Auteur en 2007 de l'ouvrage Gutenberg 2.0, le futur du livre (M21 éd.) j'ai craqué et j'ai vidé mon sac à l'occasion d'une Tribune libre sur IDBOOX. Je dis pourquoi les "liseuses" me déçoivent, pourquoi, en tant que lecteur, je me sens fortement frustré par ces prétendues "machines à lire"...
Blog 2025 de Lorenzo Soccavo | Fictionaute | Chercheur en Littérature, Prospective et Mythanalyse de la Lecture | Conférencier. Auteur. Enseignant et Formateur sur les futurs des dispositifs et des pratiques de lecture...
lundi 28 octobre 2013
dimanche 13 octobre 2013
Portrait du personnage de prospectiviste du livre en astrologue

Les prospectivistes ont cependant des portulans et des compas. Ces outils de navigation ne doivent pas être utilisés par eux pour suivre les voies tracées, ni celles indiquées par les boussoles. Demain est terra incognita.
Pour s’orienter il leur faut repérer dans les cartes les signaux faibles, les tendances, les phénomènes, et surtout les distinguer les uns des autres.
Les signaux faibles sont des informations indécises mais significatives, fragmentaires ou éphémères, voire simplement déduites, supputées par le navigateur, car répétées ou bien convergentes avec d’autres, comme, par exemple, le glissement de sens d'un mot. Quand un mot glisse cela est rarement sans incidence.
Les signaux faibles peuvent parfois se transformer en mirages. (Je pense que la fusion livre-site web est peut-être un mirage, surtout si on la considère par rapport aux évolutions prévisibles du web…)
Les tendances sont, elles, clairement avérées. Elles ont une certaine probabilité de poursuivre leur développement et de s'imposer à plus ou moins court terme, comme, par exemple, un nouveau modèle économique qui pourrait pour un certain temps réguler le marché et faire l’affaire de ses principaux acteurs.
Les phénomènes conjoncturels sont eux massifs comme des icebergs, imposants, mais ils fondent comme neige au soleil. Ils ne sont liés qu’à des effets de mode passagers, à des stratégies industrielles ou marketing, au travail des lobbies et de l’ingénierie sociale. Ils sont souvent renforcés par des "prophéties autoréalisatrices" véhiculées par les médias de masse.
Dans l’univers de l’écriture et de la lecture un prospectiviste aventureux peut découvrir de nouveaux territoires à explorer à condition, je pense, d’introduire dans la géométrie de sa recherche deux dimensions supplémentaires : l’une transhistorique, l’autre intuitive.
Pour ma part voici les signaux faibles, les tendances et les phénomènes conjoncturels que je distingue, à ce jour du 13 octobre de l’an 2013 de l’ère commune, sur mon portulan :
Signaux faibles
— La formation d'un lectorat conscient de lui-même en tant que corps social et générant en son sein des stratégies d’accès et d’usages à ce qu’il souhaite lire et aux conditions de ces lectures…
— Le développement de nouvelles formes littéraires à la croisée des narrations participatives transmédias et des littératures numériques…
— Le développement des neurosciences de l'esthétique qui pourrait doper le développement de recherches sur les processus de lecture…
— L’évolution technologique du papier et des encres qui pourrait conduire au développement de nouvelles interfaces de lecture…
— Versant marché du livre : un retour de la publicité dans les livres par des chemins détournés…
Tendances émergentes
— La multiplication de nouvelles structures éditoriales (je dénombrais 30 éditeurs “pure-players” francophones en avril 2011, j’en dénombre 152 en octobre 2013), et l’émergence du design éditorial, bien qu’il s’agisse peut-être là d’un mirage (il s’agit peut-être d’un effet “d’e-incunabilité”, l’expression d’un effort d’adaptation pour accommoder les recettes typographiques de l’imprimé aux “liseuses”, mais qui disparaitra avec la disparition de ces dispositifs de lecture et l’émergence de nouvelles formes d’œuvres littéraires)…
— La disparition de librairies (depuis un an pas une semaine sans que j’apprenne la fermeture de librairies !)…
— Des formes d’hybridation papier/numérique (on en observe de plus en plus utilisant les QR Codes, la “réalité augmentée”, la 3D)…
— Versant marché du livre : un développement des modèles basés sur le streaming (lecture connectée sans téléchargement)…
Phénomènes conjoncturels
— Les "liseuses" et tablettes dont l’imperfection marque le caractère transitoire…
— Les livres applicatifs (applications), auxquels je prédis le destin des livres sur Cdroms…
Si vous appliquez vos portulans sur le mien, qu’est-ce que cela donne, dites-moi ?
