dimanche 22 avril 2012

Semaine 16/52 : Une vraie ambition pour le livre et la lecture !

Durant l’année 2012 j’ai décidé de publier ici même chaque semaine un billet exprimant mon ressenti personnel sur la semaine précédente, dans la perspective, bien évidemment, des problématiques de la prospective du livre et de l’édition.
Ce post est donc le 16/52.
 
En somme, malgré les presque 300 sources en ligne qui sont l’objet de ma veille stratégique quotidienne, que retenir de cette semaine écoulée, sinon cette sempiternelle rengaine d’actualités anglo-saxonnes et de propagande marketing, mêlées dans un même flux que je trouve pour ma part de plus en plus écœurant. 
 
Oui, le constat est désolant : il n’y a pas en France, ni au niveau de la francophonie, une véritable ambition pour le devenir du livre et de la lecture au 21e siècle.
 
La peste ou le choléra ?
 
Sur le terrain, au niveau des "vrais gens", comme il était à la mode de dire il y a quelques mois, il n’est pas tant que cela juste que le livre et la lecture aillent mal.
Il y a toujours eu des lecteurs, et, par ailleurs, des personnes potentiellement tout aussi intéressantes et cultivées et parfois plus humaines et cependant moins attirées par la lecture.
De mes observations personnelles dans les transports en commun parisiens il ressort que le papier imprimé est encore le premier support de lecture des franciliens (étant entendu que ce ne sont pas toutes les couches socioprofessionnelles qui utilisent ces transports en commun, pas très propres, plutôt sales souvent, bondés à certaines heures et soumis à des perturbations de trafic…). De plus les jeunes générations d’une vingtaine d’années s’accrochent, d’après ce que je peux en percevoir, au livre imprimé comme à une bouée culturelle, scolaire et familiale, dans un monde qui donne peu de repères (et repaires) stables.
  
Dans le passage de l’édition imprimée à l’édition numérique il faudrait faire la part des choses entre :
- Les véritables nécessités à changer de paradigme pour le livre et la lecture (je le redis : le futur du livre ne peut pas être son passé).
- Les nouveaux besoins artificiels engendrés par des industries anglo-saxonnes du divertissement de masse.
- Les relais d’opinion par des acteurs convertis, soit technophiles, soit commercialement intéressés par rapport à leurs activités professionnelles et qui, par ailleurs, ne sont pas (n’étaient pas) des lecteurs de livres imprimés (il doit y en avoir un certain nombre je pense parmi les blogueurs et les éditeurs pure-players).
- Le travail de désinformation et de manipulation des lobbies.
 
La lecture, comme pratique culturelle, et le marché du livre n’ont pas attendu le numérique pour être en crise. La multiplicité des loisirs invasifs, la marchandisation des critiques, des prix littéraires et de la politique du livre y ont largement contribué depuis plusieurs décennies. Les auteurs (le Baromètre des relations auteurs / éditeurs de la Scam (Société civile des auteurs multimédia) l’atteste année après année depuis quatre ans), les auteurs sont de plus en plus outrés par certaines pratiques des éditeurs, particulièrement concernant la promotion et la commercialisation de leurs livres et, tout particulièrement, les redditions des comptes. « 31% des auteurs estiment que leurs relations avec leurs éditeurs ne sont pas satisfaisantes et 8% d’entre eux qu’elles sont conflictuelles. » et le numérique n’y est pour rien.
Quant aux libraires, le coût prohibitif des loyers en centres villes et les conditions imposées par les diffuseurs suffisent à les étrangler ! La diffusion/distribution du livre imprimé est trustée par une poignée de sociétés qui appartiennent aux grands groupes éditoriaux, lesquels sont entre les mains d’un très petit nombre de personnes qui contrôlent tout le marché du livre imprimé et freinent aujourd’hui tant et autant qu’ils le peuvent le développement d’un marché du livre numérique qui sera sous le contrôle de sociétés étrangères, fiscalement domiciliées en Irlande ou au Luxembourg. (Cette semaine le Syndicat national de l’édition déclarait redouter « une reconfiguration monopolistique de ce secteur de l’économie culturelle, en laissant libre cours au dumping tarifaire pratiqué par les revendeurs les plus puissants ».)
Nous avons le choix entre la peste ou le choléra !
Le système actuel ou un pas meilleur pour les lecteurs, les auteurs et les libraires.
 
Mais que serions-nous en droit de revendiquer ?
 
