samedi 8 octobre 2016

La Lecture à Voix Haute revient en force

Dans son captivant essai en 1998, "Une histoire de la lecture", Alberto Manguel expose longuement l'antériorité et la primauté de la lecture à voix haute, par rapport à la lecture à voix basse, comme saint Augustin fut surpris de voir son maitre saint Ambroise la pratiquer, ou la lecture silencieuse, intériorisée, qui semble notre lot commun depuis que des machines à enregistrer et à restituer les sons ont envahi notre environnement. 

Je pense également aux travaux de Jesper Svenbro, lorsqu'il évoque l'intériorisation de l'espace théâtral dans l'espace écrit, et le fait que la lecture silencieuse aurait pu être rendue mentalement possible dans la Grèce antique par l'expérience du théâtre.
Aujourd'hui le mouvement inverse semble s'amorcer. Les vibrations du langage parlé vont peut-être nous devenir plus perceptibles dès lors que l'augmentation bionique de nos organes sensoriels et de nos capacités cérébrales de décodage nous rendra plus sensibles au complexe tissage harmonique du vivant. 
Aujourd'hui, alors que de nouvelles formes de conversations émergent des réseaux sociaux, que réalité augmentée et réalités virtuelles, avec ou sans avatars, nous ouvrent de nouvelles perspectives, que la littérature audio se rappelle au souvenir des lecteurs, que les arts numériques et les robots prétendent renouveler l'expérience théâtrale, peut-être pourrions-nous lire dans cette conjonction de signes le déclin de la lecture silencieuse des textes imprimés et la nécessité pour les lecteurs et les lectrices de tracer leur voyage intérieur dans la résonance, dans l'écho de leurs lectures au plus profond d'eux-mêmes.
 
Hybrider la scène la page et l'écran
  
Dans cette perspective il n'est plus extravagant alors de penser que demain des territoires numériques puissent hybrider ce qui jusqu'alors étaient la scène, la page, puis l'écran.
C'est là une des explorations que nous développons sur la plate-forme web 3D immersive avec avatars EVER (acronyme d'Environnement Virtuel pour l'Enseignement et la Recherche) de l'université de Strasbourg.
Outre les différents projets fédérés autour de mon incubateur virtuel d'un MétaCafé littéraire (voir un post précédent : Les nouveaux chemins de l'oralité), notre nouvelle initiative prend une toute autre forme. 
L'objectif, par rapport à mes recherches en futurologie des dispositifs et des pratiques de lectures, est d'explorer le potentiel de la lecture partagée à distance au sein d'environnements simulés (c'est-à-dire, quelque part, fictifs).

Connectez-vous sur http://www.theatre-adret.fr/emission-lire-en-choeur.php

Chaque opus de ma chronique Le Livre Est Ailleurs aborde une facette de la manière dont le langage que nous utilisons tisse le monde que nous percevons, comment les limites de notre langage signifient les limites de notre propre monde (pour paraphraser Wittgenstein) et comment les mondes numériquement simulés peuvent aujourd'hui repousser ces limites.
Vous pouvez découvrir (c'est-à-dire écouter) le pilote de cette expérimentation enregistrée en multiplex sur la plate-forme web 3D de l'université de Strasbourg depuis plusieurs localisations physiques en France et au Québec, les textes lus, dont celui de ma chronique (Alice et le Plat Pays) en suivant ce lien : http://www.theatre-adret.fr/emission-lire-en-choeur.php 

Pour suivre l'actualité de ce projet vous pouvez vous inscrire au groupe Amis du Théâtre de l'Adret sur Facebook.

mercredi 5 octobre 2016

Refuser la disparition du livre mais pas son évolution !

Avec son Fahrenheit 4.0 – Essai sur la disparition du livre, paru cet été aux éditions de L'Harmattan, Thierry Charles semble bien avoir rédigé le testament philosophique de la culture littéraire. Je réfute dans Viabooks (lire ici : La disparition du livre est-elle inévitable ?) cette vision pessimiste. Je vois en effet (et celles et ceux qui suivent la partie visible de mon travail de veille sur les réseaux sociaux également) dans les mutations des pratiques de lecture et dans les nouvelles formes de narration, des raisons de croire dans l'avenir de la fiction et de la lecture.


jeudi 29 septembre 2016

TICE et prospective du livre et de la lecture

TICE (Technologies de l'Information et de la Communication pour l'Enseignement)
Les TICE et la prospective du livre... Découvrez pourquoi je suis aussi, plus que jamais, à l'écoute des actrices et des acteurs de l'éducation qui seraient désireux de s'informer du devenir des dispositifs et des pratiques de lecture au cours de ces prochaines années qui nous réservent bien des surprises !

lundi 26 septembre 2016

Imprimé et numérique : une alliance des frères ennemis sur ViaBooks

Ma lecture de l'essai d'Alessandro Ludovico "Post-Digital Print : La mutation de l'édition depuis 1894", paru le 24 septembre chez B42 éditions, à découvrir sur Viabooks : Imprimé et numérique : vers une alliance des frères ennemis ?

samedi 17 septembre 2016

DualCorps - Du livre au Cyberespace

Je suis avec intérêt le projet arts-sciences DualCorps lancé aujourd'hui et pour deux semaines non-stop sur un OpenSim.
Pour mes lectrices et lecteurs qui trouveraient cela a priori énigmatique, toutes les précisions sont clairement formulées sur le site compagnon de l’expérience : EUNICE VSG.
 
