lundi 16 août 2010

Chronologies du livre et déclin des industries culturelles

En donnant une épaisseur chronologique à l’actualité du livre et de l’édition numériques, la prospective du livre et de l’édition interroge ce qui fait sens, justement, dans la logique du temps, des temps, évaluant les délais d’adaptation et d’assimilation, les rythmes d’aptitudes et d'acceptation aux changements, les éventuels cycles d’évolution.
Nos ancêtres ne sont pas passés en quelques années, ni même en quelques décennies, des rouleaux aux codices, d’une lecture orale à la lecture silencieuse, des manuscrits à l’imprimerie, etc. Et le livre numérisé date déjà de… 1971 (bientôt 40 ans, et songeons que l’époque des incunables s’écoule sur 50 ans, de 1450 à 1500, cinquante années dans lesquelles ne sont pas comprises les décennies de lente maturation qui rendirent possible “un jour”, entre guillemets, l’émergence de l’imprimerie).
Si l’histoire est un éternel recommencement, rien ne se répète exactement à l’identique. Nous l’observons tous au cours de nos propres vies. Aussi devrions-nous certainement être davantage vigilants, s’agissant d’une révolution culturelle qui serait encore, en grande partie, en gestation.
Nous devrions, alors que nous allons entrer dans la deuxième décennie du 21e siècle :
  • Savoir de quoi ces nouvelles pratiques émergentes, qui caractériseraient l’édition numérique du siècle, seraient, précisément, les héritières, et ce que sera leur descendance, de quoi ces filles, folles ou fofolles, pourraient, à leur tour, être un jour les porteuses…
  • Faire la part de ce qui s’invente de ce qui se redécouvre de ce qui se contrefait, de ce qui….
  • Différencier le numérique comme outil, comme support technique, comme service, comme standard de communication…
  • Penser (et anticiper) la fin des industries culturelles et des majors de l’entertainment…
  • Nous demander comment va évoluer la valeur que nous attribuons à l’expérience de la lecture…
  • Évaluer le temps que durera la lecture sur écrans… 
Conduire toutes ces interrogations, sur un chemin apparemment sans fin, sur un champ au périmètre incertain, cela pour penser le livre du 21e siècle dans toutes ses dimensions, n’est possible qu’en empruntant à la fois aux historiens et aux futurologues.
Plus que les contemporains, ce seront les générations qui viendront après le passage de l’édition imprimée à l’édition numérique, qui pourront juger de la pertinence des perspectives que nous aurons tracées.
Nonobstant, les contemporains de ce passage de l’imprimé au numérique, pourraient être davantage attentifs, s’orienter dans notre sillage, passer le gué… avec celles et ceux qui de toutes façons le passeront.

mercredi 11 août 2010

Edition Numérique et Lecture Assistée

Alors que les groupes éditoriaux pourraient basculer dans les industries de l'entertainment, les éditeurs indépendants pourraient avoir une carte à jouer en expérimentant et en lançant des tendances nouvelles.
Dans cette optique, optimisés par les techniques d’oculométrie (eye tracking = ensemble de techniques permettant de suivre et d'enregistrer les mouvements oculaires des lecteurs), les nouveaux dispositifs de lecture, pourraient, plus que nous l’imaginons en 2010, véritablement révolutionner nos pratiques de lecture [Cf. Eye-Tracking Tablets and the Promise of Text 2.0].
Technologies de lecture et conception éditoriale devraient ainsi assez aisément pouvoir faire bon ménage pour développer des livres-applications d'apprentissage de la lecture, ou pour faciliter l'autonomisation des jeunes lecteurs.
Des programmes spécifiques pourraient être développés pour concevoir des livres numériques adaptés aux enfants dyslexiques ou en difficulté de lecture, livrels qui iraient forcément plus loin que la louable et en elle-même bonne collection “Les Mots à l’endroit”, lancée en 2006 par la maison d'édition Danger Public.

Premières initiatives

Quelques premières initiatives, qu’illustrent les vidéos suivantes, vont plus ou moins dans ce sens :

Découvrir cette entreprise française So Ouat !
et ses applications éducatives sur leur site.


Signalons aussi ici les travaux de l’association
 Voix Haute.fr (Lecture & pédagogie du français)

Ces préoccupations ne sont pas nouvelles et datent en fait des débuts du livre numérique. Rappelons-nous que le Dynabook d’Alan Kay, en 1972, était déjà un projet d'ordinateur portable à usage créatif pour enfants, conduit au PARC de Xerox. Les programmes de l’OLPC sont également très intéressants dans cette veine et demandent à être suivis de près.
Pensons que celles et ceux qui apprennent aujourd’hui à lire seront les lecteurs du siècle ;-)

samedi 7 août 2010

9 questions réponses sur le devenir de l'édition

Considérant que cet entretien que j'avais donné en juin dernier, pour son mémoire de fin d'études (Enjeux et stratégies de la modernisation de la chaine du livre) à une étudiante de l'ESARTS (Ecole Supérieure de gestion et de médiation des Arts), abordait les  principales interrogations actuelles sur le devenir de l'édition, j'ai pensé à le publier ici, en cette calme période estivale.
Bonne lecture et n'hésitez pas à le commenter :
" 1 - Depuis notre dernière rencontre, l’iPad a été lancé en France. D’après ses premiers résultats, pensez-vous qu’il puisse être considéré comme un nouveau dispositif de lecture, au même titre que le Kindle par exemple, et qu’il pourrait être en mesure de favoriser la lecture numérique, ou bien qu’il fait tout simplement partie d’une nouvelle génération de tablettes numériques qui relèvent davantage de l’ordinateur multifonction ?

Réponse : Nous n’avons à ce jour [début juin 2010] qu’encore peu de recul sur les usages, et sur les probables influences de l’iPad sur les pratiques de lecture. Les premières enquêtes aux USA sont conformes à ce que nous pouvions prédire apparemment, à savoir : que l’utilisation de l’iPad, comme dispositif de lecture de livres numériques (ebooks) et/ou de presse magazine, arrive en quatrième ou cinquième position, après la navigation sur le Web, le visionnage de vidéos, les jeux, etc.
Objectivement, nous n’avons pas encore, en juin 2010, le recul suffisant pour déterminer comment les utilisateurs adopteront les multiples fonctions de l’appareil et lesquelles ils privilégieront. Beaucoup va aussi dépendre des applications qui leurs seront proposées.
De nombreux éditeurs, pas seulement anglo-saxons, mais également français, ont tenu à être présents sur l’iPad dès sa mise sur le marché. Les questions qui sont alors soulevées sont celles de la politique tarifaire d’Apple, d’une part, des éditeurs, d’autre part, mais il est certain qu’il faut voir au-delà et envisager les comportements des utilisateurs et la pertinence des offres éditoriales.
La technologie d’affichage e-ink/e-paper, utilisée notamment par Amazon pour son dispositif Kindle et par Sony pour ses différents readers, est sans conteste bien plus adaptée à la lecture. Comparés à l’iPad, ces dispositifs, moins volumineux, sont davantage nomades. Ils restent lisibles à l'extérieur, et notamment en plein soleil, contrairement à l’écran LCD de l’iPad (même doté du système IPS – In-Plane Switching, qui améliore le contraste). Ils sont également moins onéreux. En revanche, ils sont moins “sexy”, entre guillemets : ils ne sont pas multifonction et ils ne permettent que la lecture, et en noir et blanc ! Mais l’encre électronique couleur devrait être commercialisable prochainement et, tant Amazon que Sony, adoptent une politique de prix et de diffusion offensive pour rester concurrentiels face à Apple sur le créneau de la lecture numérique. D’un autre côté l’iPhone 4 devrait être mieux adapté à la lecture ( ?).
Tous ces différents facteurs conjugués peuvent certainement doper le marché de l’édition numérique (ce qui est en partie différent du fait de : « favoriser la lecture numérique »).
A terme ce seront les générations de lecteurs qui trancheront…

2 - Antoine Gallimard a été élu à la tête du S.N.E depuis le jeudi 24 juin : quels peuvent être les changements de la politique du livre face au livre numérique suite à cette élection ? Peut-elle favoriser la création d’une plateforme de téléchargement unique de livres en France ?