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Lorenzo Soccavo
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lundi 7 octobre 2013
La mémoire et l’archive face à la surabondance

En voici quelques extraits :
« ... La
surcharge informationnelle nous paralyse de plus en plus et nous nous
interrogeons sur comment stocker et tirer profits des millions de nouveaux documents
numériques qui chaque jour sollicitent notre attention. Si nous ne changeons
pas de paradigme la mission est humainement impossible.
Un été fatal
Un été fatal
Depuis l’été 1971 la galaxie Gutenberg est envahie par un code actif, qui peut la dupliquer et se révèle lui-même capable de se répliquer à l’infini. Cette mutation génétique de l’information et de la documentation nous devons bien l’accueillir si nous voulons continuer l’épopée de notre espèce humaine au cours de ce millénaire.
Pour le texte écrit
cette révolution a débuté en juillet 1971. Comme le premier livre imprimé fut
la Bible à quarante-deux lignes de Gutenberg en 1455, le premier texte numérisé,
l’eText #1 (The United States Declaration
of Independence) le fut le 04 juillet 1971 à l’université de l’Illinois par
un étudiant du nom de Michael Hart qui lança également le Projet Gutenberg, première bibliothèque planétaire et gratuite d’œuvres
du domaine public.
[...] Nous pouvons en
effet considérer que depuis cet été 1971 nous serions entrés dans la période
des e-incunables, en référence aux
incunables de 1450 à 1501, premiers textes imprimés qui reprenaient les codes
des manuscrits.
En 2013 la force
d’inertie que nous pouvons ressentir vient simplement des vitesses asynchrones
entre, l’évolution de plus en plus rapide des technologies, notamment de
l’information et de la communication, par rapport au temps d’appropriation dans
les logiques d’usages préexistantes, au temps plus lent d’assimilation par le
tissu entrepreneurial et à celui, plus lent encore, des actualisations
politiques et législatives. Un phénomène naturel donc, auquel s’ajoute le
rythme des changements générationnels. Quant aux effets des groupes de pression
et des corporations professionnelles, ils sont je pense souvent surestimés et
ont probablement peu d’impacts réels face à un phénomène d’une telle ampleur. En
contrepartie il faudrait prendre en compte l’accélération provoquée par une
nouvelle génération d’entreprises américaines qui impactent le marché du livre
au détriment de maisons familiales. Ces groupes sont récents et éphémères. Google
n’a été fondé qu’en 1998, Amazon en 1995, Apple en 1976. Dans le sens où par l’accumulation
capitalistique de nos données ils visent avant tout une puissance économique
ils ne seront que des instruments dans la mutation en cours.
Les mythes qui écrivent notre histoire
[...] il est évident que ce que nous vivons dépasse de beaucoup les enjeux et
les effets au 16e siècle du passage de l’édition manuscrite à l’édition
imprimée. Le passage de l’imprimé au numérique est probablement un épiphénomène
d’un phénomène beaucoup plus global et plus proche dans ses enjeux et ses
conséquences du passage des civilisations de l’oral aux civilisations de
l’écrit.
L’histoire de la
lecture peut nous permettre de saisir la continuité dans ce qui nous apparaît
comme une rupture. Depuis l’acquisition de la bipédie nous sommes passés, au
cours de millénaires et en renonçant au nomadisme pour la sédentarisation,
d’une lecture immersive de la bibliographie naturelle, à une lecture intensive
(peu de livres souvent relus par peu de lecteurs), à une lecture extensive (de
plus en plus de livres lus une seule fois par des lecteurs plus nombreux), à
aujourd’hui une lecture hyper-extensive (fragmentaire, connectée et sociale),
produit de nouvelles pratiques de lectures initiées sur le web.
Mais à la
sédentarité répond la sédimentation et nous ressentons bien intuitivement son
incompatibilité avec le futur qui se dessine. Les internautes deviennent des
mobinautes consultant des livres-applications sur des tablettes tactiles.
Demain ils seront équipés de lunettes vidéo. Nous pouvons avoir ainsi l’impression,
en revenant à une lecture immersive en mobilité, de suivre une spirale et de repasser,
à un niveau technologique plus évolué, par une étape antérieure.
Sédentarisation
et bibliothéconomie sont liées. [...]
Boite de Pandore
pour certains, le web est aussi un Tonneau des Danaïdes, c’est un Protée, doté
du pouvoir de se métamorphoser.
