
Florian Forestier, docteur en philosophie, membre du CEPCAP (Centre d'études de la philosophie classique allemande et de sa postérité) de la Sorbonne, et chargé de collection à la BnF, nous a en effet entretenu durant une petite heure du thème suivant : "L'élargissement de l'ordre des livres : l'urbanisme comme modèle".
Ce sujet l'a conduit à aborder la question de l'hybridation du réel et du virtuel, phénomène pour le moins singulier que nous sommes de plus en plus nombreux à expérimenter au quotidien sur Francogrid en général et MétaLectures en particulier, pour ce qui concerne l'exploration de nouvelles formes de médiations autour du livre et de la lecture.
Personnellement j'en avais fait l'expérience pour la première fois en 2007, avec une conférence au sein de la Bibliothèque francophone du Métavers.
Elargissement de l'ordre des livres...
Extraits de la conférence de Florian Forestier, qui fut suivie par une quinzaine d'internautes avatarisés de la France entière et en vidéo live streaming par quelques dizaines d'autres (lien vers la captation vidéo) et fut prolongée avec de riches échanges entre l'auditoire et le conférencier :
" Cette conférence est composée à partir de deux
articles que nous avons écrits : « L’élargissement
de l’ordre des livres », publié dans la revue Argus, décembre 2012, et « Internet
comme espace urbanisé », en attente de publication.
Où
va le livre ?

La finitude du livre
Des formes symboliques comme le livre-objet,
en d’autres termes, ne sont pas seulement des outils cognitifs. Elles
participent plutôt à l’inscription matérielle du rythme de la pensée se
cherchant, se retenant, se contrôlant, s’affinant. Elles matérialisent l’excès
de la pensée sur ce qu’elle peut retenir d’elle-même – excès qui n’est que
l’autre face de l’inscription et de l’appartenance de la pensée au monde.
Au-delà de certaines caractéristiques de la matérialité spécifique du livre-objet (la relation quasiment insécable entre le texte et le support), c’est
bien à l’organisation fondamentale d’une forme de vie que celui-ci participe. [...]
Le livre et la ville
... la question de
l’élargissement du livre au-delà du livre est également celle de l’architecture. La problématique du déplacement de l’ordre des
livres recoupe la très intéressante réflexion menée par un certain nombre de
philosophes contemporains sur l’architecture en tant que dimension fondamentale
de la constitution d’une expérience comme expérience humaine. Le déploiement de
la pensée, s’avisent ces derniers, est spatial aussi bien que temporel. Ainsi,
« l'architecture est une condition de possibilité de la fiction, et, sans
doute, du dire et du penser en général. », écrit Benoît Goetz, qui, dans la
filiation de Heidegger et Derrida, lie même de façon indissociable pensée et
spatialité. L'architecture est mise en œuvre d'horizons de sens : en cela elle
est « condition de possibilité », lieu d'articulation des dimensions de sens qui
traversent l'expérience. [...]
L'espace et la métaphore urbaine

La métaphore urbaine est une façon de penser sans
la réduire la complexité des univers de l’information, mais également de
comprendre que cette complexité se traduit par une structuration. [...]
La ville et Internet : deux espaces qui s'hybrident
C’est bien ici une hybridation, non seulement de
l’Internet, mais du virtuel en général et du (disons) réel qui a lieu. D’une
part, on interagit avec l’environnement physique comme s’il s’agissait d’un
environnement virtuel, en y cliquant, y naviguant, et d’autre part le numérique
vient lui-même s’inscrire dans l’espace réel au sein duquel on le rencontre
comme on rencontre les autres objets. [...]
La patrimonialisation
d’Internet : quelques observations sur le Dépôt Légal du web
L’évolution des pratiques liées à Internet invite
à se pencher sur le statut – légal et symbolique – à accorder à cet Internet
épaissis et densifié. [...] "
A lire également de Florian Forestier : Matière et éclairage - Quelques réflexions sur le livre numérique.
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