Réponse : Pour ce qui est de la constitution d’une plateforme interopérable, la réponse est : oui. La profession n’a heureusement pas attendu l’assemblée générale du SNE et le système est déjà opérationnel depuis quelques jours. Il s’agit plus précisément d’une offre commune entre les différentes plateformes : Eden Livres, ePagine, ePlateforme et Numilog.
Pour le reste, il ne faut pas surestimer le rôle et l’influence du SNE. D’autres acteurs majeurs influencent également la politique du livre. Le travail des lobbies, que ce soit des professionnels de la filière graphique, d’une part, ou, d’autre part, des opérateurs de téléphonie mobile notamment, est également très actif.
Le SNE fédère 575 éditeurs, soit certainement moins de 50% des éditeurs français. Cela dit, ses 575 éditeurs représenteraient 75% du chiffre d’affaires du secteur, car les plus grands groupes, et notamment les numéros un et deux : Hachette Livre et Editis Planeta, y sont partie prenante.
Cela dit, l’édition numérique est incontestablement LE dossier prioritaire pour le nouveau Bureau du SNE qui définit ainsi ses missions : "Définir les conditions d'émergence d'une offre légale numérique attractive", "garantir l'interopérabilité de nos plateformes numériques", "défendre la propriété intellectuelle", "contrecarrer les ambitions inquiétantes de Google Livres", ainsi que le dossier "de la TVA à taux réduit applicable au livre numérique".

3 - Google annonce prochainement le lancement de Google Edition. Quels sont les intérêts du moteur de recherche à lancer sa librairie en ligne ? Comment les libraires et les éditeurs français peuvent-ils se rendre efficaces face à ce géant ?

Réponse : Les intérêts de Google sont naturellement financiers. Il s’agit pour Google de syndiquer autour de sa propre plateforme de livres numériques des partenariats et donc des liens commerciaux. Plus de 90% des revenus de Google sont publicitaires.
La réponse des libraires et des éditeurs français est de développer leurs propres plateformes et de les rendre interopérables entre elles. Mais, d’une part, il faudra voir vers où les utilisateurs lecteurs se tourneront, et, d’autre part, il faut avoir conscience, qu’à terme, des solutions franco-françaises ont peu de chances de perdurer, dans un marché du livre qui s’internationalise de plus en plus et est de plus en plus accaparé par les majors du divertissement (entertainment).
A mon avis, l’interprofession française du livre néglige de jouer la carte de la francophonie (notamment avec le Québec) et c’est un tort !
Google travaille sur des systèmes ouverts et également sur un projet de dispositif de lecture couplé à des solutions de cloud computing (“informatique dans les nuages”, c’est-à-dire en résumé que le livre numérique ne sera pas stocké dans le dispositif de lecture, mais, sur des serveurs extérieurs, auxquels le lecteur via son dispositif de lecture se connectera).
Alors qu’il apparaît difficile de trouver un modèle économique rentable pour le livre numérique, contaminé par le syndrome de la gratuité qui a gagné le web, on peut penser que Google prémédite de proposer un jour aux éditeurs de placer de la publicité dans leurs ebooks.

4 - En termes de contenus numériques, pensez-vous que l’enrichissement des textes est une possibilité à l’avenir ? A qui revient ce rôle ? Pensez-vous que créer des départements spécialisés dans l’enrichissement des textes numériques au sein des maisons d’édition soit une solution pour que l’édition française se maintienne en France ?

Réponse : L’enrichissement des textes existant en versions nativement imprimées, et notamment le patrimoine littéraire, pose de multiples problèmes, relevant de l’intégrité des œuvres et du respect du droit moral de leurs auteurs.

lundi 2 août 2010

Le livre et la lecture au 21e siècle : des enjeux d’universalité

Comme l’écrivait Robert Darnton : « La lecture a une histoire », et Alberto Manguel, dans la partie introductive de sa passionnante Histoire de la lecture (Actes Sud éd.), parle avec justesse d’une communauté universelle de lecteurs, dans son livre qu’il illustre abondamment de reproductions de lectrices, de lecteurs et de scribes.
Aux moments historiques où se conjuguent, d’une part et pêle-mêle, des tendances fortes de globalisation, de mondialisation, d’intelligence collective, de transhumanisme, de nouvelles gouvernances et de flux, etc., et, d’autre part, celles d’e-réputation, de storytelling et de personal branding, etc., le média livre et ses usages nouveaux pourraient être le pivot de la sociabilité des siècles à venir.
Aussi, les représentations de lectrices, de lecteurs, les postures et les contextes de leurs lectures, produites au fil des siècles passés, dessinées, peintes, gravées ou sculptées, sur tous supports, que cela soit sur tissus ou sur vitraux, ces représentations font sens, elles témoignent historiquement, et des traditions liées aux livres, de la permanence d’invariants dont il nous faut, au minimum, garder la mémoire, et également, parfois, des valeurs symboliques liées à cette activité particulière et spécifiquement humaine : la lecture.

1300 électrons libres de feu la chaine du livre

Pour ces raisons, nous avons ouvert en ce mois d’août 2010 un nouvel album  (Lectrices, Lecteurs et Lectures) sur ma page Facebook, rassemblant 1300 personnes, toutes plus ou moins proches de l’interprofession du livre.
Des échanges nombreux, parfois sibyllins, j’en conclus qu’il s’agit, dans cette communauté informelle, infime partie de cette communauté universelle de lecteurs qu’évoquait Alberto Manguel, et ce, même si certains et certaines sont salariés de l’édition classique, et d’autres, acteurs et actrices de l’édition numérique, j’en conclus que toutes et tous sont déjà davantage des électrons libres que des maillons humains d’une chaîne du livre.

De l’insularité de la lecture à l’universalité du livre

La lecture-écriture, activité insulaire, sera demain, notamment avec les nouveaux dispositifs de lecture qui émergent sous des formes encore primitives, le principal processus fabulateur de l’homo numericus, par le truchement de livres certainement davantage collaboratifs, plus proches de la sociabilité des manuscrits que de celle des imprimés.
Stratégies de crowdsourcing et de crowdfunding seraient-elles les mamelles de l’édition du 21e siècle ?
Nonobstant, étudier aujourd’hui les dispositifs de lecture des siècles précédents, voir, grâce aux artistes des siècles passés, comment les femmes et les hommes se les appropriaient, dans quels contextes ils en faisaient usages, mais aussi, ce que ces représentations, souvent posées, réfléchies, et donc préméditées, voulaient signifier, ce qu’elles voulaient ainsi véhiculer jusqu’à nous ; étudier aujourd’hui tout cela, c’est, dans le cadre d’une réflexion stratégique, se donner des moyens supplémentaires de comprendre et d’organiser à moyen terme les évolutions du marché du livre.