Que
craignons-nous ? Ce que déjà Socrate craignait et que rapporte Platon dans
Phèdre, que cette révolution ne
produise : « dans les âmes
[…] que l’oubli de ce qu’elles savent en
leur faisant négliger la mémoire. Parce qu’ils auront foi dans l’écriture,
c’est par le dehors, par des empreintes étrangères, et non plus du dedans et du
fond d’eux-mêmes, que les hommes chercheront à se ressouvenir. Tu as trouvé le
moyen, non point d’enrichir la mémoire, mais de conserver les souvenirs qu’elle
a. Tu donnes à tes disciples la présomption qu’ils ont la science, non la
science elle-même. Quand ils auront, en effet, beaucoup appris sans maître, ils
s’imagineront devenus très savants, et ils ne seront pour la plupart que des
ignorants de commerce incommode…. ». Car oui, c’est l’écriture que
rejetait ainsi Socrate, et nous nourrissons les mêmes craintes. Nous éprouvons
à voir des jeunes qui écrivent avec leur seul pouce sur une minuscule surface
tactile, la surprise de Saint Augustin la première fois qu’il vit Ambroise de
Milan lire en silence vers 380.
Aujourd’hui le
web c’est beaucoup d’écrit, mais avec l’impulsivité de la langue parlée. [...]
Socrate avait tort
Nous sommes forcés,
face à la pression et à l’effondrement de nos repères, de redéfinir nos valeurs
et de nous poser certaines questions essentielles. Par exemple : le
patrimoine numérique peut-il être considéré sur le modèle des biens tangibles,
s’inscrire dans la pérennité, la propriété et l’héritage ?
La Charte sur la conservation du patrimoine
numérique, adoptée par la Conférence générale de l’UNESCO le 17 octobre
2003 stipule dans un article intitulé Pérennité
de l'information numérique, que : « La pérennité du patrimoine numérique est fondamentale. [Et que] Pour le conserver, il faudra prendre des
mesures pendant toute la durée de vie de l'information, du moment où elle est
créée à celui où l'on y a accès. La conservation à long terme du patrimoine
numérique commence avec la conception de procédures et de systèmes fiables qui
produisent des objets numériques authentiques et stables. ».
Nous devons je
pense nous interroger sur ce qui s’exprime là, à la fois d’anthropocentrisme,
de quête de l’immortalité et d’angoisse de la mort. Nous craignons pour la
solidité et la transmission d’un savoir humain que nous ne pouvons plus tenir
entre nos mains ni embrasser d’un regard, alors que les mythes fondateurs de
nos civilisations ont eux traversé le temps.
Notre attention
doit se porter non pas sur la conservation mais sur la transmission. La parade
à l’oubli et à la perte de données n’est pas dans le stockage, mais dans l’accès
libre et le partage.
Il nous faut
faire aujourd’hui le pari que les générations futures, natives du numérique,
auront une approche différente de la nôtre. L’entassement, l’accumulation, sont
des réponses archétypales liées à la sédentarisation de notre espèce. La forme même
du codex, des pages empilées les unes
sur les autres, en témoigne. Avec le numérique les ressources essaiment
naturellement si nous ne cherchons pas à les monétiser.
Vouloir à tous
prix archiver les données numériques comme nous archivions les données manuscrites
et imprimées est insensé. Avec la porosité entre territoires physiques et
territoires numériques, le développement de l’internet des objets, de la
réalité augmentée, l’innovation dans la visualisation des contenus et le design
d’information, se pose la question de la pertinence d’une mémoire collective institutionnelle,
entre guillemets “officielle” et forcément fictive, validée par quelques
personnes autorisées en fait à effectuer un tri sélectif.
Nous sommes tous des bibliothèques
Les supports
d’archivage semblent aujourd’hui moins fiables et certains professionnels
ressentent paradoxalement le besoin d’assurer en priorité la conservation des
documents numériques les plus récents en priorité sur ceux imprimés ou
manuscrits qui apparaissent finalement moins éphémères. [...] L’obsolescence des appareils et logiciels de lecture est en fait
en grande partie programmée par les industriels. [...]
L'ingénierie du
vivant et la bibliothéconomie se rapprochent l’une de l’autre. « En Afrique, quand un vieillard meurt, c'est
une bibliothèque qui brûle. » disait Amadou Hampâté Bâ. La lecture,
nous l’avons semble-t-il oublié, est l'activité première du vivant qui a besoin
de lire, de déchiffrer et de documenter son environnement. Nous devons avoir
davantage confiance en l’Homme et moins nous fier aux machines.