Je vais être clair et concis (« Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément. » comme me disait Boileau).
Je vais aussi lister ici des idées pour certaines exprimées à leurs origines par d’autres que moi (histoire de faire risette à mes détracteurs de l’ombre, de l’ombre car ils ne s’expriment guère ici ni devant moi) :
  
- Les classiques de la littérature mondiale devraient relever du patrimoine universel de l’humanité, être protégés comme tels par l’Unesco, ils ne devraient faire l’objet d’aucune forme de commerce et devraient être librement et gratuitement accessibles à toutes celles et ceux qui souhaiteraient les lire et/ou en posséder un exemplaire (idée au départ évoquée par François Bon. Source).
- Abolition de la TVA pour le livre imprimé, numérisé et numérique (Déjà en Grande-Bretagne le livre imprimé n’est pas soumis à la TVA. De notoriété publique Antoine Gallimard serait pour cette abolition de la TVA sur le livre, imprimé en tout cas).
- Dans le contexte d’un passage de l’édition imprimée à une édition dite numérique, il faudrait réactiver la Déclaration d’indépendance du cyberespace, proclamée en 1996 (idée trouvée chez Olivier Ertzscheid sur Affordance. Source).
- Enfin, instituer les bibliothèques zones franches, espaces géographiques bâtis bénéficiant d'avantages tels que l'exonération de charges fiscales et de règlementations sociales avantageuses, et qui seraient consacrés à la sanctuarisation des livres (cette idée de sanctuariser les bibliothèques sous la forme de zones franches m’est venue de ma récente intervention sur le thème de La bibliothèque en 2042 et de l’urgence qui m’est apparue face à la dérive d’institutions essentielles à l’épopée de l’espèce depuis -288 av. J.-C (date supposée de la fondation de la Bibliothèque d’Alexandrie) et même depuis la Bibliothèque royale d'Assurbanipal (7e siècle avant J.-C.). Faut-il prendre pour modèles les pays d’Europe du Nord ? Quelles dérives le concept de "tiers lieu" peut-il engendrer ? - Lire à ce sujet Le concept de tiers lieu : retour aux sources par Marie D. Martel. Quand le dispositif de lecture devient une bibliothèque où est le bibliothécaire ?).
(En parallèle il faudrait élargir les compétences et le périmètre d’intervention de l’Enssib (École nationale des sciences de l'information et des bibliothèques) et donner un véritable élan aux Learning Centres notamment en leur assurant une ubiquité totale sur les territoires digitaux du métavers, les rendant aptes au télétravail collaboratif immersif et à l’apprentissage à distance tout au long de la vie. Passer rapidement des tiers lieux gadgets aux tiers lieux augmentés…) 
  
Car vouloir arrêter aujourd’hui l’évolution du livre à sa forme codex serait le condamner.
Une vision transhistorique nous révèle qu’au cours de quelques millénaires les supports d’écriture et les dispositifs de lecture seront passés de la pierre au pixel.
Ils ne savaient ni lire ni écrire et aujourd’hui ils surfent sur le web. Voilà les hommes !
En 2012 que peut en effet « un système fini [le codex], face à une demande infinie [les internautes] » (détournement non autorisé d’une citation de Michel Foucault, dans Dits et écrits, tome IV, 1980-1988, Gallimard). Et pourtant une liseuse n’aura certainement jamais le charme d’un livre que l’on ouvre et qui vous ouvre ses bras. Mais c’est ainsi. C’est participer d’une histoire de l’espèce de l’âge de pierre à celui… du flux (?), avancer à contre-courant de la minéralisation car sans cela, dans le contre-sens, la planète finirait par chuter dans l’abîme de l’inanimé, les divinités y jetteraient juste un dernier regard dans lesquels je lirais un brin de déception et leur chef, pointant la Terre de son index dirait juste ces mots simples : « Gros caillou. », alors, ils détourneront leurs regards et recommenceront à banqueter.
 

20 commentaires:

  1. J'ai oublié un point que nous sommes en droit de revendiquer également:
    - une extension, une harmonisation internationale et une sanctuarisation du domaine public garanti par L’OMPI (Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle).

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  2. C'est un de vos posts les plus aiguisé, sur un blog qui n'en manque pas !

    Le cadre numérique des lectures de demain est tributaire de ces exigences, des revendication des lecteurs (autour de ces "droits" du lecteurs qu'Alain Giffard oppose aux circuits des lectures industrielles qui sont en train de prendre la main dans le domaine du numérique).

    Je suis arrivé ici, à minuit pile, sur un tweet de @jpPastor —
    et je rebondis plusieurs heures plus tard avec un post sans doute un peu décousu sur mon blog, mais j'y échafaude avec bonheur un texte qui tiendra plus du sac de bille étalé sur un plateau de go que du roman papier !

    Je sais qu'à chaque fois que je repars de votre blog, une ou deux notions en moi ont légèrement pivoté & commencé à muter...
    le futur du lire sera à la croisée de ce type d'effets secondaires
    & de l'art perpétué des rétentions tertiaires !

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  3. @ Noam : merci :-) En effet, par ricochets et par échos, la réflexion s'enrichit de reflets qui parfois peuvent dessiner des perspectives nouvelles. Votre post lui aussi a enrichi d'autres facettes de ma/mes réflexion(s) sur la notion de page, par rapport aux tablettes, et maintenant aux plateaux de jeux... A suivre...

