jeudi 17 février 2011

Vers une communauté de l'eBook

La redistribution des rôles sur les réseaux sociaux pourrait-elle contribuer à la formation d'un nouvel empire des lettres ? Voir à ce sujet le texte (de 2004) signé Jean-Michel Billaut : Emperors versus Barbarians.
Sujet de l'exercice : en quoi peut-il aujourd'hui s'appliquer au passage de l'édition imprimée à l'édition numérique ?
Des éléments de réponses ici...


mercredi 16 février 2011

De la Bibliothèque à la Bibliosphère explose le blackout tacite !

J'ai le plaisir de pouvoir m'exprimer dans les colonnes de Presseedition.fr ("L'actualité des Médias, de l'Edition et de la Communication") sur mon choix d'être édité aux éditions 100% numériques NumérikLivres, sur le message que j'ai voulu faire passer dans mon livre "De la Bibliothèque à la Bibliosphère, les impacts des livres numériques sur les bibliothèques et leur évolution", ainsi que sur la nouvelle collection : "Comprendre le Livre Numérique" dont Jean-François Gayrard m'a confié la direction, et, enfin, sur ce que je pense de l'accueil qui fut réservé à mon livre.
Tout cela en quatre questions réponses. A lire ici... 

Extraits de l'interview

"Vous venez de publier « De la Bibliothèque à la Bibliosphère : les impacts des livres numériques sur les bibliothèques et leur évolution… », chez NumérikLivres un éditeur franco-québécois 100% numérique, pourquoi ce choix ?

Lorenzo Soccavo : Cette jeune maison, créée au printemps 2010 par Jean-François Gayrard et Gwen Catalá, représente bien je pense les tendances d’une nouvelle génération et d’une nouvelle manière de concevoir l’édition.
Une maison, en l’occurrence franco-québécoise, mais dont les collaborateurs peuvent être disséminés sur la planète entière, qui ne publie que des livres nativement numériques avec des contrats d’édition adaptés, qui utilise les réseaux sociaux pour les promouvoir, les propulse sans DRM à des prix abordables (le mien est à 1,99 €) et assure, tant leur diffusion sur les principales plateformes de téléchargement, que leur lecture agréable sur les principaux nouveaux dispositifs de lecture, que ce soit les tablettes à encre électronique ou le fameux iPad, entre autres. Une véritable diffusion multicanal multisupport.
Pour un auteur, et un observateur comme moi du passage de l’édition imprimée à l’édition numérique justement, c’était une expérience intéressante à tenter. Quand Jean-François Gayrard m’a proposé cette aventure et m’a dit que François Bon nous ferait l’amitié d’une préface : je n’ai pas hésité une seconde !

L’avenir que vous imaginez aux bibliothèques dans votre livre peut apparaître assez futuriste. Ne craignez-vous pas de heurter les bibliothécaires ?

Lorenzo Soccavo : En fin de compte j’imagine assez peu ! Avec cette nouvelle discipline que je m’efforce de promouvoir : la prospective du livre et de l’édition, les mutations que traversent actuellement le livre et son marché sont systématiquement remises dans une perspective historique. Pour écrire ce livre, je me suis appuyé, d’une part, sur le travail des historiens, d’autre part, sur les résultats de mon travail de veille.
Il y a quelques années quand je disais dans des conférences que nous verrions un jour des bibliothèques sans livres, certains me prenaient pour un fou. Or, durant cet été 2010 deux bibliothèques sans livres ont ouvert leurs portes, à Stanford, puis à San Antonio au Texas. Quand j’écris aujourd’hui que les bibliothèques vont évoluer vers des bibliothèques-hub à trois niveaux [...] quand je dis cela aujourd’hui, mes informations sont aussi fiables que lorsque j’annonçais des bibliothèques sans livres.
L’Internet des objets, la réalité augmentée et l’intelligence artificielle vont réellement nous faire passer des bibliothèques à la bibliosphère. Ce sont précisément ces voies qui nous sont tracées que j’explore dans "De la bibliothèque à la bibliosphère".

Ce livre est le premier d’une collection dont l’éditeur Jean-François Gayrard vous a confié la direction. De quoi s’agit-il et comment comptez-vous la développer ?

