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dimanche 23 août 2020

Quand lire c'est jardiner, ou se promener...

Ce que nous appelons couramment écriture et lecture sont conséquences directes du langage, or, depuis que notre espèce animale manipule le langage, elle est aussi manipulée par lui justement parce que le langage n'est pas de l'ordre du travail manuel, qu'il n'a pas sa source dans le monde extérieur des faits, mais bel et bien dans nos mondes intérieurs : imaginaires, reconnaissons-le clairement, psychiques, et non pas organiques, physiques. 
 
D'où, "main-tenant", l'impérieuse urgence de se forger de nouveaux outils cognitifs pour retrouver un humanisme de la lecture à l'époque du développement des neurosciences, des réalités virtuelles et de l'intelligence artificielle, autant de nouveaux moyens dont des communautés lectorales pourraient se saisir pour conscientiser leurs voyages au cours de lectures immersives de fictions littéraires.
 
Au fil des mois certains de mes textes récents poursuivent ces réflexions :  

samedi 25 juillet 2020

Un Loup dans le Texte !

Ce texte tout récent L'Esprit forestier du Beth, publié par les éditions belges BOZON2X, s'inscrit pour moi dans le prolongement de deux autres : La vérité des textes (le texte comme jardin) paru dans la revue de BHL La Règle du Jeu, puis , Des forêts de lettres pour le site des Arts Foreztiers... Une réflexion à poursuivre ensemble si vous le voulez bien...
   
Bozon2x_Lorenzo-Soccavo
Lire l'intégralité sur le site de BOZON2X

samedi 27 juin 2020

Conférence à Olonne - La pensée symbolique

http://bozon2x.be/blog/sur-la-pensee-symbolique/
Les éditions belges Bozon2X publient sur leur blog la retranscription de la conférence que j'ai donnée récemment à l'invitation de la Bibliothèque Léopold dans la salle du Théâtre Olympique de la ville d'Olonne sur le thème de :  
Si vous ne connaissez pas Olonne et ne comprenez pas le pourquoi d'un ibis en illustration le texte vous éclairera...

vendredi 1 mai 2020

Lecture & Expérience de pensée

Ce 1er mai 2020 j'ai eu le plaisir de participer au séminaire marathon de douze heures pensé et organisé par Franck Ancel pour Scénographie & Technologie #3. 
Au cours de mon intervention sur le sujet : La lecture littéraire comme expérience de pensée j'ai eu l'occasion d'exposer la découverte de mon fictionaute dans le roman qui fut pour moi un laboratoire de pensée, La montagne magique de Thomas Mann, puis de donner un aperçu d'une expérience en pensée sur la projection d'un fictionaute dans "l'horloge interne d'une narration". 
N'hésitez pas à me contacter pour plus de précisions si le sujet vous intéresse.


samedi 18 avril 2020

Un futur alternatif possible par la lecture - projection en 2045 en Castalie

J'ai eu le plaisir de me livrer à un petit exercice de journalisme prospectif comme j'aime pour le groupe Facebook  Petit détour vers un futur proche
  
" Castalie - 2045 : Des terres confinées aura finalement lentement émergé une province hors-sol, déterritorialisée et déliée du poids du passé : il s’agit de la Province de Castalie, une province pédagogique née de l’obligation d’inventer pour l’éducation et l’accès aux livres des solutions alternatives dès lors que bibliothèques, librairies et tous les centres d’enseignement des maternelles aux universités avaient été fermés durant la pandémie de 2020.
En ce jour singulier c’est donc dans sa grande salle cistercienne de Celle-les-Bois que le professeur Joseph Valet a présenté son nouveau séminaire.
 
Le point de départ ? Pour beaucoup la pandémie du printemps 2020 aura été l’occasion de réaliser que la lecture de romans était un moyen fiable d’appréhender les fictions sur lesquelles sont fondées et se développent nos sociétés.
La conséquence ? La ligne de partage entre fictions et réalités (toutes deux au pluriel) est alors tombée, comme en 1989 le Mur de Berlin.
 
Au cours de sa conférence inaugurale le professeur Joseph Valet eut à ce sujet ces mots forts : « Durant les prochaines décennies nous devrions pouvoir entrer en communication avec des formes de vies que recèle la grammaire. Je veux dire qu’il est maintenant indéniable que des processus intelligents sont à l’œuvre dans la langue, qu’ils codent notre perception des mondes. Nous sommes parvenus à un point de l’histoire de l’humanité où même les esprits les plus matérialistes et rationalistes ne peuvent plus nier la puissance créatrice de l’imagination humaine et ne peuvent que reconnaître enfin que les expériences de pensées littéraires valent les scientifiques. Passant du plan au planisphère les mondes que nous lisons en commun en écrivent d’autres que nous pouvons potentiellement habiter et gouverner. ».
Il faut préciser que Joseph Valet, qui dirige aujourd’hui le CRVL (Centre de recherches sur les voyages par la lecture) de Celle-les-Bois est… un personnage de fiction qui aurait, l’on ignore toujours comment, migré, se serait glissé dans le monde physique durant la pandémie de 2020.
Il est en fait le Magister Ludi du roman du prix Nobel de littérature allemand 1946, Hermann Hesse : Le jeu des perles de verre (1943).
Dans la correspondance d’auteurs entre Hermann Hesse et Thomas Mann, autre Nobel de littérature allemand en 1929, il apparaît que ce personnage de Joseph Valet serait en fait une incarnation romanesque de ce dernier, c’est-à-dire de Thomas Mann lui-même.
Ce subtil jeu de substitution entre différents plans de perception n’est pas sans attester des capacités de la lecture à canaliser dans une perspective éthique le flux de conscience qui, d'une part, s'exprime par notre perpétuel monologue intérieur, et, d'autre part, exprime l’addiction naturelle de notre espèce animale à la narration.
 
