mercredi 9 septembre 2009

De la lecture extensive à une lecture intensive

Reprenons le fil d'une Histoire de la lecture dans le monde occidental. La troisième partie : Lire, écrire, interpréter le texte : pratiques monastiques dans le haut Moyen Age, sous la plume (sic ;-) de Malcom Parkes (de l'Université d'Oxford), tranche nettement avec la partie précédente.
Autant la pratique de la lecture, dans le monde romain, apparaissait libre et diversifiée, autant nous apparaît-elle maintenant, dans le monde médiéval, ardue, et réservée à une élite religieuse.
Pas mal d'eau a coulé sous les ponts et, Guglielmo Cavallo avait certes achevé sa partie en nous prévenant bien que : "Le codex était devenu [...] un instrument du passage d'une lecture "extensive" de nombreux textes, diffusés à un public de niveaux divers [...]  à une lecture intensive de textes peu nombreux, avant tout la Bible..."
Cela me pose deux questions :
- En quoi le codex, comme dispositif de lecture, aurait-il pu défavoriser le texte, par rapport au "presque flux" dirais-je, de la lecture sur rouleaux ?
- Pourrions-nous vraiment historiquement imputer à la religion chrétienne une certaine mise sous le boisseau de la lecture de divertissement ?

Je m'attache, vous l'aurez certainement remarqué, en tant que prospectiviste du livre et de l'édition, discipline qui intègre une dimension transhistorique certaine, je m'attache à relier le passé au présent, afin de nous ouvrir, aujourd'hui, des perspectives sur l'avenir.
C'est aux lumières du passé que nous nous dirigeons dans les obscurités de l'à venir...
Dans cette optique, je relève dans le chapitre : Nouvelles techniques de présentation du texte, que : "Le besoin de faciliter l'accès aux textes a entraîné d'importants développements dans les techniques de présentation du texte sur la page...". L'écriture était alors conçue comme : "un moyen d'archiver des informations sur une page". Ne pourrions-nous y voir certains points communs avec le Web ;-)
L'auteur développe également dans cette partie le rôle important des copistes irlandais dans l'élaboration de ce qu'il nomme, une "grammaire de la lisibilité".
Je souhaiterais conclure aujourd'hui par ce dernier extrait : "Nulle part l'histoire ne se répète autant que dans le cas de la lecture, où chaque génération de lecteurs doit passer par les mêmes étapes d'apprentissage que la précédente. Mais certaines générations produisent des lecteurs qui ont de nouvelles exigences, lesquelles stimulent l'invention de nouvelles techniques."
Nous sommes de ces générations là !
A suivre...

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