"Durant deux semaines, les deux auteures [Claire Sistach et Soizic Sanson] vont s’immerger de manière intensive (quotidiennement et sans autre activité) dans OpenSim, afin de vivre uniquement à travers leurs avatars, tous les autres canaux de communication étant coupés (téléphone, mail, etc) et leur seul espace de vie réduit au minimum (un appartement clos chacune).
La particularité : elles auront le même avatar dédoublé, soit deux avatars totalement jumeaux, reliés par la même base de données...

Cette expérience d'immersion intensive dans un monde simulé m'intéresse en effet à plus d'un titre, et d'abord parce qu'elle prend sa source dans un roman : Les Météores, de Michel Tournier (voir sur ce lien...).


Photo prise le 17 septembre 2016 17H48

dimanche 21 août 2016

samedi 20 août 2016

Les éditeurs numériques en aout 2016

A signaler la toute récente actualisation estivale de la liste des éditeurs numériques francophones : accessible en suivant ce lien...  
Pour tous vos projets d'articles, de conférences, d'organisation ou d'animation de tables rondes sur des sujets liés aux changements au sein de l'interprofession du livre, n'hésitez pas à consulter cette page, et à me contacter...

vendredi 12 août 2016

Nouvelles Technologies Nouveaux Publics par Sonia Bressler

Mes impressions de lecture au petit essai de Sonia Bressler paru fin 2015 (déjà !) et titré : Nouvelles Technologies - Nouveaux Publics, chez Jacques Flament éditions, sont certes un peu mitigées, car j'aurais aimé bien plus de développements sur nombre de questions abordées, mais cette réserve souligne aussi l'intérêt, malgré tout, de ce livre.

D'entrée de jeu Sonia Bressler rapporte LA question d'un étudiant et qui, en tant qu'enseignante et Docteur en philosophie et épistémologie, l'interpelle fortement : "Pourquoi apprendre si Google peut me donner la réponse en moins d'une seconde ?". 
"Voilà qui en dit long, souligne-t-elle, sur notre écart de temps, de compréhension et de formulation du savoir. Pour moi, le savoir est avant tout recherche. La recherche, c'est une création de liens entre différents thèmes, c'est une analyse qui avance avec les trouvailles, les questions nouvelles qui naissent..." (p. 11).  

Les lecteurs de demain

C'est clair, c'est cette focalisation sur les nouveaux publics et clairement affichée dans le titre même qui m'intéressait. 
Quid, en effet, de la problématique des nouveaux lectorats ? Une question que je me pose souvent au fil de mes recherches et qui est centrale dans mes diverses activités de veille stratégique et technologique. 
J'ai été là d'autant plus motivé que l'auteur l'effleure en affirmant en tête d'un paragraphe : "La littérature comme premier lieu d'expérimentation" (p. 75).
Dommage, une nouvelle fois, que cet aspect ne soit pas plus approfondi, mais de l'ensemble de cette approche nous pouvons retirer cependant quelques orientations intéressantes, par exemple que : "L'histoire des publics doit aujourd'hui prendre en compte celle de l'évolution des objets connectés, c'est-à-dire leur apparition depuis les années 2001-2003. Mais c'est aussi évoquer leur disparition. Peu à peu, les objets connectés vont se fondre à l'intérieur des corps. Les publics accéderont à l'information en clignant des yeux, où pourront déplacer des sommes d'informations en faisant des gestes dans l'espace, etc." (p. 71). 

Les mutations des pratiques de lecture(s) sont au coeur de la prospective et de la futurologie des dispositifs de lecture et de leurs usages. 
A côté du rythme naturel des changements de générations (qu'il convient d'estimer et de prendre en considération, que ce soit dans une optique pédagogique ou marketing), nous devons pouvoir détecter le plus en amont possible les signaux faibles qui annoncent parfois assez longtemps à l'avance, ou bien de manière fort discrète, une conversion du regard des utilisateurs, ou encore une technologie disruptive (notamment en ce qui nous concerne au niveau des interfaces et des supports d'écriture-lecture).
Il y a toujours, même dans les scénarios d'avenir les plus débridés, la nécessité d'une intention et d'une destination, qui peuvent être intellectuelles, esthétiques ou spirituelles, mais qui sont nécessaire pour faire lien et lieu, pour que la démarche du lecteur ou de la lectrice s'inscrive dans le monde, même si ce dernier est numérique ou virtuel, c'est-à-dire simulé. 
Le futur, quel qu'il soit, doit pouvoir s'écrire dans le prolongement d'une histoire, la nôtre, celle de notre espèce animale, et doit pouvoir se raconter par anticipation. C'est ce récit dont nous avons besoin pour nous diriger, ce récit qui ferait carte, comme à l'époque des Grandes découvertes maritimes... 

