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mercredi 17 mars 2021

Bibliocène Vs Collapsologie et Cie !

Le Bibliocène est un nouveau concept forgé pour combattre l'asservissement mental dans lequel nous entretiennent les prophètes de l'effondrement, un concept forgé pour nous libérer de l'imaginaire apocalyptique et du flux des récits dystopiques.
 
Le Bibliocène est une proposition pour interroger et repenser en commun la double métaphore du monde comme livre (à lire, à interpréter, à écrire aussi...), et, des livres comme mondes possibles (à imaginer, à anticiper, à construire ensemble...). 
  
Le Bibliocène se veut ainsi un espace virtuel d'échanges et de rencontres pour débattre tous ensemble de la liberté d'esprit et de l'émancipation des lectrices et des lecteurs. Au-delà de la question importante des nouveaux droits des lectrices et des lecteurs face à la nouvelle donne de l'édition numérique, c'est la possibilité d'un autre point de vue sur notre rapport au futur.
Au sein de notre espèce animale il y a une transmission génétique, mais il y a également une transmission sémiotique qui passe par le langage qui est la matrice de notre perception du monde, à la fois ce par quoi nous communiquons entre nous et ce avec quoi nous pensons, et par le truchement duquel nous avons deux modalités d’expression : l’oral et l’écrit, et deux points de vue pour en rendre compte : le récit évolutionniste, et, le récit créationniste. 
C'est la raison pour laquelle l'idée d'un Bibliocène est toujours présente dans chacune de mes conférences
Parlons-en si vous voulez ? 
 
P.S. Le texte de mon intervention du 23 octobre 2017 à l'Université Paris Descartes dans le cadre du Colloque international d'étude de la théorie mythanalytique, sous la direction d'Hervé Fischer et d'Orazio Maria Valastro, et dans lequel j'abordai cette question du Bibliocène est toujours accessible à la lecture sur le site de l'Institut Charles Cros : Un exemple de mythanalyse, la Tour de Babel et le mouton imaginaire.

jeudi 11 mars 2021

Faire venir Mars à nous...

- La conscience de notre mort à venir détermine en nous les facultés démiurgiques du langage articulé que l'évolution a permis à notre espèce d'acquérir. Les idées d'un ou d'autres mondes, de traversées, de passages et de passeurs structurent les mythes et les norias de fictions qui irriguent notre imaginaire et s'expriment également, tant dans les fantasmes qui furent jadis liés aux Grandes Découvertes des 15e et 16e siècles, qu'à ceux qui aujourd'hui motivent la conquête spatiale. 

- Dans le corpus issu de ma veille permanente en futurologie et en mythanalyse de la lecture et de ses pratiques j'ai mis en perspective plusieurs contenus reliant à la fois l'actualité récente (comme par exemple ceci : Pour trouver une forme extraterrestre, il faut revoir notre définition de la vie : "Nous ne pourrons pas faire de découverte décisive tant que nous ne changerons pas notre manière de chercher..."), à des fictions inspirantes (comme, par exemple, les Chroniques martiennes de Ray Bradbury, ou encore Stalker, pique-nique au bord du chemin des frères Arcadi et Boris Strougatski et de leur propre adaptation pour le scénario du film de Tarkovski), avec la célèbre hypothèse de Sapir-Whorf qui postule que la langue que nous utilisons façonne nos représentations mentales du monde. J'enrichis ces apports de stratégies narratives issues des travaux de la tibétologue Alexandra David-Néel, de l'idée du "folkloric relay system" proposée par le sémioticien américain Thomas Sebeok, et de récits d'inspiration hassidique. 

- Ces travaux s'inscrivent dans ma volonté, plusieurs fois exprimée, de faire passer les études sur la lecture de fictions littéraires de la recherche théorique fondamentale à une véritable recherche expérimentale appliquée (se reporter par exemple à : Finir 2020 avec la question de la transsubstantiation...) et de pouvoir à terme développer de véritables expériences de pensée (voir par exemple : Voyager dans les livres...). 

- Dans la perspective exposée dans mon texte La lecture comme laboratoire du réel : "La forêt est un effet de réel du langage ; une illusion cognitive", il y aurait bel et bien des possibilités de déboucher concrètement sur des expérimentations sur les effets de réel et de pensée du langage. 

- Je suis à l'écoute de toutes et de tous pour, soit en présentiel soit en visioconférences, présenter le corpus sur lequel repose ces projets d'une manière adaptée aux contextes et aux publics concernés, et / ou pour participer à la constitution ou bien m'intégrer au sein d'équipes fonctionnant dans l'optique suivante : il ne s'agit pas d'aller sur Mars, mais, de faire venir Mars à nous, ou, dit autrement : il s'agit d'expérimenter le potentiel performatif des fictions et de la lecture de fictions (a priori, anthropologues et sociologues, entre autres, seraient les bienvenus).

mercredi 3 mars 2021

Des impacts de la Fiction & de la Narration sur la vie quotidienne...

Catalogue conferences et formations de Lorenzo Soccavo
Un condensé de liberté d'esprit et de stratégies cognitives pour penser les effets de réel du langage tout au long de notre vie.
Je ne fais jamais deux fois la même conférence ou la même formation. Chacune est unique, enrichie par les participations et les réactions aux précédentes et par les avancées de ma veille, de mes lectures et de mes réflexions. Les contenus sont également toujours adaptés, tant aux publics, qu'à des perspectives singulières comme le précisent de récents posts :
 
 
 
 

 Téléchargez le catalogue pour vous faire une idée puis parlons-en... 

dimanche 21 février 2021

Participez à une étude sur la lecture immersive !

Dans le cadre de mes recherches sur la lecture de fictions littéraires et le sentiment d'immersion fictionnelle, de "Traversée du Miroir" je mets en ligne une enquête inédite !
Ce questionnaire s'adresse aux lectrices et aux lecteurs de romans. Même à celles et ceux qui en lisent rarement. Aimer lire des romans n'est pas une question de performance !
Répondre à ces quelques questions vous prendra peu de temps. Elles sont simples et y répondre rapidement, spontanément, sera le mieux et le plus facile pour vous. 
Suivez ce lien pour accéder au questionnaire...
Merci d'avance pour votre participation et pour partager cet appel.

lundi 15 février 2021

De nouvelles approches sur la Lecture Immersive

A partir de ma participation en mai 2020 au séminaire Scénographies et Technologies S&T#3 [Voyager dans les livres] j'ai extrait de mes travaux neuf exercices pratiques qui peuvent nous aider à mieux conscientiser la part de nous-mêmes que nous projetons dans les fictions littéraires lorsque nous en lisons. 
 