Lorenzo Soccavo : Cette collection s’appelle précisément : "Comprendre le livre numérique". Cela indique assez clairement son ambition je pense, qui est d’expliquer et d’analyser les enjeux et les perspectives de l’édition numérique à tous les acteurs de l'interprofession du livre, au sens large : auteurs, documentalistes, enseignants, etc., sont eux aussi concernés, mais également tous les lecteurs qui veulent tout simplement essayer de comprendre les impacts et les enjeux du passage de l'édition imprimée à l'édition numérique.
Nous pensons publier un titre par mois, excepté au creux de l’été. Les premiers à paraître traiteront de la lecture sociale, de la BD numérique, des manuels scolaires et des albums augmentés… Je travaille aussi avec des auteurs qui aborderont d’autres aspects essentiels de ce passage de l’édition imprimée à l’édition numérique : comme l’après papier, en effet : sur quels supports lirons-nous demain ? Ou bien encore concernant les indispensables évolutions du cadre législatif et du droit d’auteur qui ne sont plus adaptés.
Il s’agit d’ouvrages de commande [...] Cela dit, je reste ouvert à toutes propositions spontanées, ainsi qu’à toutes suggestions de thèmes. Un blog compagnon a été lancé pour soutenir, poursuivre et développer en ligne l’ambition pédagogique de la collection.

L’essentiel du marché du livre reste cependant concentré sur l’édition imprimée. Ne pensez-vous pas que cela est handicapant ? Comment dans ce contexte percevez-vous l’accueil fait à votre livre ?

Lorenzo Soccavo : Lentement mais irréversiblement le marché est en train de basculer. Non pas parce que je le souhaiterais personnellement, ce n’est pas le cas, mais, tout simplement, parce que le monde change continuellement et que les pratiques de lecture évoluent. Je pense qu’il est important de prendre aujourd’hui clairement position. Il est pour moi capital d’informer sur le devenir du livre et de la lecture. Malheureusement la plupart des éditeurs sont frileux à publier sur ces sujets et les médias grand public ne semblent pas avoir encore pris conscience des enjeux. Quant aux experts et aux consultants, beaucoup sont tout autant dans l’immédiateté. Souvent le plus important pour eux n’est pas l’évolution des pratiques de lecture avec ses enjeux sociétaux et culturels, mais d’occuper de bons postes, de siéger dans des commissions, de dire et de vendre aux éditeurs ce pour quoi ils sont prêts à les payer.
Les années 1971, avec le lancement du Projet Gutenberg par Michael Hart, à disons 2050 au plus tard, sont au moins aussi importantes que celles dites des incunables, les premiers livres imprimés sur la période 1450-1500, ou les décennies du passage des tablettes d’argile aux rouleaux de papyrus.
Pour les véritables amoureux des livres et de la lecture nous vivons une époque formidable ! Et, qu’on le veuille ou non, force est de constater que Facebook et Twitter ont explosé le blackout tacite autour de mon livre et du lancement de cette collection."

Tout le monde est impliqué
 
CQFD ! A lire aussi d'ailleurs la chronique d'Elizabeth Sutton : "De la bibliothèque à la Bibliosphère : un ebook majeur" :
"Le livre est en train de vivre sa révolution, une mutation profonde s’opère, inéluctable. Les maisons d’éditions se transforment, les libraires réfléchissent à comment s’adapter, les pouvoirs publics s’en mêlent. Tout le monde est impliqué, du lecteur à l’auteur, de l’éditeur à l’imprimeur, du graphiste à l’informaticien. Les bibliothèques s’insèrent dans cette mutation, souvent oubliées elles jouent pourtant un rôle fondamentale dans ce bouleversement.
Le livre de Lorenzo Soccavo "De la Bibliothèque à la Bibliosphère" traite justement de ce sujet des bibliothèques, publiques ou municipales elles ont un rôle majeur à jouer vis-à-vis du lecteur et dans la conservation du patrimoine. Les compétences vont changer, les services proposés aux usagers également. L’approche des technologies va devoir être préemptée de façon différente..."

jeudi 3 février 2011

Lectures digitales [suites]

Mission impossible hier soir pour exposer en une dizaine de minutes, dans un état grippal et avec un vidéoprojecteur facétieux, l'aventure humaine de la lecture, de l'Homo Habilis à l'Homo Fluxus, dans le cadre sympathique du premier MCDate 2011, organisé par l'association Musiques et Cultures Digitales à la Maison des Métallos (Paris 11e).

Fait symptomatique, de l'enjeu réel des transformations actuelles, il y aura été davantage question de lectures digitales, que de livres numériques.
Je tiens à attirer d'abord l'attention sur les travaux des deux autres participantes à cette table ronde :

- Carole Lipsyc, auteur et directrice du développement d'Adreva (Association pour le développement des récits variables), conceptrice du Récit des 3 espaces qui permet d'appréhender la "littérature virtuelle".

"La littérature virtuelle ne désigne pas, comme on pourrait le croire, des livres qui sont lus sur des écrans.