"Si nous privons les générations à venir des mots anciens, conclut Sonia Bressler, nous les privons de leur histoire, et de leur mémoire. [...] il faut repartir du début avec l'analyse du langage, de son environnement, du principe même de la communication : la relation. [...] Comprendre c'est apprendre à parler, à dire les mots, les siens, ceux des autres et donc dépasser les limites de la pensée analytique. C'est sortir de la superstition." (p. 102). 
Un essai qui au final incite à la réflexion et à dépasser ses préjugés et dont la lecture, au regard de l'angle de vue adopté par son auteure, sera surtout profitable aux enseignants.

mardi 2 août 2016

La Condition du Lecteur - Le Voyage Interieur du Lecteur - Fin

Le livre est global. Le Livre en-globe Tout.
Une fiction est comme le reflet d'une réalité, or, les reflets, réfléchissons-y, ne font partie ni du réel ni du miroir, et refuser d'être enfermé dans le réel est bien la condition de tout lecteur de fictions littéraires.
Cela dit, ça va mieux :-)
Sachez que la phase publique du book in progress "Le Voyage Intérieur du Lecteur" est arrivée à son terme. Le texte n'est plus en ligne, consultable gratuitement et pouvant être commenté, que pour quelques jours seulement.
Le chantier est entré dans une nouvelle phase. 
Je remercie toutes celles et tous ceux qui m'ont encouragé en lisant, en commentant, publiquement ou en privé, et en signalant d'une façon ou d'une autre qu'ils aimaient un ou plusieurs des 25 chapitres, qui furent écrits de décembre 2015 à juin 2016.
Merci. L'aventure continue !

vendredi 22 juillet 2016

Les nouveaux chemins de l'oralité

La compréhension des phénomènes liés à l'avatarisation des internautes passe, selon moi, par l'exploration de l'inventivité de ces derniers à travailler la langue dans ces espaces nouveaux que sont les territoires numériquement simulés.
La parole, nous le savons, est antérieure à l'écriture, et la lecture à haute voix antérieure à la lecture silencieuse. Je recommande sur ce sujet les belles pages écrites par Alberto Manguel dans son : Une histoire de la lecture (Actes Sud éd.).
 
Car c'est par le langage que se conquiert le monde ! C'est bien là en tout cas la théorie développée par l'historien Yuval Noah Harari, dans son essai Sapiens : Une brève histoire de l'humanité (Albin Michel éd., 2015), où il y explique que c'est ainsi que l'Homo Sapiens se serait imposé sur la planète : "La capacité de créer une réalité imaginaire à partir de mots a permis à de grands nombres d'inconnus de coopérer efficacement.".
Or, quiconque fréquente le Métavers sait bien que là est le problème : la possibilité d'y rassembler un nombre suffisant d'internautes capables d'y coopérer efficacement.
Le développement du cyberespace, comme extension des territoires physiques limités, passe nécessairement par sa colonisation et l'appropriation du virtuel par les mots.
 
Des expériences francophones !
 
Depuis octobre 2015 nous développons plusieurs réalisations expérimentales dans ce sens avec les comédiens du Théâtre de l'Adret (Jacqueline et Jean-Claude Barral), Jenny Bihouise et Anne Cordonnier, pionnières des environnements OpenSimulator, sur la plate-forme EVER (Environnement Virtuel pour l'Enseignement et la Recherche) de l'université de Strasbourg. 
 
Ces réalisations prennent la forme de spectacles accessibles en permanence à tous les internautes francophones (24H/24-7J/7) et sont librement accessibles à tous.
- La première proposition présentait un parcours de théâtre promenade sur les bords de la Saône (voir : Une autre dimension de la réalité augmentée - Du théâtre dans le Web immersif) à partir de textes de l'auteure Ann Rocard.
- La deuxième, un voyage imaginaire dans la pensée de Camille Claudel sur des textes de l'auteur québécois Denis Morin (voir : Lire devient un spectacle permanent).
- La troisième, qui vient juste d'être lancée en avant-première, vous propose une biographie poétique de la chanteuse Barbara, une nouvelle fois sous la plume de Denis Morin :  
BARBARA, Ebène et Ivoire, pour y accéder passez par le site du Théâtre de l'Adret: http://www.theatre-adret.fr/barbara-ebene-et-ivoire.php .
- Une quatrième proposition s'élabore à partir d'un texte de l'écrivain Bertrand Runtz.
 
Ces spectacles expérimentaux sont rattachés au MétaCafé littéraire que je coordonne sur la plate-forme EVER et qui organise régulièrement des rencontres littéraires à distance, permettant à des auteurs et à des lecteurs de se retrouver et d'échanger malgré les milliers de kilomètres physiques qui peuvent les séparer (voir : Lire, est-ce coloniser de nouveaux espaces ?).
Un prototype de librairie 3D, et un d'une MétaBibliothèque universitaire restent également visitables.
Début 2017 nous devrions lancer de nouvelles initiatives autour de la lecture à haute voix.
N'hésitez pas à me contacter pour toutes demandes d'informations ou pour une visite commentée privée de nos réalisations. 

samedi 16 juillet 2016

Ma lecture de FAIT ET FICTION de Françoise Lavocat

Je ne suis ni critique ni chroniqueur. Ci-après il ne s'agit donc que de ma lecture subjective, de mon ressenti personnel eu égard aux divergences et aux convergences, aux éventuelles synergies avec mes propres recherches en prospective des dispositifs et des pratiques de lecture.
J'ai donc lu Fait et Fiction – Pour une frontière de Françoise Lavocat, paru récemment aux éditions du Seuil.
Je l'ai lu de la première lettre de l'introduction (un L) à la dernière de la conclusion (un S). Mes initiales. La synchronicité induite par "la chose" me met d'emblée en délicatesse avec l'ancrage rationaliste de cet essai, par ailleurs vraiment fort intéressant, mais évacuant totalement, au vu de ma propre expérience, la dimension humaine de la lecture de fictions littéraires.
 