L'idée derrière ces neuf propositions est celle d'alentir le flux de fiction qui nous entraîne quand nous lisons un roman. Il s'agit de démultiplier les diverses strates des situations qui nous sont proposées par les œuvres littéraires afin d'y faire affleurer la possibilité d'espaces explorables. 
 
Cette approche, illustrée d'exemples concrets pour chacune des neuf propositions, débouche sur la présentation d'une expérience de pensée sur la lecture immersive de fictions et le sentiment de "traversée du miroir". Elle peut être présentée a priori au sein de toutes structures et s'adapter à tous les publics, en présentiel ou en visioconférences. Elle peut aussi donner lieu à divers développements, dont des ateliers d'écriture créative permettant à toutes et tous de potentiellement vivre en soi cette expérience d'immersion fictionnelle et de découvrir ainsi son propre fictionaute...

G
M
T
Fonction Sound est limitée à 200 caractères

mercredi 10 février 2021

Enseignement et Amour des Livres et de la Lecture

Offrir aux jeunes la passion des livres et de la lecture...
Travaillant depuis des années dans le domaine des livres et de la lecture je pense que nous devons toujours demeurer vigilants et critiques par rapport à nombre d'idées reçues qui y circulent et notamment celle que les jeunes liraient peu, voire presque pas, qu'ils ne seraient en tout cas pas attirés par les livres et la lecture, etc. 

Dans la réalité les situations sont toujours plus nuancées.
D'une part, leurs pratiques de lecture sont différentes et s'enrichissent sans cesse des possibilités nouvelles apportées par le numérique et ses réseaux (fanfictions et plateformes comme Wattpad, entre autres, le démontrent). D'autre part, leurs canaux de recommandations se démultiplient (BookTubes ou Bookstagrams, entre autres, en attestent).
De fait : l'attirance pour la fiction et les mondes imaginaires demeure bel et bien toujours aussi puissante !

Offrir aux jeunes la passion des livres et de la lecture...En soi la prospective des dispositifs et des pratiques de lecture est une méthode efficace pour, à la fois étudier au plus près les pratiques de lecture d'une population déterminée et prévoir leurs évolutions possibles, mais également pour accompagner un public précis, par exemple "les jeunes", dans leur découverte tant du patrimoine (ressources du domaine public...), que de la création littéraires (littératures numériques...). 

De l'école primaire à l'université, les principaux contenus liés à la prospective appliquée aux dispositifs et aux pratiques de lecture peuvent facilement et efficacement s'adapter aux différentes tranches d'âges des élèves, à leurs environnements et aux programmes scolaires. 

👉  Quelques pistes, entre autres, à explorer et à exploiter ensemble :

  •  Sensibilisation à l'histoire des supports et des dispositifs d'écriture / lecture et design fiction (méthode d'écriture créative) pour mettre en scène des appareils de lecture novateurs dans des futurs plus ou moins lointains...
  • Sensibilisation aux personnages de romans comme Intelligences Fictionnelles...
  • Sensibilisation aux métalepses narratives (procédé de "traversée du miroir" fréquent dans la SF et les littératures de l'imaginaire)... 
  • Sensibilisation à l'immersion fictionnelle et aux rapports entre fiction et réalité...
  • Sensibilisation à la découverte de son propre fictionaute (la part subjective de soi que nous projetons spontanément dans nos lectures de romans)...
 Je suis à l'écoute de toutes les enseignantes et de tous les enseignants...

mercredi 3 février 2021

Sur l'immersion fictionnelle | Mr. Dutilleul et la jeune Alice

Qu'est-ce que lire ? Lire c'est voir quelque chose qui fait voir autre chose.
Entre ce "quelque chose", et, cet "autre chose", il y a donc une certaine distance et dans un premier temps nous pourrions émettre l'hypothèse suivante :
- ce serait cette distance virtuelle qui serait mentalement parcourue par la lectrice ou le lecteur de fictions littéraires pour qu'ils se retrouvent "immergés" dans le monde de ce qu'ils sont en train de lire, dans la posture de lecteur telle que l'évoque à plusieurs endroits de sa Recherche Marcel Proust, par exemple lorsqu'il se remémore dans Du côté de chez Swann : "l’espèce d’écran diapré d’états différents que, tandis que je lisais, déployait simultanément ma conscience", ou bien encore quand il parle de "cristal successif ". N'aurions-nous pas là chez Proust des mots cherchant à exprimer ce qui serait de l'ordre d'une traversée du miroir ?  

Je propose donc une approche rationnelle s'appliquant dans un premier temps à rapprocher des extraits de fictions littéraires de la définition "Lire c'est voir quelque chose qui fait voir autre chose", dans le but d'envisager la relation de l'expérience d'un corps physique qui traverse un obstacle matériel comme une possible métaphore du voyage immobile que font les lectrices et les lecteurs.

Nous pouvons penser évidemment à la nouvelle fantastique de Marcel Aymé, Le Passe-muraille, l'histoire de Monsieur Dutilleul, un petit employé qui découvre incidemment qu'il peut passer à travers les murs, mais c'est à partir d'une fresque de street-art de la jeune Alice de Lewis Carroll que se sont cristallisées plusieurs facettes de mes recherches sur les métalepses. Alice ici semble apparaitre à la surface du mur comme si elle venait de le traverser.

Je postule que cette muraille que nous traverserions lorsque nous lisons un roman serait le langage, ce langage qui dans la vie quotidienne médiatise notre expérience immédiate du monde et vient faire écran et qui là, dans le processus de lecture d'une fiction littéraire, jouerait comme une sorte de miroir magique.
Je vous propose de se rencontrer autour de ce postulat pour une conférence-débat* richement illustrée et, vous le verrez, très documentée et rigoureusement argumentée.
Qu'en pensez-vous ?