Il nous faut
renoncer à vouloir tout archiver et rien oublier. Il nous faut passer à un
nouveau paradigme, ne pas laisser le passé paralyser le présent et envahir
l’avenir. »
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Lorenzo Soccavo
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dimanche 6 octobre 2013
De plus en plus l'opinion porte un regard prospectif sur le livre

Modérée par la journaliste Natacha Polony, cette rencontre réunissait le pédiatre et essayiste Aldo Naouri ; Jean-François Colosimo, théologien essayiste et ancien président du CNL ; Malek Chebel, anthropologue des religions et philosophe ; et Olivier Weber, écrivain-voyageur, ambassadeur itinérant auprès des Nations unies.
Lancée sur le sujet de la suppression de l'apprentissage de l'écriture cursive dans la majorité des écoles américaines la discussion a heureusement vite pris de l'envergure.
Briser le cercle de l'écrit
Ravi par les échanges d'idées qui en suivirent je ne prétends aucunement ici restituer un compte-rendu fidèle de cette table ronde. Juste en renvoyer les quelques échos qui restent encore présents en ma mémoire après quelques jours passés...
Jean-François Colosimo interroge, nous invite à nous questionner sur "à quelles expériences de lecture renvoie la mutation de l'écrit". Relier dans ses réflexions l'écrit et l'histoire lui apparaît important. Un point de vue que je partage. Tout comme la vigilance sur ce qui pourrait participer, par ces mutations de l'écriture et de la lecture, d'une construction ou d'une déconstruction du sujet social.
Quand tout (texte) semble disponible désirons-nous encore lire ? (De plus en plus je me surprends à me poser pour moi-même cette question à laquelle je n'aurais jamais pensé il y a quelques mois seulement...)
Malek Chebel nous a lui rappelé que le premier mot du Coran était : "Lis !". Pour lui nous irions vers un nouveau modèle de transmission, une nouvelle forme de relation fondée sur un vocabulaire de l'érotisme, dans le sens où ce qui s'exprimerait de plus en plus dans l'espèce humaine serait l'expression du désir profond de vivre avec ses semblables. Peut-être est-ce là ce que nous percevrions parfois, au-delà des technologies de l'information et de la communication, comme : une renaissance de la conversation (?).
Provocateur pour faire réfléchir, l'orateur va jusqu'à se demander si l'écriture, finalement, ne pourrait pas être devenue un frein au développement de l'intelligence humaine.
Je ne connais pas suffisamment Aldo Naouri pour savoir à quel degré interpréter ses provocations. Etait-il sérieux lorsqu'il prédisait avec force que l'on implanterait dans le cerveau de nos descendants les contenus livresques et autres sans qu'ils n'aient plus besoin de les lire ?
Changement d'ère
De tout cela et d'autres propos que je ne rapporte guère ici, il résulte bel et bien que la conviction est partagée par tous que nous changeons d'ère, et que l'écrit (et donc la lecture) est le principal vecteur de ce changement.
Ces impressions ressenties à l'Hôtel Salomon de Rothschild renforcent mon intuition que depuis quelques mois de profonds changements sont à l'oeuvre dans les différents lectorats.
Impossible de le nier et impossible d'ores et déjà de revenir en arrière.
Aldo Naouri le résume ainsi : "Est-ce que l'on peut reprendre l'hypothèse que la terre est plate ?".
J'ai été, je le reconnais, un peu surpris de cette prise de conscience générale, qui s'étendait jusqu'au public nombreux, et de l'expression à propos de l'écrit : "d'exercice de prospective", qui est spontanément revenue me semble-t-il plusieurs fois. Il faut dire que le public avait, en quelque sorte, été précédemment préparé par un entretien avec Michel Serres, suivi d'une lecture d'extraits de ses textes par Jacques Weber.
C'est ainsi que ces étoiles d'un vendredi soir rejoignent ma constellation. Les codes informatiques restent de l'écrit (les écritures sont d'ailleurs des codes). Mais si nous passons du cercle de l'écrit à une sphère, peut-être proche de celle pressentie par Pierre Teilhard de Chardin dans Le phénomène humain, il nous faut rester fidèle à notre odyssée. Si nous nous désintéressons de notre passé nous risquons de perdre le fil. C'est la même histoire, celle de notre espèce fabulatrice (Nancy Huston) qui s'écrit sous nos yeux de lecteurs, de lectrices.