Des vertus de l’historisation en prospective

L’idée de cet album illustre ainsi parfaitement en somme la démarche d’historisation propre à la prospective du livre et de l’édition, telle que je l’ai conçue et que je la promeus.
J’essaie toujours de ne pas m’en tenir à la seule actualité et à l’observation des changements en cours que nous pouvons tous observer quotidiennement.
J’essaie aussi de ne pas me projeter directement dans l’avenir, en extrapolant sans garde-fou.
La prospective du livre et de l’édition relève autant de l’histoire que de la futurologie.
Je trouve plus sage d’avancer dans l’avenir, éclairé des lumières du passé :
1 - Détecter la situation nouvelle, l’élément perturbateur dans le présent…
2 - Se replonger dans le passé, dans l’histoire du livre et de son marché, dans l’histoire de la lecture, pour essayer de retrouver traces de contextes plus ou moins similaires et en tirer les enseignements…
3 - Se projeter dans l’avenir, à court puis à moyen termes, conjuguer présent et futur à la lumière des enseignements du passé, pour en tirer des conclusions pratiques et des orientations stratégiques concrètement opérationnelles pour les acteurs du livre et de l’édition d’aujourd’hui.
Ces trois étapes sont pour moi les piliers de la démarche prospective pour le livre et l’édition.

[Illustrations de haut en bas : La belle liseuse par Léon-François Comerre ; Jeune Fille lisant, par Franz Eybl ; Lectrice par Edward Hopper et Lectrice par Angeli Guerino.]

jeudi 29 juillet 2010

Restons en contact…

Ensemble pour une nouvelle chaîne du livre :-)
La période la plus calme de l’année arrive avec ce fameux mois d’août en terres gauloises. Qu’elle nous soit à toutes et tous réparatrice, mais n’oublions pas pour autant que certains, pendant ce temps, travaillent activement sur ces domaines qui nous passionnent : le livre (et son marché), la lecture, l’édition.

Vous pouvez aussi demander à rejoindre le réseau de mes presque 1300 contacts de l’interprofession du livre sur Facebook, ou, encore plus sympathiquement, me retrouver cet été à Ouessant, dans le cadre des animations de numer'ile, à l’occasion du Salon international du livre insulaire.
J'aurai en effet le plaisir d’y participer le 20 août prochain, en tant que "grand témoin" de l'entretien entre François Bon et Thierry Crouzet, sur le thème : "Ce qu'Internet change au récit du monde".
Autres interventions prévues ensuite cet automne (sous réserve de modifications), notamment à Poitiers, Limoges, Tours, Nice et Paris bien évidemment :-)

mercredi 21 juillet 2010

La bibliothèque numérique de l’enssib accueille le Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l’Edition

L’Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques (enssib), sise à Villeurbanne et qui « a pour mission de former les cadres des bibliothèques et de l'information (conservateurs, bibliothécaires, masters) et de développer la recherche en sciences de l'information, bibliothéconomie et histoire du livre », propose en effet sur son site web une riche bibliothèque numérique. 
« La bibliothèque numérique de l’enssib rassemble des ressources numériques de qualité en sciences de l’information et des bibliothèques afin de constituer un centre de ressources pour les professionnels de la documentation et des bibliothèques.
Sont proposés, des interventions et communications de colloques et de congrès, des articles professionnels, des travaux d’étudiants en Sciences de l’Information […] Sont également disponibles des rapports institutionnels, européens, parlementaires, de l’Inspection générale des Bibliothèques, du Conseil Supérieur des Bibliothèques… »
Un grand merci donc à l’enssib pour avoir souhaité accueillir aujourd’hui au sein de leur bibliothèque numérique et sous licence Creative Commons "citation de l'auteur, pas de modification, pas d'utilisation commerciale", le Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l’Edition, que j’ai rédigé en 2009 pour sensibiliser les étudiants et les acteurs de l’interprofession du livre, aux éclairages que pourraient apporter certains aspects de la prospective, appliquée au contexte actuel, à la fois de mutation et de fortes traditions, qui est celui du livre et de son marché.
La notice bibliographique et le lien pour le téléchargement sont à cette adresse : http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/notice-48577  
(Illustration : copie d’écran site web enssib, Notice bibliographique du document Prospective du livre et de l’édition.)

jeudi 15 juillet 2010

Avec le numérique une lecture pornographique envahirait le champ éditorial

J’appelle pornographie une saturation du regard, qui voit, ou, qui lit.
Par l’idée de contamination pornographique de la lecture sur supports numériques, j’entends désigner ici par l’emploi même du terme “pornographie” : tout ce qui sature la lecture.
Si nous établissons un parallèle entre, d’une part, le regard voyeur face aux photographies ou aux vidéos véritablement pornographiques, et, d’autre part, le regard lecteur, face à des contenus hypertextes et multimédias, où l’invite à cliquer ou effleurer l’écran tactile est permanente, nous retrouvons dans ces deux situations le même effet hypnotique de saturation du désir initial, une mise à mort de la curiosité.
La lecture numérique pourrait s’apparenter ainsi par ces aspects à une tentative d’épuisement de la lecture linéaire pratiquée depuis les origines.
La page-écran, en rendant possible à terme une lecture connectée, à la fois zapping et soumise à la triple intrusion :
– des opérateurs ou des fournisseurs d’accès,
– des annonceurs publicitaires,
– des autres lecteurs, avec leurs commentaires, voire annotations et soulignements, si ce n’est des ajouts ou des modifications au texte initial de l’auteur ; la page-écran introduit une rupture du contrat de lecture, une dérégulation des pratiques qui pourrait se formuler par l’équation : [lecture numérique = soumission pornographique du lecteur].
La lecture, dite enrichie, appauvrirait en fait l’imaginaire, et, du coup, le désir de lire des lecteurs.

Une lecture pornographique de Georges Simenon


J’ai tenté l’expérience de ce vers quoi pourrait dériver une lecture, dite “enrichie”, du premier roman de ma bibliothèque à m’être tombé sous la main. En l’occurrence : Le pendu de Saint-Pholien, de Georges Simenon (édition Presses Pocket de 1977, 182 pages).
J’ai imaginé que je pouvais cliquer sur les pages pour accéder aux informations et documentations complémentaires dont le désir fugace pouvait traverser mon esprit à la lecture. Par exemple, en cliquant sur un nom de lieu, accéder à un plan et à une photo de l’endroit cité…
La représentation graphique ci-dessus n’illustre en fait qu’une partie de cette tentative d’épuisement du livre. Comme vous le voyez, j’ai abusé des points de suspension là où l’exercice serait devenu fastidieux, et j’ai placé une “mine” là où il deviendrait dément, labyrinthique. Par exemple : naviguer à partir de la lecture de ce roman précis dans l’intégralité de l’œuvre prolifique de Simenon, dans l’intégralité des aventures du fameux commissaire Maigret, dans les profils et les commentaires de ses millions de lecteurs ! Ce ne serait plus du flux ce serait un tsunami ce serait de la folie ce serait de la pornographie vous dis-je !
Saturé, j’ai, malgré mes précautions (points de suspension et mines) arrêté l’expérience à la page… 47 ! C’est tout dire.
C’est dire qu’un dispositif de lecture qui permettrait de naviguer à vue dans Le pendu de Saint-Pholien en rendrait la lecture impossible.
L’attention du lecteur s’éparpille en dehors des voies qui lui sont tracées par l’auteur, elle se désagrège, tandis que se délite la minutieuse et habile trame narrative mise en place avec, pourtant, tout le savoir faire de Simenon.

Un comité d’éthique ?