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  4. Assez d'accord avec les propositions avancées. J'y ajouterai des tarifs "discount" pour les livres du patrimoine public - obligatoires - et pour les nouveautés, pour une durée limitée. Ceci implique un contrôle général, ce qui me paraît nécessaire. On vit en société, ça veut dire organiser la société, maîtriser le marché...Qui ne s'en portera pas moins bien, car la lecture repartira. Et elle en a grandement besoin - la lecture en milieu populaire s'effondre, en termes d'achats, voir les stats du CNL -.

    Par ailleurs, je ne suis pas vraiment d'accord quand l'auteur affirme "Les véritables nécessités à changer de paradigme pour le livre et la lecture (je le redis : le futur du livre ne peut pas être son passé".
    C'est un argument d'autorité qui ne repose sur rien. La lecture est plus confortable pour le lecteur avec le livre, sans parler des coûts à venir me semble-t-il, qui sont prévisibles avec les liseuses. On peut s'attendre à une hausse du hardware, si la bascule vers la liseuse se fait, une obsolescence plus rapide, et de la pub ajoutée..
    Aujourd'hui, de toute façon, y a pas photo. La vente du livre numérique est un échec.

    Il faut tabler sur les avantages réels que peut avoir le livre numérique, c'est-à-dire la possibilité de mener des recherches dans le texte plus facilement, de croiser avec d'autres textes, etc...Mais le lecteur lambda lit comme il lit sur papier.
    Ne pas oublier non plus les multiples avantages du livre papier : conservation, caractère concret, capacité à vieillir comme son lecteur en gardents des fragments/symboles de la vie de celui-cie (taches, grain de terre, de sable, etc).

    Ce qui m'importe, en tant qu'écrivain, c'est le développement de la lecture, qu'elle soit "papier" ou numérique.
    Et bien sûr l'amélioration des relations éditeurs/auteurs, qui passent, dans le cas du numérique, par une revalorisation massive des droits d'auteur. Pour le papier, nul n'ignore le fil sur lequel subsistent la petite et moyenne édition, vraies vecteurs de la création en France, alors je ne demande pas une hausse des droits, mais leur maintien et des aides, non faites des productions ou des cas particuliers, mais sur une échelle générale, pour aller du "contrat" à la loi qui seule permet une égalité dans l'harmonie et aide à sortir de ce permanent soupçon entre auteurs et éditeurs au mieux, ou pas, avec le Prince.

    Tout ceci passe par une politique volontariste de l’État. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. On est dans le saupoudrage et le copinage, avec une révérence permanent devant les industries du livre qui se soucient plus de l'actionnaire que du lecteur ou de l'auteur.
    Dans ce domaine-là, il est certain qu'il faut faire un saut qualitatif et passer d'une économie du produit à une société de la création.

    J'ai moi-même développé un peu ces sujets. Si ça vous intéresse...
    http://www.laplumeetlesombres.fr/article-un-personnage-tres-connu-et-peu-populaire-le-livre-97296219.html
    http://www.laplumeetlesombres.fr/article-un-personnage-tres-connu-et-peu-populaire-le-livre-2-97449599.html
    ...Il y 5 en tout cinq parties à cet article.

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  5. Bonjour M. Soccavo,

    Vous vous plaignez de ne pas recevoir d’opinions contraires (en évoquant, il me semble, une certaine lâcheté chez vos « détracteurs de l’ombre » ; peut-être une occasion de vous interroger sur la visibilité de votre blog et sur une possibilité d’encourager plus clairement les lecteurs à faire commentaire ?). Je me sens donc dans l’obligation de vous en livrer une ici. (Mon commentaire concerne deux de vos articles : 15/52 et 16/52). Mes remarques sont très spontanées et viennent d’une expérience personnelle de la lecture, particulièrement de la lecture électronique. Je les écris ici parce qu’elles représentent le « camp » opposé au vôtre dans le débat sur la nature, le rôle et le devenir de la lecture dans un monde numérique. Je ne prétends pas affirmer que mes arguments sont plus valables que les vôtres : il s’agit d’apporter une pondération à vos propos. J’espère avant tout ne pas avoir fait de contresens sur vos propos ! Et je suis ouverte aux réponses de manière générale.
    NB : je ne travaille ni dans l’édition, ni dans un autre métier de l’information ou de l’écrit, ni dans le web :-)

    Je commence par citer les nombreux avantages que mon expérience du Kindle m’a montrés. M. Lasverne évoque l’avantage de la « conservation ». Mais l’ordinateur et autres appareils électroniques sont eux aussi un outil de stockage, et de surcroît encore plus efficaces puisqu’ils permettent un stockage dématérialisé (donc moins cher et embarrassant), mieux classé et référencé, intégral (ou presque) – ce qui permet de faire des liens directs entre ouvrages immédiatement disponibles –, et mobile. De plus l’amélioration des techniques de conservation permet de limiter la perte de données. Ils permettent aussi de ne pas se déplacer (ni attendre l’arrivée d’un colis) pour obtenir des livres. Comme évoqué ci-dessous, ils se confèrent des avantages réciproques entre eux sur la lecture d’ouvrages : un e-reader complète un ordinateur en tant que moyen de lecture, les fonctionnalités (et l’utilisation qu’on en fait) d’un smartphone complètent celles d’une tablette.