Ce genre de voyage par la lecture dont nous aurions ici en fait une belle démonstration est par ailleurs clairement évoqué dans un autre ouvrage de Hermann Hesse, Le Voyage en Orient : « notre randonnée ne nous conduisait pas seulement à travers l’espace, mais aussi à travers le temps, pouvons-nous y lire. Nous marchions vers l’Orient, mais nous traversions aussi le Moyen Âge ou l’âge d’or, nous parcourions l’Italie ou la Suisse, mais nous campions aussi parfois au milieu du Xe siècle et logions chez les patriarches ou les fées. ». Qu’il en soit ainsi. "
 

lundi 6 avril 2020

Percer le mystère de la lecture

Lorenzo Soccavo_2020-04-06 Lecture et mystique de “la belle enceinte” Institut Charles Cros
Lire gratuitement le texte...
Mon texte intitulé : Lecture et mystique de "la belle enceinte" accessible sur le site de l'Institut Charles Cros poursuit la réflexion entamée en septembre 2018, avec la publication de La vérité des textes (et ses propres questions d'alors : "Les textes peuvent-ils être porteurs d’une quelconque vérité, alors qu’ils fixent la parole vivante ? Comment pourrions-nous y accéder?") dans la revue littéraire de Bernard-Henri Lévy, La Règle du Jeu.
 
Cette réflexion nous conduit aujourd'hui à formuler l’hypothèse suivante, à savoir que : "le mystère de la lecture serait de même nature que celui de l’Annonciation, c’est-à-dire qu’il serait celui de notre possible accession à la lisibilité de nos propres destins de lectrices et de lecteurs, la prise de conscience du sens dont nous sommes enceintes.
  
Ce sujet, qui peut être richement illustré, peut faire l'objet d'interventions de ma part et notamment de conférences. Je suis à votre écoute...

samedi 28 mars 2020

Un besoin urgent d'utopies !

Lorenzo_Soccavo_2020-03-27 FuturHebdo
Accès libre en suivant ce lien...
Mon texte Comment fabuler l'après COVID-19 ? est en ligne sur le site de Futur Hebdo, le magazine de notre futur immédiat
 
Dans ce texte j'ai voulu pointer plusieurs aspects qui m'apparaissent essentiels dans la crise sanitaire et sociale que nous traversons : 
  • Le fait que nommer n'est jamais sans effets. 
  • La prudence nécessaire que nous devrions toutes et tous manifester dans l'usage que nous faisons des métaphores.
  • La contamination qui agit au niveau du vocabulaire.
  • L'aide que peuvent nous apporter les mondes de fiction.
  • Les leurres de l'auto-fictionnalisation.
  • Le bien que pourrait nous apporter des contre-récits utopiques face aux dystopies et aux récits de la collapsologie.
  Et vous, qu'en pensez-vous ? 

jeudi 5 mars 2020

La fiction est-elle un virus ?

Coronavirus - Domaine public - Source
Notre réalité quotidienne nous confronte régulièrement à des collisions avec la fiction.
 
Des films sur la propagation planétaire de dangereux virus s’entremêlent avec une épidémie de Coronavirus (voir photo) laquelle, par la puissance de son seul nom, a des effets désastreux sur la vente des bières Corona, tandis que les ventes de La Peste d'Albert Camus augmentent, comme avaient augmenté avant celles de Paris est une fête d'Ernest Hemingway après les attentats terroristes de fin 2015 à Paris, et en avril 2019 celles de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo après l’incendie de la cathédrale.
Mais la peste chez Camus est un masque du nazisme et Paris est une fête d'Ernest Hemingway est davantage un récit sur ses années de bohème, voire de galère que sur des années de fêtes. Paris est une fête n'est d'ailleurs pas le titre original du livre, traduit et posthume. Le véritable livre de la fête chez Hemingway est bien plutôt Le soleil se lève aussi
De tels engouements publics se fondent donc bien davantage sur l'émotion que sur la raison. D'autre part, la membrane qui séparerait la fiction de la réalité semble poreuse à plus d'un titre (sic). Récemment un film expose un chantage à la sextape alors qu'une "affaire Benjamin Griveaux" se répand dans les médias. Hasard sans doute.

S'il y a indéniablement des collisions il y a aussi parfois des collusions. 
Cette situation pose plusieurs questions au premier rang desquelles la suivante : assistons-nous véritablement à un phénomène de fictionnalisation du réel, ou bien n'est-ce là qu'une illusion, une impression que les humains auraient ou pourraient avoir à toute époque ? 
L'hyperconnexion permanente pour un nombre croissant d'individus et le rôle de plus en plus controversé des réseaux sociaux et des hashtags ont certainement un effet amplificateur.  
Le réel est-il contaminé par la fiction ?  
Si oui, l'évolution de l'épidémie est-elle sous contrôle ?
 
