jeudi 30 avril 2020

Un monde soudain Hors-sol

Mon texte Une réalité devenue hors-sol paru sur le site des éditions belges BOZON2X est une réponse au Tracts de Crise Gallimard de Nancy Huston : HORS-SOL. 
Qu'en pensez-vous ? 
 
Lorenzo Soccavo_2020-04-29 Une réalité devenue hors-sol_Bozon2x
En lecture libre en suivant ce lien...

jeudi 23 avril 2020

Lire des fictions littéraires est "dopamin’énergisant" pour penser l'après...

Les lectures anticipées que nous faisons de notre futur fantasmé déterminent en partie notre "à venir" tel qu'il sera.  
  
Capter, décoder, documenter son environnement est vital pour tous. 
Cela s’appelle lire.  
  
Avec l’écriture alphabétique notre espèce maîtrise la magie de rendre visible la parole invisible, mais elle n’a pas encore vraiment conscience de l’impact de ce pouvoir sur son espace mental et sa perception (sa lecture) de la réalité.
La pandémie du printemps 2020 a été anticipée par des fictions. Les dystopies nous permettent de penser l’impensable mais elles nous préparent aussi à supporter l’insupportable. Face aux tragédies du réel et aux récits post-apocalyptiques l’urgence n’est pas dans l’écriture d’utopies mais dans la prise de conscience de notre fictionaute, la part subjective de soi que nous projetons dans nos lectures. 
Des fictions peuvent en effet être des laboratoires, et la lecture une expérience de pensée.
Le challenge est de prendre conscience de notre fictionaute, nous exercer à l’autonomiser dans les mondes fictionnels pour, avec lui, nous préparer des futurs désirables, parce qu’en soi : la lecture a une puissance démiurgique.

Pourquoi cette idée est-elle importante à partager ?
   
Après la pandémie il est essentiel de pouvoir redynamiser et réenchanter nos projets et les possibles lectures de notre avenir commun. 
Face aux théories de la collapsologie et aux fictions post-apocalyptiques il est important de retrouver confiance en nous autour d’utopies partageables et réalisables.
Depuis des dizaines d’années je vis personnellement ce que la lecture peut apporter en termes de compréhension du monde et des autres. Parce que lire c’est forcément interpréter, et nos interprétations conditionnent nos perceptions du monde et nos conduites sociales. En avoir conscience est important.
La lecture de romans est un moyen d’appréhender les fictions sur lesquelles sont fondées et se développent nos sociétés, mais nous pouvons nous autonomiser ! 

Les articles liés
- Sur le site de FuturHebdo – Le magazine de notre futur immédiat : Comment fabuler l’après Covid-19 ?
- Sur ViaBooks : Quand la fiction anticipe la réalité – L’épidémie de coronavirus déjà racontée ? 
-
Sur Usbek&Rica – Le média qui explore le futur : Et si on protégeait les espaces fictionnels au même titre que les espaces naturels ? 

En visioconférence ou en présentiel une conférence ou une rencontre-débat pour travailler ensemble à penser l'après avec son fictionaute est toujours possible. Je suis à votre écoute...
   

samedi 18 avril 2020

Un futur alternatif possible par la lecture - projection en 2045 en Castalie

J'ai eu le plaisir de me livrer à un petit exercice de journalisme prospectif comme j'aime pour le groupe Facebook  Petit détour vers un futur proche
  
" Castalie - 2045 : Des terres confinées aura finalement lentement émergé une province hors-sol, déterritorialisée et déliée du poids du passé : il s’agit de la Province de Castalie, une province pédagogique née de l’obligation d’inventer pour l’éducation et l’accès aux livres des solutions alternatives dès lors que bibliothèques, librairies et tous les centres d’enseignement des maternelles aux universités avaient été fermés durant la pandémie de 2020.
En ce jour singulier c’est donc dans sa grande salle cistercienne de Celle-les-Bois que le professeur Joseph Valet a présenté son nouveau séminaire.
 
Le point de départ ? Pour beaucoup la pandémie du printemps 2020 aura été l’occasion de réaliser que la lecture de romans était un moyen fiable d’appréhender les fictions sur lesquelles sont fondées et se développent nos sociétés.
La conséquence ? La ligne de partage entre fictions et réalités (toutes deux au pluriel) est alors tombée, comme en 1989 le Mur de Berlin.
 