    Un élément qui manque à vos remarques est la question cruciale des usages. Tout utilisateur des 4 appareils dont vous parlez (e-reader, tablette, smartphone, ordinateur) ne se sert pas de son appareil de la même façon que son voisin – ce qui se reflète, par exemple, dans ses achats de produits, justement. Concernant le cas particulier de « service » offert qu’est la lecture : tout lecteur ne lira pas la même chose, ni dans le même but, sur un iPad que sur un Kindle, car les fonctionnalités offertes (et les consommateurs) ne sont pas les mêmes. Il faut donc comprendre ces différents appareils dans la globalité de leurs utilisations – y compris leur complémentarité entre eux –, et non dans la seule perspective de la lecture. Cela ne ferait aucun sens, car il y a des compromis. En guise d’exemple, je ne peux pas imprimer tous mes dossiers, donc je lis beaucoup sur mon écran d’ordinateur. Ce n’est pas « confortable », comme le dit M. Lasverne. Mais ce n’est pas pour cela que je suis moins concentrée et que je retire moins d’enseignements de mes lectures. L’inconfort de lecture me semble représenter un compromis pour toutes les autres possibilités qu’offre un ordinateur. C’est un désavantage parmi d’autres, qui ne doit pas faire oublier les avantages d’un ordinateur. Il en est de même pour une tablette : il permet non seulement de lire, mais aussi de se connecter à Internet (pour un renseignement, une vérification…) pendant la lecture et pendant un déplacement.

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  6. Sur le prix des appareils, 2 commentaires. 1. Les livres sont loin d’être bon marché. L’une de mes camarades d’université m’avouait rogner sur son budget nourriture pour pouvoir se permettre d’acheter le dernier prix Goncourt (15, 20€ ?)… 2. Nous ne sommes qu’au début de la structuration du marché du livre numérique ! M. Lasverne évoque « l’échec [de] la vente du livre numérique », mais le secteur doit encore affiner sa proposition de valeur. Pour attirer les acheteurs, les livres numériques devront nécessairement être nettement moins chers que leurs camarades papier (ce qui est rendu possible par les coûts de revient moins élevés). Pensons au modèle économique de la musique dématérialisée. Quant à l’obsolescence, comptons sur les nombreux moyens que les geeks dégourdis trouvent pour la contourner. En outre, plus le secteur des tablettes se consolidera, plus il y a de chances pour qu’un acteur low-cost émerge.
    Un autre problème clé et similaire, que vous ne mentionnez pas, réside dans le catalogue d’e-books proposés. Je trouve l’offre trop limitée.

    Votre mention de la publicité me semble porter un jugement de valeur. Une « méthode invasive » ? Je citerai un article de Challenges.fr du 16 avril 2012 : « Les publicités pour d’autres livres dans un ouvrage ne sont pas des nouveautés. Elles existent depuis longtemps dans les ouvrages papier et parfois sur la quatrième de couverture. » Par ailleurs, ce sujet s’intègre dans un débat plus large sur la publicité (dans nos emails, nos réseaux sociaux…). Vous voulez « sauver » le livre et la lecture, qui, comme vous le dites bien, n’ont pas attendu le numérique pour décliner. Mais les soutiens publics et politiques ne suffisent pas. Les initiatives privées sont aussi importantes. Or, pour que des initiatives privées émergent puis fonctionnent, il faut bien monétiser les services offerts (par exemple de lecture). La publicité constitue un moyen comme un autre (comme les prix « imposés » au consommateur) pour les prestataires de services numériques de gagner de l’argent. Je ne vois pas le problème qu’il y a à « transformer le lectorat en audience pour lui montrer des publicités ». A nous de savoir gérer l’incitation à la consommation. Dans ma génération, nous sommes tellement habitués à la publicité ubiquitaire que nous ne voyons que celle qui nous intéresse par sa proposition de produits dont nous avons besoin ou envie. Je pense que le problème principal (que vous n’évoquez pas) réside plutôt dans la forme que la publicité va prendre dans le livre numérique. Evidemment, le lecteur ne souhaite pas être interrompu dans sa lecture par un pop-up intempestif. Mais pensez qu’Amazon le sait bien ! Le but reste de vendre des e-readers et des e-books, pas de décourager l’achat.
    Par ailleurs, pour répondre au souci du prix, on peut imaginer un système où l’on choisit de payer moins en échange de publicité (à l’inverse d’une publicité imposée).

