samedi 13 octobre 2012

Les temps du livre

Depuis 1971 le monde du livre vit sur une arythmie problématique.
Le 4 juillet 1971 Michael Hart à l’université d’Illinois numérisait pour la première fois un texte imprimé : l’eText#1. Le 15 août Richard Nixon suspendait la convertibilité en or du dollar. Ces deux actes signaient la désormais liberté des signes imprimés, qui s’inscrivaient à nouveau dans la chronologie des conversations.
Depuis l’été 1971 le livre est ainsi entré dans l’ère des e-incunables.
La digitalisation du livre, marqueur temporel de cette nouvelle période, s’exprime à la fois par : la métamorphose des livres en tant que contenants, et, la volatilité du livre en tant que contenu.
Les outils informatiques permettent de pratiquer une lecture hyper-extensive, s’inscrivant sur d’autres rythmes que ceux des lectures intensives ou extensives sur papier imprimé.
L’uchronicité de la lecture immersive se réinvente ainsi dans la perspective transhistorique, caractéristique majeure de la prospective du livre (étude des mutations des livres conçus en tant que dispositifs de lecture, interfaces lecteurs/livres).
La lecture, née de la marche et de l’acquisition du langage articulé, est originellement un exercice du rythme.
Mais en 2012 le rythme de l’imprimé n’est plus en accord avec le tempo accéléré de l’époque. Nous vivons dans des sociétés où l’écran supplante le papier, l’image animée le texte.
Dans ce passage que nous traversons, celui de l’édition imprimée à l’édition numérique, temps du livre et de la lecture sont bouleversés. Le voyage du lecteur dans le texte se rythme sur une grammaire intérieure dérégulée par les dysrythmies d’un contexte d’hyper-connexion permanente (lecture connectée, lecture en streaming…), une économie de l’attention et du temps de cerveau disponible : tout un écosystème au sein duquel la lecture linéaire de temps long est perçue comme chronophage.
Aborder comment la digitalisation du livre conduit à reconsidérer les temps du livre et de la lecture apparaît aujourd'hui indispensable.
 
Le colloque de l'INHA
 
Le 09 novembre 2012, l'INHA (Institut national d'histoire de l'art) accueille un colloque sur ce thème.
Il y a quelques mois les organisateurs ont lancé un appel à contributions. J'y ai répondu.
Il y a quelques jours j'ai reçu un courriel collectif adressé à l'ensemble des intervenants retenus : "Bonjour, Nous sommes très heureux de vous apprendre que votre proposition de communication à notre colloque “Les temps du livre” a été retenue...".
Je réponds en remerciant de l'intérêt porté à mes travaux et, d'autant que la date est proche, en demandant quelques précisions sur la forme attendue pour ma prestation (communication orale, conférence avec slides, durée de l'intervention... ?).
Je m'étonne d'une mention précisant qu'il serait souhaitable que nuitées et frais de transport restent à la charge des intervenants, et, aucune allusion n'étant faite à une quelconque rémunération, j'en déduis qu'il s'agit de bénévolat.
Nonobstant je précise bien que je réserve la date sur mon agenda, ce qui signifie donc que je suis d'accord pour cette participation.
Sachant cependant que les actes des colloques des années passées ont fait l'objet de publications, je demande également : "ce qui est prévu au niveau contrat d'édition en cas de publication des textes comme pour vos précédents colloques".
Résultat ? Je reçois, sans explications aucune, une réponse en termes méprisants et annulant purement et simplement ma participation !
Outre l'incivilité et l'inélégance de la pratique, ce refus flagrant de répondre à des questions légitimes, comme celles que je posais tout en faisant preuve de compréhension et d'ouverture d'esprit, ce refus et cette volte-face peuvent laisser libre cours à toutes les interprétations et, dans tous les cas, ne véhiculent pas une bonne image de l'INHA. Dommage.

1 commentaire:

  1. En effet, c'est bien le moins qu'on puisse en penser. C'est quand même très bizarre cette absence totale de professionnalisme de leur part!

    RépondreSupprimer