Ainsi, l’un des enjeux capitaux de l’édition numérique du 21e siècle est-il, à mon sens, la redéfinition du périmètre de la lecture (au-delà des questions adjacentes des contenus et de l’étendue).
Passant de l’imprimé figé au flux, aussi volatile que la parole, le texte numérique peut, soit devenir une particule, soit devenir une cellule. Inorganique, ou, organique ? Délimiter l’activité de lecture c’est définir un juste milieu entre la tempête de sable et la prolifération cancéreuse de cellules vivantes.
Le 21 octobre 2009 à l’Hôtel de Massa, dans le cadre des rencontres La révolution numérique de l’auteur, organisées par la SGDL, Jean Sarzana proposait : « Enfin, je vous suggère de créer un comité d’éthique avec les éditeurs, les auteurs, les libraires et les bibliothécaires français, ce qui faciliterait les échanges. » [Source]
Ici même j’ai plusieurs fois appelé pour ma part à : « La création d’un “Think Tank” (groupe de réflexion public-privé), qui pourrait être, à la fois, un observatoire indépendant, une force de propositions, et un comité de suivi et d'éthique, regroupant les “insiders” de l'édition papier, et, de l’édition numérique, ainsi que des experts de la prospective et de l'économie de la connaissance. » Qui pourrait faire relais ?

lundi 12 juillet 2010

Innovation produit pour le livre 2010 2020

Le développement des produits existants et la création de nouveaux produits restent les principaux moyens pour préserver ou acquérir un avantage compétitif.
L’innovation produit consiste principalement à l’amélioration d’un produit déjà existant, généralement par l’adoption/adaptation d’une nouvelle technologie. Dans une telle démarche, la place accordée, a priori, au client, à la demande, est capitale.
En tant que discipline qui s’applique à expliciter et à représenter les transformations et les nouvelles formes possibles d'organisations socio-économiques dans le secteur du livre et de son marché, afin d'y mettre en œuvre des stratégies de développement, la prospective de l’édition peut déployer des méthodologies adaptées aux éditeurs désireux de commercialiser des offres innovantes.
L’innovation produit est de fait au croisement de la prospective de l’édition et de la prospective du livre. En concevant le livre comme un dispositif de lecture, au fil des siècles perfectionné, et, aujourd’hui encore, perfectible, la prospective du livre recouvre, tant, la conception de nouveaux dispositifs de lecture, que l’évolution de l’actuelle interface, connue sous le nom de codex.

Le livre : un produit toujours nouveau
Deux exemples suffiront ici pour rappeler que l’innovation est depuis toujours le moteur de la pérennité et du développement du livre au fil des siècles. Nous ne les avons choisis, parmi de nombreux autres exemples possibles, que pour la simple raison que leurs illustrations sont, en quelque sorte, parlantes ;-)
D’abord, au 13e siècle, les livres de ceinture (Cf. 1ère illustration, source) et en déclinaison 21e siècle (Illustration de dessous, Artes del Libro, Rodrigo Ortega, 2006, source)


Ensuite au 14e, les roues à livres (book wheel), permettant, des siècles avant l’électricité, une lecture hypertexte !

Durant des siècles, artisans du livre et auteurs ont collaboré pour que l’objet livre puisse sublimer ses limites matérielles. Ces efforts se retrouvent tant dans les livres animés qui avaient devancé les fameux pop-up [Document], que, par exemple, dans les livres objets poétiques de Michel Butor [Vidéo : Michel Butor et ses livres-objets], ou encore, aujourd’hui, ces livres-coffrets que les éditions Hachette multiplient, notamment autour des arts de la table et avec leur maison Larousse [Interview : Livres objets : 4 Questions à Isabelle Jeuge-Maynart, Président-directeur général des Editions Larousse].

Cesser d'expérimenter

Aujourd’hui, dans une démarche de prospective appliquée au livre et à l’édition, l’innovation produit peut concrètement se décliner sur plusieurs axes :

jeudi 8 juillet 2010

Un annuaire de l’édition numérique et innovante francophone ?

Et si nous posions ici les premières pierres d’un annuaire de l’édition numérique francophone ?

Ci-dessous une première base en “work in progress”.

Deux moyens de participer :
- 1 : en enrichissant à partir des commentaires (le post sera actualisé au fur et à mesure des apports)
- 2 : si vous êtes cités (ou désirez l’être) me contacter en me précisant si vous seriez éventuellement désireux de me fournir une documentation détaillée sur votre entreprise…


Éditeurs numériques francophones
(N.B. : Nous entendons ici par cette dénomination, les éditeurs 100% numérique [pure player], ou dont la première édition de l’œuvre est numérique.)

Actialuna (France) http://www.actialuna.com/
BookLab (France) http://www.lebooklab.fr/
Chemin de Tr@verse (France) http://www.chemins-de-traverse.fr/
Chouetteditions.com (Québec) http://www.chouetteditions.com/
Editions La Langue Française (France) http://www.editions-llf.fr/
i-Gutenberg (France) http://www.i-gutenberg.com/
Leezam (France) http://leezam.com/
Le Livre Scolaire (France) http://www.lelivrescolaire.fr/
Numerik Livres (France et Québec) http://www.numeriklivres.com/
Publie.net (France) http://www.publie.net/
Robert ne veut pas lire (Québec) http://www.robertneveutpaslire.com/
SmartNovel (France) http://www.smartnovel.com/
So Ouat! (jeunesse) (France) http://www.so-ouat.com/fr/
StoryLab (France) http://www.storylab.fr/
Volumique (France) www.volumique.com/fr/
Zebook (Coéditions, France) http://www.zebook.com/
40k (e)books (Italie, traductions) http://www.40kbooks.com/

Éditeurs numériques bandes dessinées
(N.B. : idem Éditeurs numériques francophones.)

Aquafadas (Ave!Comics, Coédition) (France) http://www.avecomics.com/
BDnum, (France) (Application, Coédition) http://bdnum.com/
Emedion (France) http://www.emedion.com/
Foolstrip (France) http://www.foolstrip.com/
Izneo (Diffusion et Coédition) (France) http://www.izneo.com/
Lanfeust (France) http://www.lanfeust.com/
Mangako (France) http://www.mangako.com/
MComics NomadBooks (Tekneo Studio) (France) http://www.nomadbook.com/
WebComics (France) http://www.webcomics.fr/

Veille

En marge, il serait certainement intéressant de mener un travail similaire de détection sur : les nouveaux modèles économiques émergents dans l’édition (par exemple, les éditions dites participatives [crowdfunding]…), ainsi que sur les premières éditions intégrant la réalité augmentée. (Si vous avez d’autres idées, mais qui ne s’éloignent pas trop du fil rouge : “annuaire” de l’édition numérique, n’hésitez pas à les soumettre en commentaires…)

Éditions participatives francophones

EdiCool (France) http://www.edicool.com/
Editeursauteursassocies.com (Éditions Alphée, France) http://www.editeursauteursassocies.com/
Éditions du Public (Éditions PC, France) http://editionsdupublic.com/
Lesnouveauxauteurs.com (France) http://www.lesnouveauxauteurs.com/
Manolosanctis (BD, France) http://www.manolosanctis.com/
My Major company Books (XO éd., France) http://www.mymajorcompanybooks.com/
Sandawe.com (BD, Belgique) www.sandawe.com/fr/