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  7. La mention des initiatives privées m’amène à un autre point de désaccord. Le fait « d’inventer la demande » me semble relever de la thématique de l’innovation. En fait, il s’agit moins souvent de créer une demande que de cristalliser des besoins existants dans un produit ou un service particulier (et particulièrement attrayant). Le travail de lancement de produit réside davantage dans l’identification des besoins existants mais non traités de clients (potentiels ou existants) que dans « l’imposition » de désirs vraiment nouveaux. Votre évocation de « nouveaux usages imposés par le marché » (quel marché ?) témoignerait-elle alors d’une méconnaissance du fonctionnement de l’entreprise (privée) ?...
    Que ce soit « pour rendre l’achat nécessaire » est logique, mais dans un second temps. Vous amalgamez en effet l’émergence de l’innovation et sa commercialisation. Un innovateur (privé) n’innove pas pour le plaisir d’innover, le but est d’en faire un marché, d’une part pour que l’innovation diffuse au plus grand nombre, d’autre part pour que le créateur puisse survivre… Le but d’une innovation mise en marché n’est pas de soutirer le maximum d’argent (et de contrôle) au client, mais de créer une activité, une entreprise. C’est le principe du capitalisme – ce qui n’interdit pas de remettre en cause ce principe de notre société, mais qui ne permet pas d’accuser les entreprises d’appareils numériques de vouloir engendrer l’acte d’achat !
    Ainsi, les producteurs d’appareils électroniques de lecture ont, me paraît-il, plutôt répondu à la demande existante mais non identifiée avant, correspondant aux avantages que j’ai listés au-dessus.

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  8. Sur le sujet plus large, philosophique, de la lecture en soi, je ne comprends pas vos arguments. (Et serai heureuse d’avoir des éclaircissements !)
    Pourquoi la tablette numérique est-elle une (et même la) « décision prise à l’avance » en tant que « partie d’un système organisant (donc contrôlant) la lecture » ? En quoi Amazon contrôle-t-elle ma lecture sur Kindle ? Je peux voir 3 réponses à cette question :
    1. Dans la limitation du catalogue de titres évoquée précédemment, mais de même certains titres physiques peuvent être en rupture d’impression, et comme dit ci-dessus la question du catalogue dans les industries culturelles n’est (en restant optimiste…) qu’une question de temps.
    2. Dans la concentration des gros acteurs (Amazon, Google…) dans le secteur. Comme je le disais précédemment, il y a encore de la place pour d’autres propositions de valeur, y compris les low-cost ; et la réglementation des monopoles est, me semble-t-il, bien connue des pouvoirs publics. (Par ailleurs, je ne vois pas de problème à bénéficier des offres des entreprises « anglo-saxonnes ». Elles font travailler des Français aussi, et produisent une offre qui convient à leurs clients, y compris français. La vieille mentalité franco-française qui aime critiquer les produits dits « anglo-saxons » – un terme qui désigne d’ailleurs les racines allemandes des premiers Britanniques… – me paraît obsolète. Que Google soit américaine ou française est franchement égal aux membres de ma génération.)
    3. Dans le choix de nos lectures (comme on personnalise nos pages d’actualités). Je vous rejoins sur le fait que les consommateurs de contenus dématérialisés « au fond, n’en demandent pas tant [de choix] ». Mais concernant le livre en particulier, je ne vois pas de différence entre le choix opéré par le lecteur sur le livre numérique qu’il va lire et celui réalisé sur le livre papier.
    En outre, le livre papier n’est-il pas le résultat d’un processus de sélection par les éditeurs ? Nous ne pouvons pas accéder aux manuscrits d’auteurs non publiés, n’est-ce pas là un « contrôle » de ce que nous pouvons lire ? L’information disponible dans les médias n’est-elle pas elle aussi triée à sa source ? Tout propos énoncé, de manière générale, est nécessairement le résultat d’une éditorialisation, d’une « organisation », d’un « contrôle » de la part de celui qui l’émet. Au récepteur de garder un esprit critique et, à son tour, de « sélectionner » ce qu’il souhaite conserver. (La sélection reste le propre de l’humain, étant donné notre entendement limité.)