Un essai ambitieux et érudit
 
Heureusement cet ouvrage a cependant plein de qualités. Françoise Lavocat a réussi la gageure de le structurer avec intelligence, ce qui n'a sans doute guère été facile, considérant tant le sujet, que la masse d'essais, de thèses et de théories qui s’accumulent depuis des décennies.
L'ensemble se présente sommairement ainsi : une introduction assez longue qui expose les postulats, les choix théoriques et balise le parcours qui sera suivi ; puis trois grandes parties, chacune subdivisées en 4, 5, 4 chapitres, déclinés en un certain nombre de points. Enfin, une conclusion, qui n'a résonné en moi que comme une justification du point de vue rationnel qui, malgré tout, prévaut tout au long.
- La première partie : Monismes contre dualismes, pose d'emblée l'opposition entre :

vendredi 8 juillet 2016

Une Histoire de la Cyberculture

Les trois premiers lundis de ce mois de juillet 2016 Yann Minh donne à Paris au Théâtre de l'Européen un cycle de trois conférences-débats de trois heures trente chacune, consacré à : L'HISTOIRE DE LA CYBERCULTURE.
Avec sa faconde, ses Necomimi sur la tête (oreilles de chat connectées exprimant l'intensité de son activité cérébrale), casques de VR et connexion directe sur un
Métavers opensim, l'artiste, comme il se présente lui-même, a de quoi stimuler les neurones de son auditoire hétéroclite.
Par rapport à la futurologie de la lecture et à mes propres recherches sur le voyage intérieur du lecteur les liens sont multiples, mais ténus.
Je ne comprends pas pourquoi cette cyberculture n'engendre pas davantage de fictionautes. Certes ! les liens entre œuvres littéraires, édition pure-player et jeux vidéo sont de plus en plus interrogés (il serait temps !), mais l'échec des OpenSim à fédérer les internautes autour de projets créatifs est le symptôme, je crois, je le crains, d'un déphasage entre la cyberculture et un cyberespace habitable (?).
 
Mais peut-être est-ce précisément le métier de la littérature que de tisser les espaces des cultures ?

Après celle du lundi 4 juillet, je serai également présent aux NooConférences des lundis 11 puis 18 juillet. N'hésitez pas à venir et à me faire signe sur place si vous voulez faire ma connaissance :-)
 
Les infos pour s'inscrire, venir et participer gratuitement en suivant ce lien...

N.B. L'entrée est libre et gratuite mais l'inscription obligatoire sur Eventbrite
cliquez ici pour y accéder directement...


lundi 4 juillet 2016

La tortue rouge, ou, Sortir de Tamara

La Tortue Rouge de Michael Dudok de Wit est à mon avis un très beau film d'animation et je le recommande chaleureusement. Mais si je veux l'évoquer ici, sur le blog de la prospective et de la futurologie des dispositifs et des pratiques de lecture, il y a évidemment une autre raison.
En fait, c'est tout simplement parce que ce film, au récit émouvant qui "emporte", qui "prend" son spectateur, est sans parole ni texte, tout en étant cependant, son affiche suffit à le montrer, bien autre chose qu'un film muet.
Sa singularité interroge ainsi discrètement l'utilité du langage verbal et de l'écriture alphabétique pour faire narration, et du coup cela rejoint directement le cœur de mes recherches en prospective du livre et de la lecture.
  
Mon idée n'est aucunement dans l'absolu d'accéder à un quelconque silence sinistre, mais simplement d'expérimenter ce que pourrait être pour des humains du 21e siècle et du 3e millénaire, la vie hors du langage verbal, (re)portant notre attention à la communication par les gestes et les regards, et redécouvrant aussi d'autres écritures, à lire, et cependant non-alphabétiques.
L'entrée dans Tamara, l'une des villes du recueil de nouvelles d'Italo Calvino, Les villes invisibles, exprime assez bien je pense ce mouvement du lecteur, auquel je réfléchis et auquel j'aspire à titre personnel : « L'œil s'arrête rarement sur quelque chose, et seulement quand il y a reconnu le signe d'autre chose : une empreinte sur le sable indique le passage du tigre, un marais annonce une source, la fleur de la guimauve la fin de l'hiver. Tout le reste est muet et interchangeable ; les arbres et les pierres ne sont que ce qu'ils sont. Pour finir, le voyage conduit à la ville de Tamara. On y pénètre par des rues hérissées d'enseignes qui sortent des murs. L'œil ne voit pas des choses mais des figures de choses qui signifient d'autres choses. ».
  
Sortir de Tamara
  
Il nous faudrait lire cette citation à l'envers, et nous imaginer sortir de Tamara : « Dans la ville de Tamara nous sommes dans des rues hérissées d'enseignes qui sortent des murs. L'œil ne voit pas des choses mais des figures de choses qui signifient d'autres choses. Pour finir, notre voyage nous conduit à l'extérieur. Là l'œil s'arrête rarement sur quelque chose, et seulement quand il y a reconnu le signe d'autre chose : une empreinte sur le sable indique le passage du tigre, un marais annonce une source, la fleur de la guimauve la fin de l'hiver. Tout le reste est devenu muet et interchangeable ; les arbres et les pierres ne sont que ce qu'ils sont. ».
Pour aller plus loin il nous faudrait maintenant une nouvelle version cinématographique de La tortue rouge, avec des acteurs humains dans un décor naturel. Puis une autre aussi, avec des acteurs humains dans un décor naturel, et, sans musique (malgré la beauté de celle du film d'animation actuel), avec seulement la bande son originale de la nature. Et il nous faudrait également des versions en réalité virtuelle, certaines subjectives, d'autres avec avatars.
En attendant, dans les mois à venir, je sais que je vais de plus en plus réfléchir aux multiples déclinaisons possibles des "livres audio", des différences entre "écouter lire", et, "lire", mais aussi, "lire à voix haute", et comment tout cela, comme la singularité de La tortue rouge, peut nous conduire à creuser un canal entre réalité(s) et imaginaire(s). A suivre...

lundi 20 juin 2016

Lire est ce coloniser de nouveaux espaces ?