Dans une récente Tribune dans Livres Hebdo je pointais le statut de réalité auquel peut accéder un glissement dans la fiction, en référence à l'ouvrage Le Consentement de Vanessa Springora et à "l'affaire Matzneff", après avoir ici même essayé peu avant d'apporter un éclairage sur ce conflit apparent [Réalité vs Fiction] par le biais de "l'affaire Epstein" et les romans de Vladimir Nabokov.
 
L'article dans Le Gorafi
C'est dans ce contexte que récemment le site d'information parodique Le Gorafi, dont certaines informations fictionnelles ont été et sont encore parfois prises comme véridiques, tant par des internautes que, plus rarement il est vrai, par d'autres médias, a publié de façon rapprochée deux informations factices surprenantes : la première sur la possibilité de métalepses, le passage d'un monde à un autre, la seconde sur une possible communication entre personnes (en l’occurrence des joueurs de jeux vidéo) et personnages (NPC, non-player character).
L'article dans Le Gorafi
Cette actualité et ces affaires, ces choix révélateurs, symptomatiques, d'une publication parodique, entrent en résonance avec deux de mes récents programmes de conférences :
 
Je pense en effet que nous devrions être davantage vigilants au phénomène de double surexposition qui semble bien s'amplifier  : une surexposition de la réalité à la fiction, et, une surexposition de la fiction à la réalité. 
(Que se passe-t-il au niveau de la membrane qui les séparerait ?)
Et vous, qu'en pensez-vous ?

lundi 2 mars 2020

Une nouvelle théorie générale de la lecture de fictions littéraires

J'ai introduit le récent numéro monographique de la Revue internationale en sciences humaines et sociales M@GM@ sur le thème : Fictions littéraires et mondes de substitution, que j'ai eu le plaisir de piloter à l'invitation de son directeur scientifique Orazio Maria Valastro, par un exercice d'écriture appelant à Une nouvelle théorie générale de la lecture de fictions littéraires :

Pour une nouvelle théorie générale de la lecture de fictions littéraires
Accès libre au texte
Qu'en pensez-vous ?

vendredi 21 février 2020

Nouvelles Conférences sur le Livre et la Lecture

Dans le prolongement de mes travaux sur la prospective et la mythanalyse des dispositifs et des pratiques de lecture j'ai le plaisir de proposer trois nouvelles conférences sur des thématiques originales, actuelles et impliquantes.
   
Vous en trouverez le descriptif en cliquant sur leurs titres ci-après : 

1 - Comment entrer en contact avec les personnages des romans que nous lisons ?
Les tentatives se multiplient. Que ce soit versant créatif avec des performances artistiques, une exploitation détournée des réseaux sociaux, ou bien versant numérique avec le perfectionnement des intelligences artificielles et des agents conversationnels, nous donnons de plus en plus corps à notre désir d'entrer en communication avec les personnages qui habitent les mondes fictionnels. Et le plus surprenant est certainement à venir... 

2 - Les fictions littéraires recèlent-elles certaines formes de vie ? 
Le langage écrit renferme un formidable pouvoir créateur. Nous prendrons comme point de départ la loi de Zipf qui montre que la fréquence d’utilisation d’un mot dans un texte est inversement proportionnelle à son rang. Par exemple, dans Ulysse de Joyce le mot le plus fréquent revient 8 000 fois, le dixième 800 fois, etc. Et ce n'est pas tout...

3 - Nos fictionautes sont-ils des anges ? 
Que se passerait-il si nous considérions notre fictionaute (quand nous lisons la part de nous que nous projetons spontanément dans le monde fictionnel du livre) comme apparenté à un ange ? Cela pourrait-il nous aider à en prendre conscience et aussi à exercer notre liberté d'esprit par rapport à ce que nous lisons ?

Je peux aussi évidemment toujours intervenir sur les lieux métaleptiques, ceux qui dans notre réalité nous mettent en contact avec un monde imaginaire (idée dont j'exposais l'un des aspects dans un article chez Usbek&Rica : Et si on protégeait les espaces fictionnels au même titre que les espaces naturels ? ), et sur l'urgence de nous mobiliser pour la reconnaissance de nouveaux droits des lecteurs face à la nouvelle donne que le numérique et l'hyperconnexion imposent à la médiation et au marché du livre.
 
N'hésitez pas à me contacter si vous êtes intéressés... 

jeudi 20 février 2020

Nos Fictionautes sont des Anges

Notre fictionaute, cette part de nous-mêmes que nous projetons spontanément dans les mondes fictionnels de nos lectures, pourrait-il vraiment être assimilé à un ange ?
 
L'angéologie semble être une chasse gardée des religions et des courants spiritualistes.
Pourtant quels que soient nos choix métaphysiques les mots, invisibles lorsqu'ils sont prononcés, nous deviennent à tous visibles une fois écrits, et leur lecture engendre en nous une représentation, une visualisation mentale. 
Ce passage de l'invisible au visible questionne notre rapport au monde, à l'image et à l'idée que nous nous en construisons par le biais précisément du langage. 
  