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  9. Je ne vois pas pourquoi la lecture numérique serait « un évanouissement de la lecture ». Cela sonne comme « un argument d’autorité qui ne repose sur rien », comme le formule si bien M. Lasverne. Je suis d’accord avec vous sur le fait que le numérique apporte non seulement un nouveau canal de lecture, qui engendrera peut-être (sans doute) de nouvelles techniques ou démarches de lecture, mais quelle est pour vous la définition profonde, le principe, l’essence de la « lecture » ? A vous lire on a l’impression que la lecture se définit par son moyen, et dans votre opinion, par le moyen papier. Ou, dans votre paragraphe traitant du « désappren[tissage] de la lecture », elle semble conçue comme une aptitude similaire à celle d’écrire ou de compter. Drôles de définitions ! Je suis ainsi d’accord avec M. Lasverne quand il dit que ce qui importe « c’est le développement de la lecture, qu’elle soit papier ou numérique ».
    En fait, il me semble que les nouvelles technologies en général nous permettent de gagner du temps. Certes, on est sans doute de moins en moins capable de s’orienter seul avec l’arrivée du GPS sur nos smartphones, on tape plus vite qu’on n’écrit, on calcule moins vite. Mais est-ce vraiment un problème de fond, ou du moins le problème principal sur lequel se pencher ? D’abord on ne cesse pas complètement de savoir écrire, compter, lire, et encore moins d’être intelligent. La machine n’est intelligente que sur les questions pratiques, pragmatiques (s’orienter, faire le ménage…). La tablette fait-elle disparaître la réflexion humaine ? Même dans les théories de la singularité, l’humanité est-il totalement niée ? Ensuite, le gain de temps causé ne permet-il pas de se consacrer à d’autres activités, plus épanouissantes que la vaisselle ou que de se perdre dans les rues ?
    Par ailleurs, est-il prouvé que le papier a un pouvoir d’enseignement supérieur à l’écran e-ink d’un Kindle ? Pour ma part, je ne reste pas nécessairement concentrée plus longtemps sur un ouvrage papier. Mon Kindle, sur lequel je transfère mes dossiers, me procure un confort de lecture largement supérieur à l’écran PC. Paradoxalement, le Kindle que vous critiquez constitue alors une innovation dont le confort « revient » au livre, tout en offrant les avantages évoqués ci-dessus (téléchargement à distance, stockage, déplacement…). C’est un processus presque dialectique (règne du livre, négation du livre par l’ordinateur, dépassement du livre et de sa négation par la tablette…). En fin de compte, pour retenir quelque chose d’une lecture, ce dont j’ai besoin, c’est de prendre des notes (manuelles ou tapées) et de prendre un temps de réflexion sur ce que je lis. Ce dernier élément, celui du temps et de la digestion de lecture, mérite sans doute plus d’attention que le problème superficiel du device utilisé.

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  10. Comme vous, je suis convaincue que « le futur du livre ne peut pas être son passé », et « interroger » sur l’avènement de l’ère numérique dans le livre me paraît essentiel et sans doute pas assez entrepris. Mais votre ton laisse penser que vous n’appréciez pas ce changement ! Un mélange d’amalgames (comme évoqués ci-dessus, auxquels je rajouterai l’utilisation d’expressions vagues et d’approximations : « le marché », « les services marketing » (ce ne sont pas qu’eux qui lancent un produit), « les internautes ») et de champ lexical tour à tour mélancolique (objet « parfait », « charme ») et accusateur (« fantôme de livre », « imposition », « asservissement », « moutonniers », « peste et choléra », et j’en passe…) le donnent à penser.
    Finalement, vous traitez du livre et de la lecture numériques comme d’un nouvel objet (« l’apparition … d’autre chose ») mais vous les considérez par rapport au, à partir du livre papier. Pourquoi ne pas se pencher sur le potentiel des appareils numériques en eux-mêmes, « un tout en [eux]-mêmes », comme vous parlez du livre ? La tablette numérique constitue une innovation technologique. Le livre reste un livre. Pourquoi sembler vouloir conserver l’expérience de la lecture telle que nous la connaissons depuis l’ère de la « tablette d’argile » ? Pourquoi la lecture dans son principe, son essence, serait-elle mise en danger par de nouveaux modes (ce qui n’inclut pas seulement le moyen) de lecture (autres que le livre, sans nécessairement le remplacer) ? Ne pourrait-on pas imaginer de nouveaux modes de lecture, tout comme l’iPad permet de nouveaux modes d’enseignement, sans regretter avec larmes et sanglots ‘l’ancienne’ lecture que le « lecteur formé aux livres sur papier imprimé » a connue ?

    « Les jeunes générations d’une vingtaine d’années s’accrochent, d’après ce que je peux en percevoir, au livre imprimé comme à une bouée culturelle, scolaire et familiale, dans un monde qui donne peu de repères (et repaires) stables. » Ce n’est pas mon cas. Ces « repères » peuvent aussi être technologiques. Je suis jeune (j’ai 25 ans) et, si le livre papier est un immense plaisir, ce n’est certainement pas une « bouée » – cela serait faire injure aux auteurs. Je ne lis ni pour le device (que vous traduisez par « appareil », mais dont le sens premier est « technique, moyen », du latin dividere, séparer – le livre est donc lui aussi un device), ni pour le fait de lire, mais bien pour le contenu de l’écrit (ou dans certains cas pour l’auteur).

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  11. « Et pourtant une liseuse n’aura certainement jamais le charme d’un livre que l’on ouvre et qui vous ouvre ses bras. » Ceci me semble être encore un « argument d’autorité qui ne repose sur rien ». Pourquoi ce petit appareil ne pourrait pas avoir de « charme » pour certains ? Moi, j’aime son écran, qui n’est pas celui d’un ordinateur, j’aime ses écrans de veille qui changent tout le temps, et j’aime le fait que mes amis me l’aient offert en cadeau commun, parce qu’ils savent que je lis très souvent (comme j’aime un livre qui m’a été offert). J’aime aussi la marque Amazon, parce qu’elle est innovante et qu’elle m’a permis d’acheter moins cher de nombreux… livres.