Retour sur le café littéraire du 19 juin 2016 sur le thème "Et la lecture devint spectacle", en "after" de #CamilleForEver accueilli et toujours présenté sur la plateforme EVER (Environnement Virtuel pour l'Enseignement et la Recherche) de l'université de Strasbourg, avec la retranscription de mes propos d'introduction à l'entretien avec l'auteur québécois Denis Morin, puis la lecture de correspondances de Camille Claudel par le Théâtre de l'Adret :
  
" En mars 2000 lorsque j'ai vu au Salon du livre de Paris qu'une société se lançait avec comme figures de proue Jacques Attali et Erik Orsenna pour commercialiser des tablettes de lecture qui seraient de véritables bibliothèques personnelles, j'ai réalisé que le numérique, qui jusqu'alors ne m'intéressait pas, pouvait apporter quelque chose aux dispositifs et aux pratiques de lecture.
La société s'appelait Cytale. En juillet 2002 elle était en liquidation judiciaire. Mais moi depuis j'ai continué à creuser ce sillon et, les uns après les autres, à dépasser les horizons du livre.
Cherchant à titre personnel sur des chemins de spiritualité et chercheur depuis quelques années en prospective et en futurologie du livre, c'est finalement le nom, le beau nom grave de lecteur que je n'hésiterais pas ce soir à m'apposer pour nommer le corps physique qui véhicule en ce monde l'esprit inconnu qui me questionne ; paraphrasant ainsi maladroitement l'incipit du Bonjour tristesse de Françoise Sagan, peut-être parce que la lecture se double, pour ce que j'en ressens, précisément de ce sentiment de tristesse. Pour moi ce sentiment de tristesse vient de l'incommunicabilité. C'est l'étanchéité apparente des mondes qui en serait la cause.
Ma boîte crânienne renferme une machine biologique qui décode et documente des longueurs d'ondes captées par mes organes sensoriels. Ce que je perçois comme réel n'est ainsi qu'une représentation comme une autre et sans doute parmi une infinité d'autres possibles. La mouche, qui se pose sur l'écran de mon ordinateur alors que j'écris ce texte, m'est contemporaine. Nous coexistons la mouche et moi. Mais nous ne vivons pas dans le même monde.
Cependant me dis-je, capter, décoder puis documenter, qu'est-ce d'autre sinon lire ? Je lis donc. Je lis tout. Et je cherche à lire les fictions littéraires comme je lis le reste, c'est-à-dire avec la même intention de pouvoir y vivre et y communiquer. Cette gageure m’entraîne dans de drôles d'aventures du côté des réalités virtuelles, des théories transhumanistes et des arts numériques, et aussi du Métavers.  
Depuis 2006 une projection pixelisée de mon esprit, mon avatar présent ce soir parmi les vôtres, erre sur des territoires numériques, tel EVER de l'université de Strasbourg qui nous accueille une nouvelle fois.
Depuis décembre 2015 je suis aussi en contact avec un récit que chaque semaine je retranscris fidèlement. Cela raconte l'histoire du voyage intérieur du lecteur de fictions. La chose prend l'apparence d'un livre, d'un book in progress, pour reprendre à son sujet l'expression de Natan Karczmar, et se présente comme un manuel de résistance pour entrer dans les fictions littéraires comme nous entrerions dans des territoires réels, et pour y puiser des forces nouvelles et y trouver des alliés.
Dès lors la question peut en effet se poser du lien entre les mondes parallèles de nos lectures et un espace digital comme celui que nous partageons en ce moment même.
Pour moi la question reste entière. Je vois ici avant tout un espace de médiation, mais une expression aussi peut-être du désir qui hante notre espèce humaine d'explorer sans cesse de nouveaux territoires à nommer et que nous soumettons aussitôt à la grille de lecture de notre langage.
Que sommes-nous, ici, ce soir, en train de coloniser ?
Sommes-nous certains d'y être les seuls habitants, et que les datas et les scripts ne contiennent pas en germes une autre forme de vie ?
Ce point de vue que je cherche à formuler n'est cependant que celui d'un lecteur, et un autre, un point de vue d'auteur comme celui de Denis Morin sera sans doute tout aussi éclairant, et c'est donc en vous remerciant toutes et tous pour votre écoute, que ma première question à Denis sera :
– Cher Denis Morin, c'est à l'auteur du recueil Camille Claudel, la valse des gestes que je m'adresse, quel sens cela a-t-il ou a-t-il progressivement pris pour toi, que de transporter, de voir transfigurer, ici, tes mots, ton texte, ton langage poétique en somme ? "

 

samedi 11 juin 2016

Les droits des lecteurs face au numérique

Pour vous quels devraient être les droits des lecteurs face aux nouvelles règles de médiation, de communication, de diffusion et de commercialisation des livres, et en particulier des livres numérisés et numériques ?
C'est une question, oui !
  