Lorenzo Soccavo au Festival VideoFormes C'est l'analyse d'un tableau peu connu du quinzième siècle, une Annonciation peinte par Antonello de Messine (que je présente dans la photo ci-contre lors d'une table ronde au Festival VIDEOFORMES de Clermont-Ferrand), qui m'a mis sur la voie d'un possible rapprochement entre ce que nous projetons de nous dans une lecture et les créatures spirituelles que nous appelons généralement des anges. 
Cette toile est la seule représentation de l'annonce faite à Marie dans laquelle justement ne figure pas l'ange annonciateur, Gabriel. On y voit Marie plongée dans la lecture d'un livre. 
Par convention, compte tenu qu'il n'y avait pas de tels ouvrages à l'époque où elle aurait existé, il s'agit de la Bible, et probablement, vu le titre du tableau, du passage de l'évangile de Luc (1, 26-38, Annonce de la naissance de Jésus). 
Or, d'une part, Gabriel est donc absent, mais, d'autre part, Marie semble elle aussi comme absente, ici mais ailleurs en même temps, comme plongée dans sa lecture. Elle voit, elle vit probablement mentalement la scène qu'elle est en train de lire et dans laquelle elle se projette en esprit. Cette scène que le texte de Luc décrit et qu'en général les autres peintres représentent benoitement.

A cela il nous faut aussi prendre en considération de curieuses images de l'Annonciation, toujours au 15e siècle, dans lesquelles Gabriel apparait en Actéon poursuivant une licorne qui s'élance, corne en avant, vers une Marie paisiblement assise au milieu d'un jardin. 
En résumé, dans cette histoire, Gabriel est le fictionaute de Marie, or, Gabriel, c'est bien connu, est un ange.
 
Mon enquête plonge aussi dans la mise en abyme du célébrissime roman Don Quichotte de la Manche, dans une peinture de William Blake de 1678, Christian lisant son livre, illustrant Le Voyage du pèlerin d'un prédicateur baptiste, puis la fameuse gravure de Dürer, Le Chevalier, la Mort et le Diable de 1513, et enfin un film de Wim Wenders : Les Ailes du désir bien sûr... 

De tout cela il ressort que si notre perception du monde est tissée de langage, ce que nous projetons d’humain dans les mondes possibles des fictions littéraires, cette part voyageuse de notre esprit, pourrait correspondre à une catégorie d'anges, et l'accepter pourrait faciliter notre prise de conscience des effets du langage et de la lecture, préserver notre autonomie de penser face aux mises en récit du réel.
Contactez-moi si ce sujet vous intéresse pour un article détaillé ou une conférence...
 

jeudi 13 février 2020

Des virus dans des textes de fictions

La loi de Zipf montre que la fréquence d’utilisation d’un mot dans un texte est inversement proportionnelle à son rang, dans Ulysse de Joyce le mot le plus fréquent revient 8 000 fois, le dixième 800 fois, etc., cette constatation pourrait nous mettre sur la voie de formes latentes de vie contenues dans les textes.
  
Qu'il y ait un virus dans un programme informatique nous le concevons. Qu'il y en ait dans d'autres formes de textes, et particulièrement dans les textes littéraires, nous n'y pensons généralement pas alors que nous savons que le langage conditionne notre manière de percevoir le monde, qu'il ne se réduit pas à son apparence de simple moyen de communication entre les humains, et que l'écrit potentialise une énergie et un pouvoir symbolique indéniables.
 
Toute personne passionnée par la lecture de romans ressent intimement en elle l'agitation animiste des personnages et des paysages décrits.
La Novlangue inventée par George Orwell dans la fiction, ou bien dans la réalité les travaux du philologue Victor Klemperer qui montre comment l'horreur nazie fut rendue possible par une contamination du langage, attestent d'un façonnage de la perception de notre environnement matériel par la transmission de données virales immatérielles.
Cette poussée démiurgique du langage est depuis longtemps étudiée par les kabbalistes, comme l'examine avec clarté le philosophe contemporain spécialiste de la mystique juive Gershom Sholem, dans un petit essai paru récemment : Le Nom de Dieu et la théorie kabbalistique du langage.
Cette intuition est exprimée par des artistes. 
Dans Du théâtre clandestin au théâtre de la mort le metteur en scène polonais Tadeusz Kantor écrit :  "Le principe selon lequel les idées sont déterminées par les conditions historiques et sociales n'exclut pas le fait qu'elles aient également une force autonome de même niveau pour façonner de nouvelles conditions historiques et sociales et, par conséquent, de donner naissance à de nouvelles idées, ce qui indiquerait qu'elles possèdent également leur propre circuit autonome de développement." .

Comme l'écrivait George Steiner dans son essai Réelles présences. Les arts du sens : « la grammaire vit et engendre de nouveaux mondes parce qu'existe le pari sur l'existence de Dieu. ». Assertion que nous pourrions inverser ainsi : parce que nous faisons le pari de l'existence de Dieu notre grammaire vit et engendre de nouveaux mondes.
Alors : pourrait-on considérer certains textes littéraires comme des algorithmes ?
J'ai beaucoup de réflexions et quelques éléments de réponses à ce propos.
Contactez-moi si le sujet vous intéresse pour un article détaillé ou une conférence...
 

jeudi 16 janvier 2020

La lecture comme laboratoire du réel...

