vendredi 2 avril 2010

L’édition électronique de Marin Dacos et Pierre Mounier aux éditions La Découverte

Pour Marin Dacos et Pierre Mounier, l’édition de demain sera inévitablement électronique. Et je partage plutôt cet avis, si nous entendons par électronique que la Grande Bibliothécaire sera la Fée électricité. O combien cela aurait conforté l’ami Robida ! Mais restons sérieux ;-)
Ce petit livre de moins de 150 pages est grand par son mérite selon moi. Il permettra à beaucoup de mieux localiser l’édition électronique sur l’échiquier des industries culturelles, pour la simple raison qu’il présente avant tout l’avantage non négligeable de mettre un certain ordre dans le chaos et la confusion d’un vocabulaire qui n’est pas encore fixé (cela dit, excepté sur un point sur lequel je reviendrais en conclusion de mon propos ;-)
C’est ainsi que ses auteurs distinguent clairement, sans théorisations oiseuses, mais dans une approche pragmatique :
-1. L’édition électronique de base (relevant de la numérisation de productions imprimées)
-2. L’édition numérique (« L’édition numérique, expliquent les auteurs, correspond à un deuxième âge de l’édition électronique : celui où l’édition de texte est nativement numérique, mais n’est pas encore spécifiquement pensée pour les usages en réseaux »)
-3. L’édition en réseaux (« Les initiatives éditoriales nativement en réseau […] qui se nourrit des pratiques de communications réciproques et horizontales propres à Internet pour enrichir la lecture (pratiques de lecture partagée), mais aussi en allant jusqu’à la production même de contenus (pratiques d’écriture collective)… »).
Ainsi mises en perspective, les évolutions actuelles prennent un relief intéressant à considérer, ce qui m’avait, il y a quelques jours, inspiré une représentation graphique du “Paradigme de l’édition à la fin du siècle”, laquelle représentation, à mon sens et en toute modestie, ne rend pas trop mal je crois le contexte dans lequel Marin Dacos et Pierre Mounier développent leurs réflexions.
Je conseille donc vivement la lecture de cet ouvrage, lequel, comme le dit sans mentir sa quatrième de couverture, propose « une typologie structurante pour le champ et en faisant un effort de définition », que nous sommes, il est vrai, peu nombreux à tenter.

Liseuses vs NDL (Nouveaux Dispositifs de Lecture)

La seule réserve que je formulerais à l’encontre de ce livre, c’est qu’il cautionne l’usage du terme “liseuse”, en l’employant pour désigner les nouveaux dispositifs de lecture. Je me suis déjà expliqué sur mes réticences par rapport à ce terme [Comment nommer les machines à lire ?] qui me semble, d’une part, trop connoté en référence au codex, d’autre part, trop désuet pour exprimer le champ des nouvelles pratiques de lecture. En somme, un terme porteur d’une dimension passéiste, et en vérité peu en harmonie avec le nouveau paradigme de l’édition électronique.
Cette réserve exprimée je recommande à toutes et tous la lecture de L’édition électronique, de Marin Dacos et Pierre Mounier, qui n’est disponible que depuis quelques jours (La Découverte éditeur, Collection Repères) et que vous pourrez feuilleter et commander en ligne en cliquant sur ce lien ;-)

1 commentaire:

  1. Bonjour Lorenzo,

    merci beaucoup pour ce compte rendu ! A propos de l'utilisation du terme liseuse, je crois que le désaccord sur le terme est significatif d'un désaccord plus profond sur le fond : nous pensons effectivement que c'est machines sont essentiellement des machines à lire qui reproduisent plus ou moins le codex dans l'univers numérique. Et pour nous, les usages innovants se développent davantage sur le web que sur ces machines.

    Au plaisir d'en discuter plus avant, par exemple au cours d'e-paper world.

    Amitiés,

    Pierre

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