Le mercredi 22 juin à 19H00 au café culturel Le Vestibule à Paris dans le quartier de la Bastille, je vous propose de venir en discuter avec moi à l'invitation du Collectif-Lab Disruptive People.
 
"Disruptive People opère comme un think tank citoyen et rassemble un collectif d'esprits libres convaincus de la nécessité de promouvoir l'esprit critique. Notre ambition est de concourir à la capacitation du citoyen au sein du vivre ensemble contemporain..."
C'est dans cette perspective que nous échangerons ce soir là. Après une rapide introduction pour bien définir le cadre de notre réflexion, notamment préciser les spécificités de l'édition numérique par rapport à l'édition imprimée, je proposerai à la discussion 14 droits des lecteurs sur lesquels nous pourrons débattre tous ensemble et voir comment les défendre à l'avenir.
Ce ne sera pas une conférence, ni une table ronde et encore moins un cours. Agrémenté par les petits plats de nos hôtesses, ce sera un temps d'échanges et de rencontres pour faire un point sur la lecture aux formats numériques... Venez donner votre avis !
 
Où ? Le Vestibule - Café culturel 40, rue Sedaine 75011 Paris (Plan d'accès
Quand ? Mercredi 22 juin 19H00-21H00
Evénement gratuit.
Boissons et petite restauration légère et saine sur place. Chaque participant, moi compris, paie ses consommations.
Inscription par mail à disruptivepeople@gmail.com (40 places maxi)  avec en objet : RDV22:06:2016
A bientôt !
 


vendredi 10 juin 2016

Liber Numericus des e-incunables au Bibliocène

 
Le 09 juin 2016 j'ai eu le plaisir de donner la conférence inaugurale de l'exposition Liber Numericus sur le plateau intermédia de Stereolux à Nantes. J'ai invité un auditoire nombreux, attentif et étonné, à un voyage d'une heure trente sur le thème de la double métaphore du monde comme livre et du livre comme monde, jusqu'à l'émergence d'une nouvelle ère, celle du Bibliocène, et des lecteurs fictionautes. Des sujets que j'aborde dans mon book in progress "Le Voyage intérieur du lecteur".
Comme je le disais en conclusion : "aujourd'hui, en transgressant la forme et les limites, en dépassant la ligne d'horizon du livre, les plasticiens et les artistes du numérique nous apportent des semences imaginaires et un levain mental pour métamorphoser les lecteurs en fictionautes...", et c'est bien ce dont vous pourrez vous rendre compte si vous avez l'occasion de visiter l'exposition qui se tient jusqu'au 03 juillet 2016.
 
Plus d'infos sur l'expo http://www.stereolux.org/blog/exposition-liber-numericus-l-hypermediagraphie


mercredi 8 juin 2016

Rencontre internationale sur La Lecture devient spectacle

 
En after au spectacle #CamilleForEver nous recevrons l'auteur québécois Denis Morin au sein du MétaCafé Littéraire, espace expérimental de médiation du livre et de la lecture que je propose sur la plate-forme web immersive EVER (Environnement Virtuel pour l'Enseignement et la Recherche) de l'université de Strasbourg.
Cette rencontre, avec au programme des lectures d'extraits de la correspondance de Camille Claudel par les comédiens du Théâtre de l'Adret, est donc accessible librement depuis le monde entier. N'ayez pas peur de vous y connecter et de venir nous retrouver le 19 juin à 17H00 (heure française).
 

dimanche 5 juin 2016

Sublimation du lecteur apophène dans Le Voyage Intérieur du Lecteur Chapitre 24

Le 24e chapitre de l'essai Le Voyage Intérieur du Lecteur est en ligne ici, consultable gratuitement avec la possibilité de laisser vos commentaires, critiques et suggestions.
 
Extrait : " Lorsque, à bout de souffle, nous parvenons à l'orée du bois brûlant, nous ne sommes plus nous. Nous sommes transfigurés. Sublimés. Le feu nous a sauté. Il est face à nous maintenant, dans les villages et dans les villes. [...] Nous en portons à jamais la brûlure sur notre visage. Les autres nous reconnaissent comme tels, comme des lecteurs de fictions. Nous sommes Ulysse. Nous sommes don Quichotte. Nous sommes Jean Valjean. Oui, nous nous racontons des histoires ! Mais au-delà des simples histoires écrites. Nous avons connu le feu. Nous avons été au feu. Nous sommes montés au feu. Nous en avons été brûlés. Nous avons brûlé nos ailes aux sources de la fiction. Le feu, répétons-le, nous est passé dessus. Nous sommes passés par le feu, par la cuisson du livre, de ce qui à force de se consumer fera livre, à manger, à dévorer, à déchirer à pleines dents. Nous portons la couleur de ce feu. Sa chaleur. Sa vie. Nous sommes passés par cette porte, que nous évoquions il y a quelques chapitres. Cette porte à un seul côté. C'est cela la sublimation : passer le seuil de cette porte à un seul côté. Et nous sommes le Petit Chaperon Rouge, nécessairement. Et nous nous appelons alors Alice...".
  