N.B. Illustrations | Photos D.R. Céline Mounier, janvier 2021 Paris 13e, graffeur Azel.
A lire de Céline Mounier sur le site des Arts Foreztiers : Aimer les furtives...

* En présentiel ou en visioconférence, vous pouvez également télécharger librement le PDF du Catalogue 2021 de mes conférences et formations.

lundi 1 février 2021

La lecture est une activité humaine peu banale

Lorenzo_Soccavo_in_ProProse-Magazine_2021
2021 a bien débuté avec la publication de mes réflexions : Le texte, un jardin dont il faut sortir... dans PRO/P(R)OSE — Le magazine, des mots, des (contre-)cultures
 
Depuis que notre espèce animale manipule le langage, elle est aussi manipulée par lui. Dans cette situation seule la lecture peut-être pourrait être véritablement un processus mental concourant à notre émancipation et à notre autonomie spirituelle.
 
Ce texte récent donc, un jardin dont il faut sortir..., s'inscrit dans le prolongement de quatre autres publications qui se sont égrenées dans quatre revues différentes depuis une réflexion initiale, Le texte comme jardin, parue en septembre 2018 dans La Règle du Jeu (voir ici les liens vers le parcours des quatre textes). 
 
Le thème développé dans ces différents textes recoupe ceux de deux des conférences que je propose cette année : Découvrir que des fictions recèlent des formes de vie, et, Découvrir ce que la lecture de fictions a de véritablement magique.
Toutes les deux sont très sérieusement documentées et argumentées.
Vous en trouverez un descriptif dans le catalogue 2021 de mes conférences.
N'hésitez pas à me contacter pour toutes informations complémentaires et si vous souhaitez que je vienne vous présenter mes travaux sur ces questions, en présentiel ou en visioconférences...

samedi 26 décembre 2020

Finir 2020 avec la question de la transsubstantiation...

L’année 2020 s’est terminée en beauté avec une séance du séminaire Ethiques et Mythes de la Création consacrée aux personnages de fiction.
En compagnie de Sylvie Dallet (Présidente de l’Institut Charles Cros), Céline Mounier (sociologue) et Jean-Claude Heudin (spécialiste de l’Intelligence Artificielle) j’ai exposé l’avancée de mes réflexions sur le sentiment de "traversée du miroir" chez les lectrices et les lecteurs de fictions littéraires en posant le postulat suivant : les personnages de fictions littéraires sont généralement des créatures anthropomorphes qui ne vivent pas physiquement sur Terre, en conséquence de quoi nous pourrions les considérer comme des extraterrestres avec lesquels nous pourrions chercher à entrer en contact.
 

J’ai présenté une typologie pouvant servir de base à une catégorisation des rapports entre personnes physiques, et, personnages fictionnels, avec pour objectif de nous aider à élaborer des stratégies pour établir un contact, c’est-à-dire pour que nous puissions considérer des personnages de fiction comme de possibles médiateurs entre le monde sensoriel et les mondes imaginaires. J’ai présenté quatre catégories d’entités fictionnelles qui pourraient potentiellement nous servir de truchement avec des personnages de fiction :
    I – Les créatures ectoplasmiques
    II – Les personnes fictives
    III - Les créatures digitales
    IV - Les intelligences fictionnelles
 
En conclusion j’ai rappelé que depuis l’aube de l’humanité nous poursuivons toujours les mêmes rêves. Par exemple, voler comme les oiseaux et accéder à d’autres mondes. Pour ce qui est du vol cela nous est anatomiquement impossible mais nous sommes parvenus à mettre au point des machines de plus en plus sophistiquées qui nous transportent dans les airs et dans l’espace. Pour ce qui est de l’accès à d’autres mondes cela nous est aussi physiquement impossible, mais nous avons développé différentes stratégies passant des expériences esthétiques aux expériences mystiques et psychédéliques. Le texte reste cependant selon moi le principal agent et la lecture de fictions littéraires le domaine dans lequel nous devrions concentrer nos recherches.

Les personnages de fiction sont en-dehors du spectre sensoriel que nous pouvons consciemment percevoir, mais potentiellement certains d’entre eux pourraient-ils acquérir sur le psychisme de certains lecteurs une densité telle qu’ils pourraient accéder à leur perception de la réalité ou tout au moins l’altérer par leur présence invisible ?
Que faudrait-il débloquer pour passer de l’énergie statique du texte écrit à l’énergie cinétique spontanément engendrée par le processus mental dynamique de la lecture ?
Pourquoi ne pas chercher à mettre au point un dispositif technique permettant d’entrer en contact avec les personnages ? En physique quantique et en astrophysique les scientifiques élaborent après-coup les appareils permettant de détecter l’existence de ce dont leurs équations théoriques leur avaient auparavant démontré la réalité. Ne faudrait-il pas faire passer les études sur la lecture de fictions littéraires de la recherche théorique fondamentale à une véritable recherche expérimentale appliquée ?

mercredi 23 décembre 2020

Le support papier et son avenir...

Je suis souvent sollicité par des étudiant.e.s pour des entretiens... J'en fais écho cette fois-ci car comme sujet il s'agit de l'avenir du "support papier", et comme contexte celui d'une grande école de design.
Voici donc : 

 
 — Selon vous, quelles ont été les fonctions spécifiques du papier depuis son apparition et son évolution ? Support de l’archive et de l’écriture, quels ont été/sont ses "pouvoirs", ses lacunes et ses limites ?

Ses fonctions ont été celles d’un support léger, maniable et facilement transportable qui a en partie contribué au développement de la lecture, et ses limites sont liées à ses qualités, la fragilité à l’eau, au feu, à des parasites...
La question du pouvoir symbolique n’est pas tant liée au papier ou au livre qu’à l’écrit en fait, voire même à la maîtrise de la parole. L’expression "Avoir voix au chapitre" a longtemps véhiculé cette idée. Cependant la rareté et le coût des livres, en lien d’intelligence avec les pouvoirs économiques et politiques, les problématiques sociales d’enseignement et d’alphabétisation, doivent nous conduire à relativiser. Dans quelle mesure la valeur symbolique attachée au papier a-t-elle été une construction sociale artificielle ? Aujourd’hui poser devant une bibliothèque véhicule-il toujours le même message que naguère ?