La lecture sort du bois - Lorenzo Soccavo
La lecture sort du bois ?
Mon texte Des Forêts de Lettres sur le site du Festival des Arts ForeZtiers explore le mystère de la lecture littéraire qui, tout en étant intimement liée au langage pourrait cependant paradoxalement nous délier en partie de ses illusions.

Cette réflexion à partir des postulats suivants : 
- La forêt est un effet de réel du langage ; 
- Une illusion cognitive, (car hors l'entreprise humaine de tout nommer, qu'en serait-il réellement ?) ;
pose plusieurs questions que je pense essentielles : 
- Quel rapport notre vocabulaire entretiendrait-il encore avec ce qui serait la réalité ? 
- Pouvons-nous passer de l’autre côté des représentations que les mots engendrent ? 
- Comment percevrions-nous le monde par le prisme d’une pensée non-verbale, sans la médiation du langage ?
   
L'ambition de ce texte, Des Forêts de Lettres, est à terme de déboucher concrètement sur une expérimentation des effets de réel du langage : "Un effet de réel est, dans un texte littéraire, un élément dont la fonction est de donner au lecteur l’impression que le texte décrit le monde réel", notamment en travaillant la double métaphore du monde comme livre et du livre comme monde, et en lui substituant celle de la lecture qui sort du bois et de la lectrice ou du lecteur qui entre dans la forêt. 
" Que se passe-t-il lorsque la lecture qui sort du bois croise la lectrice ou le lecteur qui entre dans la forêt, et que leurs regards, comme leurs chemins, se croisent eux aussi ? "  
A suivre donc...
 
Les Arts ForeZtiers
Le Festival de création des Arts ForeZtiers explore les expressions artistiques qui témoignent du respect envers la forêt et le Forez, dans la diversité des expressions contemporaines (arts plastiques, danse, photographie, vidéo, film, installations, musique, poésie, etc.). Site web : https://lesartsforeztiers.eu/ 
   

vendredi 29 novembre 2019

Postface au Manuscrit de Tchernobyl

Le Manuscrit de Tchernobyl - Nunzio d Annibale - Postface Lorenzo Soccavo
Je vous invite à découvrir ma postface au livre fort singulier de Nunzio d'Annibale, Le Manuscrit de Tchernobyl, qui parait chez Bozon2x Editions et est préfacé par David di Nota. 
Le Manuscrit de Tchernobyl éprouve - dans la double acception de "mettre à l'épreuve" et de "ressentir par expérience" - des niveaux de lecture qui nous restent souvent inconscients. La question que pour moi il pose à chacun.e de nous est la suivante : "D'où vient notre attirance pour le chas de l'aiguille par où passe le fil de notre histoire ?".

mardi 13 août 2019

Littérature et biodiversité prospective

Cette année je passe mes vacances d'été au... 19e siècle, dans la ville fictionnelle de Middlemarch, dans les Midlands.
C'est un privilège de lecteur que de pouvoir voyager ainsi, non seulement dans l'espace, mais également dans le temps.
Middlemarch est un spécimen démiurgique de la romancière britannique George Eliot, et les personnages qui y vivent sont tout autant attachants que ceux d'un salon proustien ou d'un sanatorium à Davos (référence à l'une de mes lectures cultes La montagne magique de Thomas Mann).  

Vivre une nouvelle fois une expérience de ce type m'a incité à poser une petite question sur les réseaux sociaux où je suis le plus actif, Facebook et Twitter : "A votre avis les personnages de fiction relèveront-ils un jour de la biodiversité : Oui ou Non ?".
L'absence presque totale de réactions à ma demande n'est pas selon moi la conséquence des vacances d'été, d'autres posts suscitant réactions et commentaires, mais elle est le signe d'une absolue incompréhension : pour mes interlocuteurs une telle question ne se pose tout simplement pas car les personnages de fictions ne sont évidemment pas des créatures vivantes et ne peuvent donc pas participer de la biodiversité.
Or je considère que c'est une grave erreur que de penser ainsi.

Dans le cadre de mes propres recherches sur les fictions littéraires je travaille en effet, entre autres, sur ce que j'appelle la "biodiversité prospective", et je m'interroge sur une possible évolution du statut de personnage considérant que l'écriture-lecture (et plus généralement le langage) peut créer des formes de vie dans le sens où nommer confère une certaine existence, ne serait-ce que dans notre imaginaire, ce qui n'est pas rien.
Nous le constatons bien avec les mythes : la pensée est un véritable biotope. 

Ne pourrions-nous donc pas dans un premier temps au moins accepter d'envisager ce que nous gagnerions à considérer les personnages de fictions littéraires comme des entités vivantes ?