Au cours de sa conférence inaugurale le professeur Joseph Valet eut à ce sujet ces mots forts : « Durant les prochaines décennies nous devrions pouvoir entrer en communication avec des formes de vies que recèle la grammaire. Je veux dire qu’il est maintenant indéniable que des processus intelligents sont à l’œuvre dans la langue, qu’ils codent notre perception des mondes. Nous sommes parvenus à un point de l’histoire de l’humanité où même les esprits les plus matérialistes et rationalistes ne peuvent plus nier la puissance créatrice de l’imagination humaine et ne peuvent que reconnaître enfin que les expériences de pensées littéraires valent les scientifiques. Passant du plan au planisphère les mondes que nous lisons en commun en écrivent d’autres que nous pouvons potentiellement habiter et gouverner. ».
Il faut préciser que Joseph Valet, qui dirige aujourd’hui le CRVL (Centre de recherches sur les voyages par la lecture) de Celle-les-Bois est… un personnage de fiction qui aurait, l’on ignore toujours comment, migré, se serait glissé dans le monde physique durant la pandémie de 2020.
Il est en fait le Magister Ludi du roman du prix Nobel de littérature allemand 1946, Hermann Hesse : Le jeu des perles de verre (1943).
Dans la correspondance d’auteurs entre Hermann Hesse et Thomas Mann, autre Nobel de littérature allemand en 1929, il apparaît que ce personnage de Joseph Valet serait en fait une incarnation romanesque de ce dernier, c’est-à-dire de Thomas Mann lui-même.
Ce subtil jeu de substitution entre différents plans de perception n’est pas sans attester des capacités de la lecture à canaliser dans une perspective éthique le flux de conscience qui, d'une part, s'exprime par notre perpétuel monologue intérieur, et, d'autre part, exprime l’addiction naturelle de notre espèce animale à la narration.
 
Ce genre de voyage par la lecture dont nous aurions ici en fait une belle démonstration est par ailleurs clairement évoqué dans un autre ouvrage de Hermann Hesse, Le Voyage en Orient : « notre randonnée ne nous conduisait pas seulement à travers l’espace, mais aussi à travers le temps, pouvons-nous y lire. Nous marchions vers l’Orient, mais nous traversions aussi le Moyen Âge ou l’âge d’or, nous parcourions l’Italie ou la Suisse, mais nous campions aussi parfois au milieu du Xe siècle et logions chez les patriarches ou les fées. ». Qu’il en soit ainsi. "
 

lundi 13 avril 2020

Quand la Fiction anticipe la Réalité

Mes réflexions sur les éventuelles capacités prédictives des auteurs de fiction et sur les effets de notre tendance à la fabulation et à l'auto-fictionnalisation sont le sujet principal de ma tribune publiée chez Viabooks : Quand la fiction anticipe la réalité : l'épidémie de coronavirus déjà racontée ?
J'y formule brièvement mon hypothèse, différente de celle de Pierre Bayard en 2016 dans son essai Le Titanic fera naufrage aux Editions de Minuit. 
  
Lorenzo_Soccavo_2020-04-12 Viabooks
A lire librement sur Viabooks.fr
   
Sur le même thème : Comment fabuler l'après Covid-19 ? sur FuturHebdo. 
Ce thème des fictions prédictives peut être l'objet de passionnantes conférences, je suis à votre écoute... 

lundi 6 avril 2020

Percer le mystère de la lecture

Lorenzo Soccavo_2020-04-06 Lecture et mystique de “la belle enceinte” Institut Charles Cros
Lire gratuitement le texte...
Mon texte intitulé : Lecture et mystique de "la belle enceinte" accessible sur le site de l'Institut Charles Cros poursuit la réflexion entamée en septembre 2018, avec la publication de La vérité des textes (et ses propres questions d'alors : "Les textes peuvent-ils être porteurs d’une quelconque vérité, alors qu’ils fixent la parole vivante ? Comment pourrions-nous y accéder?") dans la revue littéraire de Bernard-Henri Lévy, La Règle du Jeu.
 
Cette réflexion nous conduit aujourd'hui à formuler l’hypothèse suivante, à savoir que : "le mystère de la lecture serait de même nature que celui de l’Annonciation, c’est-à-dire qu’il serait celui de notre possible accession à la lisibilité de nos propres destins de lectrices et de lecteurs, la prise de conscience du sens dont nous sommes enceintes.
  
Ce sujet, qui peut être richement illustré, peut faire l'objet d'interventions de ma part et notamment de conférences. Je suis à votre écoute...

samedi 28 mars 2020

Un besoin urgent d'utopies !