— Considérant ses propriétés (conservation et pérennité), le papier est un témoin, une preuve du passé, vivant et significative (l’archive). Dans un sens, le papier rendrait le réel visible, lisible et intelligible. Quels rapports pouvez-vous établir entre le réel et le livre/le papier ?

La conservation et la pérennité du papier sont très relatives. C’est l’écriture, et non pas le papier, qui rend visible le langage verbal et la pensée, la parole invisible. Dans un sens l’on peut penser que cette opération de rendre visible la parole nous informe sur le réel, c’est-à-dire qu’elle lui donne forme, ou bien qu’elle nous forme, nous, à percevoir une certaine image du réel et à l’exprimer dans certaines limites communément admises par l’époque.
Il faudrait s’entendre sur une définition du réel dans le sens où le papier et les livres, que j’aime parfois à définir comme "des moyens de locomotion", véhiculent surtout des fictions et que, par exemple, une majorité de fictions littéraires nous ouvrent les portes vers des mondes imaginaires.
Le papier est le sable sur lequel nous apparaissent les mirages de l’écriture. L’analogie qui me vient à l’esprit est celle d’une partition, le solfège rend visible la musique mais la musique reste invisible cependant.


— Selon Jacques Derrida, le papier nous représente, nous atteste (Papier Machine, Galilée, 2001). En tant que support et sujet il acte, il crédite ou discrédite une réalité, "sur le papier". Pourtant, avec le numérique, il quitte peu à peu le monde réel pour se dématérialiser (e-paper, écran d’ordinateur), il se "virtualise". Comment alors le support du réel peut-il devenir virtuel ? Comment un support virtuel peut-il acter le réel ?

Je n’ai pas lu le livre de Derrida que vous évoquez. Je pourrais essayer de vous répondre à partir de l’essai "Simulacres et simulation" de Jean Baudrillard, mais je préfère vous répondre par moi-même.
En réponse à notre angoisse de mort nos ancêtres ont éprouvé très tôt semble-t-il le besoin d’inscrire, graver, buriner, laisser des traces de leurs passages. Nous pouvons penser que la transmission se faisait alors autrement que par ces sortes de témoignages, mais plutôt par imitation et apprentissage manuel, puis progressivement par des récits oraux. Et si nous voulons être rigoureux dans notre pensée nous devrions même nous questionner sur en amont l’apparition du langage articulé et sur sa pertinence à rendre compte du réel. Dans les diverses théories à ce sujet l’une avance l’hypothèse que le langage articulé aurait été facilité par la nécessité de devoir rendre compte de réalités éloignées dans le temps ou l’espace et ne pouvant pas être désignées par un geste de la main. C’est là ouvrir la porte à la fabulation, aux mensonges, etc., dès l’origine.
Avec le numérique, plus précisément que le papier, c’est la feuille, la page qui semble se dématérialiser, alors qu’étymologiquement le terme même de page est lié à une surface cultivée parcourable d’un regard, un champ, une vigne… Dans notre patrimoine culturel lire un texte et lire un paysage sont intimement liés.
Aujourd’hui la page de papier passe d’un monde de particules physiques à un monde de pixels. D’où ces inquiétudes multiples. Un sentiment de malaise qui pourrait peut-être s’expliquer par l’impression que le virtuel semblerait pouvoir introduire une rémanence plus proche de la pensée que le ne le faisaient l’écriture manuscrite ou l’imprimerie.
Cependant il demeure aussi une autre forme d’attachement aux livres et au papier et qui tient peut-être au fait qu’il existerait un esprit des objets qui se connecterait à nous, dans le sens qu’il entrerait en relation avec notre esprit, ou bien auquel notre esprit se connecterait sans avoir recours à un dispositif technique.
En résumé la frontière entre réel et virtuel est-elle si nette que cela ? C’est la question qui se pose également pour le rapport entre réalité et fictions.


— Selon vous, quels impacts majeurs l’arrivée du numérique a-t-elle eus sur la lecture et sur l’écriture ? Quels changements le traitement de texte numérique a-t-il eu sur le processus d’écriture ? Et sur le processus de lecture ? Le numérique s’adapte-il à nos habitudes et notre culture ? Ou l’inverse ?

Pour ce qui est de la lecture je pense que globalement nous lisons davantage même s’il s’agit d’une lecture moins suivie, moins linéaire et plus entrecoupée par des sauts multi voire transmédia. Ce qui potentiellement peut autant être une source d’enrichissements que de distraction préjudiciable.
Pour ce qui est de l’écriture il faudrait évaluer les risques liés à une perte progressive de l’écriture manuscrite (claviers, interfaces tactiles, reconnaissance vocale…) et ses impacts potentiels en termes de compréhension et de mémorisation notamment.
Le laboratoire Lutin Userlab a produit des travaux sur les impacts des différences de supports sur la lecture. Le professeur Stanislas Dehaene du Collège de France travaille également sur ces questions. Ces différents travaux reconnaîtraient nos indéniables facultés d’adaptation. Nous constatons bien depuis déjà quelques décennies que nous nous adaptons au numérique, cela ne signifiant pas que c’est facile pour tous, ni sans risques ou sans pertes, ne serait-ce que d’un sentiment de sécurité.


— Le livre et le papier ont, pendant des siècles, véhiculé le savoir, la mémoire et la culture. Comment le numérique, en seulement quelques dizaines d’années, a-t-il bouleversé la suprématie du livre, du support papier ? Comment être sûr qu’il soit capable de remplacer un support/un objet aussi historiquement ancré dans nos civilisations ?

Nous ne pouvons être sûrs de rien. Mais un livre imprimé est un objet clos sur lui-même et statique, tandis qu’un livre numérisé permet une plasticité d’affichage et d’accès, des recherches internes…
Par rapport au support papier il faut plutôt considérer le numérique comme la possibilité d’une hyper bibliothèque potentiellement accessible à tous en permanence, que comme un simple concurrent aux livres qui serait en compétition en termes de victoire ou d’échec.
Je crois que de tous temps l’essentiel de la transmission s’est effectuée bien plus par la chaîne du vivant, par une continuité génétique et spirituelle, que par des héritages matériels biodégradables dans le temps. Les livres imprimés devraient connaître le sort des rouleaux de papyrus et les tablettes numériques le sort des tablettes d’argile. Cela dit il reste deux aspects à prendre en compte : d’une part, le numérique n’est absolument pas de l’immatériel (il y a toujours une réalité physique de serveurs informatiques et de data centers), d’autre part, quand des archéologues retrouvent une tablette d’argile ils voient à sa surface des inscriptions à décoder, un archéologue du futur quand il retrouvera une tablette tactile il ne verra... rien.