    En outre, le livre ne devrait pas disparaître complètement. Alain Lasverne mentionne bien les avantages propres au livre, et que les appareils numériques ne remplacent pas : « caractère concret, capacité à vieillir comme son lecteur en gardant des fragments/symboles de la vie de celui-ci ». Tout comme les vinyles n’ont pas disparu, les livres resteront probablement en vie.

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  12. Dans de nombreux débats autour de l’écosystème numérique (celui de la lecture et du livre, mais aussi celui autour de la vie privée, du transhumanisme, de la perte de facultés humaines en général…), je perçois de fortes différences générationnelles. Vous me répondrez que c’est le rôle des « Anciens » d’éviter aux « Jeunes » de tomber dans les pièges du tout-numérique. Je vous répondrai qu’en effet, les mises en garde permettent de (finir par) poser des garde-fous. Mais je trouve infructueux le parti pris de la peur face au changement : oui, la technologie, y compris celle du livre numérique, peut avoir des conséquences désastreuses, mais aussi des impacts salvateurs. Je trouve infructueux le ton que prennent les « conservateurs » qui usent trop souvent de ces « arguments d’autorité qui ne reposent sur rien » (cf. mes commentaires précédents). Et je trouve infructueux les lieux d’expression sans débat (où sont les professionnels du web sur votre blog ?).

    En conclusion, ne croyez pas que je ne voie aucun inconvénient au livre numérique. Outre les problèmes de catalogue et de prix cités précédemment, le problème des droits d’auteur, donc du prêt de nos livres numériques, est important. J’omets sans doute d’autres problèmes cruciaux. Mais il ne s’agit pas de repousser les technologies de lecture numérique. Certains utilisateurs les remercient, d’autres n’en font aucun cas : la généralisation est inutile.

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  13. Merci pour votre contribution à la prospective du livre ! Et pardon pour la longueur des posts!!

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  14. Un lien qui appuie et complémente mon propos: http://www.nonfiction.fr/article-5750-la_guerre_des_livres_naura_pas_lieu.htm

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  15. Marguerite, je reviens un tout petit peu sur vos messages, forts intéressants, pour relever ce qui fait dissensus à mes yeux - non pas par volonté critique à tout prix, mais vous savez que les gens heureux n'ont pas d'histoire, et vous avez bien identifié nos points d'accord par rapport à l'article de fond de Lorenzo Soccavo -.

    Si j'en juge par mon expérience, je crois que le Net est chronophage, même si les nouvelles technologies semblent faire gagner du temps. La lecture d'un tweet, le visionnage d'une image Facebook, etc, induisent de nouveaux sauts quanticolittéraires, qui engendrent chez moi quelques idées à moitié fictionnelles, à moitié réelles. Ce, avant que je ne tombe sur un article comme celui de Lorenzo, auquel cas j'ai du mal à ne pas m'introduire dans le fil, etc.

    Pour ma part, je reste "plus longtemps concentré" sur un livre, me semble-t-il. En réalité, je passe plus de temps sur le Net qu'à lire du papier, mais la lecture du Net est discontinue, on est un sujet, on part, on revient, on oblique, tandis que celle du livre est focalisée. Ce qui est en rapport avec l'empreinte qu'elle laisse, je crois.

    "pour retenir quelque chose d’une lecture, ce dont j’ai besoin, c’est de prendre des notes (manuelles ou tapées)".
    Oui et non. Oui, pour les lectures d'ouvrages "scientifiques", non pour les autres qui nécessitent un esprit vacant, ouvert, c'est-à-dire dégagé des soucis, des parasites. Il y a sans doute, comme vous le dites, à regarder en profondeur là-dedans pour identifier les niveaux de lecture, comme on le fait pour les niveaux de sommeil. Niveaux qui permettront, ou pas, une empreinte...

    J'ai envie de conclure en reprenant la phrase de Lorenzo : "il n’y a pas en France, ni au niveau de la francophonie, une véritable ambition pour le devenir du livre et de la lecture au 21e siècle.". Elle me plaît comme l'auberge espagnole qu'elle est. On y trouve ce qu'on y a apporte et on peut partager et mélanger les mets pour en faire repas et faire des voyageurs des convives.

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  16. @ Marguerite et Alain : merci pour ces commentaires qui enrichissent ma réflexion et auront peut-être des échos dans mes posts à venir (?) :-))

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  17. @Alain:
    Je suis d'accord avec vous, les distractions d'Internet entravent la concentration donc la mémorisation. Cependant, 2 remarques:
    1. Il me semble que ce n'est là qu'une des conséquences de la lecture sur support numérique. Il ne faudrait pas ne considérer qu'elle et en faire un argument contre la lecture numérique. Ce problème existe en effet, et il faut le gérer : à nous de rester concentrés. Je cite Serge Tisseron dans un récent article du Monde: "Il y a une quinzaine d'années, on pensait la fracture[numérique] en terme social, entre les bien et les mal équipés. Aujourd'hui, elle oppose plutôt ceux qui savent ou non les utiliser." Plus précisément, aux enseignants du primaire et du collège-lycée d'apprendre à *bien* lire. En revanche, le caractère ludique d'Internet peut aider à apprendre à *lire* - un exemple de conséquence positive.
    2. Ne négligeons pas le fait que ces interruptions restent une source sans précédent d'informations et de dialogue !
    ==> Je ne crois pas qu'on puisse dire que la lecture sur Internet (ou sur e-book) "est" par essence discontinue, ce qui sous-entend une nature déficiente, mais plutôt qu'elle "risque d'être" non profitable, dans le cas où on ne prend pas garde au problème d'interruption.