Livres et réalité augmentée

BookBeo (France) http://blog.bookbeo.com/
Carlton Books (Angleterre) (Dinosaurs Alive & Fairyland Magic, Leovation) Infos à partir de: http://publigeekaire.com/2010/06/2-nouveaux-livres-en-realite-augmentee-dinosaurs-alive-fairyland-magic/
Culture Clic (France) www.cultureclic.fr/fr
Metaio (Allemagne) http://www.metaio.com/
Templar Publishing (Angleterre) www.templarco.co.uk/ologies/dragonology.html

mardi 29 juin 2010

Gutenberg 2.0 en consultation libre

Régulièrement des étudiantes, des étudiants, des enseignants parfois, s'intéressent encore à mon ouvrage "Gutenberg 2.0, le futur du livre" paru aux éditions M21.
Je les en remercie, mais je tiens ici à attirer leur attention, et celle de tous les lecteurs de ce blog, sur les faits suivants :
- La dernière réédition de ce livre date de début 2008, or, il s'agit d'un sujet qui évolue extrêmement rapidement et régulièrement, presque toutes les semaines,
- Par ailleurs, suite à un regrettable problème lors de l'impression, il manque une dizaine de photographies en illustration du texte :-(
Pour un ouvrage à 23 euros, cela peut faire un peu beaucoup pour des étudiants !
Aussi, dans ce contexte, l'acquisition de ce livre n'est-elle pas forcément pertinente aujourd'hui.
Aussi, les personnes cependant intéressées peuvent-elles le consulter simplement et librement, et pratiquement dans son intégralité, sur Google Books en cliquant ici ;-) et s'adresser directement à moi pour le reste et toutes demandes d'informations complémentaires :-)

lundi 21 juin 2010

Prochaines participations, dont Numer'ile

Après les 3e Rencontres de la diffusion multicanal dans l'édition, le 09 juin dernier, où nous avons fait salle comble avec Presseedition.fr, j'aurai le plaisir de participer le 20 août prochain à Ouessant au programme numer'ile (dans le cadre du Salon international du livre insulaire) en tant que "grand témoin" de l'entretien entre François Bon et Thierry Crouzet, sur le thème : "Ce qu'Internet change au récit du monde".
Autres interventions prévues ensuite cet automne, notamment à Poitiers, Limoges, Tours, et Paris bien évidemment :-)

vendredi 18 juin 2010

Bibliographie en futurologie du livre

Dans le cadre de mes recherches en prospective du livre (pour rappel que je définis ainsi : « l’étude des évolutions et des mutations des livres, conçus en tant que dispositifs de lecture, c’est-à-dire en les considérant comme des interfaces ILL : des interfaces lecteurs / livres. » Extrait du Livre Blanc sur la Prospective du Livre et de l’Edition), je suis amené à établir une bibliographie francophone des livres qui traitent, spécifiquement, de l’avenir des livres (et non pas de l’édition ou des techniques d’impression) ; des ouvrages qui abordent les questions de l’évolution des supports de lecture et de leurs influences sur les pratiques de lecture, les lecteurs, et, les sociétés.
Il s’agit d’abord de repérer les ouvrages concernés. (Le plus compliqué est de repérer les œuvres dont seules quelques pages au plus traiteraient de la question : par exemple, Jules Verne, dans l’un des 64 volumes de ses Voyages extraordinaires, aborda-t-il la question des dispositifs de lecture ? D’en repérer également dans la littérature d’anticipation et de science-fiction que je connais très mal… Parfois aussi, il est difficile de trancher : le Livre cinquième dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, aurait-il sa place dans une telle bibliographie ?) D’abord donc, repérer les ouvrages ou les passages concernés. Ensuite, se les procurer puis les lire. Et, enfin, déterminer en quoi ces avis et ces visions pourraient, aujourd’hui, éclairer notre horizon et dessiner des perspectives pour le livre, en tant que dispositif de lecture, au cours du siècle.
Pour le classement de cette bibliographie, en cours et certainement encore bien incomplète (mais je compte sur les lecteurs de ce blog pour l’enrichir ;-) j’ai opté pour un classement chronologique par date de première publication des œuvres concernées. Cela donne pour l’heure (et sera progressivement enrichi ici même…) :
-385 / -370 av. J.-C., Phèdre, Platon. (sur Wikisource)
1786, L'an deux mille quatre cent-quarante : rêve s'il en fût jamais (Volume 1), Louis-Sébastien Mercier (Sur Gallica [Photo]) N.B. je recherche une version numérique plus facilement lisible qu’en mode image ;-)
1846, Le monde tel qu'il sera, Émile Souvestre (N.B. : je recherche une version, si possible numérique et lisible, de ce texte ;-)
1892, La vie électrique, Albert Robida (Version en ligne sur Gloubik)
1932, La Mort du Livre. Anticipations bibliophiliques, Maurice Escoffier (Revue Mensuelle de l’Association des Anciens Élèves de l'École des Hautes Études Commerciales, numéro spécial sur le livre de décembre 1932).
1944, La bibliothèque de Babel, Jorge Luis Borges.
1953 (USA), 1955 (France), Farenheit 451, Ray Bradbury.
1975, Le livre de sable (dont, Le Congrès), Jorge Luis Borges.

jeudi 3 juin 2010

Ouverture du Labo BnF

J’ai eu le plaisir d’assister hier soir à l’inauguration du Labo BnF « laboratoire expérimental ouvert au public sur les usages des nouvelles technologies de lecture, d’écriture et de diffusion de la connaissance » dont nous devons la conception à Bruno Rives, de l’observatoire Tebaldo, et l’installation aux sociétés 4DConcept et Ganaxa.
 
Absences remarquées, et à mon sens regrettables, de Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication, et de la secrétaire d'État chargée de la prospective et du développement de l'économie numérique auprès du Premier ministre, Nathalie Kosciusko-Morizet. Seuls quelques mots sans conséquences de Bruno Racine (président de la BnF) et de Christine Albanel (qui pilote la communication du partenaire du Labo BnF : Orange).
Nonobstant, il s’agit incontestablement là d’une intéressante et pertinente initiative, à encourager et à suivre de près.
Sa pérennité serait pour l’heure assurée pour trois ans et, au-delà de la fréquentation et de l’intérêt que cet espace (intelligemment situé) engendrera chez les lecteurs visiteurs de la BnF, ce sont surtout les ateliers, les cycles de conférences, la vitalité de son blog associé [http://labobnf.blogspot.com/] et de son site Web dédié [http://labo.bnf.fr/] qui feront sens et ouvriront d’éventuelles perspectives d’avenir.
Ce Labo BnF est je trouve doublement symptomatique : d’une part, il marque bien la migration de l’écriture et de la lecture vers de nouveaux supports, plus fluides et intuitifs que ceux de l’imprimé, mais, d’autre part, il souligne également la rupture culturelle induite par ces nouveaux supports et leurs aspects encore, précisément, "laboratoires".
Espérons qu’il sera un lieu de réflexion, entre ceux qui sont prêts à se jeter corps et âme dans l’édition numérique et ceux qui freinent des quatre fers, comme s’il était encore possible de cryogéniser la chaîne du livre française au siècle précédent !
Oui, c’est décidément bien une intéressante et pertinente initiative à suivre de près et j’espère que j’aurais l’occasion d’y retourner souvent.

(« Le Labo est réalisé avec le soutien d’Orange, partenaire fondateur, le soutien technologique de Bridgestone et l’Institut des Systèmes Intelligents et de Robotique (ISIR) et la participation de Adobe, Sony, Samsung et Epson. »)
N.B. illustrations DR. © Jean-Claude PATTACINI/BnF.

lundi 17 mai 2010

Existe-t-il une vie pour le livre après le papier ?

Les lectrices et lecteurs du blog de P.L.E. Consulting sont tous cordialement invités à la table ronde consacrée à l’édition, dans le cadre des 3e Rencontres de la diffusion multicanal dans l’Edition et la Communication - Bilan 2009 et perspectives 2010, organisées par Presseedition.fr le mercredi 09 juin 2010, et qui se déroulera de 9H30 à 11H00, en séance inaugurale du Salon OnLine 2010* (Salle Agora).
Animateur : Lorenzo Soccavo, Prospective du livre et de l'édition.
Participants :
- Isabelle Sivan, Avocate au barreau de Paris, droit du livre et de l'édition.
- Alban Cerisier, Attaché à la direction aux éditions Gallimard, en charge du développement numérique.
- Denis Decoster, BDM, Creative Professionnals Europe Adobe.
- Denis Zwirn, Président de Numilog (Hachette Livre).