Lorenzo_Soccavo_2020-03-27 FuturHebdo
Accès libre en suivant ce lien...
Mon texte Comment fabuler l'après COVID-19 ? est en ligne sur le site de Futur Hebdo, le magazine de notre futur immédiat
 
Dans ce texte j'ai voulu pointer plusieurs aspects qui m'apparaissent essentiels dans la crise sanitaire et sociale que nous traversons : 
  • Le fait que nommer n'est jamais sans effets. 
  • La prudence nécessaire que nous devrions toutes et tous manifester dans l'usage que nous faisons des métaphores.
  • La contamination qui agit au niveau du vocabulaire.
  • L'aide que peuvent nous apporter les mondes de fiction.
  • Les leurres de l'auto-fictionnalisation.
  • Le bien que pourrait nous apporter des contre-récits utopiques face aux dystopies et aux récits de la collapsologie.
  Et vous, qu'en pensez-vous ? 

jeudi 5 mars 2020

La fiction est-elle un virus ?

Coronavirus - Domaine public - Source
Notre réalité quotidienne nous confronte régulièrement à des collisions avec la fiction.
 
Des films sur la propagation planétaire de dangereux virus s’entremêlent avec une épidémie de Coronavirus (voir photo) laquelle, par la puissance de son seul nom, a des effets désastreux sur la vente des bières Corona, tandis que les ventes de La Peste d'Albert Camus augmentent, comme avaient augmenté avant celles de Paris est une fête d'Ernest Hemingway après les attentats terroristes de fin 2015 à Paris, et en avril 2019 celles de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo après l’incendie de la cathédrale.
Mais la peste chez Camus est un masque du nazisme et Paris est une fête d'Ernest Hemingway est davantage un récit sur ses années de bohème, voire de galère que sur des années de fêtes. Paris est une fête n'est d'ailleurs pas le titre original du livre, traduit et posthume. Le véritable livre de la fête chez Hemingway est bien plutôt Le soleil se lève aussi
De tels engouements publics se fondent donc bien davantage sur l'émotion que sur la raison. D'autre part, la membrane qui séparerait la fiction de la réalité semble poreuse à plus d'un titre (sic). Récemment un film expose un chantage à la sextape alors qu'une "affaire Benjamin Griveaux" se répand dans les médias. Hasard sans doute.

S'il y a indéniablement des collisions il y a aussi parfois des collusions. 
Cette situation pose plusieurs questions au premier rang desquelles la suivante : assistons-nous véritablement à un phénomène de fictionnalisation du réel, ou bien n'est-ce là qu'une illusion, une impression que les humains auraient ou pourraient avoir à toute époque ? 
L'hyperconnexion permanente pour un nombre croissant d'individus et le rôle de plus en plus controversé des réseaux sociaux et des hashtags ont certainement un effet amplificateur.  
Le réel est-il contaminé par la fiction ?  
Si oui, l'évolution de l'épidémie est-elle sous contrôle ?
 
Dans une récente Tribune dans Livres Hebdo je pointais le statut de réalité auquel peut accéder un glissement dans la fiction, en référence à l'ouvrage Le Consentement de Vanessa Springora et à "l'affaire Matzneff", après avoir ici même essayé peu avant d'apporter un éclairage sur ce conflit apparent [Réalité vs Fiction] par le biais de "l'affaire Epstein" et les romans de Vladimir Nabokov.
 
L'article dans Le Gorafi
C'est dans ce contexte que récemment le site d'information parodique Le Gorafi, dont certaines informations fictionnelles ont été et sont encore parfois prises comme véridiques, tant par des internautes que, plus rarement il est vrai, par d'autres médias, a publié de façon rapprochée deux informations factices surprenantes : la première sur la possibilité de métalepses, le passage d'un monde à un autre, la seconde sur une possible communication entre personnes (en l’occurrence des joueurs de jeux vidéo) et personnages (NPC, non-player character).
L'article dans Le Gorafi
Cette actualité et ces affaires, ces choix révélateurs, symptomatiques, d'une publication parodique, entrent en résonance avec deux de mes récents programmes de conférences :
 
Je pense en effet que nous devrions être davantage vigilants au phénomène de double surexposition qui semble bien s'amplifier  : une surexposition de la réalité à la fiction, et, une surexposition de la fiction à la réalité. 
(Que se passe-t-il au niveau de la membrane qui les séparerait ?)
Et vous, qu'en pensez-vous ?