La littérature virtuelle désigne des récits conçus pour exister sous différentes formes.
Des récits qui peuvent être tout à la fois
- des livres imprimés traditionnels ;
- des livres électroniques interactifs (hypertextes) ;
- des installations (labyrinthes, livres urbains ou citéLivres, expositions multi-supports) ;
- des jeux dispersants ou "pervasive gaming" (des jeux à cheval entre la réalité et Internet).
Le livre devient virtuel parce qu’il peut virtuellement s’incarner sur n’importe quel support. Il n’est pas virtuel parce qu’il a quitté l’espace du papier et du palpable pour se réfugier dans un écran. [...]
Le livre est virtuel car ses textes peuvent - dans leur ordre et dans leur nombre - se prêter à des combinaisons infinies. Il est virtuel parce qu’il est variable et "fractal"..."

- Véronique Aubouy, conceptrice du Baiser de la Matrice, expérience francophone et planétaire d'une lecture filmée collective de « A la recherche du temps perdu » de Marcel Proust. A voir.

De Homo Habilis à Homo Fluxus

Ma présentation ci-dessus rend imparfaitement compte encore de la réécriture profonde de nos pratiques de lectures et des impacts culturels et civilisationnels qu'elle aura certainement.
Nous pouvons d'ores et déjà en observer les premiers signes :  
- Une lecture fragmentaire, corollaire d'une lecture enrichie : moins linéaire, davantage extensive, qui au-delà du texte s'ouvre au multimédia...
- Une lecture sociale, corollaire du développement des réseaux sociaux : commentée, partagée, enrichie par l'écriture de lecteurs contributeurs, avec de nouvelles médiations et de nouveaux prescripteurs...
- Une lecture connectée, corollaire du développement du cloud computing : une lecture en streaming sur le modèle de l'écoute de la musique, une lecture pervasive.
Mais aussi, parfois, une lecture synesthésique, prise dans la trame de la réalité augmentée et de l'intelligence artificielle.
L'internet des objets va un jour (prochain) démultiplier les surfaces/supports de lecture, tout ce qui "peut faire livre".
La bibliographie naturelle des premiers âges, ainsi, reviendrait sur les hommes, comme un retour de sens (comme je dirais : "comme un retour de flammes").

Ce post fait suite quelque part à celui du 25 janvier (Lectures Digitales - Institut du Numérique Université Paris Ouest) et à celui du 30 janvier sur Le Livre dans les Metavers (intéressant de remarquer que les expériences de récits et de lectures, tant de Carole Lipsyc que de Véronique Aubouy, ont déjà été accueillies dans Second Life par l'équipe de la Bibliothèque francophone du Métavers).

dimanche 30 janvier 2011

Le Livre dans les Métavers

J'évoque les métavers (mondes "virtuels") dans mon récent livre qui vient de paraitre aux éditions NumerikLivres de Jean-François Gayrard et Gwen Catala : De la Bibliothèque à la Bibliosphère.

Je suis en effet toujours de près l'actualité de ces espaces appelés dans un futur proche à se (con)fondre avec le Web, la télévision 3D et la réalité augmentée.

Aussi serait-il temps, je pense, que les bibliothécaires (les libraires aussi) et que les acteurs de l'édition numérique s'y investissent sérieusement.

Ainsi je vous recommande aujourd'hui, pour sauter le pas, d'aller voir cette très belle exposition consacrée à Jules Verne (gravures, ouvrages à consulter et à télécharger, films...) sur la Francogrid (Métavers 3D Francophone Libre sur l'Open Simulator) : JULES VERNE, L'INVENTEUR D'IMAGINAIRES, proposée jusqu'au 28 février 2011 par l'Initiative Claude Gohin.

mercredi 26 janvier 2011

Apologie du livre par Robert Darnton

Comme de petits messieurs, à lire ce qui suit, risqueraient de faire leur jaunisse, je déclare d'emblée ici haut et fort que : je reconnais l'importance des travaux et de la réflexion de Robert Darnton, historien du livre reconnu (spécialiste des Lumières européennes et de l’histoire du livre sous l’Ancien Régime), et depuis quelques temps directeur de la Bibliothèque universitaire de Harvard.
Le présent blog, consacré à la prospective du livre et de l'édition, est d'ailleurs (regardez le haut de votre écran ;-) placé sous son bienveillant (n'en doutons pas) exergue :

"Toute tentative pour sonder l'avenir tout en affrontant les problèmes du présent devrait se fonder, je le crois, sur l'étude du passé." Robert DARNTON, Apologie du livre, demain, aujourd'hui, hier, Gallimard éd., 2011.