Pour s'inscrire : envoyer un mail à presseedition@orange.fr, en précisant en objet “Conférence Edition” et en indiquant dans le texte de votre message : Nom et prénom - Fonction et Société, ainsi que votre adresse Mail.
Partenaires : Adobe System France, et, Agfa Graphics France.
Organisation de la conférence : Presseedition.fr, et, P.L.E. Consulting.
* Salon OnLine 2010, “Le Salon des Solutions de la Communication Web, Multicanal, Multisupport“ : Pavillon 5.1 du parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris.

jeudi 13 mai 2010

Marketing littéraire à l’heure du web 2.0 et de l’édition numérique sur Techtoc.tv

Le débat sur le Marketing littéraire à l’heure du web 2.0 et de l’édition numérique, auquel j’ai récemment eu le plaisir de participer sur le plateau de Techtoc.tv, en compagnie de Noëlie Eternot (BookandBuzz), Gwen Catala (NUMERIK:)ivres) et Paul Leroy-Beaulieu (Edicool.com), est en ligne ici… 
D’autres émissions et débats sur ce thème prochainement, à suivre donc…

mercredi 12 mai 2010

Un manifeste en faveur du papier et de l’imprimé

Nous avons reçu à notre demande à P.L.E. Consulting le récent Manifeste En Faveur du Papier et de l’Imprimé, adressé par l’Association Culture Papier à : « Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, Mesdames et Messieurs les Décideurs Publics » et avec comme gros titre à la une : « Stop aux idées reçues sur le papier et l’imprimé ! ».
J’ai déjà eu l’occasion à plusieurs reprises d’évoquer cette Association Culture Papier, appelée prochainement à devenir une fondation reconnue d’utilité publique, dans ce blog. Je trouve ses préoccupations et ses engagements légitimes et intéressants.
Cela dit je m’étonne un peu à la lecture de ce Manifeste de le découvrir essentiellement sur la défensive vis-à-vis du lobby écologiste (puissant il est vrai, les thoniers en savent quelque chose !) et davantage en retrait par rapport à la question de la révolution numérique du livre, présentée par certains universitaires et par des acteurs de l’interprofession du livre, comme une seconde révolution, après celle de Gutenberg.
Il est je pense incontestable, comme il est écrit dans ce Manifeste, que : « la filière du papier et de l’imprimé a depuis longtemps engagé des processus de responsabilisation environnementale », il suffit de s’informer sérieusement pour le constater, mais les multinationales du divertissement et de l’électronique me semblent autrement prédatrices et dangereuses pour la pérennité de la filière papier, non ?

Pas un mot sur Google ni Amazon ni Apple

Seul le point 4, intitulé : « Le papier et l’imprimé assurent des missions culturelles, sociales et démocratiques indispensables et complémentaires des outils numériques » évoque génériquement les problématiques et les enjeux du livre numérique et de l’édition électronique. Curieux. A moins que les acteurs de la filière graphique soient plus ouverts que je le pensais à l’arrivée du papiel, comme support remplaçant un jour le papier, comme jadis le papier remplaça le parchemin ?
J’ai prochainement des rendez-vous qui devraient m’éclairer sur ces questions.
L’initiative est en tout cas bien organisée, et va bien je pense dans le sens du récent Forum E-PaperWorld Paris 2010 des 06 et 07 mai derniers, organisé par la société franco-québécoise d’Éric Le Ray (EPCPartners) et auquel j’ai eu le plaisir de participer, ou encore, des journées Demain le livre, organisées par Elisabeth Chainet.
Nous pourrions peut-être ainsi définir nos préoccupations communes par ces trois axes de réflexion et d’action :
1 - Assurer une pérennité du support papier pour les décennies à venir.
2 - Organiser la mutation numérique et la formation continue des professionnels de la filière graphique pour sauvegarder au maximum ses emplois et son expérience.
3 - Relier ceux du papier et ceux du papiel dans une perspective constructive de transmission, à la fois historique et prospective.

Présentation de l’Association Culture Papier :

« À Propos De Culture Papier :
Culture Papier, association créée le 6 janvier 2010 et qui deviendra prochainement une fondation reconnue d’utilité publique, a pour vocation de sensibiliser l’opinion et les pouvoirs publics sur le rôle économique, social et culturel du papier et de l’imprimé, et ainsi d’en promouvoir le développement durable. Elle a été créée par des acteurs majeurs du secteur du monde industriel, politique, scientifi que, littéraire et des médias : l’Association des agences conseils en communication (AACC) ; l’Association française des distributeurs de papier et d’emballage (AFDPE) ; l’Association des techniciens de l’édition et de la publicité (ATEP) ; la Compagnie des chefs de fabrication de l’imprimerie (CCFI) ; le Groupement des métiers de l’imprimerie (GMI) ; LA POSTE ; MEDIAPOST ; le Syndicat national des fournisseurs d’équipements pour industries papetières et graphiques (SPIG) ; le Syndicat de la presse magazine et d’information (SPMI) ; l’Union des annonceurs (UDA) ; l’Union nationale de l’imprimerie et de la communication (UNIC) ; la Chambre syndicale nationale de la reliure brochure dorure (CSNRBD). Plus de 40 parlementaires, des universitaires, des ONG, des chercheurs et des artistes soutiennent déjà l’association, dont le champ d’actions sera à la fois européen, national et régional... »

lundi 10 mai 2010

Retour sur le Forum E-PaperWorld Paris 2010

J’ai eu le plaisir de participer les 06 et 07 mai au Forum E-PaperWorld Paris 2010, notamment en animant la table ronde : Influences et impacts de la numérisation et du Cloud Computing sur le livre et la presse, en compagnie d’Isabelle SIVAN (Avocate au barreau de Paris, spécialiste droit du livre et de l'édition), de Marin DACOS (Directeur du Centre pour l'édition électronique ouverte, Cléo), de Xavier PRYEN (Président des éditions de L'Harmattan et de L'Harmathèque), de Stéphane KOCH (Consultant en intelligence économique et gestion stratégique de l'information à Genève) et enfin, de Jean-Jérôme SACHE (Directeur Associé/Co-fondateur de Newpress, représentant de Nxtbook Media en Europe ).
J’ai également eu le plaisir de remettre le Prix du public à Sophie Deniel (photo), créatrice de BookBeo, jeune société innovante dans le domaine des codes 2D et des solutions print/réalité augmentée.

© Photo droits réservés, © Alain Azria, EPC@ Partners.

mardi 4 mai 2010

Rencontre avec le Collectif Livres de Papier

Il ne serait pas honnête de ma part, suite à mon billet en date du 14 avril courant : Lettre ouverte au Collectif Livres de Papier et aux commentaires qu’il a suscités, de ne pas signaler que j’ai depuis été convié par ce Collectif Livres de Papier à assister à une réunion de présentation.
Cette réunion s’est tenue hier soir dans le 11e arrondissement parisien et a rassemblé une quinzaine de personnes, dont la majorité m’est apparue plus ou moins membre de ce collectif. Il n’est pas dans mes fonctions ici de faire acte journalistique (une journaliste de Livres Hebdo était présente hier soir et son magazine se fera peut-être l’écho de cette soirée (?).
En résumé, juste pour dire de qui il s’agit (le journal diffusé à l’occasion de la journée professionnelle du Salon du livre de Paris de mars dernier ne le laissant pas deviner) je pense être objectif en précisant simplement qu’il s’agit d’un groupe de jeunes militants libertaires engagés dans la critique de la « tyrannie technologique », de la « technologisation constante de nos existences » (sont cités en introduction, en plus des e-books : le nucléaire, les nanotechnologies et les OGM) et qui se revendique ouvertement du luddisme.
Si j’avais naguère entendu un peu parler de ce mouvement historique, j’apprends humblement ce matin sur Wikipédia qu’il existe un Néo-luddismeLe néo-luddisme est un mouvement moderne d'opposition à tout ou partie du progrès technologique. »).
Le principal animateur du collectif, Cédric Biagini, par ailleurs co-auteur de l’article de septembre 2009 : Avoir une bibliothèque dans sa poche ? Le livre dans le tourbillon numérique… dans Le Monde Diplomatique, est l’un des responsables de la librairie Quilombo : « lieu de rencontre et d’informations sur les luttes, l’actualité militante et contre-culturelle.» et de la maison d’édition L’Echappée.
Le discours de ce collectif militant m’est apparu bien structuré dans la critique sociale anticapitaliste de l’édition et du marché du livre, mais il se développe dans un esprit global d’opposition, de résistance, voire de combat, opposant radicalement « livre papier » et « livre écran ». Je n’ai pas eu l’impression qu’une discussion aurait été possible. Dommage peut-être. La réunion d’hier soir était ouvertement : « Contre la numérisation et l’e-book » et le collectif précisait bien dans son petit tract du jour qu’il « entend résister en paroles et en actes ». A suivre donc.