La pensée est un biotope 

Pour faire face à cette question j'ai cherché à lister les principaux points qui attesteraient d'une certaine possibilité d'existence des personnages de fictions littéraires (uniquement ceux  qui existent dans les romans que nous lisons et non pas ceux dont une image nous est imposée, par le cinéma ou le théâtre par exemple). Voici donc une première ébauche de cette liste :
 
- Les personnages sont souvent les supports spontanés de projections, voire d'identifications de la part des lectrices et des lecteurs.
- Nous pouvons ressentir parfois des émotions assez fortes à ce qu'il leur arrive. 
- Un nombre non évalué de personnes, lectrices ou pas, auraient notamment durant leur prime enfance un ami ou compagnon imaginaire.
- L'existence réelle de personnages en apparence légendaires mais apparaissant dans des mythes de la création ou des textes fondateurs de grandes religions ne semble faire parfois aucun doute pour les adeptes des groupes concernés. (Nous pourrions aussi nous intéresser à l'importance du bestiaire imaginaire dans la circulation des idées.)

Ces quatre points suffisent déjà je pense à renforcer mon hypothèse que les personnages de fictions littéraires, ces créatures anthropomorphiques extraterrestres, peuvent, si nous l'acceptons, accéder pour nous à un certain degré d'existence.
Nous pourrions alors utiliser cette capacité contenue dans les fictions littéraires pour enrichir notre relation au monde et lui donner davantage de lisibilité. 
Notre rapport à la réalité dépend d'un certain nombre (assez important) de certitudes acquises et renforcées au fil des ans par l'éducation et les habitudes. Si nous acceptions de les considérer comme de simples croyances (ce que finalement elles sont peut-être) nous pourrions alors les modifier, nous ouvrir à d'autres champs perceptuels, élargir notre empan perceptif et affiner notre sensibilité.
Potentiellement les fictions littéraires pourraient être considérées comme des continuums des différentes séquences qui constituent une vie de lectrice ou de lecteur. 
Un même élan de vie traverse les différentes strates de notre relation au monde.
Sylvie Dallet, directrice de recherches au Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines (UVSQ) et présidente de l'Institut Charles Cros, me l'exprimait récemment ainsi dans un échange : "La littérature participe de l'animisme très profondément ".

Cette possible ouverture de la littérature sur d'autres déclinaisons du vivant ne me semble cependant guère abordée au sein des études ayant pour objet la littérature, ni même être connue, en tout cas consciemment et de façon réfléchie et assumée, des lectrices et des lecteurs de fictions littéraires.
Ne pensez-vous pas que notre objectif devrait être alors de travailler à la prise de conscience de cette ouverture de la littérature sur de multiples déclinaisons des formes de vie, c'est-à-dire ne devrions-nous pas nous attacher à y déceler puis à y favoriser l'éclosion de ces potentialités démiurgiques ? 
 

mercredi 10 juillet 2019

Le Manuscrit de Tchernobyl - Langage et Mondes substitués

Au cœur du réacteur du Manuscrit de Tchernobyl, texte écrit par le psychologue clinicien Nunzio d'Annibale et pré-publié aux Éditions des Vanneaux, un phénomène singulier opère : une métalepse narrative a lieu. Fait lieu. 

L'occasion donc d'abord pour moi de progresser dans la définition d'une métalepse narrative. 
Les définitions sont, je pense, à concevoir comme des formules destinées à nous aider à progresser dans le type de réalité que les mots évoquent, et non pas comme des normes qui figeraient une fois pour toutes des phénomènes langagiers et leurs effets de réel dans des cadres rigides et indépassables. Une définition ne doit pas être une cage.

Récemment je proposais la définition suivante : "les métalepses narratives sont comme des effractions de la trappe du réel. Comme si soudain le contact avec la réalité venait à nous manquer et que nous nous retrouvions DANS le texte, dans le monde de ce que nous sommes en train de lire".
Cela se produit à la lecture du Manuscrit de Tchernobyl, mais, après sa lecture, l'analogie la plus signifiante pour nous rapprocher de la réalité des phénomènes de métalepses narratives me semble être celle des valves cardiaques. 
Une valve cardiaque est une structure élastique séparant les différentes cavités du cœur et empêchant le sang de refluer. Lorsqu'il y a défaillance d’une valve il se produit une atteinte du débit cardiaque qui peut alors ne plus être suffisant pour répondre aux besoins de l'organisme, on parle alors d'insuffisance cardiaque.
Or, comme un cœur est plein de sang, un texte est plein de sens. (Je parle de texte car c'est à ce niveau de l'écrit, de la parole rendue visible, que le passage peut se produire, quels que soient les supports, les dispositifs et les interfaces de lecture.)
En conséquence de quoi, pour une lectrice ou un lecteur de fictions littéraires une métalepse narrative serait une insuffisance du principe de réalité, une incapacité à contenir son attraction pour le monde du livre lu.

Ne jamais oublitérer !

"le nuage" craie sur papier de Lysiane Schlechter (DR)
Le dessin de couverture, signé Lysiane Schlechter illustre, telle que je la ressens, notre confrontation à la langue. Ce nuage du langage qui semble narguer Adam, le terreux, le glaiseux. Au commencement, le taiseux ?
Chacun·e est ce petit bonhomme, cette silhouette noire qui fait face au nuage, comme l'homme de Tian'anmen fit face à une colonne de chars.

