Je poursuis donc l'Histoire de la lecture dans le monde occidental. La deuxième partie traite, sous la plume de Guglielmo Cavallo (de l'Université La Sapienza à Rome) de la question suivante : Du volumen au codex, la lecture dans le monde romain.
Les premiers paragraphes m'étonnent assez, car, à en croire l'auteur, et pourquoi ne pas le croire, le lecteur romain du 2e siècle ressemblait comme un frère aux lecteurs du 20e siècle (je considère, bien entendu, que ceux du 21e acquièrent pour la plupart, en ce moment même, de nouveaux usages). Des lectorats diversifiés donc, bibliomanes, fervents adeptes des bibliothèques et fréquentant déjà les librairies. L'émergence aussi d'un lectorat féminin et d'une lecture de divertissement, pour le simple plaisir du texte lu.
Pour ce qui est de la question centrale, l'auteur est clair : "Le codex à contenu littéraire est une invention romaine." (à dater du 2e siècle).
Il est intéressant de noter qu'il en attribue l'émergence à des facteurs conjoncturels au marché du livre, au "besoin de rapprocher le livre du lecteur, ou, si l'on veut, d'aller au devant de lui [...] Plus facile à fabriquer, le codex permettait de raccourcir les délais et facilitait donc la diffusion du livre...". Globalement le coût d'un codex était nettement inférieur à celui d'un volumen, d'autant que les deux côtés du support pouvaient être écrits, le passage du rouleau au codex allant de pair avec celui du papyrus au parchemin.
Guglielmo Cavallo ne fait aucune mention de cette anecdote d'Alberto Manguel dans son Une histoire de la lecture (Actes Sud), et que, pour ma part, j'aime bien rapporter lors de mes conférences : "d'après Suétone, Jules César fut le premier à plier un rouleau en pages afin de le dépêcher à ses troupes." (Coll. Babel, p. 82).
Notons enfin, le fait est bien connu, que, tout comme les protestants adopteront rapidement l'imprimerie au 16e siècle, les chrétiens adopteront massivement le codex, eux aussi dans le souci d'une plus grande diffusion de leurs écrits.
Si Guglielmo Cavallo ne s'attarde guère à la "protohistoire" entre guillemets, du codex, il signale néanmoins que : "sous la forme primitive des tablettes, des carnets et des cahiers, le codex était connu depuis très longtemps dans le monde romain...".
De mes autres lectures sur ce sujet j'ai retenu que les tablettes de cire, utilisées dès la haute Antiquité (la plus ancienne tablette retrouvée daterait du 14e siècle avant Jésus-Christ), étaient souvent reliées entre elles par des lanières et formaient déjà de petits livres avec une plaquette de couverture. L'interface de lecture du codex est ainsi bien plus ancienne que nous le pensons généralement ;-)
A suivre...
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