Nous tournons une page (peut-être celle du livre, peut-être même celle de l'écriture ?), mais un nouveau chapitre s'ouvre...
Changement d'ère
De tout cela et d'autres propos que je ne rapporte guère ici, il résulte bel et bien que la conviction est partagée par tous que nous changeons d'ère, et que l'écrit (et donc la lecture) est le principal vecteur de ce changement.
Ces impressions ressenties à l'Hôtel Salomon de Rothschild renforcent mon intuition que depuis quelques mois de profonds changements sont à l'oeuvre dans les différents lectorats.
Impossible de le nier et impossible d'ores et déjà de revenir en arrière.
Aldo Naouri le résume ainsi : "Est-ce que l'on peut reprendre l'hypothèse que la terre est plate ?".
J'ai été, je le reconnais, un peu surpris de cette prise de conscience générale, qui s'étendait jusqu'au public nombreux, et de l'expression à propos de l'écrit : "d'exercice de prospective", qui est spontanément revenue me semble-t-il plusieurs fois. Il faut dire que le public avait, en quelque sorte, été précédemment préparé par un entretien avec Michel Serres, suivi d'une lecture d'extraits de ses textes par Jacques Weber.
C'est ainsi que ces étoiles d'un vendredi soir rejoignent ma constellation. Les codes informatiques restent de l'écrit (les écritures sont d'ailleurs des codes). Mais si nous passons du cercle de l'écrit à une sphère, peut-être proche de celle pressentie par Pierre Teilhard de Chardin dans Le phénomène humain, il nous faut rester fidèle à notre odyssée. Si nous nous désintéressons de notre passé nous risquons de perdre le fil. C'est la même histoire, celle de notre espèce fabulatrice (Nancy Huston) qui s'écrit sous nos yeux de lecteurs, de lectrices.
Nous tournons une page (peut-être celle du livre, peut-être même celle de l'écriture ?), mais un nouveau chapitre s'ouvre...
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Lorenzo Soccavo
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lundi 30 septembre 2013
Edition numérique, une tendance qui s'affirme

Je remarque aussi une cristallisation de la notion et des pratiques de design éditorial, dans certaines maisons, les enseignements de l'ESTEN, les récentes initiatives de Jiminy Panoz...
A suivre...
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Lorenzo Soccavo
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dimanche 29 septembre 2013
Pistes de réflexions et perspectives fuyantes pour la prospective du livre – opus 2

Les principales étaient :
— La journée
d’étude : Le rôle stratégique des bibliothèques dans l’appropriation du numérique par les citoyens en France et en Europe, qui s’est déroulée le 10 septembre 2013 à la Bibliothèque
Publique d’Information (BPI, Centre Georges Pompidou, Paris), organisée par le
pôle Culture du CNFPT Institut national spécialisé d’études territoriales
(INSET de Nancy) et la BPI.
— Une partie des rencontres du Colloque international
et festival dédié à la littérature numérique à la BnF, Chercher le texte,
organisé par le Laboratoire d’excellence Arts-H2H et
l’Electronic Literature Organization, à Paris du 23 au 28 septembre 2013.
— La présentation de l’ouvrage collectif : La grande aventure du livre, une coédition
Bnf éditions Hatier, sous la direction d’Anne Zali, à la BnF le 25 septembre.
— La Journée Neurosciences, Esthétique et Complexité du 28 septembre 2013, organisée par
le groupement de recherche (GDR) Esthétique Arts et Sciences (ESARS)
du CNRS et de l’Université Paris Descartes.
— Manifestations auxquelles nous pourrions ajouter ma
participation à distance le 25 septembre aux Conversaciones liquidas entre editores y bibliotecas organisées par la Fundación Germán Sánchez
Ruipérez à Salamanca (Espagne), avec mon texte de réflexion :
"Inventer ensemble les nouvelles médiations du livre" (Inventar
juntos las nuevas mediaciones del libro).
La voie du
rêve…
Tout cela pourrait une nouvelle fois se résumer en
une seule phrase : il nous faut déglacer notre rapport à la lecture, sans
surévaluer pour autant le numérique.
Et se décliner ainsi, sous la forme d’une liste de
pistes, avec interrogations multiples aux nombreux carrefours :
— J’observe de plus en plus des glissements de sens
significatifs de plusieurs mots (livre, lecteur, par exemple…), mais celui de
bibliothèque semble demeurer stable (le terme de médiathèque n’ayant jamais
réellement pris dans les usages, fait intéressant à noter…).