samedi 1 mai 2010

Bon 1er Mai :-)

P.L.E. Consulting - Lorenzo Soccavo souhaite un Bon 1er mai et offre symboliquement ce muguet virtuel à toutes les actrices de l'interprofession du livre, auteures et lectrices comprises :-)

vendredi 30 avril 2010

L’édition serait en train de scier la branche sur laquelle…

J’ai eu le plaisir d’assister hier soir à une réunion plénière de l’Association des professionnels de l’édition (APE) dont je suis membre invité et au cours de laquelle se sont longuement exprimés : Martine Prosper, éditrice chez Casterman, auteur de “Edition : l'envers du décor” (éditions Lignes, 2009) et secrétaire générale du Syndicat national Livre-Edition CFDT, et, Pierre Chiesa, éditeur chez Larousse, membre du bureau et de la commission exécutive du Syndicat national Presse-Edition-Publicité / Force ouvrière (SNPEP-FO).

Sottie ;-)

Comment résumer cette intéressante soirée ? Financiarisa-scions, précarisa-scions, externalisa-scions, numérisa-scions, dématérialisa-scions et, et ? Les contrôleurs de ges-scions. Edition-scions-scions...
Et si l’édition était en train de scier la branche sur laquelle elle est assise ?
Manque de mutualisa-scions et de plus en plus de tens-scions.
Face au numérique une sacrée iner-scie aussi. Ce n’est certainement pas l’aïe-Pad qui va nourryr l’édition. Je lis dans Larousse : hachette (nom féminin) Petite hache. Et je repense à cette histoire des arbres de la forêt qui se rassuraient de constater que les manches des haches des bucherons étaient du même bois qu’eux !
En sortant de cette réunion... Longtemps je me suis promené, hier soir, à Saint-Germain-des-Prés, c’était presque un soir d’été, hier soir, et en redescendant la rue Saint-André des arts, je me fredonnais un peu de Guy Béart :
« … Il n'y a plus d'après
A Saint-Germain-des-Prés
Plus d'après-demain
Plus d'après-midi
Il n'y a qu'aujourd'hui
Quand je te reverrai
A Saint-Germain-des-Prés
Ce n'sera plus toi
Ce n'sera plus moi
Il n'y a plus d'autrefois… »
C’est vrai. C’était une belle soirée. Ce serait idiot de s’attrister. N’est-ce pas ?

jeudi 29 avril 2010

Futures tables rondes sur le futur (du livre)

J’aurai prochainement le plaisir d’animer deux nouvelles tables rondes :

- Le 06 mai 2010 à Universcience – La cité des Sciences, dans le cadre des journées E-PaperWorld Paris 2010 = Influences et impacts de la numérisation et du Cloud Computing sur le livre et la presse.

PARTICIPANTS
- Isabelle SIVAN, Avocate au barreau de Paris, spécialiste droit du livre et de l'édition http://www.sivan-avocats.com/
- Marin DACOS, Directeur du Centre pour l'édition électronique ouverte (Cléo) http://cleo.cnrs.fr/
- Xavier PRYEN, éditions de L'Harmattan (L'Harmathèque) http://www.harmatheque.com/home
- Stéphane KOCH, Consultant en intelligence économique et gestion stratégique de l'information http://www.intelligentzia.ch/blog/
- Jean-Jérôme SACHE, Newpress, Directeur Associé/Co-fondateur. Représentant de Nxtbook Media en Europe http://www.newpress.fr/index.php
Date : jeudi 06 mai 2010
Heure : 14:30 - 16:00
Lieu : Cité des Sciences 30, avenue Corentin-Cariou 75019 Paris
N.B. Pour l'accès aux journées ePaperWorld Paris 2010 se reporter à :
Accès gratuit pour les scolaires, les étudiants et les personnes en recherche d'emplois.

- Le 09 juin 2010 à la Porte de Versailles (Paris), dans le cadre des 3e Rencontres de la diffusion multicanal dans la Presse, l’Edition et la Communication, organisées par Presseedition.fr, en séance inaugurale du Salon OnLine 2010 = Bilan 2009 et perspectives 2010 de l’édition multicanal multisupport.
PARTICIPANTS
- Isabelle SIVAN, Avocate au barreau de Paris, spécialiste droit du livre et de l'édition.
- Alban CERISIER, Attaché à la direction aux éditions Gallimard, en charge du développement numérique.
- Denis DECOSTER, BDM, Creative Professionnals Europe Adobe.
- Denis ZWIRN, Président de Numilog, Hachette Livre.
Date : mercredi 09 juin 2010
Heure : 09:30 - 11:00
Lieu : Porte de Versailles (Paris)

Bibliothèques du futur sur la Radio Suisse Romande

J’ai eu le plaisir de participer ce matin, sur les ondes de la Radio Suisse Romande, à l’émission Médialogues, d’Alain Maillard et Martine Galland, sur le thème : La bibliothèque du futur : « A l'occasion du Salon du livre et de la presse [de Genève], une émission prospective. Comment se présentera la bibliothèque de ceux qui sont enfants aujourd'hui ? Que contiendra-t-elle ? Les classiques vont-ils perdurer ? Lira-t-on encore des livres entiers ? Comment se dessine le nouveau rapport aux livres ? Quels sont les risques du numérique ?
Avec Lorenzo Soccavo, conseil R&D pour le développement de produits et services éditoriaux innovants, et Alain Jacquesson, ancien directeur de la Bibliothèque de Genève [et auteur de “Google Recherche de Livres et le futur des bibliothèques numériques” à paraître]… »

mercredi 28 avril 2010

Journée académique des enseignants documentalistes

J’ai eu le plaisir de participer hier, 27 avril 2010, à la Journée académique des enseignants documentalistes, organisée par le Rectorat de Poitiers, dans les locaux du Cned-Eifad sur le site du Futuroscope, et sur le thème (provocateur ;-) "Faut-il brûler les livres ?".
Ma conférence (suivie d’une table ronde avec Jean Sarzana et modérée par Mireille Lamouroux, responsable académique de la documentation au CRDP de Versailles) portait spécifiquement sur le sujet suivant : L’Avenir du Livre, avec ces deux questions en filigrane :
- Le livre papier est-il condamné ?
- Quelles sont les perspectives ouvertes ?
L’occasion pour moi d’exposer une nouvelle fois les mutations en cours, tant du livre et de son marché, que de la lecture, à quatre niveaux distincts, ainsi que les différents degrés d’influence des continuités et des ruptures générationnelles sur ces mutations. L’occasion aussi de mettre ces bouleversements en perspective dans une dimension transhistorique et de définir et d’exposer les apports de la prospective du livre et de l’édition.
Je pense avoir contribué à expliciter l’importance des enjeux et j’espère avoir éclairé l’auditoire (nombreux) sur les défis que nous avons tous à relever pour le devenir du livre et de la lecture au 21e siècle !

