A le lire aujourd’hui, en janvier 2010, l’article ainsi titré et que j’ai écrit durant l’été 2009 montre bien l’accélération qui entraîne l’édition dans sa spirale numérique. Une tornade ? Comme me l’écrivait aujourd’hui par mail un éditeur (dont je tairai le nom par discrétion) : « 2010 devrait sans doute voir de vrais bouleversements dans le monde de l'édition. ».
Voici donc quelques extraits de cet article qui fait en quelque sorte un point sur 2009 et dont l’intégralité est disponible dans le numéro zéro de la nouvelle revue E-PaperWorld magazine :
« L’année 2009 a confirmé l’ouverture française aux marchés émergents des nouveaux dispositifs de lecture et des livres numériques. Mais la volonté politique et les investissements ne suivent pas toujours. L’interprofession reste légitimement encore réservée, tandis que les générations natives du numérique poussent à l’innovation. La décennie 2010-2020 s’annonce comme décisive pour l’avenir du livre francophone et de son marché.
Le pays de Molière, de la famille Estienne et de Claude Garamond au 15e siècle, a toujours été précurseur dans l’innovation éditoriale. En 1892, Albert Robida dans La vie électrique avait l’intuition géniale que les livres seraient un jour diffusés par téléphones. Aujourd’hui nous y sommes presque. […]
Malheureusement trop d’entreprises françaises innovantes se soumettent à l'attraction exercée par le marché anglo-saxon. Le marché francophone leur apparaît moins porteur, alors que la vitalité de secteurs comme l’édition et la presse repose en partie sur les langues nationales.
Comparée aux autres pays européens la France fait [cependant] encore office d’éclaireur. […]
Une année 2009 sous le signe de la préparation
Les signes d’une mutation de la chaîne du livre française en vue d’une réorganisation de son marché se multiplient.
Depuis 2008 la diffusion distribution se réorganise. […] De nouveaux venus comme miLibris, Nuxos Group et sa plateforme IziBook se positionnent. Les opérateurs de téléphonie mobile et fournisseurs d’accès à Internet français, dont SFR et Orange Telecom également. La couverture Wifi et 3G du territoire et l’équipement des consommateurs deviennent des éléments à prendre en compte pour la diffusion des livres et de la presse.
Dans ce contexte le Syndicat de la librairie française se mobilise et annonce son portail de la librairie pour 2010, tout en se rapprochant de la principale société d’auteurs (SGDL).
La multiplication des colloques et tables rondes, la pérennisation de l’espace Lectures de demain au Salon du livre de Paris attestent la prise de conscience de l’interprofession. Sur le Web francophone les blogs sur le devenir du livre et de son marché se multiplient, même si la plupart se contentent de relayer et commenter l’actualité anglo-saxonne.
Les natifs du numérique poussent à l’innovation
Les jeunes générations bousculent les idées reçues sur le livre et la presse. Elles ont acquis avec le Web 2.0 de nouvelles pratiques de recherche d’informations et de lecture.
Une étude TNS-Sofres sur Les Français et la lecture réalisée en mars 2009 pour le quotidien La Croix, contredit quelques idées reçues. Le nombre de lecteurs ne décroit pas véritablement et concernant les critères de choix d'un livre, les conseils du libraire n’arrivent qu’en 10e position, bien loin après le sujet et l’auteur.
Pour beaucoup, remplacer le papier revient à scier la branche sur laquelle ils sont assis. Le lancement en mai 2009 de la Fondation Culture Papier sous l’impulsion de l’Union nationale de l’imprimerie et de la communication graphique témoigne bien des inquiétudes de la filière. Le Syndicat national de l’édition a créé l’émoi en déclarant qu’un ebook coûtait autant à produire qu’un livre papier. Dans ce contexte la création de l’Association des professionnels de l’édition ouvre un nouvel espace de réflexions.
La migration à l’horizon 2020 de la communication imprimée sur d’autres supports apparaît inévitable. Le temps pour l’industrie papetière de se tourner vers de nouveaux débouchés.
Les plus importants bouleversements sont devant nous
Malgré la crise on observe ces derniers mois un élargissement de l’offre de nouveaux dispositifs de lecture avec une baisse des prix public de vente. [...] Le marché de l’édition numérique se construit encore en référence au livre papier. Mais dès que des machines à lire performantes seront disponibles à des prix abordables les grands groupes de communication migreront sur ces nouveaux supports.
L’ingénierie d’affichage est en pleine effervescence, mais la technologie de l’encre électronique a encore toutes ses chances. Elle est caractéristique d’une disruptive innovation. […]
La concurrence la plus sérieuse vient de Mary Lou Jepsen et de sa société Pixel Qi. Un écran hybride à bas coût, proposant un mode LCD rétro-éclairé et un mode transflectif équivalent au e-paper.
Un nouvel écosystème du livre et de la presse se met donc en place, que la pensée collective appréhende difficilement et pour lequel l’interprofession n’a pas encore trouvé de modèle économique.
Dans les prochaines années la France n’aura ni la puissance économique ni les capacités technologiques de prendre le leadership, ou de concurrencer sérieusement les États-Unis et les puissances asiatiques. Mais si elle affirme aujourd’hui une réelle volonté politique, soutenue par l’interprofession du livre, appuyée sur la francophonie et l’ensemble des partenaires de la chaîne graphique, elle pourrait rester dans la course en initiant les modèles éditoriaux du 21e siècle.
2010 pourrait être l’année charnière.
Lorenzo Soccavo, pour EPC @ PARTNERS (août 2009) »
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