— Le texte numérique a la capacité de se métamorphoser, de se transformer, d’interagir. A l’inverse du texte sur papier, il est en constante évolution. Avec la circulation massive de l’information, de la communication, le "règne de l’accès", mais aussi les solutions de contrôle, de tri, doit-on se méfier du texte numérique (fake news, falsification, perte de documents) ?

Oui, nous devons toujours nous méfier. Mais aussi avoir conscience que les erreurs sont plus facilement et rapidement détectables et corrigeables que dans le passé et que le travail collaboratif et les échanges contribuent à la validation des informations publiées. Énormément de mensonges et de propagande furent imprimés sur papier et véhiculés par des livres au cours des siècles passés.
Comme nous ne pouvons pas plus revenir à un avant le numérique qu’à un avant le chemin de fer, ce qu’il faut c’est nous adapter. En l’occurrence il nous faut détecter et lutter contre l’illectronisme, et faire en sorte que les enseignants et les bibliothécaires puissent développer une véritable littératie numérique auprès de la population.
A terme des développements de la technologie blockchain devraient permettre un meilleur contrôle de la fiabilité et de l’intégrité des contenus et de l’authentification de leurs sources.

— En constatant les avantages du livre électronique (accessibilité, maniabilité), est-il raisonnable d’imaginer la fin du livre papier dans les décennies à venir ?

Ces avantages sont à ce jour loin d’être des réalités. Mais c’est en effet en termes de décennies qu’il faut penser. Pour l’heure les enfants en âge de faire leur apprentissage de la lecture et de l’écriture le font encore majoritairement sur du papier, même si les apprentissages sur supports numériques se développent. Nous devons envisager ce changement sur le temps long de la chronologie des successions de générations et des politiques gouvernementales d’éducation soumises à des contraintes économiques fortes. De plus il peut toujours y avoir de l’imprévu : le récent confinement a révélé les difficultés et les limites de l’enseignement à distance et provoquera peut-être une accélération de la littératie numérique au sein de l’éducation nationale.

— Pensez-vous que l’avenir du livre soit lié à celui du papier ? En mettant en lumière ses lacunes et ses limites, le numérique peut-il aider le papier/le livre papier à se réinventer ? Une résistance du papier est-elle possible ?

L’avenir de l’objet livre en tant que dispositif de lecture est probablement lié oui à l’avenir du papier. Comme l’argile était lié aux tablettes d’argile et le papyrus aux rouleaux.
Mais le support papier, en tant que matière première, évolue toujours et il est l’objet de développements technologiques intéressants. Je pense notamment aux travaux conduits au sein de l’INP-Pagora de Grenoble par exemple sur les encres conductrices et l’électronique imprimée. A terme nous devrions évoluer vers des interfaces hybrides mixant ce que nous distinguons aujourd’hui comme étant du papier, et, les écrans (écrans flexibles...).
Par ailleurs d’autres technologies d’affichage de textes sont également l’objet de recherches, comme l’encre et le papier électroniques déjà exploités dans ce que nous appelons "liseuses", ou encore à partir du graphène.
Pour ce qui est d’une possible résistance du papier cela fait déjà quelques années que les acteurs de la filière des industries graphiques se sont organisés sous l’impulsion de leurs représentations syndicales professionnelles, entre autres l’UNIC (Union Nationale de l'Imprimerie et de la Communication) avec notamment Culture Papier qui mène un important travail de lobbying. La filière graphique (papeterie, imprimerie, diffusion et distribution…) représente des centaines de milliers d’emplois. Le SNE (Syndicat National de l’Édition) est également très actif. Enfin, pour conclure positivement, des éditeurs innovants travaillent à rapprocher l’univers du papier et l’univers numérique... 

Et vous, qu'en pensez-vous ?

dimanche 20 décembre 2020

Retour d'expérience - Narration et Cyberespace


Mon avatar en compagnie de ceux de Jenny Bihouise [Collectif i3Dim] et Jacqueline Barral [Adret Web Art] à l'occasion de la visite par les organisateurs et participants de l'OpenSimulator Community Conference 2020 le dimanche 6 décembre de notre réalisation de théâtre narratif immersif dans le cyberespace open source, d'après mon texte La Traversée du langage.

Le texte intégral avec introduction et compléments est disponible au format e-book ici...
N'hésitez pas à me contacter pour plus d'informations...

mercredi 9 décembre 2020

Un séminaire sur les personnages de fiction

Dans le cadre du séminaire Ethiques et Mythes de la Création de l'Institut Charles Cros j'aurai le plaisir de participer le samedi 19 décembre 2020 (10H00 - 12H30 heure de Paris) en vidéoconférence ZOOM, à une séance consacrée au sujet suivant : 
 
Les personnages de fiction nous aident-ils encore à vivre ? 
 
 Avec au programme :
 
- Introduction par Sylvie Dallet (Présidente de l'Institut Charles Cros, professeure des universités) : "L‘écriture, "cette substance magique" comme l’écrit Le Clézio fait vivre, au delà du plaisir de la lecture du moment, des personnages et des moments qui restent dans nos mémoires et nous inspirent des choix et des renoncements. Si l’émergence des personnages singuliers induit des dialogues personnels avec leurs lecteurs, est ce l’amorce d’une lecture prospective qui annonce des comportements nouveaux ?
 
