sur l'évolution de la lecture. Il y a toutefois un élément qui me laisse pour le moins perplexe, c'est ton insistance sur le devenir 3D de notre univers numérique (plutôt que digital si tu veux bien ;-). Si l'on en juge par les expériences passées (pour tenter de suivre la phrase en exergue sur ton site), il semble que les univers 3D aient du mal à convaincre de leur utilité et même de leurs attraits. Pour jouer bien sûr, c'est formidable. Pour un usage au quotidien, je suis moins convaincu. Cela dit, ce n'est pas forcément fondamental pour l'univers de la lecture numérique qui nous intéresse de prime abord.
RépondreSupprimerMerci Fabrice, j'étais justement sur FrancoGrid à présenter MétaLectures, à distance donc, aux rencontres d'Autrans. Mon projet MétaLectures http://metalectures.blogspot.com ouvre des pistes je pense sur ces questions. L'élan donné par OpenSim pourrait bien sublimer l'expérience de Second Life, décevante pour beaucoup. Il faut replacer cela aussi en perspective avec la 3D en général (au cinéma etc.) et la TV connectée. Ce n'est pas pour rien comme je dis toujours que Google modélise les grandes villes en 3D ! ;-)
RépondreSupprimerSi je peux ajouter ici un éclairage sur cette question, l'expérience en 3D -je dis bien expérience, au sens des sensations empiriques- qu'offre la technologie opensim ne se confond pas avec celle d'un monde social ou univers virtuel tel que Second Life (qui en est une application parmi d'autres possibles y compris les jeux), ou encore avec la simple visualisation en 3D de scènes autrement "plates" offertes par les outils 2D.
RépondreSupprimerCette technologie, parce qu'elle permet notre immersion dans un environnement et une sociabilité que notre cerveau interprète comme réels, offre à ce dernier ce pour quoi il est conçu naturellement : percevoir le monde en 3 dimensions.
Il ne s'agit dès lors pas de "conviction" à avoir, mais de bon sens, et surement aussi de résistances à considérer face à une sollicitation pouvant être effectivement perçue comme violente, car sûrement plus impliquante pour l'individu.
Reportons-nous alors quelques décennies en arrière, où les réactions furent sensiblement les mêmes à l'apparition du téléphone ou de bien d'autres inventions permettant de dépasser nos limitations sensorielles (voir plus loin, entendre de loin...)Chaque fois des résistances, le doigt accusateur sur le "virtuel" confondu indûment avec l'"irréel" (fuite en avant devant la peur d'un réel ajouté?).
Le volet ouvert ici concerne moins les outils permettant de "faire" que ceux permettant d'"être". Alors bien sur, c'est une autre posture, et Lorenzo a raison de lui relier les actes de l'écriture et de la lecture, car au delà de ces actes, le livre est avant tout le point d'entrée pour chacun où se vit dans l'intime cet instant de jonction ineffable entre le cérébral et l'émotion (moment virtuel et pourtant bien réel n'est-ce pas?).
Alors oui, et cela s'applique aussi aux autres applications en expérimentation dans ces espaces, il s'agit bien de reproduire ce qui est réel dans le monde physique, mais d'un réel à caractère vécu habituellement comme intime : interactions interpersonnelles imprévisibles comme dans la vie de tous les jours, effet-groupe etc, tout ce à quoi le temps réel et synchrone nous expose sans que nous ayons toujours bien conscience des mécanismes -voire de l'alchimie- à l'oeuvre.
Des résistances inconscientes face aux risques de s'y exposer sont bien ce qui retarde à mes yeux une adoption malgré tout programmée car indubitablement inscrite dans le sens de notre évolution.
Pourrions-nous dire que les marges à conquérir au delà des 10% d'utilisation du potentiel de notre cerveau passent par la maîtrise (au sens connaissance) de nos émotions? que sans le partage de celles-ci, point de travail collaboratif, de partage du pouvoir, de production collective? Tous ces mots si à la mode qui signent ce besoin de réduire la fragmentation du lien social mais dont les ressorts sont encore loin d'être maîtrisés pour une opérationalité authentique? Et avec pour seul noeud la question de LA CONFIANCE, en soi d'abord, en les autres ensuite et conséquemment.
Pour résumer mon intuition, la technologie 3D évoquée ici est celle permettant une seule et même chose, UN PARTAGE augmenté. Mais qui dit partage dit disposition d'esprit suffisamment murie à cette fin, et cela nul outil le meilleur soit-il ne le permettra.
L'humilité et l'honnêté intellectuelle de chacun restent à mes yeux les ferments d'un usage qui se popularisera, pour peu que les influenceurs actuels qui en sont très dépourvus cessent de renforcer les ignorances sur les phénomènes évoqués plus haut...
Merci Jenny pour cet apport argumenté qui mériterait je pense de figurer ailleurs qu'en commentaire (d'autant que cette question est peu abordée dans l'entretien vers lequel mon post renvoie, mais ton intervention répond par contre parfaitement à Fabrice :-) A bientôt pour en débattre ;-)
RépondreSupprimerUne toute modeste question monsieur Lorenzo Soccavo: avec le progrés fulminant des technologies, des langages, des protocoles, des outils etc. un livre numérique de l'année 2013 sera lisible encore en 2313 ou même plus tôt? Je peux lire un livre imprimé il y a 200 ans, mais je ne peux pas relire un document produit dans les années 90 sur une disquette grande format ou avec un logiciel WP 3.1. Le numérique pur et dur ne nous entraîne pas vers une solution de continuité entre les générations technologiques? J'aimerais que mes craintes soient injustifiées. Merci.
RépondreSupprimerBonjour, merci pour votre commentaire en effet pertinent : c'est l'une des questions (parmi d'autres, comme celle du profilage des lecteurs ou de l'évolution des supports de lecture -lunettes ou lentilles vidéo par exemple) qui se posent en effet et sur lesquelles je travaille.
RépondreSupprimerPour ce qui est des supports de stockage plus précisément, des recherches intéressantes sont menées sur le quartz et sur l'ADN de synthèse...
Ce qui est certain c'est que nous ne pouvons pas nous arrêter et rester à l'imprimé, c'est pourquoi il est essentiel, pour essayer d'anticiper, de savoir où nous allons et de programmer au mieux notre destination, de développer la prospective du livre !