— Les bibliothèques pourraient-elles accéder au plan
d’hyper-lieux (c’est-à-dire des non-lieux, de véritables utopies) de la lecture
publique et émancipatrice ?
— La forme de narration dominante du 21e siècle
émergera peut-être de la convergence jeux vidéo – transmédia – réalité augmentée
et internet des objets (des formes élaborées de fictions interactives, ou jeux
d’aventures textuelles…), tandis qu’une nouvelle forme de littérature
(hyperfictions ?) pourrait émerger d’une hybridation avec les arts
numériques et le filon d’une littérature numérique dont les premières œuvres
peuvent en fait être datées des années 1950.
— Il y a nécessité à explorer la totalité de la matière
textuelle et à sublimer le potentiel narratif des hyperliens au-delà des
imperfections des nouveaux dispositifs (transitoires) de lecture.
— Conjointement
à ces influences des arts et du numérique sur le livre, nous percevons une plus
grande intégration du livre dans l’histoire (et son enseignement), et dans
l’histoire des arts visuels sur une échelle, un temps que je qualifierais
d’anthropologique.
— C’est le lecteur qui reçoit, constitue et crée le
livre comme Livre (c’est-à-dire ce qu’il lit). Il passe au travers et cela
passe au travers de lui.
— A l’espace bidimensionnel circonscrit de la page répond
celui, multidimensionnel et ouvert, de la lecture (forme de géométrie
projective ?). Nous percevons bien dans la littérature numérique
l’ambition de rivaliser avec le texte et de sortir le lecteur de l’espace
tridimensionnel qu’il perçoit ordinairement.
L’expérience performative de la lecture est ici
questionnée (mais insuffisamment).
Nous sommes biologiquement programmés pour ne
percevoir et concevoir (imaginer ?) qu’un éventail (très ?) limité
des possibles.
Les neurosciences de l’esthétique ne sont pas encore
suffisamment appliquées à l’affectivité, ni à la lecture.
— Pourrait-on envisager l’expérience de lecture à la
lumière d’une éclipse de la conscience, laquelle éclipse rendrait possible une
dissociation de l’immersion dans la scène théâtrale du roman (narrativité), d’avec
le ressenti sensoriel du milieu naturel de lecture (de ses conditions et de son
support) ?
— Considérer le livre-codex comme un vestibule replié
sur soi (?). Et la lecture comme un système vestibulaire (?).
En cette période “d’e-incunabilité”, la métamorphose
du livre et de la lecture pourrait s’ouvrir sur des champs (chants ?)
libérateurs (fédérateurs ?) du langage de l’espèce. A suivre…
En complément dans le même registre vous pouvez
lire : Pistes de réflexions et perspectives fuyantes pour la prospective du livre – opus 1
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Lorenzo Soccavo
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dimanche 22 septembre 2013
Albert Camus en penserait quoi ?
Cet automne 2013 va être marqué par une salve commerciale de reparutions, rééditions, parutions et éditions d'Albert Camus, et de livres sur son oeuvre.
Né le 07 novembre 1913 Albert Camus aurait eu en effet 100 ans ce 07 novembre 2013.
Mort dans un accident de voiture le 04 janvier 1960, il a donc disparu depuis plus de 53 ans.
En France, les reparutions de ses oeuvres vont être payantes (illustration 1). Mais dans de nombreux pays, dont le Canada, elles sont depuis plus de trois ans gratuites en toute légalité (illustration 2, issue du site francophone http://www.ebooksgratuits.com/).
Qu'en aurait pensé Albert Camus ?
![]() |
illustration 1 |
![]() |
illustration 2 |
Il aurait certainement été pour une harmonisation internationale du droit d'auteur, une extension et une sanctuarisation du domaine public, la liberté de choix pour les auteurs de libérer leurs oeuvres, notamment après leur mort, le développement des vertus liées aux biens communs, au partage et à la libre diffusion du patrimoine culturel de l'humanité...
Le respect du droit d'auteur, certes, mais aussi le respect des droits des lecteurs...
Dans le système français actuel l'accès aux livres n'est pas régulé depuis Saint-Germain-des-Prés au bénéfice des auteurs et des lecteurs, mais pour l'accroissement des profits des héritiers de l'édition.
Cela me fait penser que s'il n'y avait qu'un seul livre à lire pour lui rendre aujourd'hui hommage ce serait alors, à mon goût, la biographie libertaire que lui a consacrée Michel Onfray en 2012 :
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Lorenzo Soccavo
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