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  18. Concernant la prise de notes, vous avez raison de faire la distinction entre lectures d'information et lectures ouvertes. Il y a ici, me paraît-il, distinction entre mémorisation et empreinte, la mémorisation référant plutôt à un processus d'apprentissage, tandis que l'empreinte serait attribuée à un processus de réflexion, de digestion, de maturation. Dans ce dernier cas (auquel vous vous référez je crois), je ne pense pas que le support change beaucoup les choses : n'avons-nous pas cet esprit vacant, qui fait émerger des pensées en germe, dans des circonstances très différentes de la lecture en soi ? Par exemple lors de conversations, de toutes nos expériences sensuelles, etc ?
    Finalement, n'est-ce pas à nous de nous habituer aux supports numériques plutôt que de dépenser vainement des moyens inconsidérés dans le sauvetage du papier (de plus pas très écologique) ?

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  19. @Marguerite
    D'accord avec 1, il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain...;) Une remarque sur l'école. Lui demander de se charger d'enseigner la "lecture Net" - s'il existe une "lecture-Net" essentiellement différente de la lecture ordinaire - est un peu, comment dire, un sillon trop creusé - en France...
    On ne peut, à mon avis, alléger l'école sans arrêt en moyens humains et matériels et vouloir qu'elle assume toujours plus de choses. D'autant que l'apprentissage de la lecture "papier" est un gros travail, qui laisse certains élèves - moins qu'on ne le dit - sur le bord et nécessiterait, déjà, plus de moyens...

    Sur le 2, vous avez raison c'est excitant enrichissant de vagabonder d'un texte à l'autre. Lecture discontinue ou pas...

    Je suis assez d'accord avec vous, aussi, sur l'idée d'empreinte que vous développez. Elle participerait de la mémoire à long terme et se ferait sans y penser. Les éléments seraient profondément ancrés, parfois cachés, mais prêt à ressortir et/ou à influencer notre vision du monde.
    Je pense, en l’occurrence, aux premières phrases d'une nouvelle de Jim Ballard, écrite au moment où il travaillait sur "Sécheresse". Elles représente pour moi la tonalité, la dynamique nécessaire, plutôt, de l'écriture, un combat dialectique entre l'esthétique et le sens, distinction formelle d'accord, mais difficile d'en produire une autre...Autour de ce souvenir confus mais persistant et émouvant - ainsi que d'autres, évidemment - , je me suis lancé, formé puis reconnu dans l'écriture et comme écrivain. Je ne sais si j'ai été très clair, là-dessus..
    Je crois qu'il ne faut pas "s'habituer" à un support, non il faut avoir plaisir à l'utiliser. Si la lecture devient un pensum, imaginez ce que ça va donner avec les élèves...J'ai plaisir à lire du papier; l'odeur, la texture, la couleur - le blanc/beige d'Actes Sud, c'est qd même qqch, non ?..- et ces "rides" d'un livre qui ressemblent aux miennes. Il faut encore que les fabricants de liseuse réfléchissent à tout ça, à mon avis...

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  20. @Alain, merci pour vos commentaires stimulants, qui me donnent envie de lire vos textes!
    Point 1: L'école est moins une question de moyens que de leur distribution - et des programmes. Il ne s'agit pas de rajouter un cours "lecture numérique" mais d'apprendre "B-ABA" sur Kindle.
    Ce qui rejoint le point 2: je me demande si la génération qui me suit n'a pas plus de plaisir à lire sur un appareil numérique que sur du papier. C'est là où intervient la différence générationnelle, me semble-t-il. Dans ma génération, on est un peu à la frontière; moi, j'aime les 2 supports (certes, de façon complémentaire).

    Cette notion d'empreinte, telle que vous la décrivez bien, serait une idée philosophique à creuser (prévenez-moi si c'est déjà fait)! Elle a motivé votre profession (qui est aussi votre moteur, si je ne me trompe pas); elle est chez moi un principe permanent (qui exige d'ailleurs une grande lenteur, problématique). Il n'est pas impossible que beaucoup d'autres gens en usent, consciemment ou pas; et une "théorie" comme celle-ci aurait l'avantage de remettre en perspective le numérique, justement, et sa rapidité foisonnante.
    Quels sont les mots de Jim Ballard auxquels vous faites référence?
    Dans ce cadre de l'empreinte, la superficialité de la distinction forme/fond ne disparaît-elle pas? Vu que notre cerveau est stimulé par les 2, pour un résultat pas dichotomique...
    (Je ne suis pas très claire non plus...)

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