- Jean-Claude Heudin (titulaire de l'Habilitation à Diriger des Recherches de l'Université Paris-Sud, auteur de nombreux articles scientifiques ainsi que plusieurs ouvrages dans les domaines de l'Intelligence Artificielle et des sciences de la complexité aux éditions Odile Jacob puis Science eBook dont il est le fondateur)
La musique créatrice de mondes imaginaires : "Les mondes imaginaires, en particulier de science-fiction, sont des lieux qui résultent d'une boucle étrange. Ils représentent des univers créés par leurs auteurs autant que par leurs personnages. C'est en effet au travers de leurs yeux et de leurs émotions que, dans un premier temps l'auteur, puis ensuite les lecteurs ou les spectateurs, « découvrent » ce monde. Dans les films, les séries, les jeux vidéos, la musique joue un rôle essentiel. Elle fait partie intégrante de la narration, du monde et de ses personnages, en participant à l'immersion sensorielle et émotionnelle.
 
-  Céline Mounier (Docteur en sociologie et sociologue en entreprise)
Sur Les furtifs de Damasio : "L’été 2019, j’ai lu Les furtifs d’Alain Damasio, un roman de science-fiction. J’ai été captivée par le personnage de Lorca, qui étudie les furtifs en anthropologue, protégé par un chef visionnaire et bienveillant à la fois. Pendant tout le roman, Lorca ouvre des voies de recherche, progresse lentement parfois, par accélérations à d’autres moments. Son regard reste critique sur la société des années 2040 avec ses « technococons » et autres « intechtes » qui façonnent un certain rapport à la consommation, aux loisirs et à l’autorité. Dans la société d’alors, chacun est replié sur soi et l’ordre économique gouverne l’ordre politique.  En observateur engagé, Lorca est bientôt emporté par une énergie digne de la musique du Sacre du Printemps de Stravinsky. D’ailleurs, dans le roman, la place de la musique et des sons est essentielle, tout autant que la furtivité, l’animalité, la joie des corps qui se meuvent en liberté.
 
- Pour ma part j'interviendrai sur le sujet : Les personnages de fictions comme médiateurs
Travaillant depuis plusieurs années sur le sentiment de "traversée du miroir" chez les lectrices et les lecteurs de fictions littéraires et forgeant pour cela le concept de "Fictionaute", la part subjective de soi qu'une lectrice ou qu'un lecteur projette spontanément dans ses lectures, cette séance du séminaire Éthiques et Mythes de la Création sera pour moi l’occasion de proposer une catégorisation de nos rapports aux personnages de fictions. Nous serons ainsi amenés à les considérer comme de possibles médiateurs entre monde sensoriel et mondes imaginaires. La comparaison entre personnes physiques et personnages fictionnels guidera notre essai de typologie aux confins de la fiction pour distinguer les apports respectifs dans la prise de conscience et l’éventuelle autonomisation de notre fictionaute, tant des personnes fictives, que des nouvelles formes de créatures numériques, jusqu’à l’émergence d’intelligences fictionnelles que j’avais abordée le 1er mai 2020 dans le cadre du séminaire Scénographies et Technologies S&T#3 du psychanalyste Franck Ancel [Cf. Voyager dans les livres].

- Pour recevoir le lien et le code pour participer à cette vidéoconférence merci d'envoyer un mail au plus tard la veille à l'adresse suivante : sylvie.dallet@uvsq.fr  
 
- A lire également sur ce thème : 
 

dimanche 6 décembre 2020

Prendre contact avec des personnages de fiction...

J'ai envoyé un mail à des personnages de fiction.
Vers la fin de L'Anomalie, Prix Goncourt 2020 d'Hervé Le Tellier aux éditions Gallimard, il y a les adresses mails de deux personnages du livre. Deux personnages de fiction donc.

Mes deux messages étaient identiques et sobres. Comme "Sujet" : Prise de contact, et comme message, suivi de mes coordonnées : 

 " Bonjour,
J'ai trouvé votre adresse mail dans un roman.
Vous seriez un personnage de fiction, ce qui m'intéresse au plus haut point considérant mes travaux (Cf. bloc signature ci-dessous).
Pourriez-vous me confirmer ?
Je suis à votre écoute...
Bien à vous, ... "

Dans la minute qui suivait j'avais, malheureusement, pour les deux une non-réponse automatique [Mail Delivery System [...] The mail system said : 550 5.1.1...], en clair : destinataire inconnu, inexistant. 

Ce qui aurait été vraiment intéressant c'est que je reçoive une réponse !
Volonté des éditions Gallimard ou manque d'imagination de leur service marketing et promotion, absence d'un département de veille et développement R&D sur les mutations en cours des dispositifs et des pratiques de lecture, mais surtout en l’occurrence sur l'évolution des rapports entre réalité et fiction, ou tout cela à la fois ? Ce qui est le plus surprenant je trouve c'est, d'autant plus si l'on considère le sujet du livre, que son auteur n'ait semble-t-il pas songé à prolonger ainsi son histoire dans, entre guillemets, "la vraie vie".
En 2020 comment est-il possible d'indiquer les coordonnées d'un personnage et de ne rien prévoir pour que les lectrices et les lecteurs puissent entrer en contact avec lui ?

Si je suis si sensible à ce manquement c'est qu'il relève directement d'un de mes axes de recherche. Le samedi 19 décembre 2020 je participerai d'ailleurs à une séance du séminaire Ethiques et Mythes de la Création de l'Institut Charles Cros sur le sujet : Les personnages de fictions comme médiateurs. C'est également le thème d'une des conférences du cycle que je propose : Entrer en communication avec des personnages de fiction.

Parmi les nombreuses critiques du livre d'Hervé Le Tellier ces deux ont retenu mon attention :
* Chic, enfin un Goncourt qui explore le futur ! sur Usbek & Rica...
* Hervé Le Tellier est un fossoyeur heureux, sur PHILITT...

jeudi 3 décembre 2020

The Traverse of language

La Traversée du langage” - in french - is a three-act play written especially for OSGrid by Lorenzo Soccavo. It is not theater to watch from a sitting room, but a narrative experience to be lived through your avatar.
The subject is language and its effects on humanity. The text is presented as an interior monologue in which a female voice and a male voice are mixing each other, on the model of the stream of consciousness as in Virginia Woolf or James Joyce, for example.
A text that is at the same time philosophical, dreamlike, mythological, even mystical, and woven from multiple references to other works, novels, films, or mythological characters like Ulysses or Oedipus. A text that the scenario of building inworld and the music of the words in audio underline to facilitate the feeling, the emotions ...