Ne pouvant tout citer de ce livre (ce serait le recopier, à moins que cela soit l'écrire à son tour, s'en faire l'auteur tout comme Pierre Ménard est l'auteur du Quichotte pour Jorge Luis Borges ? En tous cas, une traduction dans ce que Nunzio d'Annibale appelle "l'izabell langue de mon siècle" serait un curieux exercice), ne pouvant donc me substituer à l'auteur je ne citerai que ce seul extrait : 

Du moin, je sui né, c'est l'île Usion, je vè mourir, ilusion o caré [...] non, en fète, je men, je suis mor à ma néssance (p. 48)

Répondant il y a quelques mois à une journaliste qui m'interviewait et souhaitait savoir les raisons profondes de mes recherches autour du concept de fictionaute (la part subjective de soi qu'une lectrice ou qu'un lecteur projette spontanément dans ses lectures) j'ai répondu la vérité : je suis ce que l'on appelle en psychologie un enfant de remplacement, c'est-à-dire né très peu, trop peu de temps après la mort à la naissance d'un·e autre. Un enfant de substitution donc. C'est là l'explication que je me donne (et que je vous donne) à ma recherche dans les livres de passages vers des mondes de substitution. 
La journaliste résuma cela par une enfance malheureuse qui m'aurait conduit à me réfugier dans les livres. Mais c'est ramener à la banalité la singularité d'une lecture du monde et d'un soi dans ce monde, telle qu'elle s'exprime, par exemple, à la page 51 du Manuscrit de Tchernobyl : "Je n'oublitère jamè le mank".
Dans cet oublitère nous entendons à la fois oublier et oblitérer, taire et enterrer, le jamè est plus parlant que jamais et le mank y résonne puissamment. Nous ne sommes pas dans l'alchimie de la langue des oiseaux, mais dans la chimie de la grammaire.

Si je raconte cela ce n'est pas pour parler de moi, mais pour expliquer ma sensibilité au phénomène narratif qui est semble-t-il à l'action dans ce texte que nous pourrions peut-être considérer en lui-même comme une méta-métalepse (?).
    
Une métalepse s'est faite livre...

Au fil de la lecture d'un unique texte, ce texte-ci du Manuscrit de Tchernobyl, deux récits différents (au moins) se superposent comme deux univers parallèles.
Nous pouvons ressentir je crois à la lecture (je pense l'avoir ressenti par instants) une impression de "marcher dans le texte", de traverser physiquement "quelque chose" de l'ordre du sens (sensations que j'ai cherchées à expliciter dans notamment deux textes récents : Quelles métaphores kinesthésiques pour la lecture, et, La vérité des textes...).

Adam fait donc face au nuage radioactif de la langue. 
Sa langue à l'Adam est langue du ça. 
Face à cette langue il y a ce qu'on lit, et, il y a ce qui s'y dit. (Ce qui fait lieu, d'où le phénomène de métalepse.) Et cela n'est pas ce qu'ordinairement on dit. On ne dit pas ça ! 



Trois parties structurent Le manuscrit de Tchernobyl (135 pages en tout) :
- Ma tralalangue 
- Istoire de ma vi 
- Tcher Nobyl, Pour l'instan tu è sur un nuage... 
suivies d'une éclairante postface de l'auteur intitulée : L'Oreille lit.
J'ai par moment pensé à Céline, à Artaud aussi, tous deux évoqués, tandis que l'auteur lui se rattache plutôt à Lewis Carroll, James Joyce et Steve Reich (pionnier américain de la musique minimaliste, que je ne connais pas).
 
Enfin, nous lirons également avec curiosité l'écho paru sur le site Glossolalies - Détrousser les chimères et signé Noëlle Rollet : Textes-limites : illisible et jouissance sur ce "surgissement d’une langue qui n’existe pas".

Pour ma part, je ne sais pourquoi, je me souviens du bruit des sabots d'une vingtaine de chevaux au pas un matin de bonne heure dans la rue de Médicis qui longe le Jardin du Luxembourg à Paris. A la lecture de ce Manuscrit de Tchernobyl c'est le galop de la langue qui se fait entendre et, au-delà du bruit, les étincelles qui fusent sous les fers et les sabots de nos enfances et de nos lectures qui nous font signes et se donnent enfin à lire. A lire donc. 
 
N.B. du 29 novembre 2019 : le livre, préfacé par David di Nota et postfacé par moi-même est paru ce jour chez Bozon2x Editions (les infos et liens ici...). 
 

mardi 28 mai 2019

Les Mondes de Fiction

photographie_originale_DR@Sylvie_Dallet
Dans nos récits des origines de notre espèce animale, que nous adoptions la voie créationniste avec un Dieu et un Adam donnant un nom à chaque créature, ou bien la voie évolutionniste darwinienne de grands singes plus ou moins quadrupèdes descendant des arbres, se redressant et sortant des forêts, allant dans la mélopée puis acquérant progressivement un langage articulé qui allait nous permettre de développer nos capacités cérébrales puis d'assurer notre domination sur le vivant, deux jolies histoires, dans les deux cas le souffle qui nous donne vie serait devenu un souffle élocutoire qui nomme le monde et tout ce qui avec nous l'habite. 
Acquisition de la maitrise de l'articulation.
L'articulation de la marche.
L’articulation de la langue.
L'articulation des mondes ? 
   
Ma réflexion A LA RECHERCHE DU MONDE SANS NOM, articule ces données aux questionnements sur les mondes des fictions littéraires et est en ligne sur le site Web de l'Institut Charles Cros.