vendredi 23 avril 2010

Des vertus de l’historisation en prospective

Il est question dans les commentaires à mon précédent billet “Se représenter la reconfiguration de la chaine du livre” de ma démarche « dans la perspective de l’histoire », aussi je tiens à bien préciser ce point…
J’essaie, en toute modestie, de ne pas m’en tenir à la seule actualité et à l’observation des changements en cours que nous pouvons tous observer. J’essaie aussi de ne pas me projeter directement dans l’avenir, en extrapolant sans garde-fou. (Je ne suis ni prophète, ni devin ;-)

Je trouve plus sage de suivre le chemin figuré dans le schéma ci-dessus :
- Détecter la situation nouvelle, l’élément perturbateur dans le présent…
- Me replonger dans le passé, dans l’histoire du livre et de son marché, pour essayer de retrouver traces de contextes similaires… En tirer les enseignements…
- Me projeter dans l’avenir, à court puis à moyen termes, pour conjuguer présent et futur à la lumière des enseignements du passé. En tirer des conclusions pratiques.

mardi 20 avril 2010

Se représenter la reconfiguration de la chaine du livre

Je fais le pari sur ce blog de P.L.E. Consulting, quitte à avoir moins de visiteurs, de réfléchir sur le devenir des livres et sur l’avenir de la lecture. Cette réflexion personnelle, depuis plusieurs années enrichie et fondée sur un travail permanent de veille et d'analyse, peut avoir par ailleurs des applications très concrètes pour définir, expérimenter et mettre en place de nouvelles chaînes de valeur pour l'édition.
Comme un bon schéma vaut souvent mieux que de longs discours théoriques, voici donc une nouvelle proposition de représentation de l'évolution de la traditionnelle "chaîne du livre" :

Comme toujours il ne s'agit là que d'une incitation au débat. Une simple proposition de départ pour une réflexion collective. Cela n'est-il pas plus constructif que de se contenter de relayer les billets des blogs anglo-saxons ? Ce blog de P.L.E. Consulting pourrait lui aussi, comme d'autres, publier une dizaine de billets quotidiens, se contentant en fait de citer et de renvoyer vers les publications des autres blogs faisant de même. Mais quel intérêt ?
Les professionnels francophones de la “chaîne du livre” ont besoin aujourd'hui d’une information réfléchie, structurée et mise en perspective. Ils ont besoin d’analyses ciblées pour développer leurs marchés et leurs lectorats. Ils ont besoin de pouvoir enrichir leurs points de vue des avis critiques d’experts indépendants.

vendredi 16 avril 2010

Pour un livre numérique créateur de valeurs

Le Premier ministre, François Fillon, s'est vu remettre hier, 15 avril 2010, par Christine Albanel le rapport qu'il lui avait commandé sur le livre numérique et qui est censé être : « le dernier maillon d'une longue chaîne de réflexion ».
Titré : Pour un livre numérique créateur de valeurs, ce rapport, qui se présente comme : « une contribution », fait d’abord le constat de la situation (« Le livre numérique est au cœur d’un paradoxe : le marché, du moins en France, n’existe pas encore vraiment, et pourtant chacun sait que ses contours se dessinent de façon accélérée, et sans doute irréversible. D’où le sentiment d’urgence qui tenaille les acteurs de la chaîne du livre. »), avant de parcourir les enjeux pour le modèle culturel français [j’aurais aimé lire : francophone] :
« - Démocratique, c’est l’évidence, car l'Internet est sans doute […] la meilleure façon de donner à chacun les "clés du trésor", trésor-livre […]
- Projet culturel. Numériser les livres, c'est donner à notre patrimoine écrit, à notre langue, les moyens de leur rayonnement dans un monde sans frontières […]
- Projet économique, bien sûr. Le livre est la première de nos industries culturelles. Nous ne devons pas manquer le rendez-vous […]. »

Au détriment du livre papier ?

A la question : Son essor se fera-t-il au détriment du livre papier ? le rapport estime que « le plus probable sera la montée en puissance d’une double pratique ».
Cinq axes prioritaires sont ensuite rapidement développés :
« - Définir le cadre légal et fiscal le plus approprié au développement du livre numérique. [Un prix unique du livre numérique, et, un taux réduit de TVA. Voir illustration tableau ci-dessous : Différences de TVA entre livres papier et livres numériques en Europe.]
- Veiller à ne laisser personne, et nous pensons en particulier aux petits éditeurs, aux libraires, au bord du chemin de la numérisation.
- Créer une porte d’entrée commune, le « nouveau Gallica », outil partagé des acteurs publics et privés, qui soit la vitrine de l’offre numérique française.
- Porter une exigence en matière de politique européenne commune du livre.
- Enfin, encourager l’offre numérique privée à s’unifier et à se donner les moyens de son développement. »


La principale recommandation de ce rapport, dont je vous laisse découvrir les détails en le téléchargeant [lien téléchargement], est la création d’un groupement d’intérêt économique (GIE) du livre français (« Un tel groupement aurait les avantages de la réactivité, de la souplesse, de la concentration des moyens, de l’identification des responsabilités. Il porterait, via la BnF, les missions traditionnelles de numérisation du patrimoine hors droit, nouant tous les partenariats utiles à cette tâche, notamment avec les grands moteurs de recherche, et pourrait exploiter lui-même nos richesses communes dans des conditions que nous allons proposer, ce qui s’inscrit dans l’esprit du grand emprunt : avoir quelques retours là où l’État consent un immense effort. […] Ce groupement devrait également prendre toute sa place dans un projet essentiel : l’élaboration et l’harmonisation des protocoles de description des ouvrages. Cet objectif de normalisation des métadonnées doit être partagé par tous les acteurs, publics et privés, nous y reviendrons, puisqu’il joue un rôle clé dans le référencement des œuvres, dans leurs modalités de protection ou de distribution et plus largement, dans la visibilité de la création française dans son ensemble… »).

Mes conclusions à la lecture de ce rapport sont :
D’abord, que les États sont décidément comme les tortues géantes des Galápagos, tandis que les multinationales anglo-saxonnes de l’électronique et de l’entertainment sont, elles, comme des lièvres. Question : la fable de notre bon monsieur Jean de la Fontaine, “Le lièvre et la tortue”, est-elle encore applicable au 21e siècle ?
Ensuite, que les mêmes recommandations (prix unique, Tva, etc.) reviennent inlassablement comme une litanie, qui endort plutôt que de pousser à l’action (une nouvelle fois, rythme de la tortue et vivacité du lièvre).
Enfin, que dans cette pléthore de rapports, tous auditionnent pratiquement toujours les mêmes personnalités, dont les points de vue qu’ils peuvent exprimer sont forcément conditionnés et orientés par leurs responsabilités (et leurs appartenances, notamment politiques et/ou syndicales), ainsi que par les contingences économiques des structures qu’ils représentent et qui, le plus souvent, les rémunèrent. (Quid alors de l’indépendance et de l’objectivité ?)

Aussi, en ce qui me concerne, je recommanderais :
- La création d’un “Think Tank” (groupe de réflexion public-privé), qui pourrait être, à la fois, un observatoire indépendant, une force de propositions, et un comité de suivi et d'éthique, regroupant les “insiders” de l'édition papier, et, de l’édition numérique, ainsi que des experts de la prospective et de l'économie de la connaissance.
- Une implication directe du Secrétariat d'État chargée de la Prospective et du Développement de l'économie numérique auprès du Premier ministre, sur ce qui concerne les dimensions prospectives du livre et des pratiques d’écriture et de lecture.

© Illustration : tableau “Différences de TVA entre livre papier et livres numériques en Europe” extrait du Rapport de Christine Albanel, “Pour un livre numérique créateur de valeurs”.