It is a journey through the three acts in a stage set that always seems the same but whose animations each time different make you feel what the text tells. The first act is called: "The waves. Traversing vibrations ”, it evokes the emergence of life and then of articulated language. The second: “The mirrors. Traversing representations ", evokes the illusions engendered by images and writing. The third: “The clocks. Traversing the Worlds "evokes the folly of imagining the world as a book and books as worlds.

The decor is inspired by a film, L'Année dernière à Marienbad, by filmmaker Alain Resnais, one of the representatives of the late 1950's French cinema movement called the New Wave.

* Information about : https://conference.opensimulator.org/schedule/  

mardi 17 novembre 2020

Le confinement ne durera pas, et même si...

Le confinement ne durera pas, mais même s'il se prolongeait pour longtemps encore ne sommes-nous pas en train d'entendre clamer partout à longueur de journées que les livres et la lecture seraient essentiels, voire qu'ils seraient comme par magie devenus vitaux ! 

Au-delà des enjeux économiques et des discours convenus je vous propose, à distance dans le cyberespace ou bien tout simplement avec un logiciel courant de visioconférences, ou alors pour anticiper l'après et être prêt au déconfinement dès le moment venu, sept conférences exclusives, toutes rigoureusement argumentées, et sous le signe de la découverte pour transformer en fenêtres les miroirs de nos lectures...
Cliquez simplement sur les liens ci-dessous pour accéder à la fiche de présentation de la conférence concernée : 

Le catalogue général est librement téléchargeable en suivant ce lien : catalogue PDF...
@ votre écoute...

lundi 16 novembre 2020

Post-scriptum sur le blog Lire et Dé-lire

Sur le blog Lire et Dé-lire des éditions belges BOZON2X j'ai ajouté en commentaires les deux post-scriptum ci-après à mon texte récent La lecture est une question d'espace (ce texte initial qu'ils viennent j'espère éclairer est évidemment toujours accessible).

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Post-scriptum au texte initial :

Dans ce deuxième temps de confinement je suis retourné sur les lieux par le détour de la Toile (Web). Finalement ce genre d'interface de cartographie numérique semble projeter dans l'espace du visible des presque équivalents de processus mentaux de visualisation et de remémoration. Selon le degré d'agrandissement, de rapprochement, ou au contraire de rétrécissement, d'éloignement, que nous donnons à la scène, d'une part le cadre et le hors-champ s'en trouvent modifiés, d'autre part, la toponymie se spectralise. En clair des noms de lieux apparaissent ou disparaissent selon. En écho s’opéreraient peut-être une dilatation ou un amoindrissement des souvenirs, selon... Ainsi, à en croire un certain niveau de zoom sur la carte digitale tout aurait été toujours clair dans les faits et rien n'aurait changé sur le terrain : Mitry-le-Neuf et Mitry-Mory. Et Mitry Claye serait le nom de la gare commune à Mitry-Mory et à Claye-Souilly, qui apparaît cependant bien en recul sur la carte, comme la gare de Villeparisis-Mitry-le-Neuf porte un double nom. Apparemment que l'on soit d'un bord ou de l'autre de la ligne du chemin de fer déciderait du nom de la station, à moins que la répartition se fasse à partir de la voie d'eau parallèle du Canal de l'Ourcq. Mais ai-je vraiment habité ce lieu qui aujourd'hui se délite en moi ? Hier comme aujourd'hui la terre sur laquelle ses habitants réels marchent peut bien être terre d'aventures dans la tête de leurs enfants ou d'un pauvre fou comme moi. Le délitement du lieu n'est pas celui de ce territoire mais celui de mon propre monde intérieur.

A l'étrange sentiment de paix qui m'envahit lorsque je retourne marcher dans ces rues se mêle incontestablement, il ne me vient pas un instant à l'esprit de le contester, une certaine confusion mentale. En somme, le temps passe et rien de fondamental ne change. Le lieu et moi nous restons l'un à l'autre fidèles. Mais probablement suis-je l'une des dernières personnes que je puisse croire.

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Écrit il y a trois ans, en 2017 :

Avec les années, les lieux fréquentés dans notre passé s'estompent progressivement dans notre mémoire. Leurs images deviennent plus floues et incertaines, mais elles demeurent en nous cependant. La vision intérieure que nous en avons leur confère le poids de la nostalgie et, pour se préserver, leur étendue se limite à de petits territoires bien circonscrits, sans plus rien à l’entour d'eux. Le seuil d'une porte, une partie de couloir, un escalier, un coin de véranda, un arbre. Mais telles sont également les images qui nous restent en mémoire de certaines de nos lectures romanesques passées, de telle manière qu'avec le temps notre imagerie mentale des espaces réels, dans lesquels nous avons effectivement vécu, et, les vestiges des images de ce que nous avons pu visualiser lors de certaines de nos lectures, se rapprochent l'une de l'autre, et finissent par acquérir le même degré de sensibilité et de vraisemblance. Avec le temps, il nous semblerait bien que nous ayons autant vécu dans la réalité que dans les livres.

 

jeudi 5 novembre 2020

Explorer le langage et la lecture...

Lorenzo Soccavo La Traversee du Langage
Cliquez ici pour un extrait...
Explorer le futur, surtout s'il s'agit des devenirs possibles des livres, de la lecture, du langage et de ses effets de pensée et de réel, c'est prendre le risque de passer du statut fantasmé de rat de bibliothèque à celui de rat de laboratoire !

Après avoir été récemment le cobaye d'une expérience mélangeant lecture, temps, espace et récit de soi (Voir La lecture est une question d'espace sur le blog Lire et Dé-Lire des éditions belges Bozon2X), j'ai décidé de tester les services d'Amazon KDP pour publier le texte d'une autre expérience récente : un texte de théâtre narratif en réponse à une commande pour une réalisation sur une plateforme Web3D immersive avec avatars (voir Porter le langage ailleurs...).

 En quelques mots : "Dans un monde en noir et blanc une voix intérieure s’adresse à une personne qui parcourt trois fois de suite l’allée centrale d’un jardin à la française comme elle parcourrait la nef d’une cathédrale. Cette personne c’est toi. Le jardin, ou la cathédrale, figure tes propres interrogations sur le langage et ton propre rapport aux réalités du monde. "La Traversée du langage" est une expérience de théâtre narratif, fruit d'une commande pour le Web 3D immersive. Tout le texte est un tissage d'autres histoires sur le langage, ce langage dans lequel nous nous enfonçons avec ses effets de pensée et de réel..."