Aujourd'hui notre chance est peut-être ainsi de pouvoir vivre le temps dont nous disposons dans un monde qui a une tendance profonde à flouter la frontière entre le réel et les imaginaires, et dans ce sens participer à l'écriture du Voyage intérieur du lecteur, commenter, débattre, critiquer librement sur : https://www.wattpad.com/story/57362702-le-voyage-int%C3%A9rieur-du-lecteur/parts est un véritable acte d'engagement pour la capacitation (empowerment) des lecteurs :-) N'ayez pas peur !

lundi 30 mai 2016

Rdv à Nantes pour Liber Numericus :-)

Le jeudi 09 juin 2016 j'aurai le plaisir de donner la conférence inaugurale de l'exposition Liber Numericus qui se tiendra du 10 juin au 03 juillet à l'espace Stereolux à Nantes.
Le thème de mon intervention sera :
LES IMAGINAIRES DU LIVRE DANS LA CULTURE CONTEMPORAINE : DU MONDE DU LIVRE AU LIVRE MONDE... Elle sera suivie du vernissage de l'exposition.
  
Aujourd'hui, se représenter et penser le livre à l'heure du numérique et du "tout écran" demande de pouvoir comprendre et expliciter comment les imaginaires du livre traversent les siècles, et comment, sous de nouvelles formes, ils expriment le même besoin humain de s'immerger dans la fiction. C'est ce que je proposerai d’explorer dans cette conférence...
 
L'événement est gratuit sur inscription EVENTBRITE...
Sur Facebook : la page de l'événement, et, l'invitation ...
  
Le voyage auquel je vous invite le 09 juin à Stereolux
L'exposition LIBER NUMERICUS mettra en lumière les mutations et les nouvelles représentations du livre, tant en littérature que dans la création plastique contemporaine à travers les regards de différents artistes : Kyle Bean, Carole Brandon, Jesse England, Masaki Fujihata, Airan Kang, Florent Lagrange, Nemanja Nikolic, Various Artists, Waldek Wegrzyn, ainsi que d'éditeurs innovants, papier et numérique, tels L’Apprimerie, Byook, Les éditions volumiques, Jean Boite Editions, Moonbot Studios, Professeur Cyclope, Studio LA…
Une table ronde sur les Pratiques éditoriales expérimentales sera également organisée le mercredi 22 juin, ainsi qu'une journée workshop "Nouvelles écritures numériques" le vendredi 24 juin.
Toutes les infos sur

dimanche 29 mai 2016

Lecture et failles spatio-temporelles dans Le Voyage Intérieur du Lecteur Chapitre 23

Le 23e chapitre de l'essai Le Voyage Intérieur du Lecteur est en ligne ici, consultable gratuitement avec la possibilité de laisser vos commentaires, critiques et suggestions.
  
" Si nous pensions aux lignes seulement et arrivions à interrompre un bref instant le flux du langage, peut-être mentalement verrions-nous alors apparaître le trou d'aiguille laissé à la surface de l'histoire par l'ellipse, ce trou par lequel nous devons laisser s'écouler notre conscience d'être en train de lire, ce trou qui est peut-être le point où l'anamorphose, la déformation du réel, opère dans la fiction. C'est là je crois un trou de ver, au sens où les physiciens peuvent concevoir un tel objet hypothétique pour amarrer au réel les solutions mathématiques qu'ils proposent en réponse aux grandes énigmes de notre univers ".
Aujourd'hui notre chance est peut-être de pouvoir vivre le temps dont nous disposons dans un monde qui a une tendance profonde à flouter la frontière entre le réel et les imaginaires, et dans ce sens participer à l'écriture du Voyage intérieur du lecteur, commenter, débattre, critiquer librement sur : https://www.wattpad.com/story/57362702-le-voyage-int%C3%A9rieur-du-lecteur/parts est un véritable acte d'engagement pour la capacitation (empowerment) des lecteurs :-) 

vendredi 27 mai 2016

De la lecture comme exercice de sa puissance libératrice

"A la double métaphore bien connue du monde comme livre et du livre comme monde, je substitue celle de la lecture qui sort du bois et du lecteur qui entre dans la forêt. Nous sommes tellement habitués à lire, et au-delà des livres à travers tous les signes du monde et dans le regard des autres, que nous n'y faisons plus attention.
Mais nous sommes au 3e millénaire. Le réseau recouvre la planète. Tout est code. Le réel de plus en plus fictionnalisé. Les fictions de plus en plus trompeuses. La connexion permanente. Le profilage généralisé. Nous sommes surveillés.
Le voyage Intérieur du Lecteur n'est pas une fiction. C'est un manuel pour devenir fictionaute. Un manuel de résistance pour entrer dans les fictions comme dans des territoires réels et y puiser des forces et y trouver des alliés. Simplement avec notre puissance mentale et le pouvoir de notre imagination. Et un jour peut-être avec des technologies immersives et du biohacking. N'ayez pas peur : participez à l'écriture de ce livre et vous comprendrez."
 
Accès direct sur
 https://www.wattpad.com/story/57362702-le-voyage-int%C3%A9rieur-du-lecteur/parts 


mardi 24 mai 2016

Vers une bio-informatique au service des fictionautes

Le titre peut-être un peu énigmatique de ce post cherche en fait à exprimer le message subliminal que j'ai essayé de faire passer le samedi 21 mai 2016 lors de mon intervention intitulée " LE LIVRE : ESPACE INTERIEUR OU INTERMONDE ? " au cours de la séance consacrée à La Symbolique du Livre, dans le cadre du séminaire Cultures Numériques à la Bibliothèque Interuniversitaire de la Sorbonne.
Le texte complet de mon intervention est en ligne sur le site du carnet de recherche du séminaire sur Hypothèses.org en cliquant sur ce lien...