Nonobstant, j'ai été déçu par la lecture de ce livre.
Alors pourquoi ne pas le dire ?
Ce n'est certes apparemment pas germanopratiquement correct dans le petit Landerneau qui se targue de faire la pluie et le beau temps, et de nous conduire, comme il sied à certains, sur des voies toutes tracées pour l'édition du 21e siècle.
Mais je ne suis pas à la botte de ces gens-là.

Une déception

D'où vient ma déception ?
Je suis déçu simplement car, je l'avoue, j’attendais plus, pour ma part, de cette lecture.
Au fond, j'ai trouvé dans la forme le propos et le style très américano centrés, voire à la limite égocentriques.
Certes, il y a en effet des percées lumineuses qui nous renvoient à Febvre et Martin, et que Darnton met dans une perspective intéressante, mais le fait qu’il ne s’agisse pas véritablement là d’un essai, pensé et construit en tant que tel, mais, d’un amalgame de textes antérieurement publiés dans la New York Review of Books, est, je trouve, dommageable.
Je trouve aussi que Darnton parle beaucoup de lui, de son parcours, des travaux qu’il a menés par rapport aux bibliothèques universitaires américaines, et qui ne sont pas forcément en résonnance avec un contexte francophone ou la situation des bibliothèques et des universités françaises, pour ce que je peux en savoir.
C’est ce point de vue que je trouve « américano centré », et le choix éditorial de Gallimard qui m’interroge. Car, en effet, qui va acheter et lire ce livre, et qui va y comprendre quelque chose et surtout quoi ? en cette période de mutations de la lecture, du livre et de son marché.

Il n’y a pas que les USA au monde et avec ce qui se joue actuellement dans le passage de l’édition imprimée à l’édition numérique, les éditions Gallimard aurait pu certainement, ou pourraient, en complément à ce point de vue américain, trouver mieux pour l’information de leurs lecteurs !
Nous avons en France des historiens du livre, je pense notamment à Frédéric Barbier, entre autres…
Je pense vraiment qu’en toute objectivité la compilation de textes de réflexion que vient de sortir François Bon, dans sa propre maison Publie.net, sous le titre « Après le livre » est d’une pertinence et d’un intérêt bien supérieurs à ce Darnton, et à lire en priorité (j'en publierai une lecture critique dans quelques jours...).

mardi 25 janvier 2011

Lectures Digitales - Institut du Numérique Université Paris Ouest


J'ai le plaisir de participer à l'organisation des premières rencontres du club "Humanités et sociétés digitales", qui se dérouleront le mercredi 23 mars 2011 sur le thème des LECTURES DIGITALES, et qui s'inscrivent dans un cycle consacré aux consommations numériques, mené par l'Institut du Numérique de l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense.

L'Institut du Numérique vient de lancer son site dédié et m'a en cette occasion posé quelques questions sur la digitalisation de l'édition et ses impacts sur la lecture...


Extrait de l'interview

"OuestDigital : Au-delà de la question de la structure de l'industrie qui occupe naturellement les esprits, on peut s'attendre à des modifications substantielles de la manière même de lire. Lesquelles vous semblent les plus significatives ?

Lorenzo Soccavo : Le Web 2.0 a déjà modifié nos comportements de lecture. Ces mutations migrent aujourd'hui sur des dispositifs connectés comme les smartphones et les tablettes Internet comme l'iPad. Nous entrons ainsi dans une phase sans doute capitale d'éditorialisation du Web. Et concernant la lecture nous pouvons en effet déjà distinguer au moins trois tendances : – Une lecture plus fragmentaire, corollaire d'une lecture enrichie : la lecture devient moins linéaire et davantage extensive, au-delà du texte, elle s'ouvre au multimédia... – Une lecture dite sociale, corollaire du développement des réseaux sociaux : une lecture commentée, partagée sur les réseaux sociaux, enrichie par l'écriture de lecteurs contributeurs... – Une lecture connectée, corollaire du développement du cloud computing : une lecture en streaming sur le modèle de l'écoute de la musique."

vendredi 21 janvier 2011

Blog compagnon pour Comprendre le Livre Numérique

La collection Comprendre le Livre Numérique que j'ai le plaisir d'accompagner comme directeur de collection depuis cette année bénéficie maintenant de son blog compagnon dédié.

Ce site présente la collection et ses projets, mais reprend également dans son contenu l'ambition de la collection : comprendre et analyser les enjeux et les perspectives de l’édition numérique.

Collection et blog s’adressent ainsi à tous les acteurs de l'interprofession du livre, au sens large, mais aussi aux lectrices et aux lecteurs qui veulent comprendre les impacts et les enjeux du passage de l'édition imprimée à l'édition numérique.

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