N.B. illustration : photographie_originale_DR@Sylvie_Dallet.
 

dimanche 7 avril 2019

La Lecture plus loin que la Lecture

Lever l'encre, laisser flotter le texte cassé par la réfraction de son propre reflet sur la page : voilà l'agonie du réel à la surface de sa propre image.
 

mercredi 7 mars 2018

Une lecture sur les traces du chamanisme chez Marcel Proust

En avril j'aurai le plaisir dans le cadre du séminaire Ethiques et Mythes de la Création auquel je suis rattaché auprès de l'Institut Charles Cros, de présenter mes réflexions sur le thème : « À la recherche du temps perdu, pour une lecture chamanique de Marcel Proust » dans le prolongement de mes recherches sur l'espace intérieur des lectrices et des lecteurs de fictions littéraires. 
  
Cette séance du 04 avril 2018 explorera les « Écritures secrètes et lectures littéraires du chamanisme ». 
J'y interviendrai en compagnie de Sylvie DALLET, professeur des universités (CHCSC, IECI, université Marne la Vallée Paris-Est, UPEM art et histoire culturelle), et présidente de l'Institut Charles Cros : (introduction du séminaire 2018 et communication « Résurgences littéraires et mutations  du chamanisme »), et Olga KATAEVA, peintre et docteure en cinéma et études audiovisuelles (« La série des dessins de Serguei Eisenstein L’âme sortant du corps (1939) »). 
  
Ma communication proposera, à partir d'une lecture attentive de l’œuvre de Marcel Proust, d’étayer le postulat suivant formulé dans l'esprit de l'oeuvre de W. G. Sebald : « Il n’y a pas lieu d’opposer ce qu’un cerveau a inventé à ce qui a réellement existé. Car le monde dont nous expérimentons quotidiennement la réalité n’est pas lui-même autre chose que le recouvrement du monde naturel par celui que le cerveau humain a produit… » (Jacques Rancière dans son récent essai Les bords de la fiction (2017), faisant référence à l'écrivaine américaine Lynne Sharon Schwartz dans son ouvrage L'archéologue de la mémoire - Conversations avec W. G. Sebald, 2009). 
La lecture chamanistique de Proust que je proposerai nous permettra d’approcher des passages entre les mondes fictionnels des textes littéraires, et, le monde-monde naturel.

Informations pratiques
Le mercredi 04 avril 2018, 14H00-18H00, entrée libre sur inscription par mail à sylvie.dallet@uvsq.fr - Espace Harmattan, 24 rue des Ecoles 75006 Paris.

samedi 18 novembre 2017

Sortir des maux par les mots - Sylvie Dallet - Institut Charles Cros

Le site de l'Institut Charles Cros revient sur les participations récentes de sa présidente, Sylvie Dallet, et de moi-même, délivrées dans le cadre du Colloque international d'étude de la théorie mythanalytique, sous la direction d'Hervé Fischer et Orazio Maria Valastro, le 23 octobre 2017 à l'Université Paris Descartes.

L'intervention de Sylvie Dallet, Un exercice de mythanalyse : sortir des maux par les mots (enchâssements et énergies mythiques contemporaines), est particulièrement inspirante et ouvre de nombreuses portes et perspectives à la lisière de mes propres travaux sur la recherche d'approches pouvant déclencher ce que j'appelle : un processus d'autonomisation du lecteur de fictions littéraires, et qui passerait par l'engendrement d'espaces potentiellement habitables dans les fictions. 
  
Un extrait du texte de la communication de Sylvie Dallet :
" Usant d’un vocabulaire concret, le mythe engage par la parole et la lecture, les métamorphoses nécessaires de l’enfance, particulièrement reliée aux métaphores du corps. L’être humain fait partie de la Nature dans l’intimité de ses savoirs et de ses perceptions spirituelles et physiques. Les membranes irisées de la robe couleur de temps dont nous rêvons sont d’abord celles d’avant notre naissance au monde. La couleur révélatrice des sentiments, partie mythique du goût ou du refus des autres, se décline selon les cultures, dans une variation étonnante : le bleu est associé à la perspective (et à la Vierge) depuis Léonard de Vinci qui refusait le noir dans ses tableaux. Le noir est nécessaire à la méditation bouddhiste afin qu’elle puisse travailler cette couleur en contraste de la lumière. Pour l’Islam ancien, le noir, le vert et le blanc sont des couleurs traditionnellement valorisées alors que le bleu et le jaune sont éloignés des habits et des ornements. Le refus du bleu et du jaune les fait associer aux Chrétiens et aux Juifs, cantonnés dans ces couleurs depuis le Moyen-âge chrétien et musulman. Le rouge du sang est la grande couleur médiévale, qui s’associe au noir que la Renaissance s’efforce d’oublier. Chez les intégristes, la haine de la couleur correspond à l’uniformité des croyances.
Comment bouleverser et réinventer un chromatisme social chatoyant ? [...]
La première métamorphose est celle de la naissance, présence comme une remémoration à chaque acte fondateur de la vie future..."



N.B. : illustration Lorenzo Soccavo et Sylvie Dallet au Colloque international d'étude de la théorie mythanalytique - Photo D.R. (c) Weixuan Li.