"Durant tout le haut Moyen Age, il semble qu'on assiste, chez les juifs de l'Occident chrétien, à une sacralisation du livre analogue à celle qui s'observe dans la société chrétienne de l'époque..."
Ce constat est de Robert Bonfil de l'Université hébraïque de Jérusalem, et auteur de la sixième partie de cette Histoire de la lecture dans le monde occidental, dont je poursuis la lecture commentée en vous faisant partager mes réflexions.
Aujourd'hui donc : La lecture dans les communautés juives de l'Europe occidentale au Moyen Age.
Bonfil poursuit ainsi son intéressant constat : "le livre est désormais considéré comme un objet magico-religieux plus que comme un instrument de communication par la lecture, comme une relique destinée à l'adoration, à la contemplation de sa charge surnaturelle, plus que comme un réservoir de contenus où puiser en toute liberté."
Un réservoir de contenus où puiser en toute liberté ;-) Cela ne vous rappelle rien ?
En fin de compte, me dis-je, ce nouveau rapport au livre, dont certainement un écho reste encore présent chez tous les lecteurs ou presque en ce début de troisième millénaire, est, une fois de plus ;-) en lien direct avec ce que nous avons pu précédemment évoquer de la lecture dans la Grèce archaïque, et de ses aspects à la limite encore de l'animisme.
Nous relions (sic) toujours codex et livre, livre et éternité.
Nous entretenons inconsciemment une certaine confusion entre le temps qui passe, qui s'écoule, et, le temps qui revient, cyclique (voir illustration).
Illustration
Du "livre", successivement comme : d'une constellation de signes à => un espace graphique [ère des manuscrits] à => un espace typographique [ère de l'imprimerie] à => un espace numérique [ère des flux]...
La question est : allons-nous rester dans cette ronde ?
Ma réponse serait : sans doute, si nous considérons le lecteur au centre du cercle.
N.B. : Les traits d'humour, que je me permets parfois dans cette chronique de ma lecture d'une Histoire de la lecture dans le monde occidental, et, plus généralement dans ce blog, le plus souvent ne sont pas innocents. Si vous y prenez garde, ils incitent régulièrement à remettre en question nos impressions premières sur le sens des mots, et donc, sur l'histoire du livre et de la lecture ;-)
A suivre...
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