L’e-book, outre le texte intégral dans sa version originale mise en voix par Jacqueline et Jean-Claude Barral d'Adret Web Art dans un décor de Jenny Bihouise d'i3Dim (trois photos) sur le Web3D, propose également une version monologue invitant à d'autres adaptations, une introduction exposant la perspective théorique et les enjeux, et se termine par une présentation des sources d'inspiration

Suivre ce lien pour télécharger l'e-book La Traversée du langage - Une brève histoire de la lecture dans les miroirs...

 

mardi 3 novembre 2020

Temps Espace et Récit de soi

Je relate sur l'espace de publication Lire et Dé-lire que m'ont gentiment ouvert les éditions belges Bozon2X une expérience intime sur mon rapport au temps et à l'espace.

Le texte, sous le titre :  La lecture est une question d'espace, et la protection de deux vers de Louis-René des Forêts est librement accessible en suivant simplement ce lien...

lundi 5 octobre 2020

Porter le langage ailleurs...

Voyage dans le cyberespace - Lorenzo Soccavo
Ci-après la retranscription de ma brève introduction à la première hier soir dans le cyberespace, sur la plateforme web 3D immersive OSGrid, de ma pièce : La Traversée du langage
 

« Au départ La Traversée du langage c'est un texte de commande à l'initiative de Jacqueline Barral (du Théâtre de l'Adret | Adret Web Art, qui en a fait la mise en monde et a prêté sa voix à l'enregistrement avec Jean-Claude Barral) et de Jenny Bihouise du Collectif i3Dim (qui a buildé comme on dit ici les décors et ses animations).

- L'intrigue pourrait se résumer ainsi :

Comme une voix intérieure, le texte s’adresse à une personne qui parcourt trois fois de suite l’allée centrale d’un jardin à la française, comme elle parcourrait la nef d’une cathédrale. Le jardin, ou la cathédrale, figure ses propres interrogations sur le langage et son propre rapport aux réalités du monde.
Vous verrez si cela correspond à l'expérience que vous en ferez dans un instant.
 
Très tôt j'ai proposé comme décor de s'inspirer du film d’Alain Resnais : L’année dernière à Marienbad (1961). La compositrice Rosa Auber-Kraft est venue plus tardivement se joindre au projet parce qu'elle aussi inspirée par ce film, lui-même adapté du livre d'Alain Robbe-Grillet, lui-même inspiré par L’Invention de Morel (1940) de l'argentin Adolfo Bioy Casares.
Mais cela aurait pu être un tout autre décor, j'ai pensé, par exemple, plus tard, à celui du film de Marguerite Duras : Détruire, dit-elle.
Tout mon texte est en fait un tissage d'autres histoires sur le langage.
L'idée est que notre rapport au langage serait comme celui qu'entretiennent les poissons avec l'eau au fond de l'océan.
 
L'emprunt le plus évident est celui fait au film de Chris Marker : La Jetée (1962).
La première phrase de l’Acte 3 | Les Horloges - Traverser les mondes (dont la première scène est justement baptisée : La jetée, mais ce type d'indication n'apparait pas à la lecture) est :
« Ceci est l’histoire d’un homme marqué par un château d’enfance. » et ça reprend presque mot à mot le fameux début de Chris Marker : « Ceci est l’histoire d’un homme marqué par une image d’enfance. », et puis il y a alors toutes les ramifications : L’armée des douze singes (1995) le film de Terry Gilliam, et de là L'Homme qui tua Don Quichotte (2018), etc.  
Tout le texte est un tissage d'autres histoires sur le langage.
Plusieurs mois après l'avoir écrit (d'un côté, l'essentiel, par rapport à ce texte, s'est passé après son écriture) je suis "tombé" sur un livre, La Joie de Bernanos, dont la toute première phrase décrit parfaitement je trouve l'expérience qui va vous être proposée :

"Elle ouvrit doucement la porte, et resta un moment sur le seuil, immobile, tenant levée sa main à mitaine noire. Puis elle reprit sa marche à pas menus, furtive, éblouie, sa vieille petite tête invisible sous le triple bandeau d’un châle de laine, aussi seule qu’une morte dans le jour éclatant. Un rayon de soleil traversait la pièce obliquement, de bout en bout. Quand elle s’arrêta, l’ombre lumineuse du tilleul continua de flotter sur le mur."
 
L’allée que votre avatar va parcourir c’est ce rayon de soleil qui traverse le texte obliquement, de bout en bout.
La question est de quoi ou de qui est l’ombre lumineuse (que vous ne verrez probablement pas) mais qui continuera à flotter sur le mur, chez vous ?  
 
Le type d'espace dans lequel nous nous retrouvons, par rapport à l'environnement physique dans lequel vous êtes en ce moment même, c'est-à-dire en même temps, devant un écran d'ordinateur, pourrait avoir des points de contacts avec les espaces imaginaires, notamment ceux de la lecture de romans, je veux dire que nous pouvons très bien entrer dehors ou sortir dedans, comme Alice de l'autre côté du miroir.
Et aussi que le café où nous sommes et le parc que vous allez traverser dans un instant ne sont pas des mondes de particules physiques, mais des mondes de pixels et que nous pourrions définir les pixels comme : des points d'ombre lumineux.
Ce sont les points qui sont lumineux. Pas l'ombre. Mais ce sont des points d'ombre.
 
" On a l’impression qu’au fond les hommes ne savent pas très exactement ce qu’ils font. Ils bâtissent avec des pierres et ils ne voient pas que chacun de leurs gestes pour poser la pierre dans le mortier est accompagné d’une ombre de geste qui pose une ombre de pierre dans une ombre de mortier. Et c’est la bâtisse d’ombre qui compte. [...] Il y a des maçons d’ombres qui ne se soucient pas de bâtir des maisons, mais qui construisent de grands pays mieux que le monde..."  Jean Giono | Que ma joie demeure.
 Je vous souhaite bonne chance. Bon courage... »