dimanche 22 mai 2016

Etirer le laps pour tomber dans la fiction avec Le Voyage Intérieur du Lecteur Chapitre 22

Le 22e chapitre de l'essai Le Voyage Intérieur du Lecteur est en ligne ici, consultable gratuitement avec la possibilité de laisser vos commentaires, critiques et suggestions.
Nous y tombons dans le puits avec Alice au Pays des Merveilles, Julien Sorel, et les Chroniques de l'oiseau à ressort de Murakami Haruki.
N'ayez pas peur. Imaginez simplement une ligne droite verticale dont l'extrémité haute serait fixe et qui aurait cependant la volonté de se mettre en mouvement, appelons-la : l'intention de l'auteur. Supposons lui alors une extrémité basse mobile et supposons qu'elle tracerait un cercle : la fiction. Imaginons maintenant comment ce mouvement pourrait ensuite se matérialiser dans l'espace, quelle forme il prendrait alors ? Cela formerait un cône : le lieu, le puits de la fiction. Si ce cône se trouvait être traversé par un plan incliné, celui de notre lecture pénétrant le champ de la fiction, la zone commune alors au cône et au plan donnerait une ellipse. Et... la suite, à commenter, à débattre, à critiquer directement et librement sur :  
https://www.wattpad.com/story/57362702-le-voyage-int%C3%A9rieur-du-lecteur/parts :-) 

vendredi 20 mai 2016

Edition numérique francophone - Etat des lieux

Cliquez ici pour accéder à la liste des éditeurs numériques
Un bilan d'étape, un état des lieux de l'édition numérique francophone, avec la récente actualisation et mise à jour complète de la liste des éditeurs numériques francophones que je propose depuis avril 2011.
 
Depuis l'actualisation de novembre 2014 sont également répertoriées séparément les sociétés précédemment inscrites mais ayant cessé leurs activités.
Cette liste est purement informative. Issue de mon travail de veille, elle ne vise qu'à mettre gracieusement à la connaissance de chacun une liste d'éditeurs "pure-players", mais, en aucun cas, il ne s'agit d'une recommandation des entreprises listées, ni d'une liste destinée spécifiquement aux auteurs en recherche d'un éditeur.
C'est un travail bénévole de recensement qui peut servir aux enseignants et aux étudiants, ou également à des organismes professionnels pour leurs études. Merci d'en citer la source en cas d'utilisation et de me contacter si vous souhaitez profiter de mon expertise.

dimanche 15 mai 2016

Les intermondes littéraires comme espaces phénoménaux dans Le Voyage Intérieur du Lecteur Chapitre 21

Le 21e chapitre de l'essai Le Voyage Intérieur du Lecteur est en ligne ici, consultable gratuitement avec la possibilité de laisser vos commentaires, critiques et suggestions.
Vous y serez invités à devenir un poisson dans le septième océan, celui du langage, à hurler en vous : "C'est assez !", pour devenir cétacé, car... : "à un stade paroxystique le liseur peut prendre la relève de l'auteur, et alors la fiction du liseur éclipse, à la fois celle de l'auteur, mais toutes celles aussi dont nous sommes en permanence les propres générateurs..."
N'ayez pas peur.  

jeudi 12 mai 2016

La Symbolique du Livre

J'aurai le plaisir d'intervenir sur ce thème de la symbolique du livre, le samedi 21 mai 2016 de 10H00 à 12H00 à la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (Salle des formations) dans le cadre du séminaire "Cultures Numériques" organisé par Thibaud Zuppinger et la revue en ligne "Implications Philosophiques", avec une réflexion autour de la question : LE LIVRE, ESPACE INTERIEUR OU INTERMONDE ?
 
* Entrée libre (infos accès)  sur réservation par mail à implications.philosophiques@gmail.com

lundi 9 mai 2016

Pour un empowerment des lecteurs de fictions

Deux essais parus récemment : Fait et Fiction - Pour une frontière par Françoise Lavocat, professeure de littérature comparée à l'Université Paris 3 Sorbonne nouvelle et membre de l’institut Universitaire de France (à écouter sur France Culture), et Les qualités de l'homme - Manifeste, par la philosophe Valérie Charolles (lire sa tribune : Comment construire un espace entre le réel et la fiction ? sur Viabooks), montrent combien la question du rapport au réel est un sujet de plus en plus sensible.
 
Dans la foulée de Constellations - Des mondes fictionnels dans l'imaginaire contemporain par Anne Besson, paru en mai 2015 aux éditions du CNRS, ces deux nouveaux essais nous incitent à une véritable prise de conscience, celle des fictions dont nous sommes en permanence les propres générateurs : si une porte (celle, par exemple, entre le "réel" et le "fictif") a toujours deux côtés, peut-être devrions-nous au cours de ce siècle apprendre à ne plus nous situer alternativement d'un côté puis de l'autre, ou des deux côtés à la fois, mais, à nous tenir en permanence sur le seuil d'une porte qui n'aurait... qu'un seul côté. 
 
Mais s'il y a bien, d'une part, ce que j'appelle un "réflexe narratif" de notre espèce, duquel il faudrait démêler apophénie et synchronicité, il y a également je pense, d'autre part, un versant orwellien ("1984") qui nécessiterait de toute urgence de travailler énergiquement à la capacitation (empowerment) des lecteurs (décodeurs) que nous sommes tous forcément, comme tout organisme vivant en milieu complexe. Qu'en pensez-vous ? Seriez-vous prêt(e)s à accompagner un tel travail ?